L'ARMEE SENEGALAISE AU COEUR DES OPERATIONS
RESOLUTION DES CRISES CENTRAFRICAINES

Connue pour sa présence dans plusieurs théâtres d’opérations onusiennes, l’armée sénégalaise a été au premier plan des différentes crises qui ont secoué la Centrafrique. Chef du Bureau intégré des nations unies pour la consolidation de la paix en république centrafricaine, le général Babacar Gaye est au premier plan dans la recherche de solution dans ce pays. Avant lui, le général Talla Niang a été commandant par intérim de la mission interafricaine de surveillance des accords de Bangui (misab) en 1997.
Même si le Sénégal n’a pas de forces militaires présentes en République Centrafricaine, l’armée sénégalaise a eu à jouer un rôle important dans les différentes crises qui ont secoué ce pays. Ancien chef d’état-major général de l’armée sénégalaise, le général Babacar Gaye est aujourd’hui en charge du dossier centrafricain au niveau du système onusien, au titre de représentant spécial et chef du Bureau intégré des Nations unies pour la consolidation de la paix en République centrafricaine (Binuca). Basé à Libreville, au Gabon, ce Bureau a pour mission « d’Aider à rétablir l’ordre constitutionnel en appuyant le processus politique en cours, les institutions de transition et les mécanismes d’application, et soutenir la mise en œuvre des accords de Libreville et de la feuille de route de N’Djamena »... Une nouvelle tâche pour Babacar Gaye, plus jeune officier de l’armée sénégalaise à étrenner le grade de général en 2000.
Premier Cemga sous l’ère Abdoulaye Wade, général Gaye a dirigé l’armée sénégalaise de 2000 à 2003 avant de s’ouvrir une glorieuse carrière dans le terrain des missions onusiennes de paix. Missions dans lesquelles l’armée sénégalaise a toujours fait preuve d’un professionnalisme reconnu et d’un comportement sans tache.
Ainsi, dans toutes les opérations onusiennes où elles ont participé depuis 1960, les forces armées sénégalaises en ont tiré un grand respect et de l’estime augmentant le prestige de notre pays chez des populations locales. C’est dans ce cadre même que le général Babacar Gaye a eu à diriger la plus grande force onusienne sur le terrain, celle qui se trouve actuellement en République Démocratique du Congo. D’abord, de 2005 à 2008. Après la démission de son remplaçant, le général espagnol Vicente Diaz de Villegas y Herreria « pour raisons personnelles », il revient comme « Force commander » de la Monuc pour 6 mois. Avant lui, la Monuc était sous commandement sénégalais, sous les ordres du général Mountaga Diallo.
Son passage à la tête de cette mission onusienne en République Démocratique a été salué par le secrétaire général des Nations unies qui n’a pas manqué, en 2010, de remercier l’officier supérieur sénégalais « pour son long service en Rdc pendant une période critique et pour l'efficacité avec laquelle il a assuré le leadership de la composante militaire de la mission ». Présenté comme un militaire qui « impose le respect partout où il passe », Babacar Gaye, qui est aussi conseiller militaire pour les opérations de maintien aux Nations unies, a rapidement « imposé son style ».
C’est lui qui a présenté, le 14 août der- nier, au Conseil de sécurité un rapport sur les exactions et la montée de la violence en Centrafrique. Déjà à cette période, il tirait la sonnette d’alarme dans son rapport en estimant que « la situation générale dans le pays était très volatile et imprévisible », insistant aussi sur le problème de la sécurité qui « de- meure de loin la plus urgente des priorités à résoudre ». Une intervention qui aura le mérite de réveiller la communauté internationale sur la situation qui semblait hors de contrôle au mois d’août.
Cette question de la sécurité « dans un pays où l’Etat a disparu » était fondamentale pour Babacar Gaye, qui l’a souligné dans un entretien avec Radio France internationale (Rfi) dans la même période d’aout 2013. « Bien évidemment, la transition politique rencontrera d’autres difficultés, notamment entre les acteurs. Mais au moins, il y a un processus politique qui devrait déboucher vers des élections, sous réserve et j’insiste beaucoup sous réserve, que les problèmes de sécurité, qui restent la grande problématique, soient réglés », assurait-il.
LE GENERAL TALLA NIANG
Avant Babacar Gaye, un autre militaire sénégalais, le général Talla Niang, avait servi en Centrafrique en 1997, sous la bannière des Nations unies. Dans le cadre d’une crise politique et économique qui avait secoué ce pays, menaçant du coup le régime du président Ange Félix Patassé, une mission interafricaine avait été mise en place pour surveiller des accords signés pour mettre un terme aux troubles qui avaient déchiré la République centrafricaine au cours de l'année 1996.
Cette mission jetait les bases de la réconciliation nationale. Sous l’appellation de la Mission interafricaine de surveillance des Accords de Bangui (Misab), cette force, composée de plusieurs militaires africains, dont des Sénégalais, était chargée d'assurer la sécurité dans Bangui et de superviser la collecte des armes disséminées lors des trois mutineries de 1996. Talla Niang, alors colonel, avait assuré l’intérim comme Com- mandant de la Misab d’octobre 1997 à février 1998. Actuellement, il est promu général de brigade depuis février 2011 et est commandant de secteur à l’Opération des Nations unies en République de Côte d’Ivoire (Onuci).