LE DG D’ABS CRAQUE, LES PROCÉDURIERS FONT LE SHOW
PROCÈS KARIM MEÏSSA WADE

On le prédisait lundi et les faits nous ont donné raison : Alioune Samba Diassé, le patron des ABS, n’a pas supporté le feu nourri des questions du Parquet Spécial... Il a quitté la barre sur une civière, après son 2e malaise du jour !
Jour 2 d’interrogatoire pour Alioune Samba Diassé. L’inculpé, est appelé à la barre, avec le reste de ses compagnons d’infortune. Puis laissé seul face aux juges, une fois les têtes du cheptel comptées... compte tenu de son état de santé, on lui permet exceptionnellement de s’asseoir pour subir le reste des questions préparées pour lui, telle une marinade pour mouton de tabaski, par cette cuisine appelée Parquet Spécial.
Seul face à la Cour, l’accusé se défend donc tant que faire se peut, essayant de ne pas trop prêter le flanc lorsqu’il répond aux questions de plus en plus pressantes d’un substitut du Procureur Spécial qui, sentant des faiblesses dans les arguments qu’on lui soumet, tourne autour de lui comme un squale ayant perçu l’odeur du sang.
Alors qu’on ne cesse de se demander à quelle sauce il va être mangé, Alioune Samba Diassé craque une première fois et demande une suspension d’audience. Il "entend des bourdonnements"... Ses vœux sont exaucés.
La "liste des 11"
Dix minutes plus tard, on siffle la fin de la mi-temps : Alioune Samba Diassé qui a miraculeusement passé l’essentiel des dix minutes de pause debout, se rasseye. Et là, patatras ! Félix Antoine Diome passe à la vitesse supérieure et "sort de sa manche" (expression plus tard prononcée par la Défense) des documents à charge n’ayant apparemment pas été versés au dossier. Naturellement les avocats de Diassé s’insurgent.
Les avocats de Karim Wade s’associent à l’insurrection. La partie civile laisse couler et le Parquet (par le biais de son substitut) s’énerve et menace "de créer un incident si c’est un incident que veut la Défense".
Automatiquement, les demandes d’intervention fusent comme des pâquerettes dans une prairie, et Henry Grégoire Diop, l’Auguste, à défaut de l’Inspiré, en est réduit à jouer aux arbitres. Aussitôt la "liste des 11" de la défense est dressée avec, à la pointe de l’Attaque, Mes Diagne, Clédor Ly et Baboucar Cissé.
Les procéduriers entrent dans la surface de réparation (ou plutôt, si on veut, de réclamations)... Les minutes s’égrènent. Un chapelet d’articles du code pénal sont cités, jusqu’à ce que, Me Ly faisant ses observations, le Président l’interrompt, car... patatras (bis) ! L’inculpé fait un malaise !
Cohue, Brouhaha, Consternation !
L’audience est suspendue en catastrophe et, puisqu’il est presque l’heure de la pause, on devine (sans pour autant en avoir confirmation) qu’elle reprend à 15h. L’évanoui est, quant à lui, allongé sur la banquette du premier rang réservée habituellement aux "avocats de la Cour" (expression plus tard prononcée, là encore, par la Défense)...
Un peu perdus, ces avocats demandent dans la salle s’il y a un docteur pendant que d’autres collègues ont la présence d’esprit d’aller quérir les sapeurs-pompiers.
Quelques minutes plus tard arrive le brancard et le personnel médical assorti... Alioune Samba Diassé rechigne à se faire embarquer sur la civière mais, après d’âpres négociations avec sa famille et ses conseils, consent à s’y laisser étendre pour que les sapeurs, efficaces, le fassent disparaître à travers les doubles portes de la salle 4 en direction de l’hôpital.
À 15h, étonnamment, les débats de procédure reprennent comme si de rien n’était ! La Défense "conjure" et "fustige" ("se scandalise", aussi, en passant). Le parquet réplique. La partie civile se sent visée. Mais quand vient la demande de report de la Défense (pour permettre, soi-disant, à l’inculpé de se requinquer), alors là, patatras (tres) ! Me El hadji Diouf prend la parole !
Me El hadji Diouf entre en scène
L’éminent parlementaire et "homme d’esprit", comme dirait Me Leity "Boileau" Ndiaye, rend évidemment toute la salle hilare avec le style qu’on lui connaît. En voici quelques morceaux choisis : "Il y a parmi nous des affairistes, des publicistes, des diplomates qui sont par effraction dans notre profession (NDLR : l’ordre des avocats) et cela nous dérange (...)
Ces avocats extraordinaires, extraterrestres, n’ont qu’à aller reprendre leur droit (...) S’il plaît au Parquet de dire que ce sont les anges Michel et Gabriel qui lui ont procuré ces documents, c’est son droit (...) On n’a pas le temps de tous ces reports. La Tabaski arrive !", tonne le flamboyant avocat dans son enthousiasme (ou son courroux), débordant.
De l’autre coté de la salle, parmi les éclats de rires, on entend Me Madické Niang "innocemment" déclarer qu’il "espère qu’il (NDLR : Me Diouf, toujours absorbé dans son One Man show) ne s’adresse pas" à lui... À part cette (fausse) réaction d’étonnement qui tend fortement vers la dérision, pas une seule réaction ne se fera entendre dans le camp des "avocats du diable" habitués depuis longtemps au parler de leur parlementaire préféré.
Cette parenthèse évacuée (même si l’on entend Me Amadou Sall lancer une pique au Président, en lui disant qu’il l’a vu "opiner du bonnet", pendant l’intervention de DJ El hadj), le cours des débats reprend... Pas forcément de manière sereine.
Puisque Me Baboucar Cissé, dans son intervention, va "faire une dédicace" à l’un de ses collègues "ayant passé 4 fois l’examen du barreau, avant de l’obtenir"... On se passe ici de désigner du doigt celui à qui cette douce attention a été faite, puisque l’intéressé, en élevant une fois de plus la voix, a fini par se dévoiler tout seul comme un grand au public !
Henry Grégoire Diop ayant eu assez qu’on tourne autour du pot finit par trancher sur la question du report. Les débats reprennent jeudi à 10h.