LE JOURNAL DE Dak’Art

D
ak‘ artactu
LE QUOTIDIEN DE LA BIENNALE DE L’ART AFRICAIN CONTEMPORAIN
Installation auréole
La 11e édition de la Biennale Dak’art boucle sa première semaine. Vernis- sages, colloques et autres perfor- mances ont fait de ces sept jours écoulés une plateforme d’échanges
et une formidable vitrine de ce que l’Afrique et sa diaspora offrent au monde. Le mouvement de l’art se déplace pour trouver ancrage sur le continent, parce qu’il y a renouvelle- ment de la perception des arts. La pression de l’argent n’y est pas encore manifeste, ce qui laisse à la créativité une grande marge de li- berté hors des contraintes des faiseurs d’art.
Heureuse Biennale
Pour ma part, de cette Biennale, j’en tire un grand enseignement. En premier lieu, l’art n’a pas de Vocation, il en a plusieurs. Tout d’abord, celle de redonner aux objets les plus ordinaires leur esthétique et leur pouvoir de remettre en cause notre considération à leur égard. Et voici qu’une rangée de slips épinglés sur un présentoir nous fait transcender l’élé- ment sexuel qui y est d’ordinaire associé pour une autre ouverture d’esprit. L’autre enseigne- ment, en voyant les installations de Viyé Diba, est que l’art est une œuvre collective, puisqu’il associe photographe, chorégraphe, metteur en scène comme révélateur. C’est ce tout là qui fait œuvre et donne sens. Et enfin le pouvoir de l’artiste de montrer que l’ancien se renouvelle dans la modernité, que conte et légende se révèlent dans l’art, que ce qui est effrayant devient beauté rien qu’à voir les sculptures de Soly Cissé. Alors, celui qui soutient que l’Afrique ne produit pas, mais consomme, ap- partient désormais au monde des non-voyants et on peut l’en excuser. Bonne poursuite pour ces trois dernières semaines.
Baba DIOP
EDITORIAL
Jeudi 15 mai 2014 - N°7
ACTUALITÉ
TOIS QUESTIONS À ...
HÉLÈNE TISSIÈRES (Enseignante et écrivain)
«A chaque édition, la Biennale, c’est une création unique»
Passionnée de littérature et de cinéma africains, qu’elle enseigne à l’Université du Texas à Austin, aux Etats-Unis, Hélène
Tissières est une habituée de Dak’art.
Comment jugez-vous cette 11e édition de Dak’art ?
Elle est très dynamique, mais on peut difficile- ment comparer celle-ci, aux éditions de 2008 et 2012, qui ont connu des difficultés politiques, etc. En 2008, le président Wade avait ses priorités. En 2012, Macky Sall venait d’arriver, donc c’est très difficile de les comparer. Je trouve qu’à chaque édition, la Biennale, c’est une création unique. La Biennale de 2006 était brillante, exceptionnelle, et celle-ci est vraiment formidable. Et entre les deux, il y a quelque chose d’absolument unique. Mais on ne peut pas toujours avoir le summum.
Quel regard portez-vous sur les expos In de Dak’art 2014 ?
Je trouve qu’elles sont beaucoup plus inégales. Celles que j’ai vues au musée Théodore Monod (NDLR : «Diversité culturelle» et le Salon de la sculpture africaine) sont moins intéressantes que l’Expo internationale qui est plus large, et vraiment formidable. Mais on doit aussi montrer des tas de choses différentes. C’est pourquoi il faut faire attention à ne pas comparer sans arrêt, mais de se dire que c’est un projet. Pour l’Exposition internationale, c’est sûr, il y a moins d’inégalités. Là, les commissaires ont choisi la crème de la crème. Ils ont pris moins de risques quelque part, mais ils ont aussi réussi à avoir des personnes intéressantes, dynamiques et ont exposé les œuvres dans un superbe lieu.
Et comment avez-vous trouvé l’organisation de la Biennale de façon générale ?
Il y a des tas de choses merveilleuses. On a des productions fabuleuses. Et les expositions sont bien organisées.
Propos recueillis par Yacouba SANGARE
2 Dak’art actu N°7 - Jeudi 15 mai 2014
MOMINE PAULIN, SCULPTEUR IVOIRIEN
En attendant le décollage
La sculpture représente un homme assis, les bras croisés. Tout autour, il y a 7 pieds qui représentent le monde. Ce monde qui attend beaucoup de l’Afrique riche d’énormes potentialiés. Mais l’Afrique peine à décoller. Mo- minè Paulin estime que la cause de cette Lourdeur (titre donné à son œuvre) se trouve du côté de l’administration et du pouvoir. Pour dire son sujet, l’artiste utilise le bois recouvert de toiles de jute, avec une mixture mélangée à de l’alcool.
Très jeune, Mominè Paulin sculptait déjà le savon pour créer des formes d’objets usuels. Au collège moderne de Man, en Côte d’Ivoire, il gagne le pre- mier prix d’arts plastiques. Bac en poche, il s’inscrit aux Beaux-Arts d’Abidjan et décroche un diplôme supérieur des Arts : spécialité sculpture. Mominè Paulin expose à la Biennale de Dakarpourlapremièrefois. Il a notamment participé au programme At Work dans son pays, à l’exposition des 50 ans de la BICI, à l’expo «Jeunes talents» de Côte d’Ivoire.
Jean-François CHANNON DENWO
(Cameroun)
Quelques visiteurs apprécient !
Si le Dak’art est un des rendez-vous par excellence pour les artistes et les professionnels de l’art contemporain, il l’est également pour les passionnés et autres curieux, pour qui l’évènement est plein d’intérêts. Appréciations de certains d’entre eux !
MICRO-TROTTOIR
Ibou Diop, Sénégalais vivant à Berlin :
«Je suis présent à chaque édition, depuis 4 ans. Je n’ai pas encore assez visité. Mais de ce que j’ai vu, l’œuvre de Sidy Diallo qui aborde le sujet de la fuite des cerveaux m’a très impressionné.»
Régina, visiteur allemand : «Je suis un passionné et c’est ma première participa- tion au Dak’art. C’est réussi, de ce que je vois déjà, car j’ai pu découvrir davantage d’artistes très inventifs ; ce qui est de plus en plus rare.»
Léolinda Diémé, habitante de Dakar : «Je suis venue pour découvrir ce qui vient éga-
lement d’ailleurs. C’est enrichissant, toutes ces visites qui, en dehors de la découverte des œuvres, permettent même de décou- vrir certains points de Dakar que des étrangers connaissent mieux que nous ha- bitants de la ville.»
Jordan Davis, journaliste suisse : «Je suis de passage à Dakar et c’est une belle op- portunité pour moi. C’est impressionnant la diversité de l’expression artistique, cette vitalité et la haute qualité des œuvres. Je suis tout simplement heureux de découvrir cet événement.»
Propos recueillis par Jérôme William BATIONO (Cameroun)
ACTUALITÉ
SCULPTURES A LA MAIRIE DE DAKAR
PERFORMANCE DEAMBULATOIRE DANS DAKAR
L’art hémoglobine d’Alougbine Dine
Soly Cissé fait
dans l’Universuniverse
C’est un monde imaginaire que forge le peintre Soly Cissé pour marquer son entrée dans la sculpture. Dans les jardins de l’Hôtel de ville de Dakar, ses figures imposantes renvoient tantôt à des personnages, tantôt à des animaux reconnaissables. Dans sa mythologie, sont représentés un géant Cobra debout, prêt à mordre ; un Cheval ailé ; un Roi escortés par cinq warriors armés de lances. Soxna Buur, la reine, est à côtés, habillée de robes Ndoket bien taillées. Car, il arrive que le sculpteur soit styliste.
Ce qui est impressionnant dans ce minutieux travail de Soly Cissé, qui lui a pris quatre ans, c’est la précision des formes, le découpage du métal, mais surtout l’assemblage du fer à béton. Soly Cissé explore, après des années de recherches sur le matériau, le fer à béton, support plus résistant que le papier mâché qu’il trouve assez doux et fragile. Ce travail, «extrêmement difficile», fait savoir l’artiste, a été fait à la main.
Mais Soly Cissé ne compte pas abandonner la pein- ture, ni la photographie, ses premières amours. «Je suis très libre, j’aime cette possibilité de voyager et d’explorer des médiums différents», dit-il.
Fatou Kiné SENE (Sénégal)
D’abord incomprise et même dé- noncée, la performance déambu- latoire du Béninois Alougbine Dine, présentée mardi après-midi dans les rues de Dakar, a fini par rallier le public.
Sous l’échangeur de l’avenue Cheick Anta Diop, Alougbine Dine se pré- pare pour une parade dans les rues
de Dakar. Il décore ses mannequins et monte un personnage géant qui porte un masque Gêlêdê.
Attiré par cet être étrange, les passants s’attroupent peu à peu autour. Aloug- bine fait coucher une jeune fille dans une charrette. Lentement, et comme pour signifier qu’il sait exactement ce qu’il fait, il asperge la jeune fille de sang. Alors que certains se demandent la pro- venance de ce sang, d’autres, choqués, préfèrent s’éloigner de ce douteux«ri- tuel».
A une journaliste qui s’approche pour comprendre, Alougbine Dine répond : «Suivez juste. Vous comprendrez plus tard !» Une fois la jeune fille «prête», car suffisamment aspergée de sang, Aloug- bine Dine lui place des intestins de chèvre. Comme si c’était les siennes. De sorte que dès qu’elle ferme les yeux et re- tient son souffle, la jeune fille n’est rien d’autre qu’un cadavre, peut-être victime d’un accident grave, ramassée et trimbalée dans une charrette.
A quelques mètres, un groupe de dan- seurs se met en place. Habillés à la ma- nière des Gêlêdê avec, à la place des masques, des filets bariolés sur la tête, ils répètent des pas de danse. Au signal du scénographe, le cortège s’ébranle. Un cortège contrasté présentant d’un côté un malheur et de l’autre le bonheur. Deux tableaux opposés et qui n’ont de commun que leur but : Dénoncer.
Cette dualité n’a échappé à personne, tout au long du parcours qui durera près d’une heure et qui échouera à la librairie 4 Vents de Mermoz. Dans un premier temps choqués par la jeune fille «morte» et trimbalée dans une charrette, les pas- sants sont très vite contaminés par l’am- biance des danseurs et la chanson «Agolo» d’Angélique Kidjo distillée tout au long du parcours.
Pour Alougbine Dine, au-delà du côté artistique, cette performance déambula- toire contient un double message. Il s’ex- plique : «Le premier tableau est pour dénoncer les guerres en Afrique. Pour peu de choses, nous nous tuons. Les gens pensent que c’est un tableau cho- quant. Je leur réponds que ce qui est choquant, c’est de voir chaque jour com- ment des frères d’hier peuvent s’entre- tuer facilement aujourd’hui.»
Eustache AGBOTON (Bénin)
Dak’art actu N°7 - Jeudi 15 mai 2014 3
NEWS & CRITICS
SAM HOPKINS AT DAK’ART 2014
Insights into his Art
The role and significance of NGOs in Kenya found its way at this year’s Dak’art 2014 Biennale through installation dub- bed Logos of Non Profit Organisations working in Kenya (some of which are imaginary) mounted by Kenyan-based filmmaker and artist Sam Hopkins.
Chat with Kimani wa Wanjiru (Kenya)
H ow does it feel tobeatthe
Biennale ?
:As this is the first Biennale that I have participated in, I was slightly nervous before arriving. But it has been a wonderful ex- perience, a real pleasure, and both the curators (Smooth, Kader and Elize) and the other participating artists have been warm and friendly and there has been a genuine sense of fa- mily.
Did you imagine that your work will be a continental stage like this ?
The biennale is by application,
so of course I hoped I would be selected, but I didn't really think I would be, so it was a fantastic surprise when I heard that I was.
It is work touching on the work of NGOs. What inspired it ? The work which I exhibit is a direct result of living and wor- king in Nairobi over the last few years. During that time I co-founded Slum TV, a grass- roots media collective based in Mathare, and in the process of doing so I met with many NGOs. I was struck by the very particular language that these NGOs worked with, which so- metimes, but not always, ap- peared to be empty rhetoric.
Often this language seemed to reduce complex issues down to keywords such as 'Sustainabi- lity, Capacity-Building, Syner- gies, Beneficiation and Upscaling'. Whilst perhaps these keywords are useful in the context of 'Development', they did not seem suitable or helpful to the art project which we were developing, which was in- terested in setting up an experi- mental media project, without anticipated goals and out- comes, in Mathare. Neverthe- less, in Kenya, our work was always limited to the NGO dis- course.
What is the significance of the logos ?
On the one hand a logo reveals how an organisation chooses to represent itself, on the other hand, they represent certain subconscious assumptions about a whole industry. To take an example from a related sec- tor; why is the UNESCO logo composed of Greek columns? This is the UN organisation for world culture, so why should a Classical European symbol stand for world culture? The logos of NGOs in Kenya pose similar questions. Why do we have organisations in Kenya called 'Hope', 'Concern' and 'Empathi'? What do these names reveal about the assump- tions of the Development sec- tor? They were intriguing as they seemed to distil the icono- graphy of the industry and re- veal the expectations of the belief system that underpins the whole NGO project.
Why did you use the logos yet they don’t really tell the story of the organisations ?
It is true that the logos do not tell the entire story of the orga- nisations, and I am not com- menting on the whole
organisation. I am a visual ar- tist and as such am interested in representation. In this situa- tion I am specifically interested in how these organisations choose to represent themselves. My strategy with this piece has been to mix real logos of real organisations with fake logos of organisations that do not exist. The idea is to introduce an ele- ment of doubt into the viewer so s/he is not sure which are real. This fictionalising is des- igned to make you re-engage with all of the logos, it presents them in a new context. Hence you look at organisations called 'Hope', 'Concern', Hope for the African Child Initiative', 'Empathi' and you wonder, can these be real names?
You talk about a blurred line in as far as charity, development or aid is concerned. What is your personal take of this ?
The Development world is complex and complicated and I am in no place to critique its effectiveness. It is a heteroge- neous sector so I do not think it makes sense to make genera- lisations about it. As a visual ar- tist I am interested in the representation of this sector, be it in the logos, the adverts and the films commissioned. And, whilst the organisations are va- ried, the representation tropes are similar.
Does this mean/have an impact to your work as it evolves ? Sam Hopkins: If this legal fra- mework leads to a more critical and engaged position about how the development sector re- presents itself, then this will certainly impact on my work. To re-iterate, I am not generalising about how these NGOs are ac- tually run, or what they do. I am interested in the images they use to communicate.
Haimbe empowers women digitally
Zambian artist, Milumbe Haimbe adds 15 digital illustrations to the creative feast of the Biennale in her presentation she applies a back- ground of painting to a newer media.
Haimbe’s concern with the representation of cultural minorities is the main focus of her illustrations which is presented as graphic novel titled Ananiya the Revolutionist. She uses her work to highlight a lack of leading female heroes in popular media.
The proganist, Ananiya, is a seventeen year-old black female who works as an agent in the Covert Operations Division of the resistance movement. The resistance group calls fights against the replacement for the need of fe- male humans, after the government introduces sex robots
Ananiya leads the “Army for the Restoration of Womanhood” in the (near) future, a group that represents a fight against stereotyping women, while also addressing the issues surrounding sexuality.
The heroine, Ananiya begins to have feelings of affection towards one of the female robots, complicating her function within the resistance move- ment, making clear the struggle between internal and external conflicts.
Ananiya grapples with social conformity by being a part of the “Army for the Restoration of Womanhood”, but she must also confront her own emotions, of being gay, when they do not match with the social expecta- tions of this resistance group, which she leads.
Haimbe admits that it is the first time she is showing her works in a big art event in Africa, and is glad that the Biennale provides the opportunity for her to position her talent on the continent. Though she complained about the flow of information at the Biennale, the 40 year old artist finds time to appreciate the diversity of works showing in Dakar.
Haimbe has gotten big ideas from coming to the biannual festival, as she reveals, that 3D animation, and 2D model sequencing are at the top of her agenda, after one encounter with the Dakar Biennale.
Obidike Okafor (Nigeria)
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NEWS & CRITICS
THE BICYCLE SCULPTOR OF SAINT-LOUIS
Taking broken bicycles and turning them into pieces of art
By Kyla HERRMANNSEN (South Africa)
Meissa Fall sits on an old broken wheelchair that he has adapted into a couch on the side of a Saint-Louis road, wat-
ching the donkey carts pass by as he tinkers with bits and pieces of broken bicycles. Fall’s father and his grandfather before him were both mechanics, repairing broken bi- cycles from generation to generation in the small island city of Saint-Louis, 3 hours North of Dakar.
Fall said that he started being interested in sculpture as a young boy when many years ago his father handed him a bicycle that was completely beyond repair. Instead of throwing the bicycle away at the rubbish dump, Fall saw the artistic potential in the broken parts, their shapes and textures ins- piring him. He took the bicycle apart and turned it in to a sculpture, using only the pieces he had dismantled.
Many years later Fall is now a noteworthy and celebrated artist, having perfected his craft over the years. His work graces the neighborhoods and roadsides in Saint- Louis. He plays with the juxtaposition of tradition and modernity – using modern bicycle parts to create works that reference traditional aspects of Senegalese art and African art, such as the mask.
and turns them into striking sculptures, he also uses his skills as a mechanic to repair bicycles for the people of Saint-Louis. He has, in a sense, become an ambassador for bicycles on the Island. “People have high levels of cholesterol because of the salt and sugar in the food here. More people should cycle here because it’s a very flat city,” he explained. The streets of Saint-Louis are, according to Fall, perfect for travelling by bicycle.
His studio is a room quite literally filled from floor to ceiling with old bicycles and his sculptures, some complete and some in the beginning stages of being created. His studio is, in itself a piece of installation art where on can spend hours and hours peru- sing his work, transfixed by gift of giving old items new life. Somehow, in amongst this chaos, he sees the potential in the old bicycles and spare unwanted parts – tur- ning them into human figures, animals, masks and other weird and wonderful forms.
Fall said he is inspired by “life and nature” and that “making art is beautiful.” He is very much in favour of Dak’art saying that he really values the opportunity to display his works and to engage with visitors to the Island. “Dak’art promotes us,” he said, smiling a broad toothy smile.
Fall not only dismantles broken bicycles
LAGOS SOUNDS FIND A HOME IN DAKAR
Sounds of Lagos are being heard at the Dakar art Biennale cour- tesy of the installations of Emeka Ogboh sound recording inspired by the soundscapes of Lagos.
Ogboh understands the character of a city through its sounds, and in the sound ins- tallation titled LOSlantic, he looks at a fu- turistic city, the Eko Atlantic, an ultramodern city for the wealthy, presently being constructed on the Atlantic Ocean, through a Lagos State government and a private real estate company partnership.
The wooden paneled speakers conjure an image of frightened sandcastles overwhel- med by the shape of futuristic buildings. The sounds used for the installation were recorded from cities that Lagos look up to, in its quest to reach a utopian vision of hyper modernity. These cities from around the world inspire the Eko Atlantic to be planned and clean, thereby sharply contrasting with the rest of Lagos.
Everything about the installation means something including the ropes that sepa- rate the viewer from the speakers. The ropes are both a physical barrier and a fi- gurative one that represents the psycholo- gical divide between the rich and the hopes of the poor, who are left to their imagination.
The multimedia artist deals primarily with sound and video to explore the history and auditory infrastructures of cities, with special emphasis on Lagos. He is a co- founder of Nigeria’s first video art collec- tive, called the Video Art Network Lagos, and was part of the African delegates to the Media Lab at the 16th International Symposium on Electronic Art in Dort- mund, Germany in 2010.
Most of Ogboh’s works have been recor- dings of Lagos, which he has compiled in a project called the Lagos soundscapes project. The project has been listened to in galleries and museums in the United States, Sweden Switzerland and Germany.
Obidike Okafor (Nigeria)
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CATALOGUE
Collection Photos
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CATALOGUE
Collection Photos
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OFF
VILLAGE DES ARTS
L’art contemporain DANS LA PLURALITÉ
Le Village des arts de Dakar abrite ainsi l’exposi- tion «Pluralité» ouverte mardi 13 mai dans le cadre du programme Off de Dak’art.
La galerie du Village accueille près de 50 exposants nationaux et une vingtaine d’artistes invités, entre Mauritaniens, Béninois, Espagnols et Coréens. Des œuvres d’envergure ont particulièrement émues les visiteurs. A l’instar de celle de Guibril André Diop, lauréat du prix de l’Uemoa cette année. Il s’agit d’une immense sculpture en fer qui trône à l’entrée de la galerie. C’est une démonstra- tion libre, en forme d’instrument de musique, qui rappelle les grands spectacles de plusieurs époques. Ousmane Ndiaye Dago revient avec «ses» corps de femmes, exprimant, librement, le sacré de la beauté ainsi que le naturel dans l’aimant. Limalé Diop, pour sa part, célèbre le «Takussanou Ndar», l’élégance saint-louisienne, à travers une toile qui rend hommage aux signares.
D’autres représentations, à l’instar de The Dream de Kiné Aw, de la Faune marine de Louis Bassène, du Dialogue de Joe Sogui Diop, de Transparence de Gloria Alvares, entre autres, ont attiré l’atten- tion du public par leur caractère symbolique. Et c’est dans diverses matières, allant de la peinture à la sculpture, en passant par le collage, que les expo- sants ont montré leur talent. La plupart de ces ar- tistes se sont exprimés dans un panorama de couleurs vives bien affectionnées par les visiteurs. L’œuvre de Daouda Ndiaye a singulièrement ébloui. Faite de bois et de paille, il s’agit d’un mon- tage qui rappelle les profondeurs de la culture afri- caine.
«Nous avons initié le partage à travers cette exposi- tion. Nous sommes satisfaits de voir que la matière a bien pris», explique Idrissa Diallo, Commissaire de l’expo. M. Diallo a reçu les éloges de la prési- dente du Comité d’orientation de Dak’art, Mme Diatta, venue présider le vernissage dans une am- biance festive. Autour d’une animation et d’une projection de photos et de vidéos.
Diouma Sow THIAM (Sénégal)
PORTRAIT
Rémy, l’oiseau est «Samuz»
Le vernissage, le 13 mai à la librairie 4 Vents de Dakar, de l’expo de 25 plasticiens béninois, a été l’occasion
de découvrir la technique de travail aty- pique de Rémy Samuz qui s’inspire des oi- seaux pour tisser ses œuvres.
Dans l’expo «Bois sacré» dédié au Bénin par la Wallonie-Bruxelles dans le cadre de Dak’Art Off, les quatre œuvres proposées par Rémy Samuz sont immanquables. Que ce soit La reine, Tougbédjè, Le beau lutteur noir ou Le conférencier, le visiteur est tout de suite frappé par la technique du fil de fer noué utilisé par le plasticien. Une technique qui n’est pas sans rappeler celle utilisée par les oiseaux pour construire leur nid.
«Quand j’étais enfant, explique Rémy, mon père me confiait la surveillance des oiseaux qu’il élevait. Petit à petit, je me suis surpris à être fasciné par cette façon sereine qu’ils ont de faire un nid solide avec des brins de paille. J’ai compris que les oiseaux sont les meilleurs architectes du
monde. Je me suis dit alors que j’allais faire comme eux».
Il commence alors par des œuvres de pe- tites tailles, mais qui empruntent déjà aux oiseaux leur technique, alliant du coup lé- gèreté et solidité. Mais à la place du brin de paille, Rémy s’amuse à utiliser le fil de fer.
Après des années de pratique, il passe aux personnages géants. «Quand je prends le fil de fer, je le laisse me guider. Je cherche le volume peu à peu, je laisse le temps pas- ser jusqu’à obtenir la forme», confie l’ar- tiste. La taille de ses œuvres exposées dans le Bois Sacré varie peuvent atteindre 1,80 m.
De son vrai nom Rémy Sossouvi, le sculp- teur se plaît dans cet univers aviaire où la patience est la règle d’or. C’est sa première participation à Dak’art, mais il est confiant : ce n’est que le début d’une grande aventure.
Eustache AGBOTON (Bénin) Rescap’art pour la thérapie par l’art
HÔPITAL FANN
L’hôpital Fann, pionnier dans le do- maine de la psychiatrie en Afrique subsaharienne, propose une exposi- tion Off dont le vernissage a eu lieu le 10 mai 2014. En marge de cette activité, les ateliers Graphoui de Bel- gique et l’association Rescap’art, qui rassemble des patients et d’anciens patients du service psychiatrique de Fann, ont réalisé un film de 13 mi- nutes intitulé «Ce que l’œil prétend voir». Comme quoi, art et thérapie font bon ménage. A la suite du film issu de l’Atelier d’expression du ser- vice psychiatrique, il a été donné à
voir plusieurs œuvres. Peindre pour prendre conscience de ses contradic- tions, danser pour dédramatiser ses conflits...
La création artistique permet, avec l'art-thérapie, d'accéder à des senti- ments enfouis. Si l’art est bien un moyen d’expression, il est d’autant plus une forme de thérapie. C’est ce que l’association Rescap’art et Gri- phoui veulent relever à travers cette œuvre.
Jérôme William BATIONO
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OFF
VIYE DIBA - TOURE BEHAN AU KOBA CLUB
Variation sur le même thême
«Tout se sait» est le nom donné à l’installation de
l’artiste concepteur sé- négalais Viyé Diba qui, à chaque Biennale, pro-
pose une nouvelle démarche artistique.
Lors de la dernière Biennale, Viyé Diba pro- posait, dans le cadre du Off et à la galerie Arte, son installation «Nous sommes nombreux et nos problèmes avec», concept né des tracasse- ries que lui posaient les robinets dans sa mai- son. Son voyage post-génocide au Rwanda l’avait poussé à y intégrer la cohabitation dans le même espace et les tensions que cela peut engendrer. Les notions de contournement et d’enjambement avaient aussi alimenté ce pro- jet. Voici qu’avec «Tout se sait», la notion de transparence esquissé avec «Nous sommes nombreux et nos problèmes avec» se déve- loppe pour en être le thème majeur.
Diba cherche à exhumer les différents langages spatiaux dans ce rapport avec l’environnement urbain, comme il dit que qu’au bout des gestes quotidiens se dégage une écriture artistique. Tissus découpés et tantôt mis en boîte dans du plastic transparent, tantôt enroulé en boulettes et enchâssés dans du tissu transparent qui per- met de voir ce qui se passe à l’intérieur de ces boulettes, tantôt sous forme sculptures. Les bouts de tissus découpés en petits morceaux obéissent à ce que l’artiste appelle «Une ap-
proche de la proximité», car tout ce qui com- pose l’installation provient de notre cadre de vie. L’installation elle-même s’y soumet. Les objets donc modulent nos déplacements dans l’espace urbain.
Viyé Diba a travaillé avec des artistes révéla- teurs comme le photographe Mamadou Touré dit «Béan», plus connu dans sa manière de capter à l’instantané des tranches de vie dans la rue. Comment a-t-il travaillé dans ce projet ? Le photographe dit : «Je suis parti du concept de l’installation « Tout se sait» pour une approche plus abstraite que figurative des éléments que j’ai choisi de photographier. La photographie, pour moi, c’est écrire avec la lu- mière. J’ai donné mon point de vue à partir des critères de composition et de répartition des masses pour certains éléments ; pour d’au- tres, j’ai insisté sur l’effet de perspective avec un élément figuratif au premier plan et l’abs- traction en second plan».
Que retient-il de cette collaboration ? «Ce fut important de travailler en synergie. Cela mon- tre que nous pouvons développer des synergies entre différentes disciplines de l’art pour une variation sur le même thème».
L’expo se poursuit au Koba Club, face à la mairie de Dakar, jusqu’au 22 mai 2014.
Baba DIOP
GALERIE BORIBANA
Dialogue entre quatre artistes
La galerie Boribana, à Ngor, réunit quatre créateurs aux approches
artistiques différentes. Le céra- miste Cheikh Diouf offre à voir à l’étage ses masques sous un aspect nouveau. Ils sont présentés avec un cou assez long et suspendus sur du fer. La particularité réside dans les contours de visage bien dessi- nés et émaillés avec différentes couleurs vives qui contrassent l’argile et la terre. Cheikh Diouf combine terre brute, ar- gile et filage, et utilise le col- lage pour alterner les deux éléments. Il représente deux lutteurs en position de com- bat. Avec leur arsenal folklo- rique et mystique : gris-gris, cauris, pagne traditionnel noué autour de leur taille. Dans cette expo intitulée One one two (Un un deux), Diouf dialogue avec son collègue ja- maïcain Gene Pearson. Ce dernier utilise aussi la même technique pour fabriquer ses masques.
Au rez-de-chaussée, l’artiste Abdoulaye Ndoye propose dans Identité des calligraphies indéchiffrables sous verre. Il est plus dans le graphisme que dans l’écriture. «Abdoulaye dit souvent qu’il n’écrit pas, il dessine, c’est un explorateur de support», renseigne le scé- nographe Khalifa Ababacar Dieng. Il utilise des matériaux variés, papier, tissu, bois, métal, henné. Dans la cour, l’installation de Momar Seck, Fagots debout et Tackoo, fait référence à un quotidien du monde rural. Il intègre plu- sieurs matériaux de récup : les fagots de bois enrôlés avec du fer à béton et du métal sont en position verticale.
Fatou Kiné SENE (Sénégal)
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SAINT LOUIS
EXPOSITION DES ŒUVRES D’IBA NDIAYE A SAINT-LOUIS
La vieille ville retrouve son fils prodige
EXPOSITIONS OFF
Une pléiade d’artistes rivalisent d’ingéniosité et mettent la vieille ville en mille et une couleurs
Les artistes Amadou Ndiaye et Alboury Fall ont établi leur quartier à la Loui- sienne et au Centre culturel régional de Saint-Louis.
Photographe de formation, Alboury Fall a vite attrapé le virus de la peinture en 2005, lors d’une expo collective d’ar- tistes, encouragé en cela par Alioune Ba- diane, alors directeur des Arts, qui avait flairé le talent de l’artiste. Alboury Fall se définit comme un autodidacte et aime travailler avec des matériaux de son en- vironnement. Son exposition intitulée «Sur Mer» est visible dans la cour du centre culturel Abdel Kader Fall jusqu’au 8 juin prochain.
Dans ses œuvres, il aborde des questions liées à la mer et principalement le dan- ger que constitue l’émigration clandes- tine avec les nombreux jeunes qui ont laissé leur vie en voulant découvrir un prétendu eldorado.
En dehors des expositions au Sénégal, notamment à la Galerie d’art, Alboury Fall a aussi participé à des résidences et à des expositions en Allemagne, en Bel- gique, en France, etc.
Non loin du centre culturel régional, son collègue Amadou Ndiaye étale ses toiles sur un petit couloir menant sur la berge du fleuve Sénégal. Il dit travailler sur différents supports : toile, ferraille, et utilise des matériaux de récupération comme les journaux, les débris de pi- rogues pour confectionner des œuvres de toutes sortes. Il développe des problé- matiques selon ses sources d’inspiration comme la ville de Saint-Louis, son envi- ronnement naturel, la couleur bleue de la mer ou encore l’architecture de la vieille ville. Amadou Ndiaye est allé au- delà de nos frontières pour des exposi- tions et des invitations à des résidences d’artistes, notamment en France et à Za- kapane (Pologne).
Assane DIA (Sénégal)
Sur la pointe sud de l’île de Ndar, face au bras du fleuve, le Centre de re- cherche et de documentation de Saint-
Louis (CRDS), un bâtiment à l’architecture coloniale, abrite l’exposition du grand ar- tiste peintre Iba Ndiaye. A notre arrivée, des ouvriers s’affairaient déjà au montage des œuvres avec l’appui bienveillant des deux commissaires Malick Ndiaye et Laeti- tia Pesenti.
L’exposition tient sur les deux grandes salles du 2e étage. A l’entrée, le visiteur est ac- cueilli par deux tableaux qui sont des dis- tinctions délivrées à l’artiste par l’Etat du Sénégal (diplôme du Grand Prix des Arts contemporains) et par la Fondation de la Biennale de Sao Paulo.
Dans l’une des pièces, se trouvent des pho- tos souvenirs. Iba Ndiaye est entouré d’émi- nentes personnalités des arts, comme Jack Lang, Léopold Sédar Senghor, au cours de l’exposition Rétrospective en 1966, au Musée Dynamique de Dakar.
L’exposition du défunt artiste dans sa ville natale est constituée de 145 œuvres, fruit de la donation faite par les héritiers de l’artiste à l’Etat du Sénégal. De ces centaines de ta- bleaux, une sélection a été réalisée pour re- tracer la vie et l’œuvre de l’artiste sénégalais
à travers des thèmes aussi divers et diversi- fiés comme la Tabaski, le jazz, les portraits, les natures mortes, les paysages. Les toiles d’Iba Ndiaye font apparaître son engage- ment, sa posture de critique et son éternel voyage d’un continent à un autre.
En abordant le thème de la Tabaski (fête musulmane), l’artiste est épris de Nostalgie de son enfance dans sa ville natale. Dans le thème Paysage, il en appelle à un dialogue avec l’histoire de la représentation de l’Oc- cident alors que le jazz, dans son œuvre, fait référence au métissage.
L’objectif visé par l’organisation de l’exposi- tion est d’avoir une vue large sur l’œuvre d'Iba Ndiaye. D’après l’un des commis- saires de l’expo, Malick Ndiaye, l’artiste est à la fois un enseignant et un pédagogue, parce qu’ayant formé d’éminents artistes contemporains sénégalais.
Aujourd’hui, il s’agit de mettre à profit cette donation des œuvres de l’artiste afin d’en faire un large partage avec les Sénégalais et les Africains pour qu’ils puissent en tirer des leçons et des connaissances.
Assane DIA (Sénégal)
Le design au rendez-vous à la galerie Arte
Les biennalistes ont visité, le 14 mai 2014 à la galerie Arte, le Patio Saint-Louis, l’expo Art & Design : «Appartement avec vue», avec Barkinado Bokoum, Dominique Zinkpé, Tchif, Fati- mata Ly, Marie Jampy, Joëlle le Bussy, Johanna Bramble, Issaka Bonkoungou, Mauro Petroni, Bibi Seck, Tetou Gologo,
Djengue Daniel, Constant Ado- non et Malobé Diop.
Ces artistes nous explorent dans un environnement habituel pour les uns et insolite pour d’autres. C’est le cas de Marie Jampy qui présente deux photos avec pour titre : «Saint-Louis 1et 2». Elle décrit une image de la
vieille ville du Nord.
Joëlle le Bussy, quant à elle, nous plongent dans un assemblage du bois, de fer, de bronze, de cuivre et parfois du textile pour aboutir à un mobilier électrique.
Avec sa pièce «Taboo et la table», Bibi Seck, inspiré par les habi- tudes quotidiennes en Afrique
de l’Ouest, offre un recyclage des déchets plastiques.
Pour Joëlle le Bussy, Commis- saire de cette exposition, il s’agit, ici, de valoriser l’art et le design d’Afrique en les mixant subtile- ment au style européen.
Patrick NZAZI (Congo)
10 Dak’art actu N°7 - Jeudi 15 mai 2014
RENCONTRE
RENCONTRES ET ECHANGES
Regards croisés sur la fonction
du CRITIQUE D’ART
La deuxième table-ronde des Rencontres scientifiques de Dak’art 2014
s’est tenue au Village de la Biennale. Parmi les cinq panélistes d’enver- gure, trois étaient francophones. Ils ont analysé, à travers de perti- nentes réflexions, le travail du critique d’art.
Quel rôle assi- gner au cri- tique d’art ? Quelle est sa relation avec
l’artiste et l’œuvre ? Les pané- listes cooptés pour la deuxième table ronde des Rencontres et échanges de ce 11e Dak’art ont apporté des éléments de ré- ponse, en confrontant, bien entendu, leurs expériences res- pectives et leur culture pictu- rale.
Docteur en esthétique, histo- rien et critique d’art, Vangelis Athanassopoulos s’inscrit dans une approche sociologique de la critique d’art, à l’ère de la mondialisation, pour examiner les mutations actuelles dans le monde de l’art et leur impact sur le métier de critique d’art. Il souligne, en insistant sur les conditions qui régissent la mondialisation de l’art et de la connaissance, le double mou- vement d’hyperspécialisation et de décloisonnement des mé- tiers d’art et les liens qui le rat- tachent aux politiques culturelles et éducatives. «C’est à l’intérieur de cela que le cri- tique d’art doit se position- ner», fait-il savoir.
A ses yeux, le rôle de la cri- tique dans la légitimation de l’œuvre d’art est essentiel, d’autant que «la critique fait partie intégrante du méca- nisme du marché d’art».Profes- seur des universités, membre de l’AICA (Association inter- nationale des critiques d’art) et commissaire d’expositions, Dominique Berthet considère
l’œuvre d’art comme une énigme et un défi. Enigme parce qu’il est impossible de la cerner dans sa totalité, de la lire. « a deuxième épaisseur. L’œuvre est, selon lui, un défi Dominique Berthet estime que la relation entre le critique et l’œuvre est un défi que le cri- tique tente de relever.
Le critique, selon lui, se situe dans l’immédiateté, à la diffé- rence de l’historien qui l’inscrit plutôt dans le temps. Une œuvre, Dominique Berthet l’envisage en termes de rencon- tre. La posture qu’il préfère, avant tout, c’est la critique complice. Il explique : «Ce qui m’intéresse, c’est cette forme de critique qui me met au contact de l’œuvre et de l’artiste. J’accorde une impor- tance considérable au lieu de critique.» Dominique Berthet considère que tout artiste est engagé dans sa création. Un engagement auquel le critique ne peut se dérober, car «le dis- cours qu’il produit doit être
une œuvre d’art».
Dernier panéliste s’exprimant en français, Dr Marie-Noëlle Ryan fait une analyse des en- jeux théoriques de la réception et de la critique artistique en lien avec une théorie de l’œu- vre d’art inspirée. Elle s’appuie sur les travaux de Theodor W. Adorno et de Luigi Payerson. De son intervention, il ressort que l’œuvre d’art est un point de rencontre dynamique entre deux intentionnalités : une in- tentionnalité «projective», c’est-à-dire ce que l’œuvre, à partir des intentions initiales de l’artiste, cherche à produire comme effets sensoriels, émo- tifs, réflexifs, et une intention- nalité «réceptive», qui est, en fait, ce que l’interprétation de l’œuvre prend en considéra- tion, notamment sa logique ou sa normativité interne.
Yacouba SANGARE
(Côte d’Ivoire)
Ce qui plombe la mobi- lité des œuvres d’art
Les rencontres scientifiques de Dak’art 2014 ont donné un cachet particulier à ces acteurs qui assurent l’après-création : marchands d’art, ga- leristes, collectionneurs, etc. Ils occu- pent une place de choix dans les relations entre le champ de la création et celui de la réception. C’est l’un des enseignements de la thèse de François Diouane Ndiaye intitulée : «La circu- lation des œuvres d’art contemporain en Afrique de l’Ouest. Cas des arts plastiques à travers l’exemple du Sé- négal.»
Présentée le 13 mai à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, en marge de la Biennale, cette soute- nance a posé le débat sur la mobilité des œuvres d’art dans un contexte d’instabilité sociale ou de conflit armé. Et au-delà de l’insécurité qui pousse les potentiels consommateurs de l’art à se terrer chez eux, ces situa- tions influent négativement sur la sauvegarde du patrimoine mondial. Directeur de thèse de François Ndiaye, le Pr. Bernard Lafargue note, toutefois, que la circulation des œu- vres d’art se développe de manière réelle lors d’événements culturels mondiaux, tels que les biennales, fes- tivals, entre autres. Cette mobilité est aujourd’hui devenue «un phénomène social», constate le Pr. Abdou Sylla. Ce dernier déplore, toutefois, l’ab- sence des artistes qui ont créé les œu- vres ainsi que des statistiques sur le nombre réel de créations qui circulent dans l’étude présentée par François Ndiaye. Son regard critique porte aussi sur l’omission faite sur le trans- port des œuvres qui, estime-t-il, «de- meure primordial», si l’on prend en compte les contraintes notées aux ni- veaux des frontières aéroportuaires et maritimes.
Mbagnick NGOM
(Sénégal)
Dak’art veut cultiver le goût de l’art à la base
Le Dak’art reçoit régulièrement élèves et étudiants venus regarder les expositions. La Biennale a vu juste : l’avenir del’artafricaincontemporain, c’estaussi untravail profond à la base. C’est dans cette perspective d’ailleurs qu’uneexposition«Artaucampus» àl’UniversitédeDakara eulieudansleslocauxde l’UCAD.
Faire comprendre et aimer l’art commence par la déconstruc- tion despréjugés défavorablesdontestvictimelacréationar- tistique en Afrique. L’art n’est pas destiné aux pauvres. Nous avons la manie de dire que l’art ne peut pas prospérer en Afrique, car nous avons faim... Par conséquent, nous ne pouvons pas nous promener dans les musées et les galeries. L’art, pour beaucoup de nos compatriotes, ne peut être en aucun cas une priorité. La création artistique est l’affaire d’une minorité assimilée, à l’abri des besoins les plus élémentaires. Pourtant, l’art est une affaire sérieuse. L’école est le lieu indi-
qué pour le dire. Il faut grandir avec l’art pour en avoir le goût. C’est ce que Dak’art a compris, en décidant de trans- portergratuitementlesélèvespourunevisitedesexpositions. Cette proximité de nos écoliers avec les œuvres leur permet- trad’accorderautravaildel’artisteladignitéqu’ilmérite. L’artcontemporainafricainestl’expressiondelaconscience africaine, une expression qui traduit nos plus hautes aspira- tions.
Nous devons envahir les lieux d’exposition. Arthur Schopen- hauer a raison de dire que l’expression artistique serait inutile si le réel procurait à l’humain le bonheur. Un homme heu- reux n’a pas besoin de l’art. L’art est l’affaire des malheureux, une façon de dire que l’Afrique a intérêt à encourager la créa- tion.
Souleymane SARR - AICA/Sénégal.
Oeil Du CRITIQUE
Dak’art actu N°7 - Jeudi 15 mai 2014 11
DER
INSTALLATION DE EUN JUNG PARK
La Corée du Sud à Dak’Art
Contact
Biennale de l’art africain contemporain Email : info@biennaledakar.org Site web : www.biennaledakar.org Tél : +221 33 823 09 18
Fax : +221 33 821 16 32 Secrétariat Général de la Biennale des Arts de Dakar
19, Avenue Hassan II
BP 3865 Dakar RP
Dakar - Sénégal
Site internet
www.biennaledakar.org www.biennaledakar.com www.biennale-dakar.org www.biennale-dakar.com
Life story, tel est l’inti- tulé de l’œuvre de Eun Jung Park, composée de dizaines de tubes en plas- tique de 2m30 de lon- gueur sur 1m30 de largeur et de diamètre sur lesquels s’accrochent des sachets remplis de sable. «Le sable fait partie de l’environnement, il y a beaucoup de sable doux au Sénégal, c’est une bonne chose», ap- précie Eun Jung. Celle-ci a résidé au Village des arts et s’est promenée dans certains endroits de Dakar pour concevoir son installation. «J’ai une bonne impression sur les Sénégalais ouverts, ac- cueillants et doux», dit- elle.
L’artiste s’intéresse aussi à la nature, l’eau, l’arbre, la mer, fruits de mer, au cycle de la vie, etc. Expo- sant ses œuvres grâce à la galeriste Thérèse Turpin Diatta, Eun Jung compte présenter plus tard à Dakar ses peintures et sculptures.
Alassane CISSE
(Sénégal)
Dak‘ art
Directeur de la publication :
Babacar Mbaye DIOP
Coordonnateur :
Aliou NDIAYE
Rédacteur en Chef :
Baba DIOP
Chargés d’édition :
Abdou Rahmane MBENGUE; Aboubacar Demba CISSOKHO
Rédaction :
Elhadji Massiga FAYE; Alassane CISSE ; Fatou Kiné SENE; Assane DIA; Baba DIOP ; Mbagnick NGOM; Diouma Sow THIAM; Alioune DIOP; Patrik NZAZI KIAMA (RD Congo); Kimani wa WANJ- JIRU (Kenya) ; Kyla HERMANSSEN (Afrique du Sud); Siham WEIGANT (Maroc); Yacouba SANGARE (Côte d’Ivoire); Jean-François CHANNON (Ca- meroun)
Obidiké OKAFOR; Eustache AGBOTON; Gaston COLY
Crédits Photos :
Biennale des Arts de Dakar ; Pap BA;
Pape SEYDI
Maquette :
Papa Diabel THIAM; Lamine COLY
Chargé de la Production :
Papa Diabel THIAM
Contact : dakartnews@gmail.com
Les friands d’œuvres d’art sont invités au vernissage de l’exposition de la Coréenne Eun Jung Park dont le ver- nissage est prévu le 22 mai à 18 h au Terrou Bi à Dakar. Dak’art 2014 a accueilli des créations d’artistes venus de tous les continents. L’artiste sud-coréenne Eun Jung Park, représentant l’Asie, en plus d’autres créateurs de la
Chine, présente son œuvre à Terrou Bi, dans le cadre du programme Off de la Bien- nale de l’art africain contem- porain. Une manifestation à vocation panafricaine certes, mais ouverte aux souffles fé- condants des créateurs et des propositions picturales, sculpturales et autres dé- marches esthétiques en pro- venance d’horizons divers.
COMMUNIQUÉ
L’artiste Amandine Tochon expose ses œuvres à la Di- rection du Patrimoine Cul- turel (3, rue Galandou Diouf, à côté du siège de l’Hôtel de Ville de Dakar). Le vernissage aura lieu ce 16 Mai à 18 heures.
Le travail de l’artiste est composé d’œuvres inédites qu’elle propose pour cette présente édition.
12 Dak’art actu N°7 - Jeudi 15 mai 2014
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