Legs-Africa revisite ce qui reste de Cabral
40 ANS APRES SA MORT

Le quarantième anniversaire de la mort d'Amical Cabral, célébrée samedi par Leadership, éthique, gouvernance, stratégies pour l'Afrique (Legs Africa), a permis de redécouvrir l’homme, sa pensée, sa théorie de l’action et son action de la théorie.
Les témoignages mais aussi les analyses pointues faits par son ami et compagnon d'armes, le Commandant Pedros Pires, ancien président du Cap-Vert, le Pr Abdoulaye Bathily, Elimane Kane, président de Legs Africa et d'autres universitaires, ont permis de comprendre que le combat de Cabral a fondamentalement été pour la ré-africanisation des esprits en faveur de la liberté dans la souveraineté.
En évoquant son parcours avec Cabral, le Président Pires déclare, d'emblée, avoir connu Cabral au Ghana, en 1961, de même que Nkrumah. «J’ai appris à penser avec Cabral, et j’ai connu ses idées. J’ai appris à agir en essayant de le suivre dans sa façon de penser et d’agir. Il était un pédagogue révolutionnaire». Pedros Pires qui se considère comme un disciple de Cabral raconte : «Nous avions une grande passion pour l’Afrique pour le progrès et la justice. La légalité et le droit nous ont toujours animés».
Le Pr Bathily n'en pense pas moins et témoigne que «Cabral et Pires ont inspiré (son) engagement militant, il y a 40 ans». «Ils ont apporté une compréhension renouvelée mais aussi des stratégies de lutte de libération». Pour Bathily, Pires a incarné les idéaux de Cabral. Pour preuve, «il est entré pauvre dans ses fonctions de président et en est sorti pauvre. Il n’a fait que deux mandats, il n’a pas tenté de faire un troisième ou d’imposer son fils».
Au-delà de ces témoignages, le Pr Bathily a invité à faire une base d'autocritique. «Il faut célébrer ce qui est positif, mais aussi voir pourquoi il y a eu échec. L'oeuvre de Cabral, en la visitant, nous permet de se poser ces vraies questions, comme ce qu'il a apporté comme lumière, mais aussi les zones d'ombre».
C'est pourquoi, il en appelle à une réévaluation. Le leader de la Ld rappelle que «Cabral disait que Nkrumah est mort du cancer de la trahison, mais il n'a pas pu tirer les leçons de la mort de Nkrumah, puisque quelques mois plus tard, il a été victime de la trahison ».
Le président de Legs Africa, Elimane Kane, pense que, «pour servir notre engagement panafricain, l’important pour nous est moins d’entretenir un mythe ou de s’adonner au culte d’une personnalité que de comprendre comment il a su, autant qu’Augustino Néto, Julius Nyéréré, Nkrumah, Lumumba, mener le combat de son époque contre l’injustice et l’asservissement pour nous en inspirer et faire face à notre tour aux injustices de notre temps. Il s’agit, donc, de faire le lien entre la source que constitue l’œuvre de Cabral et la mission qui est celle de notre génération».