LES JEUNES DE TAMBA VONT INVESTIR LA RUE LE 2 MARS...
POUR PROTESTER CONTRE LA SERIE DE MEURTRES COMMIS SUR DES DEFICIENTS MENTAUX

La réccurrence des meurtres dans leur localité a fini de mettre les jeunes tambacoundois dans une colère noire. Ces derniers veulent siffler la fin de ces crimes
TAMBACOUNDA - La série de meurtres qui sévissent dans la région orientale du pays a fini de plonger les populations de ladite contrée dans la peur et la psychose. Au sixième meurtre perpétré, ce 20 février dernier sur une jeune malade mentale, la peur et la méfiance ont fini de s’installer dans le quotidien des populations. Ne pouvant plus continuer à être prisonniers et séquestrés, les jeunes réunis en mouvement pour la sécurisation de la ville sont sortis de leur mutisme et comptent sillonner les rues pour sensibiliser les populations.
Devant cette situation d’assassinat de malades mentaux à Tambacounda, les jeunes ont décidé de faire sienne la problématique. Ils comptent organiser une marche de protestation. Face à l’incapacité des forces de sécurité et au mutisme des politiques, ministres comme députés de la région, les populations de la commune sont montées au créneau pour assurer leur propre sécurité, quitte à y laisser leur peau.
«Il se passe des choses horribles et barbares dans cette partie du Sénégal où la vie, jadis, était paisible.
En un temps record, la ville a enregistré trop de morts. De quoi s’alarmer. Avec comme victimes des gens qui malgré leur état faisaient partie intégrante de la population. Pour le porte parole des jeunes, «Trop c’est trop ! Tamba a vécu assez d’horreurs avec ces assassinats à tout bout de champ. Et les hommes politiques ne se sont même pas prononcés», s’indignent-ils.
Déterminés à mettre un terme à ce fléau qui sape l’hospitalité des Tambacoundois, les jeunes
disent sentir le besoin d’unir leurs forces pour prendre à bras-le-corps l’insécurité qui prévaut actuellement à Tambacounda. Pour cela, ils comptent organiser une marche de sensibilisation qui les mènera à la gouvernance pour y déposer un mémorandum. «Si les autorités administratives, la gendarmerie et la police ne sont pas capables d’assurer la sécurité de la région, les populations le feront», disent-ils. La position carrefour de la ville, de la région même de Tamba fait que sa sécurité ne doit point être lésée. Sa position géographique, frontalière avec la Gambie, le Mali, la Mauritanie et les deux Guinées fait d’elle une zone vulnérable à toutes sortes de crimes.
Pour eux, l’Etat qui détient les moyens a, dans sa mission régalienne de défense et de sécurité des personnes et des biens, failli surtout dans la région de Tamba. Avant de rappeler au chef de l’Etat qu’il est le premier interpellé sur la question.
Dans la capitale orientale du pays, les habitants vivent dans la psychose. Psychose liée au défaut de réseau électrique dans les quartiers périphériques, propices aux meurtres, mais aussi et surtout le nombre insuffisant d’effectif dans les rangs de la police et de la gendarmerie sans oublier la vétusté
et la précarité de leurs moyens.
...ET JETENT EN PATURE LES AUTORITES DE LA LOCALITE
Le silence dans lequel se sont emmurés les députés et le ministre de la Justice, Garde des Sceaux, fils de la région traduisent leur insensibilité aux maux dont souffrent les populations pour lesquelles ils sont censés représenter au plus haut sommet de l’attelage gouvernemental. Depuis l’enregistrement du premier cas d’assassinat perpétré le vendredi 26 juillet 2013 jusqu’à celui commis ce 20 février 2014, aucun élu de la région n’a élevé la voix pour dénoncer, et mieux trouver un remède contre de tels actes.
Pour Omzo, «il est malheureux voire scandaleux que les personnes porteuses de voix au niveau de l’hémicycle et des instances de décisions soient indifférentes au sort de leurs compatriotes. Les députés comme le ministre de la Justice sont une honte pour nous les populations meurtries, nous les laissés-pour compte ».
Très remontés contre «ces politiciens oublieux », Adama Camara n’y est pas allé en douceur pour leur cracher ses vérités : «Ce n’est pas sur ces gens qu’il faut compter pour que notre cité retrouve la quiétude d’antan. C’est parce qu’ils ont des garde du corps qu’ils oublient la peur dans laquelle vivent leurs compatriotes. De ce fait, il est temps que nous, populations, surtout nous les jeunes, veillons à assurer la sécurité de la ville et de la région dans son ensemble».
M. Camara qui trouve que «c’est abominable et épouvantable l’attitude de (leurs) politiciens qui, jusqu’ici, n’ont pipé mot. Ces gens-là, pour leurs intérêts politiques, faisaient du porte-à-porte. C’est dommage que les députés et le ministre de la Justice aient brillé par leur mutisme».
Omzo le Berger clame que «si le Président Macky Sall oublie que ce qui se passe à Tamba se passe dans une des régions les plus courtisées du pays. Depuis bientôt huit mois, il n’a pipé mot sur le calvaire psychologique dont sont plongés les Tambacoundois. Sur ce, les jeunes de la ville l’invitent à prendre en charge ce crucial problème qui dépasse de loin (leurs) administrateurs locaux».
Sur ces faits, ils exigent un conseil interministériel d’urgence sur la question ainsi que la réouverture du centre psychiatrique de Djinkoré. Car, la situation est plus qu’inquiétante. «Ces gens qui tuent à tort et à travers sont soit des terroristes soit des gens qui viennent des zones aurifères», dit-il.
UN MALADE, PIEGE PAR DES BRIGANDS, A ECHAPPE A LA MORT HIER
La chasse aux malades mentaux continue de plus belle à Tambacounda. En effet, après l’assassinat, dans des conditions dramatiques pour ne pas dire horribles, de 6 malades mentaux errants, un autre vient d’échapper à ce massacre. Les faits se sont déroulés, avant-hier, dans la nuit du dimanche 23 au lundi 24 février, vers 4 heures du matin. Un malade mental errant répondant au nom de Waly Ndiaye, âgé d’environs 45 ans, a échappé à une tentative d’assassinat.
Selon les informations reçues, cette tentative d’assassinat a été orchestrée par deux individus non identifiés dont l’un s’était déguisé en fou pour mieux accomplir sa sale besogne.
Pour appâter le déficient mental, l’un des deux malfaiteurs lui a donné rendez-vous aux abords d'une boulangerie située aux Hlm2 du quartier Abattoirs pour lui offrir du pain. Une fois au lieu du rendez-vous, les malfaiteurs ont voulu attenter à sa vie. Et, c’est au moment où les malfaiteurs animés de mauvaise foi s’apprêtaient à l’abattre qu’un jeune homme du nom de D.S. Sy les a aperçus.
Le jeune homme a alors, sur le coup, ameuté le voisinage amenant ainsi les malfrats à prendre la fuite. Et, c'est vers 6 heures du matin que le jeune, témoin de cette affaire, a avisé le Commandant Fall de la Brigade de Recherche de la gendarmerie de la capitale orientale qui, à son tour, s'est aussitôt rendu sur les lieux avec ses hommes, pour les constats d'usage. Toutefois, face à cette situation «insoutenable qui ne peut plus perdurer», l’Association sénégalaise pour le suivi et l’assistance aux malades mentaux (Assamm) demande aux autorités étatiques d’en finir avec ces séries de tueries et de prendre toutes les dispositions nécessaires pour mettre à l'abri les malades mentaux errants.
Ainsi, pour défendre la cause de ses sans voix, Ansoumana Dione prévoit une marche de Rufisque au palais de la République ce jeudi 27 février 2014 pour déposer un Mémorandum auprès du Président Macky Sall.