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LES MINEURS FOOT DE PARI

ADDICTION À UN JEU DE HASARD

Abdou Mbaye   |   Publication 04/07/2015

Si on les croise, on penserait qu’ils cogitent pour résoudre un Théorème de Pythagore proposé en classe par le professeur de Maths. C’est perdu : Ils multiplient les coefficients pour mesurer leur éventuel gain au moment de valider leur Pari foot.

Malgré l’interdiction, les élèves, surtout mineurs, sont occupés à miser sur ce jeu de hasard pour espérer toucher le jackpot. Yeux rivés sur leur Smartphone ou leur ordinateur, ils passent plus de temps à analyser les championnats du monde qu’à réviser leurs cours. En attendant, la Lonase essaie de remettre de l’ordre dans ce foutoir. Mais, le pari n’est pas gagné ! 

Mécaniquement, Modou multiplie le geste chaque week end. Il tourne la fiche technique, analyse les coefficients, coche les meilleures combinaisons. Il valide enfin. Du championnat du Sénégal jusqu’en Finlande sans oublier la Liga, la Premier League, la Série A, il réfléchit sur les meilleurs scénarios pour toucher le jackpot. Elève en classe de seconde, il est déjà addict au Pari sportif depuis plusieurs mois. A 17 ans, il ne rate aucun rendez-vous. Même s’il se retrouve avec des fortunes diverses. 

Pourtant, il n’a pas droit de tenter sa chance au Pari foot interdit aux moins de 18 ans. A l’instar des autres jeux comme le Pmu, le grattage..., le Pari foot mobilise une bonne partie de la population sénégalaise. Faisant partie des dernières innovations de la Lonase, il a connu une explosion exponentielle qui le place au plus haut sommet de la pyramide des produits commercialisés par la Lonase. 

Aujourd’hui, le secret du succès de ce produit, lancé le 6 mars 2014, est simple : il attire des jeunes accros au foot. Comme les vieux sont aimantés par le Pmu. Ils allient passion et business. Et les gains sont faramineux. A la fin de la journée, ils peuvent toucher 80 mille, 100 mille, 3 millions ou plus... après avoir assuré de meilleures combinaisons.

Le jeu est simple : Les parieurs ont le choix entre plusieurs matchs de tous les niveaux confondus suivant les différents pays. Ils sont ainsi sélectionnés dans un papier intitulé programme avec des codes pour chacune des équipes. La mise commence à partir de 300 F. Malgré les dispositions prises par la Lonase et qui interdiraient aux jeunes de moins de 18 ans de participer au jeu, il y a toujours des violations au niveau des lieux de ventes. 

Il est 9 h. Une colonne d’élèves s’échappe de leur établissement pour se diriger au point de vente situé à côté. Pas alertes, ils commencent déjà à disséquer la prochaine journée des championnats. «Vite, allez, il ne faut pas qu’on nous suit», crie l’un d’eux. Habillés en uniforme, munis de leur sac, ils s’agglutinent devant le point de vente agréé par la Lonase.

Ils se payent un programme, rejoignent les bancs réservés aux parieurs. Alors que les autres écarquillent leurs yeux devant le tableau où sont affichés tous les programmes du jour. Après des discussions passionnées sur le niveau des équipes, sur les probabilités de victoire et de défaite, ils commencent à valider leurs paris. 

Chérif Thioune, inscrit en classe de 4ème, est un «vétéran» dans ce jeu. Il raconte son histoire avec le pari : «Comme tout fan du football, je joue à ce jeu que je trouve intéressant d’ailleurs.» Quid des prétentions financières ? «J’y gagne beaucoup. Et cela me permet vraiment de décharger un peu mes parents qui se sacrifient matin, midi, soir pour subvenir à mes besoins».

Dans les différentes salles de jeu, on voit les jeunes multiplier les probabilités. Comme dans un cours de maths, les calculs ne sont pas simples. Cheikh est déjà accro : «Oui ! Moi je suis en classe de 5ème mais je comprends mieux que quiconque ici le jeu.

D’ailleurs, je leur indique parfois le chemin à emprunter pour gagner. Vous achetez un programme et vous y verrez les différentes équipes. Et chaque équipe est dotée de coefficients ou de codes : Leur multiplication donnera un résultat qu’on multiplie encore avec la mise pour savoir le gain probable du jeu». 

La fortune aux mineurs... 

Aujourd’hui, les salles de jeu sont prises d’assaut par les jeunes parieurs. Alors qu’on lit sur leur fronton l’application «Interdit au moins de 18 ans». Mais, elle est violée par les mineurs en complicité avec des gérants ou des vendeurs agréés. Ils sont là. Assis, debout, ils font leur pari. Comme si de rien n’était.

Certains cotisent pour multiplier leur chance, d’autres préfèrent jouer pour leur compte personnel. Les «mauvais parieurs» sont raillés par les pros qui souscrivent au jeu pour tenter de changer leur condition sociale. Pourquoi jouez-vous ?

La réponse relève de l’évidence : «Nous voulons être riches». D’autres réponses font froid dans le dos : «Nous voulons soulager nos parents qui n’ont pas assez d’argent. Cela nous permettra de prendre en charge nos besoins à l’école». Inquiétant ! 

Cet attrait financier dope les enfants qui risquent de tomber dans l’addiction. Dans les écoles, les élèves écartent toute idée d’abandonner ce jeu à cause des opportunités qui leur fait saliver.

Akhmada raconte : «Au début, je me cachais quand je jouais au pari sportif, ma mère qui n’avait rien compris me demandait quand elle me surprenait souvent, ce que je suis en train de faire. Bof! Je n’osais pas lui dire que je faisais un jeu de hasard. Je lui rétorquais que je faisais un exercice de mathématiques. Et quand la chance m’a souri, elle ne l’a pas regretté.»

Veinard, il touche 300 mille F Cfa et conjugue au passé les soucis financiers de sa maman qui l’encourage maintenant à provoquer la chance par le jeu du hasard : «Elle avait 3 mois d’arriérés de salaire. Et quand j’ai gagné l’argent, elle a su que c’est grâce au jeu que je l’ai eu. Elle m’a félicité et m’a encouragé pour l’exploit que j’avais réussi et depuis ce jour c’est elle qui me donne l’argent pour jouer».

«Nous gagnons plus que nous ne perdons. On ne prend pas de risque même si parfois dans le football, il peut y avoir des surprises», déclare un jeune élève du nom de Joe. Comme Dugarry sur le plateau de Canal football club, il livre les clefs du jeu : «Les grandes équipes restent les meilleurs et ne peuvent jamais décevoir. Par contre les revenus sont plus importants si on mise sur les peti
tes équipes. C’est en fonction des codes que les équipes se valent.»

Omar contre-attaque : «Il m’arrive parfois de vouloir jouer surtout quand les matches sont favorables. Si je n’ai pas de quoi miser, alors, je garantis mes biens personnels (portable, bracelet, habit, chaussures...) à quelqu’un pour qu’il me prête une petite somme. Heureusement que je n’ai jamais perdu dans ces situations».

Dans cette course vers les sous, les jeunes tombent aussi dans les excès. Abdou dit : «Je vole dès fois à ma mère ou à un de mes parents de l’argent pour miser. Parce qu’avec ces personnes, je risque moins.» 

Addiction au Pari foot 

Que faire ? Face à l’explosion du jeu, le milieu scolaire est menacé. Connecté sur le net ou avec leur Smartphone, les élèves passent leur temps à analyser les résultats des championnats étrangers en lieu et en place du renouvellement de leurs connaissances académiques. Ahmadou réfute : «Ce jeu ne peut pas constituer un obstacle pour mes études. Au contraire, il m’encourage à persévérer et à avoir une tranquillité d’esprit. Car on ne peut pas bien étudier en ayant des soucis», a-t-il ajouté. 

Aujourd’hui, le jeu a rejoint les salles de classe. Les programmes circulent à l’intérieur des rangées. Et les explications du prof sont parfois noyées par les analyses footballistiques d’un expert en herbe. Ils lisent les résultats sur leur Smartphone allumé en plein cours. «Certains sont exclus des salles de classe, d’autres fuient les cours pour pouvoir jouer aisément», regrettent certains élèves.

«C’est à l’image du pays : l’argent ne circule plus, les gens sont fatigués, on est obligés de recourir au jeu. On veut cesser de dépendre de nos parents, notre seul espoir est ce jeu», affirment certains. Ferme, El hadj alias El2 ne renoncera jamais. Même s’il touche au but : 

«Il n’est pas question pour moi d’arrêter de jouer, parce qu’avec ce jeu, je paye ma location et cela me permet aussi d’avoir du crédit pour émettre des appels et de subvenir à mes besoins les plus élémentaires.» C’est un pari foot ! 

«On ne peut pas les empêcher de jouer, la seule chose que l’on peut faire, c’est de les interdire de venir à l’école avec ce jeu, déclare un enseignant. D’ailleurs c’est ce qui explique la baisse du niveau des élèves.» L’argent fait le bonheur. 

Les vendeurs oublient la loi 

Accusez levez-vous ! Si les mineurs sont pris dans ce tourbillon du Pari foot, les vendeurs ferment souvent leurs yeux pour gonfler leurs recettes journalières. Payés à la tâche, l’augmentation du nombre d’acheteurs fait leur... chiffre d’affaires. Une gérante de kiosque : «On pose des questions aux enfants. Mais, on ferme aussi les yeux. Si les parents ne surveillent pas leurs enfants, ce n’est pas à nous de le faire. 

On ne renvoie personne parce qu’on fait notre travail même si on sait que c’est interdit.» Un autre vendeur agréé de la Lonase : «Parfois, les enfants se présentent devant nos guichets pour jouer ou prendre des programmes. Quand on les interpelle souvent, ils disent qu’ils valident le jeu de leurs parents. Parfois, ils avouent que c’est eux-mêmes qui jouent. Alors qu’ils n’ont pas 18 ans.» 

Aujourd’hui, les vendeurs se frottent les mains avec l’avènement du Pari foot. «On ne renvoie pas nos clients. Mais, ceux qui sont en banlieue s’en sortent mieux que nous parce qu’il y a plus de jeunes qui participent au jeu», avance une vendeuse qui tient un kiosque dans un quartier huppé de Dakar. 

Pourtant, ils ne sont pas à l’abri d’une désagréable surprise : Pour faire face au fléau, la Police multiplie des rafles dans les salles de jeu. Cela ne décourage pas les parieurs qui poursuivent leur rêve de devenir millionnaire. 

Les mots d’un Pari 

En s’adonnant au Pari foot, les jeunes ont trouvé leur propre expression pour coder leur jeu. Ils usent des termes techniques pour brouiller les pistes. Ainsi «dampé» signifierait la somme à gagner. «Mbakhzo», veut dire cotisation fixée à chaque personne pour rassembler la somme à miser.

«Dalnaci» signifie qu’il a touché le jackpot. «Mooloul» indiquerait l’échec. Ils ont inventé ce langage ésotérique pour éviter que leurs parents comprennent le jeu interdit auquel ils s’adonnent. 

 

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