LES PÉCHÉS CAPITAUX D’UNE PROCÉDURE
Les avocats de Karim Wade dénoncent : Enquête préliminaire non conforme – Nomination polémique d’Antoine Diome à la Crei – Mise à l’écart par le chef de l'État du Conseil supérieur de la magistrature lors de la mise en place de la Crei...

Pour la septième journée du procès de Karim Wade, la défense avait encore la parole pour soulever les exceptions de nullité. Me Ciré Clédor Ly était en vedette.
Le procès de Karim Wade a repris, ce jeudi, sur la même lancée qu’hier, à l’heure de la suspension de la sixième journée d’audience. Pour le septième round, en effet, la bataille de procédure a repris son cours avec toujours la défense comme acteur principal des débats. Et cette fois, en plus des vices qu’elle affirme avoir relevé lors de l’enquête préliminaire- et qu’ils évoquaient déjà hier-, elle vise le substitut du procureur près la Crei et le décret de Macky Sall mettant en place cette Cour spécial.
C’est Ciré Clédor Ly qui monte au front pour étaler à la barre les exceptions de nullité. Il récuse le substitut, Antoine Diom. Rappelant qu’à sa nomination, il ne remplissait ni les critères de groupe ni ceux de grade pour siéger à la Crei. Me Ly estime que le décret du président de la République (janvier 2013) lui octroyant, après coup, les titres requis, n’y change rien. À son avis tous les actes dans lesquels Diom est impliqué sont frappés de nullité.
Et de toutes façons, martèle l’avocat de Karim Wade, le décret nommant les membres de la Crei n’est pas conforme. Car, souligne-t-il, le chef de l’État, qui a pris la décision, n’a pas recueilli au préalable l’avis du Conseil supérieur de la magistrature.
Précédemment, le même Me Ly avait demandé l’annulation de tous les procès verbaux versés dans le réquisitoire du procureur spécial. Dans la mesure où, rappelle-t-il, Karim Wade avait refusé de s’adresser à la notaire Patricia Lake Diop et à Élimane Diouf lors de leurs confrontations. Cette attitude de Karim Wade se justifie, selon son avocat, par le fait que l’accusation n’a pas permis à la défense de se préparer comme l’y autorise la loi, selon lui.
Évoqués hier, les vices qui frapperaient l’enquête préliminaire ont été remis sur la table ce matin par les avocats de Karim Wade. Citant la loi 82-839 du 18 août 1981 instituant la Crei, Me Ciré Clédor Ly indique que celle-ci doit être menée conjointement par la police, la gendarmerie et des éléments des Impôts et Domaines. Ce qui, dénonce-t-il, n’a pas été le cas. Puisque, rappelle-t-il, le procureur spécial a désigné le commandant Cheikh Sarr qui, à son tour, a outrepassé ses prérogatives en choisissant lui-même six autres officiers de police judiciaire.
Dès lors, indique Me Ly, tous les actes qu’ils ont diligentés dans le cadre de cette procédure sont entachés de nullité. Par conséquent, la défense demande l’annulation des trois mises en demeure qui en ont découlées contre leur client.
En concluant sa plaidoirie, l’avocat de Karim Wade dénie à l’État du Sénégal le droit de se constituer partie civile dans le cadre de cette affaire.
L’intervention de Me Ciré Clédor Ly mit fin à l’audience de la matinée. Reprise des débats à 15 heures.