"MAIRES POULES"
Des édiles de la capitale soutiennent Alioune Ndoye, leur homologue de Dakar-Plateau, lors de son audition à la Sûreté urbaine

Pendant quatre tours d’horloge, le maire du Plateau, Alioune Ndoye, a fait face aux enquêteurs de la sureté urbaine à la suite de la plainte les marchands ambulants du marché Petersen qui ont été déguerpis. comme ils l’avaient promis, les maires des communes de Dakar dont Moussa Sy, Bamba Fall, Cheikh Guèye, Palla Samb, Madiop Diop ont pris d’assaut le commissariat central en guise de soutien à leur collègue Alioune Ndoye.
Après l’opération de déguerpissement du marché Pétersen initiée par le maire du Plateau Alioune Ndoye, la machine judiciaire s’est emballée. Sur instruction du procureur de la République, Alioune Ndoye a été entendu par les enquêteurs de la Su de 15h25mn à 19h07mn. L’édile du Plateau a débarqué sur les lieux à 15h21 mn à bord d’un Range Rover noir qui contraste d’avec son grand boubou blanc. À ce moment déjà, plusieurs maires des différentes communesde Dakar sont sur place pour leur soutien à leur collègue du Plateau. on peut citer pêlemêle Moussa Sy des Parcelles Assainies, Cheikh Guèye de Dieuppeul Derklé Palla Samb de Point E/Fann/Amitié, Madiop Diop de Grand-Yoff. Il y avait aussi le maire de Fass-Gueule Tapée-Colobane Ousmane Ndoye ainsi que l’ancienne mairesse Seynabou Wade. De nombreux militants socialistes ont également à faire le déplacement. Arborant des brassards rouges, ils ont manifesté leur colère contre la convocation de leur camarade de parti.
«MACKY SALL A INTERET A TRAVAILLER AU LIEU D’ENVOYER LES GENS EN PRISON»
C’est à 15 heures 58 minutes que Barthélémy Dias, sanglé dans un grand boubou vert olive, est arrivé sur les lieux. La foule l’accueille par des d’applaudissements nourris en scandant «Gaindé, Gaindé» pour louer son courage. Devant cette ambiance surchauffée marquée par l’accueil coloré de Dias-fils, les policiers s’invitent immédiatement pour faire régner l’ordre. Ils ordonnent certains militants de quitter la devanture de la boutique qui fait face à la Rue El Hadj Mbaye Guèye. Une sommation qui met dans tous ses états un quinquagénaire, teint clair, silhouette élancée, moulé dans un costume sur mesure. «Il faut savoir ce que vous voulez. Tout à l’heure, vous nous avez demandé de venir ici, vous nous demandez encore de quitter ce lieu. En quoi ça vous dérange qu’on soit ici», peste-t-il. À ces propos, le supérieur hiérarchique de l’agent de police, qui se trouvait non loin de là, se fait menaçant et ordonne : «il ne faut pas chercher de midi à quatorze heures, il faut les chasser tous d’ici». Malgré ces instructions, l’agent de police opte pour la dissuasion. Avec quelques mots, il réussit à convaincre l’homme au costume de changer de position. Cet incident clos, un jeune homme, révolté par la convocation du maire Alioune Ndoye, tonne : « Le Président Macky Sall a intérêt à travailler au lieu d’envoyer les gens en prison».
ME AÏSSATA TALL SALL
Une quinzaine de minutes après l’arrivée du maire de Sacré- Coeur, c’était au tour de son collègue de la Médina Bamba Fall de faire son apparition sous les applaudissements de la foule. Les minutes passent et l’attente devient pesante pour les militants tenaillés par la faim et la soif. Certains squattent l’ombre des grandes bâtisses et s’assoient à même le sol. Les rigueurs du Ramadan commencent à se faire sentir et la foule se calme de plus en plus. Ce silence est rompu avec l’arrivée de Me Aïssata Tall Sall, par ailleurs, maire de Podor. Il était 19H. Elle a été ovationnée par les militants socialistes qui sont allés à sa rencontre, bloquant ainsi la route. En pleine discussion avec Barthélémy Dias, Me Tall a été sommée de vider la chaussée. «Donnez-moi deux minutes, le temps de m’entretenir avec lui», demande-t-elle au policier avec un large sourire. Niet catégorique du flic qui prétend que leur présence obturait la circulation. «Je vais faire descendre le Commissaire Abdoulaye Diop», lance-t-elle souriante au policier qui reste inflexible. Elle se plie à la sommation avant de poursuivre sur le trottoir sa discussion avec le maire de Sacré-Coeur. Au terme de cette discussion, elle s’est présentée devant le barrage érigé par les forces de l’ordre en sa qualité d’avocate pour rejoindre son «client». Mais, les préposés à la sécurité lui ont réclamé sa carte professionnelle. C’est alors que Me Aïssata Tall Sall tournait le dos aux policiers que des cris ont fusé, annonçant la sortie du maire Alioune Ndoye. Il était 19h07 mn. C’est la liesse populaire. La foule se rue sur la star du jour qui, dans ces conditions, ne pouvait pas s’adresser à la presse. C’est finalement à la Mairie du Dakar qu’il s’est prononcé sur sa convocation.
REACTIONS… REACTIONS… REACTIONS…
MOUSSA SY, MAIRE DES PARCELLES ASSAINIES : «Si les représentants de l’État sont menacés publiquement et qu’il n’y a aucune réaction, cela veut dire que l’État de droit n’existe plus»
«Nous pensons que les autorités étatiques vont revenir à l’orthodoxie. Qu’elles sachent que les maires sont élus par les populations. Nous n’avons pas usurpé nos fonctions. Nous sommes des démembrements de l’État, nous devons être accompagnés chaque fois que de besoin. Il faut qu’on s’entende sur les programmes qu’on doit mener ensemble avec l’État dans le cadre de l’intérêt général des populations ; c’est cela un État de droit. Mais, il ne faut pas accepter ce qui s’est passé à Petersen. Que l’État donne son aval, son avis et des injonctions aux maires pour désencombrer et apporter la sécurité dans un équipement public, et qu’à la dernière minute il se dérobe parce qu’il y a eu des échauffourées et des problèmes et qu’on tente de jeter le maire en pâture, nous n’allons pas l’accepter. Nous avons rencontré le Gouverneur avec tous les Préfets du département et de la région, nous avons très bien discuté. Et nous nous sommes entendus sur l’essentiel qui est de travailler ensemble. Dakar est la capitale du Sénégal et quelles que soient aujourd’hui la vision du chef de l’État et ses ambitions pour le monde rural, ce n’est pas un problème. Il est élu par l’ensemble des Sénégalais. En tant qu’élus de Dakar, nous pensons que nous devons travailler pour Dakar et répondre aux attentes de nos administrés. Personne ne peut nous dévier de cette voie. Le maire Alioune Ndoye est victime des menaces, comme nous tous. L’État est au courant, même les Gouverneurs et les Préfets sont menacés publiquement. Si les représentants de l’État sont menacés publiquement et qu’il n’y aaucune réaction, cela veut dire que l’État de droit n’existe plus».