"MBEUBEUSS..." S’EST IMPOSÉ AU PORTUGAL
DOUBLE SACRE DE NICOLAS SAWALO CISSÉ

Il est rare de voir un film africain primé alors qu’il n’est pas financé par des étrangers. Pourtant, c’est ce qui vient d’arriver à "Mbeubeuss, terreau de l’espoir", réalisé par le Sénégalais Nicolas Sawalo Cissé. Ce film a reçu deux prix au festival Ciné’Eco tenu au Portugal du 11 au 18 octobre courant.
En réalisant son premier film sur l’environnement "Mbeubeuss, terreau de l’espoir", Nicolas Sawalo Cissé ne s’attendait pas à une quelconque distinction. Il a fait son film tout seul, en s’affranchissant des réseaux et circuits habituels.
"Ce film est fait par nous et pour nous. Mbeubeuss n’est pas dans le cadre conforme des réseaux internationaux, qui mettent leur argent et exigent le passage du film dans les festivals", a revendiqué son auteur. Il faisait face à la presse, hier, à l’espace Vema de l’embarcadère Dakar-Gorée. Ainsi, ce film d’une heure 15 minutes, réalisé dans le plus grand dépotoir d’ordures du Sénégal, ne devait être diffusé dans aucun festival du monde. Car, comme le dit le cinéaste doublé d’un architecte, "quand on n’est pas dans le circuit, on n’a pas de visibilité".
Cependant, le travail bien fait peut toujours espérer une récompense. Et Mbeubeuss n’a pas dérogé à la règle. Visionné par hasard par le chargé de la sélection des films devant passer au festival Ciné Eco du Portugal, José Mendez, il est retenu, malgré quelques réticences. "José Mendez a dit que ce film va être diffusé, qu’on le veuille ou non, parce qu’il le mérite", a rapporté Nicolas Cissé. A juste raison. Il est la seule production en compétition qui a reçu deux distinctions. Pourtant, de grandes nations du cinéma comme les Usa ou encore la France figuraient parmi les pays en concours. "Mbeubeuss" était donc comme un outsider qui a su surprendre et plaire.
Le Prix de la jeunesse de ville de Seia au Portugal lui a été attribué ainsi que celui du long métrage pour l’environnement. "J’étais très fier de représenter l’Afrique. Je ne m’attendais pas à avoir ces prix-là", a-t-il dit. Pourtant, le film a été bien accueilli par le public qui a pris part à ces rencontres cinématographiques. "Après la diffusion de mon film, j’ai eu le même sentiment que celui qui a suivi la première diffusion au Grand-théâtre. Les gens ont pleuré par moments et applaudi aussi", a témoigné Nicolas Cissé. Pour qui, le fait de participer à cet évènement lui a permis de s’immiscer dans une famille de défenseurs de l’environnement éparpillés à travers le monde.
Si au début "Mbeubeuss" ne s’était pas fixé des objectifs quant à la participation à des festivals, Ciné Eco lui donne une autre tournure. Son réalisateur espère qu’il sera diffusé dans d’autres rencontres. Déjà que les dix directeurs de festivals ayant pris à Ciné Eco veulent l’avoir dans leurs manifestations. Et le réalisateur lui-même prévoit de l’envoyer à la sélection du Festival panafricain d’audiovisuel et de cinéma de Ouagadougou (FESPACO). "Ce film peut figurer dans la sélection du FESPACO au même titre que tous les films qu’on y projette. Maintenant, reste à savoir s’il sera retenu, parce que je ne suis pas dans le circuit des financiers étrangers. De toute façon, je vais envoyer et attendre", a-t-il dit.