QU’EST DEVENU LE MÉMORIAL GORÉE-ALMADIES ?
CES CHANTIERS CULTURELS INACHEVÉS…

L’ancien président de la République, Me Abdoulaye Wade, la considérait comme une jeune fille qu’il trouvait certes belle, mais n’aimait pas comme beaucoup de ses détracteurs. Quant à son prédécesseur, le socialiste Abdou Diouf, il en était tombé amoureux sans jamais avoir les moyens de l’épouser. Mais il faut croire que la belle est très courtisée.
En effet, sitôt Youssou Ndour nommé ministre de la Culture, un singulier monsieur, accompagné du commissaire général du Mémorial, le poète Amadou Lamine Sall, s’était présenté au président Macky Sall auquel il avait assuré pouvoir financer la construction de ce joyau qui comblerait de bonheur l’auteur de ''Mante des aurores''.
Ce joyau c’est, bien sûr, le Mémorial Gorée-Almadies. Mais voilà, pendant que toute la presse braquait ses projecteurs sur ce banquier venu de la Suisse, ''Le Témoin'' avait été le seul à émettre des réserves ou, du moins, à douter de cet homme présenté à Macky Sall comme le sauveur de ce projet ''dioufien''. Quelques semaines plus tard, nos confrères de l’hebdomadaire ''Nouvel Horizon'' nous rejoignaient à travers une enquête sur ce fameux banquier qui n’en serait pas un. Plus prosaïquement, sa banque '' Swiss Capital Management'' n’existerait point. Ce que d’ailleurs un confrère qui est établi en Suisse depuis une dizaine d’années nous avait confirmé.
Ce banquier philanthrope au cœur grand comme ça promettait de nous construire ce mémorial sans que l’Etat sorte le moindre petit franc Cfa. Et ce en 18 mois seulement afin que le président Macky Sall puisse l’étrenner lors du sommet de la Francophonie. Et afin certainement qu’il puisse faire mieux qu’Abdoulaye Wade avec son Monument de la Renaissance Africaine. Et ce n’est pas tout ! On se souvient de la colère noire des architectes sénégalais quand une autre maquette leur a été présentée et qui portait la signature d’une certaine Helena Mocova, architecte tchèque de 33 ans. Passe qu’on les écarte de ce projet qui avait bénéficié d’un concours international, mais que l’on sorte comme ça de la cuisse de Jupiter un autre architecte, c’était la ligne Maginot à ne pas franchir.
En effet, un concours international d’architecture avait été organisé en 1998, sous l’égide de l’Unesco et en collaboration avec l'Union internationale des Architectes (UIA). 25 cabinets d'architecture africains et de la diaspora, venant du Nigeria, du Mali, du Sénégal, de la Côte d'Ivoire, d'Afrique du Sud, du Zimbabwe, du Brésil, de Cuba, de Costa Rica, de la Guadeloupe, de la Jamaïque et de Trinidad, avaient participé à ce concours international. Le Mémorial devait être construit sur 2,5 hectares sur la corniche Ouest de Dakar ainsi que sur l'avenue Martin Luther King et livré en 2006. Sur 740 œuvres provenant de 64 pays, 290 d’entre elles avaient été sélectionnées. L’Italien Ottavio Di Blasi avait été primé par un jury international composé de deux Africains-Américains, un architecte du Kenya, un Egyptien, un Yougoslave, un Coréen et trois Sénégalais. Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts…
Et voilà que l’on se retrouve en 2013 avec deux maquettes pour un même projet et le large sourire du commissaire général du Mémorial qui tient depuis plus de 20 ans les manettes d’un projet dont le financement était presque acquis et qui tarde à sortir de terre. L’on aimerait bien savoir où se cache le sieur Omar Bach qui nous avait annoncé sur les marches des escaliers qui mènent au cabinet du président de la République, encadré par le ministre Youssou Ndour et Amadou Lamine Sall, qu’il allait nous livrer ce joyau dans 18 mois. On attend toujours…
A moins qu’entre temps, un autre mécène et faiseur de malin ne se présente chez le Président pour un autre projet d’envergure. Mais dites, pourquoi on ne fait ce genre de choses qu’à nous autres, pauvres Nègres ?