SANTI HAGNE FAIT LE PROCES DE LA POLITIQUE SPORTIVE DE L’ETAT
FERMETURE DE DEMBA DIOP, DETTE DES PROMOTEURS, SUPPRESSION DU FONDS DE DOTATION

L’absence d’une politique sportive pour développer et soutenir la pratique est une situation qui inquiète les acteurs. C’est le cas de Santi Hagne qui, en plus de dénoncer cette absence de vision, évoque d’autres questions liées à la fermeture et l'utilisation du stade Demba Diop ainsi que la suppression du fonds de dotation.
Le président du Comité national provisoire (Cnp) de handisport, Santi Sène Hagne s’est prononcé, en marge de la conférence de presse sur l’organisation de la finale du championnat, sur la politique sportive au Sénégal. Faisant le procès de la gestion du sport dans notre pays, Santi Hagne reste convaincu qu’on ne peut faire une bonne politique sportive sans mettre en place les mécanismes de financement. Il fait allusion de la tenue du Conseil présidentiel sur le financement du sport sénégalais. «On doit penser au financement du sport, réfléchir si on veut un sport performant ou si on veut donner l’impression de faire juste du sport», préconise-t-il.
Et de poursuivre, Selon M. Hagne, «Nous avons des ressources humaines de qualité, nous n’avons jamais eu une politique sportive de qualité. Une voix plus autorisée que la mienne l’a dit et c’est Lamine Diack. Il a dit que depuis qu’il milite dans le sport, la politique sportive est inexistante».
Se prononçant sur la fermeture du stade Demba Diop pour cause de réfection, le maire de la commune d’arrondissement des Sicap Liberté pense que cette mesure freine les activités de sa collectivité. «C’est un mauvais moment pour faire la réfection du stade Demba Diop. Ce qui est grave, depuis ma naissance, Dakar n’a pas eu plus de stades qu’avant en termes quantitatif. Il y a eu le stade fédéral, le stade Assane Diouf, le Parc des sports. Aujourd’hui, ils n’existent plus. Avant, tous les lycées avaient des stades. Au lycée Blaise Diagne, à Lamine Guèye, à Delafosse, et on s’étonne que la pratique sportive décline», dénonce l’édile des Sicap.
Suffisant pour fustiger la politique en matière d’infrastructures sportives : «Si en 2014 qu’on soit obligé de fermer des stades pour les réfectionner et que personne ne joue, cela veut dire qu’il n’y a jamais eu une politique d’infrastructures. Ce qui est dramatique, il y a que deux ou trois stades municipaux. Il y a longtemps qu’on aurait dû fermer le stade Demba Diop, les murs se fissurent, c’était une mesure de salut public».
Les mauvais payeurs de l’arène
Le maire Santi Hagne a profité de cette rencontre avec la presse pour dénoncer vigoureusement l’attitude des promoteurs utilisateurs du stade Demba Diop. Parce que ces derniers y organisent des combats de lutte sans payer des droits de redevances. Ce qui l’amène à qualifier Gaston Mbengue, Prince ou Aziz Ndiaye de «mauvais payeurs» et de «hors-la-loi». D’ailleurs, Santi Hagne s’étonne pourquoi ces promoteurs ne sont pas inquiétés. «Quand un promoteur me doit 7 millions et il me donne 200 mille de ses recettes, il rigole. Je sais faire le décompte de ses recettes. Ça fait quatre ans qu’ils ne payent pas. Je les ai poursuivis, y compris par voie de huissier et dans leur patrimoine. Mais ils ne payent pas. On dirait qu’il n’y a pas d’autorité dans ce pays», s’indigne le premier magistrat des Sicap.
Frein au développement
Par ailleurs, M. Hagne est d’avis que si des fédérations connaissent des problèmes de finances, c’est en grande partie à cause de la suppression des fonds de relance. Une dotation que permettait à certaines disciplines sportives d’exister. Il en est ainsi du handisport, se trouvant dans une situation précaire, est menacé de disparition. «Pour certaines disciplines, si elles disparaissaient ça arrangerait l’Etat. Il ne resterait que les disciplines majeures. Nous allons peut-être organiser notre dernière finale de handibasket. Cette année, nous avons connu une petite accalmie. Mais si ça continue comme ça, nous allons disparaître systématiquement de la carte du handisport», cogne le vice-président du Cnoss (Comité national olympique et sportif sénégalais).
Le dirigeant estime que le fonds de relance supprimé par l’ancien ministre des Sports Daouda Faye et ressuscité par Mbagnick Ndiaye «était pour le ministère des Sports un moyen d’aider les fédérations». «Mais leur faible impact ne pouvait pas capter les moyens des sponsors qui n’avaient non plus de subvention, ni de recettes au guichet. Ce fonds de relance, on l’a ressuscité en 2013 et il a disparu encore», regrette Hagne en rappelant que le «Fonds d’aide et de coopération initié par la France qui a permis à beaucoup de disciplines d’obtenir des subventions grâce à ces deux mécanismes qui n’existent plus».
«Certaines régions comme Ziguinchor ou Tambacounda ne peuvent plus participer aux activités du handisport à cause du manque de moyens. Car, on note une augmentation exponentielle des coûts de transport estimés à 300 000 francs», se plaint le président du Cnp de handisport.