UN COUP DE JEUNE POUR LA LANGUE FRANÇAISE
COLLOQUE SUR LA FRANCOPHONIE

Ce que prouve ce Colloque sur la Francophonie qui prend fin ce jour, vendredi 31 octobre, c’est que c’est bien un sujet transversal, que l’on peut associer à des questions comme la diversité culturelle, l’éducation ou la linguistique. Et pendant que l’on parle de Francophonie, la langue française doit se battre pour ne pas se faire éclipser par l’anglais. Et aussi pour que les jeunes se sentent plus proches du français qu’ils auraient parfois tendance à avoir honte de parler, de peur de se tromper.
Imaginez-vous la maman de deux enfants assistant scrupuleusement à un Colloque sur la Francophonie, et qui se désole que, lorsque ses adolescentes font des recherches sur Internet, qu’elles ne tombent malheureusement que sur des articles en anglais, parce qu’ils bénéficient d’un meilleur référencement que les sources documentaires en français. Elle qui se dit «fanatique du président Senghor», voudrait que ses deux filles aiment la langue de Molière «comme on (lui) a appris à le faire, avec liberté et sans contrainte».
Lorsqu’elle compare le français à une langue comme l’anglais, elle se dit que chez Shakespeare, on est plus tolérant et plus accessible. Ce qui fait que l’on a un peu moins de complexes à s’exprimer, à pratiquer, et moins peur de commettre quelque faute impardonnable.
Dans la salle, le professeur agrégé de lettres classiques, Alain Houlou, suivait sans doute cette intervention avec intérêt, lui qui disait, quelques minutes auparavant, que la Francophonie ne pouvait plus seulement se contenter de parler de culture et de lettres, mais qu’elle devait aussi vivre avec son temps et s’intéresser à des domaines tels que la technique, la médecine ou la chimie, mais dans le respect de l’humain.
L’humain, c’est aussi les jeunes auxquels est dédié le 15e Sommet de la Francophonie. D’eux, on dit par exemple qu’ils ont plutôt tendance à avoir d’autres références que francophones. Idem pour leur connaissance parfois superficielle de la Francophonie institutionnelle, un concept qui leur paraît sans doute lointain. Dans les salles de classe et les amphithéâtres, certains élèves ou étudiants, c’est le témoignage d’une enseignante, éprouvent une certaine honte à parler français, pendant que la langue d’enseignement elle-même-chez nous, le français- n’est pas toujours maîtrisée par ceux qui ont été formés pour la transmettre.
Il faut dire aussi que les anciennes colonies entretiennent avec la langue «du maître» une relation parfois complexe ou ambiguë. A la manière d’un homme amoureux de deux femmes, se sentant coupable d’aimer l’une plus que l’autre, ou la seconde pas comme la première. Avec le sentiment, lorsqu’il s’agit des langues, de trahir l’une lorsque l’on s’exprime convenablement dans l’autre, et vice-versa.
Le conteur et professeur de lettres Massamba Guèye donnait justement l’exemple de ces personnes qui se vexent facilement quand on leur reproche quelque maladresse en français, mais qui assument parfaitement-ou revendiquent ?- que la connaissance qu’ils ont de leurs langues nationales est plutôt médiocre. Aujourd’hui, disait l’ancienne ministre de la Culture au Burkina Faso, Alimata Salambéré, «le français doit se battre en permanence pour affirmer sa place et sa spécificité».
Dans l’audiovisuel, comme elle dit, «certains médias participent à promouvoir la langue française», et avec la bénédiction de la Francophonie : TV5 Monde et la Télévision suisse romande (TSR) entre autres.
Pour ce qui est de la formation, l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF) regroupe 739 établissements d’enseignement supérieur. Le principal défi reste celui de la mobilité des chercheurs au niveau de l’espace francophone, une meilleure circulation des personnes et des biens.