Une région, un système
INTEGRATION MONETAIRE ET FINANCIERE

L’expérience du projet « GIM-UEMOA » qui couvre aujourd’hui les huit Etats de l’Uemoa a fait tâche d’huile et inspiré le projet d’un système de paiement électronique transfrontalier à l’échelle de la CEDEAO. Sur l’initiative de la Banque mondiale, la future plateforme de paiements transfrontaliers qui fait depuis hier vendredi à Dakar, l’objet d’une conférence internationale, devrait ainsi faciliter les échanges commerciaux et l’intégration dans un espace de 300 millions d’habitants.
Des trois centres monétiques de l’Uemoa (GIM-UEMOA), du Ghana (GHIPSS) et du Nigéria (NIPSS), le premier qui couvre aujourd’hui les huit Etats de l’Uemoa, est le seul à caractère régional offrant à ce jour une plateforme interopérable et interbancaire complète couvrant les fonctions «Carte, GAB, TPE, Internet et Mobile Banking», avec des règles communes à toutes les banques membres.
C’est ainsi qu’il a inspiré le projet en cours de la future plateforme Ouest-africaine de paiements transfrontaliers, c’est-à-dire un marché régional intégré des paiements et transactions électroniques au sein de la CEDEAO et qui, vise à « permettre à tout citoyen et à toute entreprise de cette région de pouvoir assurer ses paiements par carte bancaire, Internet ou téléphone portable, à partir de n'importe quel endroit d'Afrique de l'Ouest », ainsi que l’a rappelé M. Ahouantchédé. C’était hier vendredi à Dakar, à l’ouverture d'une conférence internationale de deux jours sur la mise en place du projet. Un projet dont la Banque mondiale est l’initiatrice et qui a vu la tenue d’une première rencontre à Accra les 25 et 26 février 2013, portant sur des échanges relatifs à la meilleure approche au plan technique et opérationnel.
Il en est ressorti un certain nombre d’aspects à approfondir à Dakar en vue de finaliser les réflexions et orientations de la mise en place d’une plateforme d’une telle envergure. Aussi, l’objectif consistera-t-il, dans une première phase, à assurer la mise en œuvre technique et, dans une seconde phase, à l'habiller d'un socle juridique et réglementaire nécessaire à sa pérennité.
Le chantier est d’autant plus majeur que le renforcement du tissu économique de la zone CEDEAO passe, selon le directeur général du GIM-UEMOA, « par le développement des échanges commerciaux et le bon fonctionnement des paiements, garantissant ainsi la dynamique des activités transfrontalières et leur efficacité. »
Sous ce rapport, en plus de minimiser les risques inhérents aux transactions notamment informelles dont la plupart se font en espèces, la plateforme de paiements transfrontaliers devrait favoriser un développement rapide des services de paiement dans la CEDEAO et facilitera, pour les acteurs économiques, la réalisation d’économies d’échelle ainsi que l’augmentation des recettes, avec des services estimés à plusieurs milliards de dollars US.
A cela s'ajoutent une amélioration de l’intégration du marché, avec la création de nombreux emplois, la maîtrise des recettes et dépenses publiques des Etats de la CEDEAO, entre autres.
Pour ce faire, il faudra tout de même le soutien des pouvoirs publics, une approche participative, une démarche pragmatique, une identification des contraintes et surtout une disponibilité des ressources financières.
Il faudra également et comme préalables, renforcement les règles, les procédures règlementaires avant une application accrue des politiques appropriées, des règles, des codes de conduite et des cadres réglementaires.
Cette rencontre à laquelle a pris part le vice-gouverneur de la Banque centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO), a réuni plusieurs sommités des institutions monétaires et financières de la zone Cedeao, qui se sont engagées à soutenir fortement la réalisation et la réussite de cette initiative qui, rappelons-le, émane de la Banque mondiale qui a alloué une subvention de 400 millions de FCfa, avec l’appui de partenaires comme la Banque africaine de développement (BAD), la Banque d'investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC), la Banque ouest-africaine de développement (BOAD) et la Société financière internationale (SFI), institution chargée du secteur privé à la BM.
Au bout des deux jours d’échanges, on devrait connaitre les grandes lignes d’une feuille de route en vue de la mise en place de ce chantier important dans ses différentes dimensions, «avec un agenda à cout, moyen et long terme », ainsi que l’a promis le DG du GIM-UEMOA ;