VIBRANT PLAIDOYER DES ACTEURS POUR SON ADOPTION
LOI SUR LE LITTORAL

Les agressions multiples et les effets du changement climatique ont accéléré l’érosion du littoral sénégalais, qui s’étend sur 700 kilomètres de St Louis au Cap-Sikiring, avec des conséquences incalculables sur le plan environnemental, social, économique et culturel. Consciente de ce danger, la plateforme nationale des acteurs du littoral a lancé un vibrant plaidoyer pour l’adoption du projet de loi visant exclusivement à protéger la côte sénégalaise.
« Le Réseau des parlementaires pour la protection de l’environnement au Sénégal (REPES) et Green-Sénégal nourrissent un grand espoir sur le projet de loi sur le littoral qui constituera, s’il est approuvé par la représentation nationale, un outil d’aménagement et d’urbanisation du littoral, prenant en compte les spécificités de chaque zone et prévoyant des sanctions dissuasives à l’encontre des éventuels contrevenants. Car, il s’agira, avec ce dispositif législatif novateur, de renforcer les capacités de gouvernance et la cohérence des interventions pour la gestion intégrée de la zone côtière ».
C’est le vœu exprimé, ce mardi 23 juillet 2013, au siège de l’Union mondiale pour la conservation de la nature (UICN) par le député Lamine Thiam, président du Réseau des parlementaires pour la protection de l’environnement au Sénégal (REPES), au cours d’un point de presse.
D’autres organisations de la société civile, comme Sos Littoral que dirige le cinéaste Mansour Sora Wade, l’Association des volontaires de l’environnement de Mamadou Diallo, l’Association sénégalaise de Sport et nature de Christophe Paulo, le Réseau des journalistes pour le littoral que préside Pape Amadou Fall, directeur de publication de la Gazette et le Centre de suivi écologique, tous membres de la plateforme des acteurs sur le littoral, ont pris part à cette rencontre avec les journalistes venus nombreux.
Le président du REPES qui parlait en leur nom, a exhorté « les autorités gouvernementales sur la nécessité de diligenter le processus de validation du projet de loi sur le littoral et sa soumission à l’Assemblée nationale ». « Le processus d’élaboration de ce projet de loi entamé depuis près de trois ans avec la participation des acteurs et usagers de l’ensemble des régions littorales du Sénégal, doit connaître son épilogue, car il y a urgence à avoir un corpus juridique apte à corriger le mitage de l’espace littoral », a soutenu M. Thiam.
Avant d’inviter : « les autorités gouvernementales à élaborer par anticipation la partie réglementaire qui devra accompagner le projet de loi sur le littoral, cela pour assurer sa mise en œuvre effective dès son vote par l’Assemblée nationale ».
IL Y A URGENCE…
Conscient qu’il y aura des forces obscures qui feront tout pour retarder le vote de la loi, Lamine Thiam exhorte les députés et acteurs de la société civile à rester mobilisés. « Nous avons conscience que de gros intérêts économiques sont en jeu et que des lobbies puissants ne manqueront pas de s’opposer à l’adoption de cette loi, qui va consacrer la fin de l’accaparement du littoral au détriment des populations », a-t-il souligné.
Pour sa part, le représentant de l’UICN au Sénégal, Makhtar Diouf, a apporté tout son soutien aux acteurs de la plate-forme nationale du littoral, pour, dit-il, « asseoir un plaidoyer juste sur le littoral ». « Il y a une convergence d’objectifs entre la plateforme et notre organisation. C’est pourquoi nous pouvons cheminer pendant longtemps », a-t-il constaté.
De son côté, le coordinateur du Bureau de l’antenne nationale de mise en œuvre au Centre de suivi écologique (CSE), Dethiè Soumaré Ndiaye, a invité les parlementaires à ne ménager aucun effort pour l’adoption de cette loi. « Dans ce projet, il y a un volet important pour l’élaboration d’une loi sur le littoral », a-t-il rappelé. C’est la raison pour laquelle cela va représenter un « acquis de taille » pour le Projet d’adaptation au changement climatique de 800 millions de dollars, qui couvre les villes côtières de Rufisque, Saly et Bargny.
Le président de Sos Littoral, le cinéaste Mansour Sora Wade, a insisté sur la nécessité de mener des actions contre les prédateurs qui « privatisent le littoral », notamment vers Ouakam et les Mamelles, au détriment des populations autochtones qui n’ont plus accès à la mer. « Il est important d’agir par rapport à ce qui se passe à Ouakam jusqu’au phare des Mamelles. Des personnes sont en train de dépecer le phare pour en faire des parcelles et y construire de belles villas, alors que cette côte est le nez de l’Afrique », a-t-il informé.
La présidente de l’Ong Green-Sénégal, Woré Gana Seck, a estimé qu’« il ne sert à rien de faire des lois sans les appliquer ». Elle a invité les acteurs à renforcer les actions de plaidoyer pour accélérer l’adoption du projet de loi qui est déjà passé par tous les circuits de validation. « Il y a urgence à avoir un corpus juridique », a-t-elle insisté. Avant d’ajouter que : « c’est une aberration que le Sénégal qui est le pays pilote en matière d’adoption au changement climatique, n’adopte sa loi ».