3,2 MILLIARDS AVAIENT ÉTÉ RETENUS EN CONSEIL DES MINISTRES
Les non-dits de la sortie de Abdoulaye Daouda Diallo

La sortie de Abdoulaye Daouda Diallo cacherait des non-dits. Le Quotidien a appris que s’il a raison de déclarer qu’«aucune date n’a été arrêtée pour le référendum», il avait été décidé en Conseil des ministres de consacrer 3,2 milliards de francs Cfa dans le budget de 2016 à l’organisation des élections.
La sortie du ministre de l’Intérieur Abdoulaye Daouda Diallo hier sur la tenue du référendum a surpris même au sein du gouvernement. C’est ainsi que Le Quotidien a recueilli des confidences de certains ministres qui ne comprennent pas ce qui a pu motiver la déclaration du «Premier flic» du Sénégal, selon laquelle «aucune date n’a été arrêtée pour le référendum».
Si ces collègues de M. Diallo reconnaissent qu’effective- ment le collège électoral n’a pas encore été convoqué pour cette consultation portant sur la réduction du mandat présidentiel ainsi que d’autres réformes constitutionnelles, ils n’en considèrent pas moins que le ministre de l’Intérieur a dû oublier certains débats du Conseil des ministres.
L’un de ces ministres assure que c’est en Conseil des ministres qu’il avait été décidé de consacrer 3,2 milliards de francs Cfa dans le budget de 2016, à l’organisation des élections cette année. «Et quelle autre élection est prévue dans le calendrier électoral pour 2016, à part le référendum ?», interroge ce collègue de Abdoulaye Daouda Diallo. Qui ajoute que lors de ce débat, le ministre de l’Economie, des finances et du plan Amadou Ba, avait donné des assurances que l’argent n’allait pas faire défaut dans l’organisation des élections.
Et comme pour renforcer leur ministre de tutelle, des fonctionnaires de l’immeuble Peytavin, à l’angle de la Place Washington et de la Rue Carde, indiquent que le gouvernement dispose, dans le budget en cours d’adoption, d’une réserve de gestion de 32 milliards de francs Cfa, dans lesquels l’Etat pourrait puiser en cas de nécessité.
Et les collègues de Abdoulaye Daouda Diallo assurent que tous ces détails, le ministre de l’Intérieur en avait été informé lors des discussions en Conseil des ministres, qui avaient eu à fixer les arbitrages budgétaires.
Dès lors se pose, pour certaines des personnes interrogées par Le Quotidien, la question de savoir ce qui a pu justifier cette sortie du ministre. Et là, selon que l’on soit proche ou opposé à Abdoulaye Daouda Diallo, la réponse est plus ou moins nuancée.
Il semblerait que le nœud du problème serait que tant que le collège électoral n’est pas encore convoqué, le ministre des Finances Amadou Ba a préféré avoir la haute main sur la gestion des finances destinées à ces consultations. Ce qui n’a pas eu l’heur de plaire à son collègue de l’Intérieur.
D’où l’idée selon laquelle sa sortie viserait à provoquer une réaction en haut lieu pour dessaisir l’Ordonnateur des dépenses de la prérogative de contrôler ce pactole. Mais encore une fois, cela n’est que spéculation.