LA LOI ET LES PREJUGES FREINENT L’ARDEUR
UTILISATION DES ORGANISMES GENETIQUEMENT MODIFIES (OGM)

L’académie nationale des sciences et techniques du sénégal (ansts) a publié hier, son rapport technique sur les organismes génétiquement modifiés au sénégal (ogm). il s’est révélé que les dispositions législatives sont contraignantes à tel point d’entraver l’utilisation et l’amélioration de la recherche sur les ressources génétiques.
Malgré un fort potentiel scientifique et humain, l’utilisation des ressources génétiques et leur amélioration ne connaissent pas un succès fulgurant au Sénégal. Pis, la production, l’introduction et l’utilisation des organismes génétiques modifiés (OGM) sont quasi impossibles dans le pays. C’est ce qu’a révélé, hier, le rapport technique sur les OGM publié par l’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal (ANSTS). Le goulot d’étranglement est à rechercher dans la loi n° 2009-27 du 8 juillet 2009 et les décrets d’application organisant le Comité national de biosécurité (CNB) et l’Autorité nationale de biosécurité (ANB), chargés de mettre en oeuvre les directives sur la biosécurité. A delà du manque de moyens de ces deux structures pour exercer à bon escient leur mandat, le rapport renseigne que les dispositions excessivement contraignantes de la loi entravent tout effort de recherche à grande échelle en vue d’améliorer les ressources génétiques existantes. Tout cela est dû au fait que l’Etat du Sénégal privilégie l’approche de précaution en ce qui concerne les OGM. Alors que le Pr Yaye Kène Gassama soutient que le principe de précaution qui devait inciter à une action mesurée, est devenu un principe d’inaction.
Présentant le rapport, la vice-présidente de l’ANSTS a préconisé le développement de la recherche pour lever le doute et faire face à l’incertitude. Elle a reconnu toutefois l’existence d’expérimentations de transformation génétique à petite échelle sur le plan de la recherche fondamentale, agricole et médicale dans certains laboratoires mais dans des systèmes strictement confinés. Présidant la cérémonie, le président de la République a montré son inclination pour l’utilisation d’OGM sur la base de précaution sûre et sur la base d’une régulation dynamique qui doit accompagner les connaissances scientifiques.
Ainsi, Macky Sall annonce la construction de laboratoires équipés dans le cadre du développement de stratégies pour l’utilisation optimale d’OGM. Il a annoncé également l’achat d’équipements de biotechnologie végétale estimé à 300 millions Fcfa ainsi que l’acquisition d’un super calculateur pour plus de 15 millions d’euros. Le chef de l’Etat a aussi indiqué qu’il devient impératif de renforcer le statut de l’Autorité nationale de biosécurité et de modifier la loi portant sur la biosécurité. Macky Sall promet d’ailleurs que cela se fera dans les meilleurs délais en tenant compte du rapport qui lui est soumis. Risques de dissémination incontrôlée des OGM Par ailleurs, il a été soulevé dans le rapport de l’ANSTS que l’introduction massive au Sénégal, par des sociétés privées de graines, de maïs, d’huile de soja, de tournesol, de colza à partir des principaux pays producteurs d’OGM (USA Brésil, Argentine, Chine Afrique du Sud etc.) devrait inciter à une plus grande vigilance et un contrôle aux frontières.
En effet, selon le rapport, le déficit d’informations des populations utilisatrices de ces semences GM, ainsi que l’absence de contrôle aux frontières accroît considérablement les risques de dissémination incontrôlée. «Il faudrait reconnaître au moins que si la technologie du gène présente beaucoup d’avantages, elle pose aussi beaucoup de questions. L’étude a pour ambition de fournir des informations utiles à l’élaboration des politiques tout en proposant une base de compréhension et d’anticipation des réponses publiques face aux éventuels dangers », lit-on en définitive dans le rapport de l’ANSTS.