LE SÉNÉGAL ANTICIPE SES BESOINS DE FINANCEMENT DE 2024
Dakar entend éviter une prime de risque liée à l'incertitude électorale. Une stratégie jugée prudente dans un contexte de tensions sur les marchés qui s'ajoutent aux enjeux du scrutin de février prochain

Dans un contexte de tensions sur les marchés financiers et à quelques mois des élections présidentielles de février 2024, le Sénégal emprunte dès cette année une partie des fonds nécessaires à son financement l'an prochain, a indiqué mercredi 25 octobre, le ministre des Finances Mamadou Moustapha Ba.
Selon des informations obtenues par Bloomberg, le pays lève 604,8 milliards de francs CFA (976 millions de dollars) supplémentaires en 2023 pour couvrir les besoins de remboursement de sa dette au cours des quatre premiers mois 2024. "Nous mobilisons déjà ces fonds car l'accès aux marchés risque d'être difficile l'an prochain avec le contexte électoral et la hausse des taux d'intérêt", a déclaré le ministre.
Cette stratégie préventive se justifie puisque les obligations souveraines sénégalaises à long terme évoluent favorablement, gagnant près de 0,1% ces derniers jours selon Bloomberg. Cependant, la dégradation mondiale des conditions de financement fait peser un risque sur les émetteurs émergents.
Le directeur pays du FMI au Sénégal Mesmin Koulet-Vickot a confirmé qu'une "bonne part" du surfinancement a déjà été levée sur les marchés syndiqués et régionaux. Le FMI s'attend à ce que la dette atteigne 72,2% du PIB en 2022 avant de redescendre.
En anticipant une partie des besoins de 2024, Dakar entend éviter une prime de risque liée à l'incertitude électorale. Une stratégie prudente dans un contexte de tensions sur les marchés qui s'ajoutent aux enjeux du double scrutin de février au Sénégal.