LES PROJECTIONS SOMBRES DE LA BANQUE MONDIALE
L’Afrique sera fortement impactée économiquement par la pandémie de Covid-19.

La Banque Mondiale a fait hier le point sur les perspectives économiques dans le monde, après une année marquée par une crise sanitaire sans précédent. Et concernant spécifiquement l’activité économique de la région africaine, elle devrait croître au rythme de 2,7% en 2021. Pas suffisant pour cacher les projections sombres de l’Institution financière internationale !
L’Afrique sera fortement impactée économiquement par la pandémie de Covid-19. La Banque mondiale a dressé hier un tableau sombre de l’économie du continent en 2021. Elle a indiqué que les prévisions d’une croissance atone en Afrique subsaharienne sont dues à la persistance de l’épidémie de COVID-19 dans plusieurs pays, qui fait obstacle à la reprise de l’activité économique. Et dans ses projections, la pandémie provoquera une baisse de 0,2 % des revenus par habitant cette année, et mettra les Objectifs de développement durable (ODD) encore moins à la portée de nombreux pays de la région. «Ce renversement de tendance devrait entraîner le basculement de dizaines de millions de personnes supplémentaires dans l’extrême pauvreté en 2020 et 2021», note-t-on dans son rapport sur les perspectives économiques mondiales. Toujours, selon l’institution financière internationale, la première économie de l’Afrique de l’ouest, le Nigeria devrait afficher une croissance de 1,1% en 2021. Et son activité économique pourrait toutefois être freinée par la faiblesse des cours du pétrole, les quotas de l’OPEP, la chute des investissements publics résultant de la faiblesse des recettes de l’État, l’insuffisance des investissements privés due aux faillites d’entreprises et le manque de confiance des investisseurs étrangers.
En Afrique du Sud, lit-on dans le document parvenu à «L’As», la croissance devrait rebondir à 3,3% en 2021, avec une reprise plus faible qu’auparavant du fait des effets persistants de la pandémie et du maintien probable de plusieurs mesures d’atténuation des risques de propagation du virus. La reprise devrait être légèrement plus soutenue - bien qu’inférieure aux moyennes historiques - dans les pays exportateurs de produits agricoles où l’activité sera portée par le niveau élevé des cours mondiaux des denrées agricoles, informe la Banque mondiale. Elle ajoute que les prévisions font état d’une reprise plus timide pour les exportateurs de produits industriels. Alors que les prix des métaux se sont légèrement redressés au deuxième semestre de l’année dernière, les cours du pétrole sont demeurés bien inférieurs à ce qu’ils étaient en 2019, ce qui a eu des conséquences défavorables pour les exportateurs pétroliers (Angola, République du Congo, Gabon, Ghana, Guinée Equatoriale, Tchad), relève la Banque mondiale. Quant à la dette publique, l’Institution financière internationale soutient qu’elle a considérablement augmenté dans la région pour atteindre, selon les estimations, 70% du PIB en moyenne au cours de l’année écoulée. Ce qui ne fait, dit-elle, qu’accroître les préoccupations suscitées par la viabilité de l’endettement dans certains pays. «Les banques pourraient enregistrer une forte augmentation des prêts improductifs, les entreprises ayant peine à assurer le service de leurs dettes par suite de la chute de leurs recettes », renseigne-ton. Sans compter le fait que les répercussions négatives durables de la pandémie pourraient ralentir la croissance à long terme en raison de l’ampleur de la dette qui paralyse l’investissement, de l’impact des confinements sur la scolarité et la valorisation du capital humain, et de la dégradation de l’état de santé des populations.
L’ECONOMIE SUBSAHARIENNE DEVRAIT CROITRE AU RYTHME DE 2,7%
En 2021 Toutefois, l’Afrique subsaharienne ne devrait pas toucher le fond. Si l’on s’en tient aux projections de la Banque mondiale, elle devrait enregistrer un redressement modéré en 2021, avec un taux de croissance de 2,7%. Mais la reprise de la consommation et de l’investissement privés dans le continent pourrait être plus lente que prévu antérieurement, mais les exportations devraient s’accélérer progressivement, à la faveur de la relance des activités des principaux partenaires commerciaux. Pendant ce temps, l’économie mondiale devrait progresser de 4% en 2021, à condition, selon la Banque mondiale, que le déploiement initial des vaccins contre la COVID-19 débouche sur des campagnes massives de vaccination tout au long de l’année. Les perspectives à court terme sont hautement incertaines, et différents scénarios de croissance restant possibles, comme le détaille le rapport. Selon un scénario pessimiste de hausse continue des contaminations et de retard dans le déploiement des vaccins, l’économie mondiale pourrait ne regagner que 1,6 % en 2021. À l’inverse, en cas de maîtrise de la pandémie et d’accélération de la vaccination, le rythme de croissance pourrait atteindre pratiquement 5 %.