UNE AUBAINE POUR LA REALISATION DU PROJET PRESIDENTIEL DE 100 000 LOGEMENTS SOCIAUX
Le lancement d’une émission d’obligation, le 16 mai dernier, dénommée « Diaspora Bonds », par la Banque de l’Habitat du Sénégal (Bhs) pour lever 20 milliards de FCfa auprès de la diaspora sénégalaise constitue une opportunité

Le lancement d’une émission d’obligation, le 16 mai dernier, dénommée « Diaspora Bonds », par la Banque de l’Habitat du Sénégal (Bhs) pour lever 20 milliards de FCfa auprès de la diaspora sénégalaise constitue une opportunité pour la réalisation des 100 000 logements promis par le président de la République pour les cinq ans à venir. La Bhs est le principal partenaire de l’Etat du Sénégal dans le projet immobilier de Diamniadio.
Il s’agit d’une toute première sur le marché financier de l’Union économique et monétaire ouest-africain (Uemoa). La Banque de l’Habitat du Sénégal (Bhs) a lancé, le 16 mai 2019, une émission d’obligation dénommée « Diaspora Bonds ».
A travers cette opération inédite, elle veut lever 20 milliards de FCfa en sollicitant l’épargne des populations de la diaspora pour la réalisation de projets immobiliers. Cet appel public à l’épargne dénommé « Bhs 6,25 % 2019-2024 » offre une rémunération de 6,25 % par an sur une durée de cinq ans. Le prix unitaire est de 10.000 FCfa. Il s’agit d’une réponse concrète à la recherche de solutions pour l’amélioration du financement des économies des Etats membres de l'Uemoa par des véhicules financiers spécifiques afin d’attirer davantage de capitaux extérieurs et de drainer l’épargne de la diaspora vers l’investissement productif. Cette opération constitue surtout une grosse opportunité pour les 100 000 logements annoncés par le président Macky Sall. « Elle permet à la Bhs, après une forte implication dans le financement des 2000 logements pour les victimes des inondations et dans le Pôle urbain de Diamniadio, de se préparer à jouer sa partition dans le Programme des 100 000 logements du président de la République », explique Mamadou Bocar Sy, directeur général de la Bhs.
Selon la Banque africaine de développement (Bad), avec une population d’Africains résidant hors du continent estimée à 140 millions de personnes, économisant chaque année jusqu'à un montant estimé à 53 milliards de dollars dans les pays de destination, le potentiel des obligations de la diaspora est considérable. Des études ont indiqué que les envois de fonds des migrants vers les pays africains viennent après l'Investissement direct étranger (Ide), dépassant même l'aide publique au développement (Apd). De 2010 à 2017, les flux financiers provenant de la diaspora ont même constitué la première source de financement de l’Afrique avec une moyenne de 62,9 milliards de dollars, devant les Ide (52,5 milliards) et l’Apd (51,8 milliards de dollars).
Beaucoup d’économistes préconisent de mobiliser cette manne pour financer de grands projets de développement des infrastructures dans le secteur privé, à travers des projets qui intéressent la diaspora tels que les projets d'infrastructures, de logements et d’équipements sociaux. Selon une étude de la Bad, l’Afrique pourrait éventuellement lever 17 milliards de dollars par an grâce aux flux futurs des exportations ou aux transferts comme garanties. La titrisation des envois de fonds pourrait ainsi permettre aux banques africaines de lever des ressources à court et à moyen termes, souligne l’étude.
Pour les migrants, de tels placements, bien rémunérés et adossés à un programme de logements, offrent un moyen sûr de sécuriser leur épargne. Un chemin que la Bhs, banque leader dans le financement du logement en zone Uemoa, n’a pas hésité à explorer. Nul doute qu’à travers cette émission, elle laissera une empreinte indélébile dans l’histoire financière du continent. Nous y reviendrons dans un entretien exclusif avec Mamadou Bocar Sy, le Dg de la Bhs.