10 MOIS SANS SALAIRES POUR LES ENSEIGNANTS DE L’UNIVERSITE VIRTUELLE DU SENEGAL
Alors que Macky Sall a posé la 1ère de l’Eno d’Oussouye et inaugure celui de Kolda

En visite « économique » à Kolda, le président de la République a inauguré l’Espace numérique ouvert (Eno) de la ville et posé la première pierre de celui d’Oussouye. Deux structures qui sont des démembrements de l’Université virtuelle du Sénégal (UVS). Le paradoxe, c’est que, au moment où il inaugure en grande pompe par-ci, et pose une première pierre en fanfare par-là, les enseignants tuteurs de l’Université virtuelle du Sénégal (Uvs) en sont à presque 10 mois sans avoir perçu leurs salaires. Des enseignants qui en ont marre aujourd’hui d’avoir trop attendu et ont décidé en conséquence de boycotter la plateforme. Ce pour exiger plus de considération à leur égard de la part des autorités !
L’Université virtuelle du Sénégal (Uvs) n’arrive toujours pas à s’en sortir financièrement avec un budget équilibré. Comme dans un réseau « virtuel », tout y fonctionne de façon «virtuel».Depuis bientôt une année, les salaires des enseignants, qui seraient peut-être logés dans un«Trésor public virtuel»se sont plantés quelque part dans un « ciel virtuel ». Cela fait eneffetseptà10moisquedes enseignants tuteurs de cette institution n’ont pas vu la couleur de leur bulletin de salaire. Ils n’ont pas perçu leurs salaires de ces10 derniers mois. Jusque là, et malgré la longue attente, ils continuaient à dispenser les cours aux étudiants sur la plateforme de l’Uvs. Ils effectuent les services tout en ayant l’espoir de percevoir leurs rémunérations«à tout moment ». Seulement voilà, une mèche de cheveux est tombée dans la soupe. C’était au cours d’une rencontre entre le collectif des tuteurs et le directeur de la formation de l’ingénierie pédagogique (Dfip), le 12 septembre dernier, dans le cadre d’une séance de travail pour l ’amélioration du dispositif informatique de ladite université. Ces tuteurs ont profité de l’occasion pour s’enquérir du dossier des paiements. Et comme arguments reçus face à leur inquiétude grandissante, le directeur de la formation de l’ingénierie aurait soutenu que « le blocage se situe au niveau du Trésor qui devrait mettre à notre disposition la dernière tranche du budget de l’ordre d’un milliard au cours du mois d’octobre ».
Seulement dans une perspective de suivi, le collectif des tuteurs a rencontré l’Agent comptable particulier (Acp), lequel, à son tour, a donné sa version et leur a dit avoir eu une rencontre avec le directeur du Budget. Ce dernier lui aurait signifié que, compte tenu de la situation globale du pays,il serait difficile de libérer le reste du budget d’un seul coup. D’autant plus qu’ils attendent la visite des organes de contrôle du Fonds monétaire internationale (Fmi). Ce qui fait qu’ils n’ont reçu que les responsables de l’UVS 200 millions qui, malheureusement, devraient servir à faire face au découvert lié aux charges locatives et autres. Ce, même si le directeur leur aurait rassuré ses interlocuteurs que le reliquat sera disponible dans le courant du mois d’octobre afin de diligenter le paiement dû aux vacataires. Un jeu de ping-pong qui a mis les enseignants tuteurs dans tous leurs états. « Vous ne mesurez même pas l’injustice que subissent les tuteurs qui sont les premiers à exécuter des fonctions et qui sont toujours les derniers à se faire respecter et payer. Ce que je vois est similaire à la mendicité malgré le travail de haute facture que nous accomplissons. Je reste convaincu qu’on arrivera à un moment où on sera obligé d’arrêter les cours » nous confie un tuteur.
Les enseignants parlent d’un manque de respect à leur endroit
Ceci est un coup de gueule d’un tuteur de l’Uvs selon qui, face à ce qu’il qualifie de manque de considération de la part des autorités, ses collègues n’entendent plus faire dans la dentelle. Ils comptent dire leurs vérités crues aux autorités. Et n’écartent pas non plus l’idée de « boycotter la plateforme » de cette université virtuelle. Et cette fois-ci, ils comptent y aller avec de nouvelles stratégies. « Il faut dire que le dernier mouvement n’avait pas produit l’effet escompté. Pour aller dans le sens de décanter la situation, le collectif a décidé d’envoyer un courrier au ministère de tutelle, d’organiser un point de presse et de boycotter la plateforme. Tout ceci, bien entendu, on l’a décidé après avoir informé les autorités et respecté le délai de préavis », a révélé un enseignant dans l’anonymat. Cet éducateur de l’Uvs fustige le fait que « depuis un certain temps, on ne parle plus des problèmes des tuteurs de l’université virtuelle comme si tout était nickel. Et qu’au même moment, le président et son ministre procèdent à l’inauguration d’espaces numériques ouverts (Eno), vantent les mérites de l’Uvs sous les applaudissements et les danses de populations. Cette fois-ci, on s’est résolu à leur faire comprendre qu’à l’université virtuelle du Sénégal, tout n’est pas rose. Il parait que le ministre effectuera une visite dans les locaux de l’Uvs. Ce sera le moment pour l’administration de vanter les mérites de l’institution sans parler des vrais problèmes du personnel enseignant. Mais on ne va laisser personne parler à notre nom. Tant qu’on n’aura pas réagi avec des actes forts, cette administration ne nous prendra pas au sérieux » menace notre interlocuteur. Et cette fois-ci, ce ne sera pas virtuel !