JOURNEE MONDIALE DE L’ENSEIGNANT, UN MOMENT D’INTROSPECTION SUR L’AVENIR D’UNE PROFESSION
La journée mondiale de l’enseignant a été célébrée cette année en même temps que le monde entier. Une doléance qui avait été soumise par les syndicalistes aux autorités de l’école

Journée mondiale de l’enseignant, le devenir d’une profession en question, c’est en filigrane ce qui est ressorti du discours du président du comité d’organisation Abdourahmane Guèye. La célébration a été présidée par les ministres Mamadou Talla et Dame Diop, en présence du parrain de l’édition l’ancien ministre de l’éducation André Sonko.
La journée mondiale de l’enseignant a été célébrée cette année en même temps que le monde entier. Une doléance qui avait été soumise par les syndicalistes aux autorités de l’école. Pour cette année, l’Etat a apporté une grosse contribution avec une subvention personnelle du chef de l’Etat qui vient s’ajouter à la dotation annuelle consacrée à l’évènement, sans compter la participation des différents ministères concernés. Un geste salué par le président du comité d’organisation, tout en insistant sur le principe de l’autonomie organisationnelle des syndicats, maitres d’œuvres de la journée. « Tout en étant naturellement ouvert à la participation de toutes les actrices et acteurs de l’éducation à cette journée, les syndicats demeurent fortement attachés au principe de l’autonomie organisationnelle des enseignantes et enseignants... En d’autres termes, ils refusent toute espèce de tutelle quelle qu’en soit la raison, c’est pourquoi ils invitent de nouveau le ministre de l’Education à revoir de fond en comble les modalités de cette journée placée sous l’agenda de son ministère depuis la dotation d’une subvention publique annuelle, suite au plaidoyer de l’Union syndicale pour une éducation de qualité (USEC), regroupant les syndicats sénégalais affiliés à l’Internationale de l’éducation auprès du chef de l’Etat », a dit Abdourahmane Gueye.
Pour le responsable syndical, la date du 05 octobre est plus que symbolique et résulte de la date de signature de signature de la recommandation OIT/ UNESCO de 1966 relative à la condition du personnel enseignant du préscolaire au secondaire. Un document qui doit servir de référence pour les pouvoirs publics sur d’une part leurs obligations vis-à-vis du personnel enseignant et d’autre part, sur les droits et devoirs dévolus à celui-ci. Sans oublier la recommandation de l’UNESCO de 1997 relative au personnel enseignant de l’enseignement supérieur. Autant d’éléments qui font de cette journée un moment de célébration, de communion et « d’expression de la reconnaissance du rôle éminent que jouent les enseignants dans l’évolution de chaque communauté, dans le progrès des nations et de l’humanité étrangère ».
Au-delà de la fête, l’occasion devrait être selon, le président du comité d’organisation un moment de réflexion profonde sur le devenir d’une profession dans un contexte marqué par des mutations de tous ordres. « Cela devrait être pour nous autres enseignantes et enseignants, un moment d’introspection, de réflexion collective, de partage et d’échanges sur divers aspects de notre métier, mais aussi par anticipation sur son devenir », a ajouté M Guèye. Entre autres préoccupations, les réflexions devraient porter sur « les causes profondes et les conséquences statutaires de la dévalorisation de la profession enseignante au Sénégal et dans d’autres pays ». Sans oublier de passer au crible les exigences nouvelles pour l’exercice du métier d’enseignant et les impacts des évolutions numériques et technologiques sur les enseignements-apprentissages et le métier de l’enseignement. Ce qui induirait le débat sur le repositionnement de l’enseignant dans le nouveau dispositif pédagogique, le maintien et la consolidation de sa motivation pour garantir la qualité de l’enseignement.
Dans son discours, le responsable a signalé les agressions multiples auxquelles fait face la profession en plus de la situation peu reluisante qui caractérise le métier. Une situation marquée par la « précarisation, bas salaires, conditions de travail difficiles avec la baisse des budgets d’éducation, déficit de considération et de reconnaissance sociale et atteinte aux droits syndicaux. Tout cela dans un contexte mondial d’expansion d’une extrême droite fasciste qui menace la démocratie, les libertés syndicales et la paix mondiale », a noté M. Gueye. Pour faire face à cette situation, le président du comité d’organisation des JME se fait l’écho de l’appel lancé par l’Internationale Enseignante (IE) pour la réalisation impérieuse d’un renouveau syndical. Lequel renouveau devrait passer par des « rénovations profondes dans les formes d’organisation et de fonctionnement pour s’adapter au nouveau contexte économique, technologique et social et la réalisation de l’unité syndicale la plus large ».
La cérémonie a été marquée par la décoration d’une cinquantaine d’acteurs de l’éducation, à la retraite et encore en activité. Ils ont été élevés aux différents ordres de la chancellerie avec les médailles de commandeur, d’officier et de chevalier de l’ordre du Lion et du Mérite. Les distinctions ont été remises par les ministres Mamadou Talla de l’Education nationale et Dame Diop de la Formation professionnelle. Le parrain de l’édition, André Sonko a été offert en modèle aux jeunes générations par Mamadou Talla.