LES FEMMES SYNDICALISTES PRENNENT LEUR DESTIN EN MAIN
Mise en place du Renafess

Les femmes travailleuses ont profité de la Journée internationale de la femme pour présenter le nouveau Réseau national des femmes syndicalistes du Sénégal (Renafess). Ne manquant pas d’exprimer leurs nouvelles revendications, les intervenants (es) croient en cette coalition naissante pour augmenter leur visibilité et celle de leurs réclamations.
C’est devant un parterre essentiellement composé de femmes que les figures du syndicalisme féminin ont célébré la Journée internationale de la femme, profitant de l’occasion pour lancer le Réseau national des femmes syndicalistes du Sénégal (Renafess). La naissance de cette nouvelle entité, qui sera effective en avril, s’inscrit dans le cadre du programme ayant pour horizon 2030 : «Planète 50-50, franchissons le pas pour l’égalité des sexes.»
La coalition réunira cinq syndicats, à savoir la Cnts, l’Unsas, la Csa, la Cnts/Fc et l’Udts. Selon sa future présidente de cette organisation, Mme Fatou Bintou Yaffa, «il s’agit ici de dépasser le cadre idéologique et conceptuel pour cheminer sûrement et allègrement vers le concret. Ce ne sont plus des mots. Nous voulons du concret».
«On va être un réseau pour prendre en compte toutes les préoccupations des femmes travailleuses», ajoute-t-elle. Le Renafess devrait offrir une légitimité et une efficience supplémentaires à la cause des femmes travailleuses sénégalaises.
Les acteurs de cette conférence ont profité de ce lancement pour appeler les femmes à rejoindre les rangs de la lutte syndicale. Car comme l’a affirmé Cheikh Diop, secrétaire général de la Cnts/Fc, «le combat pour l’égalité des genres n’est pas un combat de femmes. Pour le mouvement syndical, c’est le combat du mouvement syndical dans son entièreté».
Par ailleurs, il a assuré que «le seul problème que nous avons dans le mouvement syndical, c’est la syndicalisation des femmes. Nous devons tous nous battre pour qu’il y ait une bonne syndicalisation des femmes afin de remonter les déficits qu’il y a. [...] Nous devons opérer une discrimination positive pour faire de la place aux femmes dans les instances de décisions».
Ce dernier point fait partie des revendications énoncées par Fatou Bintou Yaffa. Elle appelle à une parité 50-50 au niveau politique, mais aussi au niveau des entreprises, regrettant que les lois dans ce domaine ne soient pas toujours respectées. Elle a avancé l’exemple de la Caisse de sécurité sociale ou du Conseil économique, social et environnemental dans lesquels on ne trouve pas de représentante féminine.
42% de représentation féminine....
Pour rappel, selon les chiffres d’Onu Femmes, les 42,3% de femmes au Parlement sénégalais dépassent la moyenne mondiale. De même, au niveau local, la représentation féminine est de 47,2%. Cependant, seulement 13 femmes occupent les sièges de maire sur 557 et elles ne possèdent que 16% de postes ministériels.
L’opportunité offerte par cette journée du 8 mars était trop belle pour ne pas faire un bilan de la situation et énoncer des nouvelles réclamations. Réclamations que le Renafess devrait aider à porter devant le gouvernement. Outre la question de la parité, Fatou Bintou Yaffa a voulu mettre l’accent sur l’économie de la santé, choix qui se justifie tant au niveau économique que de la politique sociale de l’égalité homme-femme.
Selon elle, le problème se pose surtout avec le secteur informel où les femmes sont abandonnées. «Nous demandons une prise en charge plus accrue de l’économie des soins dans nos pouvoirs publics par la création de mutuelles de santé qui doivent impérativement passer un système de planification de la cartographie du secteur informel», a-telle proclamé.
Selon l’Onu Femmes, le secteur informel au Sénégal touche «plus de 80% de femmes». Le ministre du Travail, Mansour Sy, présent sur place, a tenu à rappeler que le gouvernement avait déjà mené des actions avec par exemple la ratification de la Convention 183, protégeant la maternité. Chose qui a été saluée par la future présidente du Renafess.
Les représentantes des mouvements syndicaux ont bruyamment exprimé leur joie lorsque le ministre Mansour Sy a laissé entendre que le nouveau réseau pourrait toucher des subventions de l’Etat. En effet, il a affirmé savoir «que le gouvernement va l’étudier favorablement [la requête de subvention] parce que le président de la République a décidé d’accorder aux centrales syndicales une subvention annuelle de 600 millions. La répartition de la subvention devra prendre en compte les revendications des femmes».
C’est maintenant aux mouvements des femmes travailleuses de continuer à porter ces revendications afin d’être représentées au niveau politique entrepreneurial et de bénéficier de meilleures conditions de vie en matière de santé. Le nouveau réseau de Renafess devrait leur faciliter la tâche.
Après tout comme l’affirme Mariéme Ba Konaté, secrétaire général de l’Udts : «On a réussi ce que personne n’a réussi ici au Sénégal avec la coalition Renafess.»