«LA FIFA VA OUVRIR UN BUREAU REGIONAL A DAKAR»
FATOUMATA DIOUF SAMOURA, SG DE L’INSTANCE MONDIALE

L’ouverture prochaine d’un bureau régional de la FIFA à Dakar. C’est la principale information livrée par Mme Fatma Diouf Samoura, secrétaire énérale de l’instance faîtière du football mondial qui séjourne au Sénégal depuis dimanche dernier. La Sénégalaise, première dame et premier Africain à occuper ce poste stratégique à la FIFA, a rencontré des autorités étatiques et sportives notamment le Premier ministre Mahammed Boun Abdallah Dionne, le ministre des Sports Matar Bâ ainsi que le Comité exécutif de la FSF conduit par Me Augustin Senghor
«Je ne fais pas partie du monde du football, j’ai passé la plupart de ma carrière dans le secteur privé et aux Nations unies, mais le monde du football ne m’est pas étranger. D’ailleurs je suis mariée à un ancien footballeur de Dial Diop depuis plus de 28 ans. Mes frères aussi ont joué au Navetane au niveau de l’Entente Gibraltar-Centenaire. En plus de cela, j’appartiens à une famille qui adore beaucoup le football. j’ai participé à beaucoup de tournois dans ma vie au Sénégal et quand j’étais étudiante à Lyon, j’ai eu à travailler et à collaborer avec certains joueurs comme Roger Milla qui était mon voisin ainsi que Rigobert Song. je reviens de temps en temps au Sénégal. C’est normal, ma maman y vit encore tout comme mes frères et soeurs. Mais cette fois, je suis surtout venue pour annoncer une bonne nouvelle : c’est celle de l’ouverture imminente du bureau régional de la FIFA à Dakar. Comme vous le savez, avant les réformes, on avait quatre bureaux en Afrique. En ce qui concerne notre zone, il y en a un en Côte d’Ivoire. Suite à la réorganisation de l’administration, on a décidé pour des raisons de commodité mais surtout de proximité linguistique d’ouvrir ce bureau. j’ai officiellement annoncé la bonne nouvelle hier soir (lundi) au Premier ministre. Le président de la FSF était déjà bien entendu au courant. j’espère qu’avec l’accord des autorités sénégalaises, ce bureau verra le jour avant la fin du second semestre de 2017. Ce bureau sera attribué à titre gratuit. Mais à la différence des autres bureaux, ce ne sera pas simplement un bureau qui fera office de boîte aux lettres. C’est un bureau qui sera composé de cinq personnes dont un directeur du bureau, un directeur technique, un responsable du Marketing et de l’administration mais aussi un responsable de l’Audit et de la Conformité. Il pourra servir d’extension des responsabilités de l’administration au niveau de la FIFA et qu’il va pouvoir aider à mettre en place le programme Forword et toutes les réformes qui sont en cours depuis le mois de mai 2016.
Programme goal de la FIFA
Disons qu’il y avait en même temps que le programme Goal une dizaine d’autres programmes que la FIFA finançait : le programme Fan et le programme Win-win. Aujourd’hui, on a décidé de consolider tous ces programmes autour d’un seul et unique qui s’appelle le programme Forword qui a élu Gianni Infantino et qui consiste à multiplier par quatre les revenus habituellement attribués sous les différents programmes Goal, etc. Sous le nouveau programme Forword, chacune des 211 associations membres de la FIFA peut bénéficier par année d’une allocation de 1 250 000 dollars (625 Millions FCFA), 500 000 dollars (250 millions FCFA) destinés au coût opérationnel et administratif et 750 000 (375 millions FCFA) pour le développement des compétitions. Mais en plus de ces 1 250 000 dollars pour les pays enclavés qui ont des difficultés logistiques, il y a une possibilité d’avoir aussi accès à un fond estimé à 175 000 dollars (87 500 000 FCFA) et à un fond d’équipements pour le développement du football des jeunes et des femmes d’à peu près 150 000 dollars (75 millions FCFA. Ce programme Forword doit faire objet d’un contrat d’ici le 1er juin 2017. Il devra définir les priorités du football et c’est uniquement les priorités qui sont établis à travers ce programme qui seront signés de part et d’autre par la fédération et la FIFA qui seront financés. C’est une gestion beaucoup plus rationnelle des ressources puisque, avant on ne savait pas sur quel critère sont financés les programmes Goal Fab. C’est pourquoi ce programme fera l’objet d’un contrat et les priorités seront définies non pas par la FIFA mais par la fédération elle même. On compte aussi sur les bons offices de la fédération pour qu’une partie non négligeable de ce financement soit alloué au football féminin puisque depuis mon arrivée au sein de l’administration de la FIFA, le football féminin est reconnu comme une partie intégrale, mais non pas comme parent pauvre du football. Il y a la création d’une division totalement dédiée au développement du football féminin dirigée par une dame de Nouvelle-Zélande qui a également fait partie du Comité des réformes.
Mondial à 48 participants en 2026
L’extension a été une décision éclair puisque d’habitude ce genre de décision a lieu tous les trente ans. Ça a pris quand même deux Conseils depuis mon arrivée dont celui d’octobre où ce programme à été discuté. Les membres du Conseil ont demandé à la FIFA de donner plus d’arguments sur l’extension du nombre d’équipes à 48. L’administration a délivré son document au mois de janvier et à l’unanimité au niveau des six confédérations la décision a été prise. Cette Coupe du monde à 48 équipes qui verra le jour en 2026 permettra à l’Afrique d’avoir un minimum de 8 équipes. C’est le minimum je dis. Ça peut monter à 9. je suis en discussion avec les présidents et les secrétaires généraux des six confédérations pour essayer de trouver la meilleure approche qui permettra légalement d’améliorer la qualité du football mais également la représentativité géographique au sein de la FIFA. Le travail qui a été demandé a permis quand même de constater que pour les 80 matchs, il n’y aura pas un jour de plus au format des 32 d’aujourd’hui. Et puis, on n’aura pas plus de sept matchs pour le vainqueur de la Coupe du monde. Donc en termes d’efforts sportifs puisque la Coupe du monde se joue en fin de saison, il n’y aura pas d’impact sur les joueurs parce que c’est ce que les grandes équipes craignaient. On aura plus de stades certes mais on aura à générer un bonus de 640 millions de dollars (320 milliards FCFA). Et ce bonus ne restera pas dans les coffres ou dans les réserves comme c’est le cas en ce moment à la FIFA. Il sera investi dans le football. Pour l’Afrique, c’est tout gagnant. On est à cinq aujourd’hui et on pourrait passer à 8, 9 voire 9 et demi.
Attentes des fédérations africaines
Pour mes attentes des associations nationales, si je dois les dire on passera toute la journée ici. Mais je voudrais juste dire que le football ne doit pas être dominé par la politique. Il faut, quand on parle de football, penser aux jeunes qui sont dans la rue dans des conditions qui peuvent être améliorées. Il faut qu’il y ait plus d’académies et que l’exemple de Monsieur Saër Seck soit suivi et multiplié par 30, et que dans toutes les régions d’Afrique et du monde le football professionnel comme ligne de mire soit appliqué. Aujourd’hui, 2% des footballeurs deviennent professionnels. Quid des 98% autres qui jouent au football et qui veulent y faire carrière ? Pour l’essentiel, je dirais également que mes attentes c’est de mettre en branle le football féminin qui est, aujourd’hui, le parent pauvre du football mondial. Faire en sorte que les femmes puissent jouer et en faire leur carrière, ce qui n’est pas encore le cas. Vous avez entendu après la Coupe du monde 2015 des joueuses comme Aby Wamba qui se sont plaintes du fait que les femmes ne recevaient pas le même traitement. Moi, je dirais que le football masculin nous apprend beaucoup de leçons et j’espère que les erreurs qui ont été commises pour le football masculin où tout est question de stars et d’argent ne vont pas également impacter le football professionnel féminin. Il faut qu’il soit quelque chose de propre qui pourra permettre aux femmes de briller et de briser ce plafond de ver qui consiste à les reléguer au second rang.
Assistance vidéo pendant les matchs
Pour la vidéo, vous savez que comme pour toutes nouvelles technologies, il y a quand même une période de flottement. Par ailleurs, ça permet de changer la configuration d’un match. Et cette vidéo qu’on a expérimentée pour la première fois au japon pour une compétition internationale, on espère, après les tests qui sont en train d’être conduits en Europe peuvent permettre de ne pas à impacter négativement le déroulement du match. Quand on voit ce qui se passe sur le terrain où les joueurs tombent pour garder leurs performances. Parfois, ils font que le match devient moins intéressant. Moi, je dis que cette assistance vidéo est une révolution. j’ai eu à suivre un tout petit peu les textes au niveau de la FIFA. C’est quelque chose qui nous permet d’abord de pouvoir vraiment savoir ce qui a été commis. Et si une faute risque de changer toute la compétition avec le temps et les essais, le temps sera de plus en plus raccourci. Aujourd’hui, on est embarqué dans un vaste programme de formation de tous les arbitres. En Afrique, on aura quelques problèmes avec de petits pays parce que ça demande un investissement en plus. Mais, on espère que cet investissement va en valoir la peine. Cette assistance vidéo va révolutionner de manière notable l’arbitrage. Mais encore une fois, l’arbitre étant le seul maître à bord, cette technologie ne va pas remplacer l’arbitre parce qu’en fin de compte c’est la décision de l’arbitre qui va compter.
Fédé nationales et subventions de la FIFA
D’habitude, la FIFA ne s’immisce pas dans la gestion quotidienne des fédérations. Ce qu’on espère de toutes les fédérations, c’est que les nouveaux statuts qui ont été approuvés au cours de ces réformes soient quelque chose qu’on doit disséminer largement. Et que chacune des 211 associations membres puissent réviser son statut à la lumière des ces réformes-là. Quant au fonctionnement au jour le jour, je le laisse aux personnes qui sont là. je pense que le simple fait de vous avoir ici prouve quand même que la Fédération sénégalaise de football marche bien. Et j’espère qu’un jour, on verra une équipe sénégalaise qui ne décevra pas. On leur fait entièrement confiance. On a de très bonnes relations avec le président et les vice-présidents qu’on rencontre souvent dans les compétitions. je dois dire qu’à ce jour, on a quand-même beaucoup moins de scandales au Sénégal que dans un passé lointain. C’est un signe d’encouragement de voir que la FSF est en train de s’ouvrir et de nommer les femmes au niveau du Comité exécutif. Pour bénéficier des subventions de la FIFA, il faudrait qu’on signe les contrats avant le 1er juin 2017. Donc, dans trois mois. Mais, cela ne veut pas dire que si la Fédération ne signe pas dans trois mois elle ne recevra pas ses financements. Même à titre d’illustration, la partie qui est réservée au fonctionnement même de la Fédération, c’est-à-dire les 500 000 dollars (250 millions FCFA), sont déjà débloqués pour 153 pays sur 211. Le fait de ne pas avoir ce contrat signé ne veut pas dire que les financements seraient bloqués. Mais, ce qui est plus souhaitable, c’est d’avoir une clarté dans les priorités qui sont définies par l’administration des fédérations et qu’on puisse les financer sur ces bases-là. Qu’elles ne se lèvent pas pour nous dire que les 1 250 000 dollars, je ne vais plus les allouer au football féminin ou au grand football. je veux que ça aille au beach soccer ou au futsal et qu’on revienne à nouveau pour se mettre à table pour discuter de ses priorités-là.
Place du Beach soccer
j’ai eu la chance de participer à la victoire de l’équipe nationale du Sénégal de beach soccer à Lagos, au Nigeria. D’abord, j’étais agréablement surprise de voir qu’on a une équipe assez solide. On était les visiteurs et l’équipe faisait face à un public nigérian très bouillant. Malgré la pression, parce qu’il n’y avait pas plus de 500 Sénégalais dans les tribunes, on a pu gagner. j’espère être aux Bahamas pour pouvoir participer à la prochaine Coupe du monde de la discipline. La FIFA n’a pas encore pris de décision ferme sur deux disciplines : le futsal et
le beach soccer. Comme vous le savez, nous organisons à travers une société espagnole et nous finançons autour de 3 à 4 millions de dollars pour chacune de ces Coupes du monde. Les réflexions sont lancées au niveau de toutes les Confédérations à travers les Sommets exécutifs du football qui ont commencé au mois d’octobre à Paris. Et, nous attendons d’ici le Congrès qu’une décision ferme soit prise pour ces deux compétitions. Est-ce que la FIFA va s’investir, et dans ce cas il va falloir reformuler les statuts actuels, ou est-ce que nous allons continuer à travailler avec des filiales qui vont s’en occuper ? Pour l’instant, le futsal est toujours géré par la FIFA. j’ai eu l’occasion de participer aussi à leur Coupe du monde en Colombie l’année dernière. Pour le beach soccer, tout dépend de la volonté des associations membres. Si on a des associations membres comme le Sénégal, Madagascar, Tahiti qui disent : écoutez, nous notre seule chance de gagner une Coupe du monde, c’est celle du beach soccer, on va reconsidérer cette position et en faire une compétition à part entière. Mais encore une fois, tout dépend des moyens que cette compétition va générer. Aujourd’hui, c’est la Coupe du monde des hommes, je suis désolé de le dire, qui finance toutes les autres compétitions. Il va falloir qu’on trouve un système qui permet à toutes ces compétitions, Coupe du monde des femmes, celle des u20, u17, beach soccer et futsal, de pouvoir générer leurs propres ressources. Dans ce cas, on aura beaucoup plus de latitude pour le faire. Mais pour l’instant, c’est l’Association mondiale de beach soccer qui s’en occupe avec l’appui conséquent de la FIFA jusqu’à ce qu’une décision soit prise».