CES DEFIS QUI FREINENT L’AFRIQUE DE L’OUEST
Menaces sécuritaires, terrorisme, migration, coup d’etat constitutionnel, L'Afrique, et en particulier l'Afrique de l'Ouest, se trouve à la croisée des chemins dans un contexte de bouleversements géostratégiques mondiaux.

Les résultats de l’audit diligenté par le conseil d’administration ont été présentés à l’assemblée générale du Forum de la société civile de l’Afrique de l’Ouest (Foscoa) qui s’est tenue hier, à Dakar. Cet audit fait suite à la récente crise qui a secoué l’institution. Elle s’est penchée aussi sur les défis de l'Afrique de l'Ouest.
L'Afrique, et en particulier l'Afrique de l'Ouest, se trouve à la croisée des chemins dans un contexte de bouleversements géostratégiques mondiaux. L'Afrique de l'Ouest est confrontée à une multitude de défis. Les principales préoccupations sont les suivantes : les menaces sécuritaires, le terrorisme, l'insurrection et la piraterie qui menacent la stabilité régionale, en particulier au SAHEL et dans le Golfe de Guinée, l’instabilité économique, la dépendance aux matières premières, la diversification économique limitée et la vulnérabilité aux fluctuations des marchés mondiaux qui entravent la croissance, le changement climatique avec la hausse des températures, les sécheresses et les inondations qui aggravent l'insécurité alimentaire, les déplacements et les conflits. Selon le directeur exécutif de Foscoa, Komlan Messi, l'espace civique est extrêmement restreint aujourd'hui dans plusieurs pays. «L’espace civique que nous vivons au Sénégal n'est pas le même dans tous les pays. Et donc le FOSCAO, comme organisation régionale, doit prendre ses responsabilités pour faire des plaidoyers, pour que l'espace civique soit bien protégé», souligne-t-il. M. Messi affirme que certains pays font face à des coups d'État constitutionnels et la société civile doit se lever pour mettre fin à ces pratiques qui sont des changements constitutionnels imposés aux différents pays. «La FOSCAO est là pour pouvoir faire en sorte que la voix des citoyens soit bien écoutée», soutient-il. Il promet qu’ils vont continuer les plaidoyers pour qu'on ait une Cedeao des peuples «et qu'on ait un espace qui soit libre de circulation. Donc, le FOSCAO est là pour défendre les gens qui sont en position de vulnérabilité et de faire en sorte que la société civile soit la plus vigoureuse possible».
Par ailleurs, l’assemblée n’a pas occulté la crise au sein de le Foscoa. «Elle a été artificiellement créée en avril 2022 par des personnes qui n’ont pas voulu partir parce qu'elles étaient élues en 2016 pour deux ans. Nous organisions en ce moment une assemblée générale et ils ont créé une crise artificielle pour accuser ma gestion, pour dire qu'il y avait eu des malversations. Donc, l'audit d'aujourd'hui vient éclaircir tous ces points-là, pour dire qu'il n'y a pas eu de malversations, que la gestion était parfaite, les projets étaient bien gérés, et donc c'était sur la base de ces allégations, de fausses allégations, qu'ils ont créé une crise vraiment artificielle qui a fait reculer l’organisation», a-t-il dit. En effet, le Foscoa dénombre 1 000 organisations membres et constitue le réseau faîtier de la société civile en Afrique de l'Ouest, couvrant 18 domaines thématiques, avec une représentation dans les 15 pays de la CEDEAO.
«ON NE PEUT PAS AVOIR UNE SOCIETE CIVILE TOTALEMENT INFEODEE A L'INSTITUTION…»
Membre du Foscoa, Penda Mbow estime que tel qu'on voit l'évolution des choses en Afrique et surtout au sein de la Cedeao, le moment est venu pour le FOSCAO de prendre plus d'autonomie et d'indépendance par rapport à l'organisation en tant que telle.
Penda Mbow est d’avis que le renouvellement ou le renouveau de la Cedeao passera nécessairement par une société civile dynamique, forte, bien offerte des réalités et capable de peser sur la marche de l'institution et de l'organisation. «On ne peut pas avoir une société civile totalement inféodée à l'institution et vouloir participer à ce que je pourrais considérer comme une véritable révolution de la sous-région», a-t-elle déclaré
Revenant sur la création de l’AES, Penda Mbow se demande s'il est normal que ces États sortent de la Cedeao sans passer par un référendum. «Est-ce que les citoyens de ces trois pays sont aujourd'hui d'accord sur le fait qu'il faut absolument rompre les amarres, faire comme l'Angleterre. Même l'Angleterre pour le Brexit était obligée d'aller vers un référendum. Sans convoquer le Parlement, sans qu'il y ait un véritable débat au Parlement ouest-africain, c'està-dire que les institutions démocratiques ne fonctionnent pas, les chefs décident toujours pour les citoyens. C'est à ça qu'il faut mettre un terme», clame-telle. Elle est d’avis que l’on ne peut pas dire que le Mali, le Burkina Faso, le Niger vont sortir de la Cedeao. «Si demain, par exemple, on instaure ou on change la possibilité d'entraide et de la libre circulation, qui estce qui va en souffrir le plus si ce n'est le citoyen ? Qui va souffrir le plus s'il y a blocus si ce ne sont les citoyens ? S'il y a un problème de circulation ou tout simplement de marchandises dans la région, l'utilisation des médicaments, qui va en souffrir le plus si ce n'est le citoyen ? Donc on ne peut pas prendre, à mon avis, des décisions aussi graves, aussi importantes, sans que le citoyen ne donne son point de vue et dise qu'il est d'accord ou pas d'accord. C'est la raison pour laquelle, à mon avis, la société civile doit s'organiser autrement», déclare-t-elle. A l’en croire, l’un des objectifs primordiaux de cette organisation, c'est conquérir son autonomie. «Comment aller de telle sorte qu'elle se développe et qu'elle puisse influer sur les décisions que vont prendre à la fois nos chefs d'État, à la fois les commissaires. Je pense que le FOSCAO doit être aujourd'hui plus puissant même que les institutions qui structurent l’Assemblée, dit-elle.