CINQ DÉFIS POUR L'HÉRITIER DU PAPE FRANÇOIS
Dès ce mardi, les cardinaux entament 15 jours de discussions qui prépareront l'élection d'un nouveau souverain pontife. Le successeur de Jorge Bergoglio héritera d'une institution confrontée aux scandales, à la sécularisation et à des divisions internes

(SenePlus) - La disparition du pape François lundi 21 avril 2025 ouvre une période cruciale pour l'Église catholique. Dès mardi matin, les cardinaux sont appelés à rejoindre Rome pour préparer l'élection du nouveau souverain pontife et débattre des enjeux majeurs qui attendent l'institution. Selon Le Monde, ces princes de l'Église devront, "pendant au moins quinze jours, discuter des affaires courantes avant de se pencher, dans le cadre de ces assemblées quotidiennes, sur les enjeux de l'Église universelle et les défis qui se présentent à elle."
Le conclave qui désignera le successeur de Jorge Bergoglio ne débutera pas immédiatement. Conformément au protocole, la période de vacance du siège apostolique s'ouvre d'abord par des "congrégations générales" présidées par le cardinal Giovanni Battista Re, doyen du Sacré Collège, pour aborder les nombreux dossiers en suspens.
Le prochain pape héritera de problématiques majeures, au premier rang desquelles figure la crise des abus sexuels. Comme le souligne Le Monde, "il ne se passe pas une semaine dans le monde sans qu'une nouvelle affaire ne soit dévoilée." Si François avait pris des dispositions concrètes après une "prise de conscience tardive lors d'un voyage au Chili, en 2018", notamment "l'obligation pour les clercs de signaler les abus à Rome" et la mise en place d'un "système pour recevoir les signalements", le chemin reste long. Le quotidien précise que "si des pays comme la France, l'Allemagne ou la Belgique se sont engagés sur la voie de la reconnaissance et parfois de la réparation à l'égard des victimes, nombre d'Églises africaines ou asiatiques considèrent encore ce sujet comme tabou."
Le nouveau pontife devra également affronter les divisions internes. "Les sujets de divisions n'ont pas manqué pendant les douze années du pontificat de François", rapporte Le Monde. "Les questions de liturgie (messe célébrée selon l'ancien ou le nouveau rite), de morale, d'acceptation des homosexuels, de rapport au monde moderne ont créé des dissensions au sein du peuple des baptisés. Au point que deux camps – progressistes et conservateurs – s'affrontent parfois dans un même pays."
L'Église fait face à une désaffection particulièrement marquée en Occident. Le Monde indique qu'"en Allemagne, plus d'un demi-million de personnes ont quitté l'Église en 2022" et qu'"en France, les baptêmes d'adultes, certes en hausse, ne compensent pas la baisse générale du nombre de baptêmes." Ce phénomène s'accompagne d'une diminution des vocations sacerdotales, créant un double défi démographique pour l'institution.
Face à cette situation, l'avenir de l'Église pourrait passer par une évolution de sa gouvernance. Le journal précise que "le prochain souverain pontife devra à l'évidence répondre à une demande qui s'est massivement exprimée lors de la préparation du synode sur la synodalité [...] : la place des femmes et l'avènement d'une Église plus inclusive."
La synodalité, ce processus de consultation et de prise de décision plus horizontal, "sera également un enjeu pour l'avenir", d'autant que François "a prolongé les travaux de l'assemblée jusqu'en 2028, l'imposant de fait au prochain pape." Selon Le Monde, "certains, à Rome, voient même le conclave comme un potentiel référendum sur le synode, tant le sujet a clivé le monde catholique."
Sur la scène internationale, le successeur de François devra se positionner sur plusieurs dossiers brûlants. Le Monde souligne trois enjeux principaux : "La guerre dans la bande de Gaza, sur laquelle François n'a cessé de s'exprimer jusqu'à son dernier souffle, demandant un cessez-le-feu et le retour des otages. Mais aussi les rapports, compliqués, de l'Église catholique avec la Russie, avec laquelle il a tenté en vain d'entrer en communication. Et, enfin, la Chine, seule puissance à nommer les évêques conjointement avec Rome, en vertu d'un accord signé en 2018 et renouvelé tous les deux ans."
Cet accord avec la Chine, en particulier, fait l'objet de critiques, "surtout parmi les [voix] les plus conservatrices", précise le quotidien français.
Le prochain pape devra également, selon un religieux cité par Le Monde, "ramener de la quiétude à une curie et à une hiérarchie ecclésiastiques qui en ont besoin, tant le gouvernement de l'Argentin a parfois été dur à leur égard." Ce même religieux note que "les conservateurs auront aussi pour priorité de ramener une forme de stabilité après un pape qu'ils accusent d'avoir déstabilisé l'Église."
Alors que les 135 cardinaux électeurs (sur 252 cardinaux au total) commencent à converger vers Rome, ces multiples défis dessinent les contours d'un conclave aux enjeux considérables pour l'avenir de l'Église catholique et ses 1,4 milliard de fidèles à travers le monde.