IL EST TEMPS QUE L’AFRIQUE PARLE D’UNE SEULE VOIX
Macky Sall au 26ème Sommet de l’UA

Le chef de l’Etat, président en exercice de la Communauté économique des états de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), Macky Sall, a quitté Addis-Abeba, hier. C’était au terme de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement de l’Ua qui s’est tenu, ce week-end, dans le cadre du 26e sommet de l'Union Africaine. Pour Macky Sall, l’Afrique a mille et une raisons d’être optimiste.
Le continent africain est en train d’aborder un tournant décisif. Une conviction des chefs d’Etat africains, membres de l’Ua, qui est largement partagée par le président de la République sénégalais, Macky Sall. Interpellé juste avant son départ, à son hôtel, il a exprimé sa satisfaction pour ce 26e sommet de l’institution continentale axé sur le thème : « 2016 année des droits de l’homme, avec un accent particulier sur les droits de la femme ». Une énième rencontre qui légitime, selon lui, la posture d’organisation très respectée de l’Ua sur la scène mondiale.
Pour autant, pour le chef de l’Etat sénégalais qui a présidé plusieurs rencontres d’envergure et accepté différentes demandes d’audience, l’Afrique doit dépasser le stade des discours et œuvrer pour son unité. « L’action commence d’abord par l’unité. La force de l’Afrique réside dans cette unité. Elle doit parler d’une seule et même voix pour prendre part au concert des grandes nations. Il faut que les Africains apprennent à prendre des mesures difficiles, parce qu’il y a les principes sacro-saints de l’ingérence. On ne doit plus laisser les autres agir à notre place. Nous pouvons garder l’espoir de savoir que nous sommes, malgré tout, sur la bonne voie », a-t-il fait savoir.
Le chef de l’Etat sénégalais s’est aussi réjoui de cette « conscience nouvelle africaine » qui témoigne de remarquables capacités de prendre son destin en main. Mais, pour lui, une prise de conscience est nécessaire. Car, « nous devons comprendre nos difficultés et les surmonter » même si, a-t-il noté, « il y a lieu d’être optimiste pour l’avenir de l’Afrique. Nous avons une unité politique, nous avons des programmes économiques communs ».
Pour le président de la République, l’Afrique est capable de jeter de nouvelles bases pour un continent fier de son indépendance économique. Il souligne : « le financement des activités de l’Afrique peut être résolue. La Cedeao a, par exemple, réglé ce problème communautaire sur les importations. Mais si nous voulons nous inscrire dans cette dynamique, nous devons aussi nous focaliser sur les questions de gouvernance. Parce que qui paie commande. Un pays ne peut pas dégager des ressources substantielles et ne peut contrôler ce qui se passe. Il nous faut une gouvernance appropriée et avancer vers des solutions positives ».
INTENSE BALLET DIPLOMATIQUE CHEZ LE CHEF DE L’ETAT
Durant son séjour dans la capitale éthiopienne, le chef de l’Etat sénégalais a accordé plusieurs audiences. Parmi lesquelles, celles de Mme Hawa Bangura, secrétaire générale adjointe, représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies, chargée des violences sexuelles en période de conflits ; son excellence Seiji Kihara, ministre d’Etat pour les affaires étrangères du Japon et son excellence Ndick Hurd, ministre pour l’Afrique au ministère pour le développement international du Royaume uni.
Le ministre tenait à lui faire un briefing sur l’initiative « Energy africa », dans la 34e réunion du comité du Nepad. Le chef de l’Etat sénégalais a également reçu Son excellence Edgar Chagwa Lungu, président de la République de Zambie, son excellence Mahmoud Abbas, président de l’Autorité palestinienne.
Mme Helene le Gal, conseillère pour l’Afrique du président de la République française a été reçue par Macky Sall, de même que son excellence Mikhail Bogdanov, Vice-ministre des affaires étrangères de la Russie et représentant spécial du président russe pour le Moyen- orient. Ibrahima Thiaw, Directeur exécutif adjoint du Pnue, Michel Sidibé, Sous-secrétaire général des Nations unies et directeur exécutif, ont aussi rencontré le président de la République.
Il a aussi accordé une audience à Mme Gayle Smith, administrateur de l’Usaid accompagnée de Mme Linda Thomas Greenfield, Sous-secrétaire d’état américain aux affaires africaines. Son excellence Mme Neven Mimica, commissaire pour la coopération internationale et le développement de l’Union européenne, Li Yong, Directeur général de l’Onudi ont aussi échangé avec le président en exercice de la Cedeao, le chef de l’Etat sénégalais, Macky Sall.
IDRISS DEBY, NOUVEAU PRESIDENT EN EXERCICE DE L’UA
chef de l’Etat Tchadien, Idriss Deby, a été élu président en exercice de l’Union africaine. Il va succédé au président du Zimbabwé, Robert Mugabé, qui s’est fait distingué lors de la conférence des chefs d’état et de gouvernement par son franc-parler légendaire.
L’Afrique du sud a passé le relais à l’Afrique centrale pour assurer la présidence en exercice de l’Union africaine (Ua). C’était samedi dernier lors de la cérémonie d’ouverture de la Conférence des chefs d’état et de gouvernement de l’Ua. Le nouveau président de l’Ua, Idrissa Deby a encouragé, dans son discours d’acceptation, ses pairs à s’engager dans la « restructuration d’une union africaine engagée depuis une décennie, laquelle doit être soutenue et accélérée ».
Il a rendu, en premier, un hommage mérité à son prédécesseur. « Je n’ai pas le franc parler et le langage direct de mon illustre prédécesseur et frère, l’infatigable militant de l’indépendance et de la dignité humaine, son excellence Robert Mugabé qui a mené son mandat avec passion et détermination. Je voudrais vous dire tout de suite que je n’ai pas la prétention, ni les moyens, et encore moins le temps de changer le cours des événements en Afrique. A défaut de changer les choses, j’ai au moins cette latitude de vous dire ce que je crois utile pour l’Afrique et pour les Africains, même si cela doit se réaliser dans le très long terme », a-t-il dit.
Pour le président en exercice de l’Ua nouvellement élu, l’Afrique a intérêt à adopter une « démarche cohérente, loin des longs discours et multiples résolutions, pour réaliser son développement économique ».
« Notre organisation fonctionne toujours comme il y a 20 ou 30 ans. Nous nous réunissons trop souvent, nous parlons toujours trop, nous écrivons toujours beaucoup, mais nous n’agissons pas assez et parfois pas du tout. Nous subissons plus les événements que nous les anticipons. Nous attendons toujours tout de l’extérieur », a-t-il poursuivi.
Par ailleurs, il a invité les dirigeants africains à rompre avec un certain manque de volonté politique et à consolider les valeurs portées par les pères fondateurs qui s’appuient, entre autres, sur la solidarité, une dynamique d’unité et d’intégration.
« Nous avons bâti l’Ua sur les cendres de l’Organisation de l’union africaine (Oua), mais force est de constater qu’elle n’a pas encore répondu à toutes les attentes. A sa décharge, je dirai que nous, les Etats africains, ne lui avons pas donné les moyens de réaliser les objectifs que nous lui avons assignés, parce que nous ne voulons rien céder de nos souverainetés respectives. L’union que nous appelons de tous nos vœux serait vide de sens si les Africains n’ont pas le sentiment d’appartenir à un même espace géographique, s’ils ne circulent pas librement, s’ils ne sont pas détenteur d’un passeport unique, s’ils ne s’entraident pas », a ajouté Idriss Déby Itno.
Préserver les intérêts du continent
Pour le président Tchadien, qui a été le candidat de l’Afrique centrale au poste de président en exercice de l’Ua, « l’Afrique qui est au centre de toutes les convoitises », doit être en mesure de se réorienter vers de nouvelles perspectives en vue de préserver ses intérêts. « Il nous faut nous adapter à la nouvelle dynamique mondiale où la solidarité et la complémentarité sont les meilleures armes contre la pauvreté et les menaces transnationales », a-t-il soutenu.
Si l’autonomie financière de l’Ua est au centre des débats, le président tchadien trouve « inadmissible que le fonctionnement de notre organisation ainsi que certaines de ses activités soient financés par l’extérieur alors que l’étude lancée depuis plusieurs années sur les sources alternatives de financement censées mettre un terme à cette dépendance piétine et s’enfonce dans des débats sans fin ».
Lutter contre le terrorisme
Sur la question du terrorisme, il a avancé que « vu que le terrorisme se nourrit de la pauvreté, notre organisation doit consacrer l’essentiel de ses efforts sur les régions du sahel, du Lac du Tchad et de la corne de l’Afrique qui constituent le terreau fertile à l’expansion du phénomène terroriste. »
Se prononçant sur les crises qui minent le continent noir, il fera savoir que tout ce que nous entreprenons maintenant et même plus tard sera vain si nous laissons se perpétuer en Afrique les crises, parfois insupportables : Soudan du sud, Libye, Somalie, Burundi, Sahel, Bassin du Lac Tchad. « Nous devons, par la diplomatie ou par la force, selon la nature et l’ampleur de la crise, mettre un terme à ces tragédies de tous âges », a-t-il martelé.
Il a encouragé, dans la même optique, la mise en place d’un comité des chefs d’Etat, soutenu par l’Onu en vue de parachever les efforts faits par l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies en Libye. Il a invité le conseil de sécurité de l’Onu à accélérer les réformes « parce que nous ne pouvons plus nous complaire dans cette injustice et parce que nous voulons exercer notre droit légitime à décider de notre destin. Le changement que nous voulons voir s’opérer au sein de la commission de l’Union africaine est tributaire des changements à mener dans nos propres états. »
Il nous faut modifier notre manière de penser et de gérer nos difficultés, notre manière de pratiquer la coopération. Il nous faut changer nous-mêmes. Nous devons penser africain, agir africain, parler africain et pourquoi pas consommer, s’habiller ou se distraire africain.
Se faisant, nous récréerons une personnalité et un esprit africains qui, malheureusement, se diluent progressivement dans la mondialisation. Nous contribuerons également à booster l’économie africaine et à diminuer sensiblement le chômage des jeunes.