MUGABÉ EXIGE LA RÉFORME DU CONSEIL DE SÉCURITÉ DE L’ONU
Robert Mugabé, a servi un véritable réquisitoire à l’encontre du système des Nations unies

Fidèle à sa ligne de conduite, le chef de l’Etat du Zimbabwé, Robert Mugabé, a servi un véritable réquisitoire à l’encontre du système des Nations unies et de l’Occident, en général, du Conseil de sécurité en particulier, réclamant la réforme de l’organe.
C’est un président sortant de l’Union africaine, très en verve, qui a transformé la salle où se tenait la cérémonie d’ouverture de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernements, ce 30 janvier, en un univers de diatribes à l’encontre de la politique occidentale notamment celle des Nations unies. Le « sage » qui n’a pas voulu s’encombrer de protocole, a eu un droit à un standing ovation.
Si les chefs d’état membres de l’Ua se désolent du fait que le Conseil de sécurité tarde à opérer des réformes, le chef de l’Etat, Robert Mugabé, a osé servir un discours incisif au secrétaire général de l’Onu, Ban Ki-moon, qui est, lui aussi, au terme de son mandat.
En effet, se prononçant, suite à son homologue de la Palestine, Mahmoud Abbas, qui a réclamé, de nouveau, un soutien de la communauté internationale pour le respect des accords signés avec l’israel, Mugabé n’a pu contenir ses émotions.
Il s’est adressé au secrétaire général des nations unies, Ban Ki-moon, en ces termes, « pendant combien de temps, allons nous continuer à écouter les cris du peuple palestinien et ceux du président de la Palestine. Quand cela cessera-t-il ?
Vous nous quittez sans que ce problème ne soit résolu. Quand cela prendra-t-il fin ? » Des interrogations sans réponse qui ont dû l’inciter à exiger un nouveau type de partenariat nord-sud.
Le président sortant, qui est nouvellement nommé rapporteur de l’Ua, s’est permis, en la circonstance, de revisiter le passé du continent africain. « Nous sommes libres aujourd’hui. Mais nos ancêtres ne l’étaient pas. Nous avons été des colonies. Nos ancêtres ont été déportés, ils ont été asservis, des noirs ont traversé l’atlantique, d’autres sont restés dans la mer. Aujourd’hui, nous avons Obama. Mais qu’exprime sa voix ? Il parle leur langue, il agit dans le même sens ».
Il incite les Africains à affiner des stratégies plus intelligentes dans la mesure où « les Occidentaux sont partout présents. S’ils ne le sont pas physiquement, ils sont là par le truchement des Ong, des espions, des imposteurs qui prétendent venir ici pour nous aider. Mais quelle aide nous apportent-ils ? Quel pouvoir attendre d’eux. Nous devons être libres. Quel pouvoir attendre d’eux ?
Le ton a été plus virulent avec le Conseil de sécurité des Nations unies qui tarde à répondre aux exigences des gouvernants africains. « Au siège des Nations unies, nous faisons, chaque année, des discours, mais le Conseil de sécurité nous fait comprendre que vous n’aurez jamais le même pouvoir que nous qui sommes les membres permanents », s’est-il plaint.
« Ceux qui disent que Mugabé n’est pas à sa place, qu’il doit partir, nous voulons quelqu’un d’autre, doivent se taire. Dites-leur de la fermer, c’est cela la démocratie ? Le siège des Nations unies à New-York est mal placé. Il y a 1,2 milliard de personnes en Inde, 1,3 milliard en Chine, un milliard en Afrique. Mettez les visages blancs avec de grands nez en comparaison, ils sont tous pareils. Et ces gens osent encore parler de changement de régime », a-t-il dit.
A l’adresse de Ban Ki-Moon, il a dit : « Vous êtes un homme bon. Mais vous ne pouvez pas vous transformer en notre combattant, ce n’est pas votre mission. Nous sommes des membres artificiels des Nations unies. Nous exigeons d’être des membres égaux. M. Ban Ki-moon, leur avez-vous déjà dit que nous sommes aussi des êtres humains, que nous ne sommes pas des esprits. Que nous avons un organe qui regroupe des personnes très respectées. L’Afrique ne veut plus de cette situation d’esclavage. »
Par ailleurs, le président du Zimbabwé s’est dit prêt à accompagner son successeur jusqu’à ce que « Dieu le rappelle » pour libérer le continent du joug du colonialisme. « M. Ban Ki-moon, laissez-moi exprimer mon mépris du sommet sur les migrations de La Vallette avec nos amis européens. J’ai trébuché sur cette expression, mais j’ai finalement réussi à la prononcer « nos amis européens ». Nous avons appris que seuls certains d’entre nous seraient invités. Bien que nous soyons affectés différemment par les migrations, nous devons avoir une approche collective », a-t-il rappelé.