LA «CAGE» DES CRACKS
La meilleure élève du Sénégal est sortie cette année du nouveau lycée d’excellence scientifique de Diourbel - REPORTAGE

La meilleure élève du Sénégal est sortie cette année du nouveau lycée d’excellence scientifique de Diourbel. Le Témoin vous fait découvrir le secret de cet établissement d’excellence.
« Pouvez-vous nous situer le nouveau lycée d’excellence de Diourbel ?». La question posée à une jeune lycéenne qui venait de sortir du lycée général de la même ville, est accueillie par une exclamation qui pourrait être traduite comme un désir pour cette collégienne d’intégrer cet établissement d’excellence. « Ah ! Vous parlez du daara des cracks ? Prenez un Jakarta ou un taxi. C’est à peu près à cinq ou six kilomètres de Diourbel », nous dit la jeune fille route ravie. Ce lycée d’excellence est niché dansla commune de Batar à cinq kilomètres de Diourbel. Un vaste établissement construit aux abords d’un village appelé Hodji. L’école a ouvert ses portes en novembre 2016. Elle accueille pour le moment les meilleurs élèves du Sénégal en classes de seconde et première, en attendant l’année prochaine l’ouverture des classes de terminale. Bien entendu, il faut être un crack pour y accéder. En ce début d’après - midi, la cour de l’école est déserte. Des ouvriers accomplissent quelques travaux sous la supervision des vigiles. C’est dans cet établissement excentré de la ville à la cour sablonneuse, d’où est sortie la meilleure élève du Sénégal au Concours général de cette année. Elle se nomme Diary Sow, une native de Mbour. Diary Sow n’est pas le seul crack de cette école. Tous les pensionnaires de l’établissement sont réputés être des têtes d’œuf. Interpellé sur le secret de ce lycée d’excellence pour la performance de ses élèves, le proviseur du lycée, Ousmane Sagna, estime qu’il n’y a que le travail et la rigueur. « Le lycée a ouvert depuis novembre 2016 avec une première promotion de soixante élèves. Et cette année, nous avons deux promotions. On a le niveau premier. C’est notre première année au Concours général. Nous avons de bons élèves. Notre devoir a été de renforcer leurs capacités. On a travaillé à les emmener au niveau où ils sont. Peut-être, c’est ça qui a produit ces résultats. Le lycée n’a aucun secret que le travail », explique M. Sagna avec simplicité comme si c’était si simple de produire des cracks. Sur les conditions d’accès à cet établissement d’excellence dont le concours est lancé depuisle 16 juillet, le proviseur explique : « Pour intégrer le lycée, le recrutement se fait à partir de la troisième. L’élève doit avoir une moyenne annuelle générale de 14/20 en quatrième et troisième. Ensuite, il lui faut avoir une moyenne annuelle de 15/20 aussi bien en mathématiques, en Svt et en Physique chimie ». Sur l’âge des apprenants, ceux – ci doivent avoir au maximum 17 ans au 31 décembre de l’année en cours et ne jamais avoir redoublé une fois entre la sixième et la troisième. Ce sont – là les conditions de base qui lui permettent de postuler pour après faire le concours. Et à l’issue du concours, les 60 premiers sont admis à intégrer ce lycée pas comme les autres. Et à la différence des autreslycées d’excellence comme Mariama Ba et le Prytanée militaire de Saint –Louis, celui de Diourbel est mixte. Il accueille des filles et des garçons. Pour les conditions de travail, M. Sagna informe que les exigences minimalessont réunies dans cette école pour pouvoir étudier normalement. Ce qui explique d’ailleurs ces résultats performants au Concours général. « C’est vrai qu’on a commencé l’année dernière en catastrophe en ouvrant un peu tard au mois de novembre. Ça n’a pas manqué au départ des difficultés parce que les locaux n’étaient pas encore prêtssurtout l’hébergement des élèves. Au moment où les élèves venaient, il y avait encore destravaux à faire et c’est dans ces conditions que nous avons ouvert. Mais aujourd’hui, les conditionssont là pour faire un travail normal. Il n y a aucun souci à ce niveau », rassure-t-il.
La grève n’est pas autorisée
Autre particularité de ce lycée d’excellence, la grève n’est pas autorisée au corps professoral. Selon le proviseur, les professeurs ont été recrutés avec des conditions bien précises. « Il n’y a pas de grèves dans cette école. On est dans un projet. Les professeurs ne sont pas venus par mouvement ou autre, mais ont été sélectionnés par un appel à candidature. Ils ont accepté d’adhérer à cet appel à candidature. Il y a donc des sacrifices à faire.Quand l’appel à candidature estlancé, on postule pour venir. Ce qui veut dire qu’ils sont intéressés par le projet dès lors qu’il y a une indemnité de 50 mille quise rajoute aux salaires », renseigne le proviseur. Interrogé sur l’impact négatif de la forte chaleur dans la zone, le proviseur souligne que malgré le climat peu clément, les élèves s’adaptent et sont motivés de réussir à leurs études. « La chaleur est excessive, mais les élèves parviennent à s’adapter parce que la majorité des élèves viennent de Dakar. Au sein de cet établissement, le règlement intérieur est aussistrict que le recrutement. « Le règlement intérieur, c’est comme tous les internats. Il y a des heures bien précises pour travailler et pour prendre les repas et autres. Tout est programmé. C’est aussi la différence avec les autres écoles. Et avec les élèves scientifiques, les gens ont moins de problèmes parce qu’ils ont la pression des enjeux et de la concurrence. Ce qui fait que ces élèves passent leurs temps à travailler. C’est pourquoi, on n’a pas de problèmes de discipline avec ces élèves. C’est un avantage de travailler avec des scientifiques », dit-il. Un établissement de ce genre a aussi un coût. L’Etat pour le succès de cet établissement a mis les moyens pour que l’école puisse atteindre les objectifs fixés. « On fonctionne avec le budget de l’Etat. Une école comme ça a forcément un coût comme Mariama Ba ou Prytanée militaire de Saint - Louis. Parce que l’internat seulement prend un budget. On recrute soixante élèves par promotion. Ça pourrait changer dans l’avenir. Mais actuellement, c’est 60 élèves par promotion. On a deux secondes, deux premières S1 et une première S2 », indique-t-il. Sur le cas d’une possibilité de voir des élèves redoubler une classe, il en rigole avant de devenir sérieux. « Non, non, non ! Il n’y a pas de redoublant chez nous. On ne peut pas l’imaginer. Parce que les élèves qui viennent ici, on ne peut pas imaginer qu’ils ne puissent pas avoir la moyenne, c’est impensable. Ils peuvent ne pas atteindre ce qu’on leur demande, mais la moyenne, ils l’ont forcément », fait-ilsavoir. Le ministre de l’Education leur ayant assigné un objectif bien déterminé. C’est-à-dire faire tout leur possible pour que l’année prochaine en terminale, que tous les élèves aient la mention « Très bien ». « On nous a assigné un objectif principal, c’est-à-dire avoir des élèves scientifiquement bons. Et que quel que soit l’établissement où ils iront, ils s’en sortiront. Avoir des élèves qui ont une bonne base scientifique. L’année prochaine sera notre premier test durant le baccalauréat. Même si le Concours général est un baromètre qui nous permet de dire qu’on est sur la bonne voie. Mais, nous espérons voir l’année prochaine tousles élèves avec la mention Bien. C’est ce qu’on veut. Est-ce qu’on atteindra cela ? C’est ce qu’on verra inch’Allah », dit-il….
Diary Sow, une surdouée
Quand le proviseur parle de la surdouée de son école, celle quise nomme Diary Sow, il est tout émerveillé. « Cette fille est quand même exceptionnelle. Elle est un peu au-dessus de la mêlée. Quoi que l’on puisse dire, c’est une fille non seulement intelligente, mais aussi travailleuse. Elle bosse beaucoup. Quand on entend un élève qui travaille, c’est bien cette fille. Elle est impressionnante cette Diary Sow », s’exclame-t-il en parlant de la fierté de l’école. Il raconte quelques anecdotes sur son prodige. « En un certain moment, c’est nous qui l’interdisons de travailler. Même quand elle est au resto, elle apprend en même temps qu’elle mange. On lui a demandé d’arrêter cela. Même quand elle sort de sa classe pour aller aux toilettes, elle court pour ne pas perdre du temps. C’est une fille qui sait ce qu’elle veut. C’est ce qu’on attend d’un élève. Quand on a une élève en S1 qui obtient une moyenne de 18,45 ce n’est pas rien. Ce n’est pas donné à n’importe qui. Dans sa classe, elle est première dans toutes les disciplines sauf l’Eps. Elle est première partout. Nous avons aussi commis l’erreur de la présenter au Concours général avec 8 disciplines et ça l’a un peu pénalisé », raconte-t-il. La demoiselle Diary Sow n’est pas le seul crack de l’école. L’établissement en compte un autre quise Mohamed Diaw. Malheureusement, il n’a pas été primé lors du Concours général. Ce qui a été la surprise générale à l’école.