Ligue des champions: Manchester City en 8e, l'argent a fini par avoir raison

Manchester City, entré en 2008 dans le club très privé des clubs richissimes avec son rachat par la famille royale d'Abu Dhabi, a fini, après des années de gabegie princière, par s'offrir une place en 8e de finale de la Ligue des champions.
Les Citizens ont au moins eu l'élégance de fêter avec un succès spectaculaire sur le CSKA Moscou (5-2) cette entrée en retard dans l'histoire.
Une issue qui va redonner le sourire à son propriétaire, plombé les deux années précédentes par deux éliminations piteuses en poule alors qu'il n'avait pas compté son argent pour gonfler artificiellement l'effectif des Blues.
"Je ne sais pas si c'est un soulagement mais c'est un premier grand pas vu que l'équipe n'était jamais parvenue jusque-là avant", a soufflé l'entraîneur chilien Manuel Pellegrini, arrivé cet été pour remplacer l'Italien Roberto Mancini. "On jouera les deux derniers matches pour essayer de finir premiers".
Depuis 2008, le Sheikh Mansour a en effet dépensé environ 725 millions d'euros pour recruter près de 50 joueurs.
City s'était pourtant endormi depuis ses heures de gloire à la fin des années 1960 -deux matches de C1 joués en 1968- et était même tombé en 3e division en 1998. Le club, après avoir commencé par regagner sa place dans l'élite du football anglais en décrochant la Cup en 2011 puis son 3e titre de champion un an plus tard, est désormais enfin en mesure de rivaliser avec les plus grosses écuries européennes.
Pourtant, l'apprentissage a été dur et jusque-là, le City des Emiratis a suscité plus de moqueries que de crainte.
Après les trois premières années et plus de 480 millions d'euros dépensés en achats compulsifs, les Citizens n'avaient ainsi rien gagné. L'arrivée de Robinho pour 38 millions d'euros en 2008 puis son départ pour zéro euro deux ans plus tard symbolise cette période où City, avec Mark Hughes à sa tête, a semblé naviguer tel un bateau ivre.
Embryon d'âme
Depuis le changement d'ère, près de 100 joueurs ont quitté le club et leur vente n'a rapporté que 120 millions d'euros.
Cette image de valse permanente ne traduit toutefois pas complètement la réalité car Sheikh Mansour n'a "usé" depuis son arrivée que trois entraîneurs. Et le dernier en date a été choisi pour son côté austère et travailleur autant que ses bons résultats européens avec des équipes sous-cotées.
Du côté de l'effectif, malgré le turn-over incessant, il subsiste quatre survivants des débuts (Hart, Zabaleta, Kompany et Richards), ce qui a fini par donner un embryon d'âme aux Citizens.
Si l'on ajoute à cela l'énergie du taureau Agüero et l'unité d'une équipe qui s'est hispanisée, le club peut maintenant nourrir d'autres légitimes ambitions.
"Un club comme City ne peut se satisfaire d'arriver en 8e de finale, a ainsi rappelé le meneur Samir Nasri. Même si les dernières saisons ont été compliquées, on a progressé et on peut encore s'améliorer en tant qu'équipe car on ne rejoue pas avant février".
"On verra sur qui on tombe. A ce niveau, tout peut arriver et tout le monde peut aussi nous battre", est d'ailleurs conscient Pellegrini.
Les deux buts encore encaissés contre Moscou dessinent en effet les limites actuelles d'une équipe inconstante, pleine de talents offensifs mais qui, à l'image des boulettes à répétition de son gardien, manque de rigueur défensive et d'un véritable milieu protecteur.
Son déplacement prochain à Munich chez le champion d'Europe, qui l'avait humilié à l'aller (3-1), sera un bon test pour une équipe qui a montré qu'elle ne descendait plus en C1 en dessous d'un certain niveau, mais pas encore qu'elle pouvait se hisser à celui des plus grands.