DIOMAYE-SONKO EN ACTION
EXCLUSIF SENEPLUS - Les épisodes en cours partagent un fil conducteur évident : l'héritage encombrant de Macky. Forts de la légitimité que leur a conférée le peuple, le pouvoir en place n'hésitera pas à bousculer les derniers bastions de l'ancien régime

Le discours du Premier ministre Ousmane Sonko sur la RTS hier soir et du Colonel Abdoul Aziz Ndao sur la TFM le matin même laissent entrevoir une atmosphère politique particulièrement électrique. L'opinion publique est en ébullition, et les sous-sols du pouvoir semblent agités par des courants tumultueux.
Décryptons les propos du Colonel Ndao. Sans détour, il a évoqué des manœuvres de déstabilisation en cours, exhortant les services de renseignements à démasquer les conspirateurs. Il aurait cité le journal Africa Confidentielle comme source d'informations sur l'affaire du Général Kandé, mais ce média a vigoureusement démenti. Face à la polémique, un autre média a dû présenter des excuses pour avoir faussement cité ce site.
Le Premier ministre Sonko, lui, a martelé que personne ne peut ébranler le Sénégal. Selon lui, ceux qui s'agitent le font car ils redoutent la marche de reddition des comptes initiée par le nouveau régime. Peu importe les manœuvres en coulisses, les sanctions tomberont sur les personnes épinglées par les divers rapports de contrôle.
Le Colonel Ndao n’a pas mâché ses mots. En pointant du doigt des manœuvres de déstabilisation, il a renforcé le climat de suspicion. Mais Sonko n'a pas tardé à répliquer, affichant une détermination implacable à poursuivre la reddition des comptes. Ces échanges tendus révèlent une bataille féroce pour le contrôle narratif de la situation politique.
Il y a quelques jours, le ministre de la Justice, Maitre Ousmane Diagne, avait également été très clair : des sanctions allaient tomber, et les DAGE de plusieurs ministères de l'ancien régime étaient sur la sellette dans le dossier Covid-19. Le message est sans équivoque : la justice est en marche, et nul ne sera épargné.
Ces événements convergent vers une figure centrale : l'ancien président Macky Sall. Son ombre plane sur des affaires sensibles, telles que l'amnistie fiscale pour la presse, un décret signé mais resté lettre morte, et la polémique autour de l'affectation d'un chef d'état-major en Inde, amplifiée par des médias supposés de l'opposition. Ces faits, qu'ils soient avérés ou manipulés, politisent un contexte déjà inflammable.
La pétition pour le rapatriement de Macky Sall ajoute une pression supplémentaire sur le nouveau régime. Si elle recueille un large soutien populaire, il sera difficile de ne pas répondre aux attentes d'une population assoiffée de justice. Macky Sall pourrait bien se retrouver piégé par cette dynamique, accélérant une éventuelle confrontation judiciaire.
Pour couronner le tout, le projet de loi sur l'homosexualité, proposé par la députée Awa Ndiaye Gniby, jette de l'huile sur le feu déjà ardent de la scène politique. Cet élément controversé ajoute une couche supplémentaire de complexité à une situation déjà explosive. L'affaire Doro Gaye, dont on ne perçoit que les premiers éléments de l'enquête, ressemble déjà à une grosse poudrière prête à s’embraser.
Les épisodes en cours partagent un fil conducteur évident : l'héritage encombrant de Macky Sall. L'amnistie fiscale pour la presse, l'affectation controversée en Inde, tout cela n'a fait que politiser des faits qui auraient dû rester techniques. La presse et la politique se mêlent dangereusement, créant un cocktail potentiellement détonant.
Tous ces événements sont les prémices de jours orageux à venir. Il sera prudent de se mettre à l'abri, car le tandem Diomaye-Sonko semble bien décidé à aller au bout de sa croisade contre les dérives passées, quels qu'en soient les coûts. Forts de la légitimité que leur a conférée le peuple, ils n'hésiteront pas à bousculer les derniers bastions de l'ancien régime. Les pousser dans leurs retranchements à peine huit semaines après leur arrivée au pouvoir est un pari risqué.
Nul ne peut prétendre connaître les secrets des dieux, mais cette confrontation frontale ne fera qu'attiser les braises et accélérer la course folle des événements. Les forces en présence détiennent assurément plus d'informations que le commun des mortels. Dans cette tempête annoncée, la prudence reste de mise pour les citoyens lambda.
Le ministre de l'Intérieur, le Général Tine, aura fort à faire pour gérer cette situation explosive qui s'annonce. Restons donc observateurs avisés de ces bouleversements à venir.
Oumou Wane est présidente de Citizen Media Group – africa7.