LA PROFESSION DE GEOMETRE EN PERIL AU SENEGAL
Dakar accueille depuis hier, mardi, les 72 heures du géomètre-expert, un événement de référence qui permet aux professionnels du secteur d’examiner en profondeur les défis liés à l’exercice de leur métier.

Dakar accueille depuis hier, mardi, les 72 heures du géomètre-expert, un événement de référence qui permet aux professionnels du secteur d’examiner en profondeur les défis liés à l’exercice de leur métier.
L’exercice de la profession de géomètre au Sénégal est sous la menace des pratiques illégales, du retard institutionnel et du manque de soutien étatique, constatent les experts géomètres du Sénégal réunis autour du thème choisi pour cette toute première édition. « Le géomètre-expert, votre partenaire pour un environnement résilient et un foncier sécurisé », met en exergue l’importance stratégique de cette profession dans la planification du territoire et la gestion durable des ressources foncières. Professionnel hautement qualifié, le géomètre-expert est un spécialiste des sciences de la mesure et de la représentation de l’espace. Il intervient en amont de tout projet d’aménagement qu’il soit domanial, urbain,rural, minier ou infrastructurel pour établir des plans précis et fournir une documentation essentielle à la sécurisation des espaces et à leur mise en valeur. Son rôle dépasse celui de simple technicien : il est à la fois conseiller, médiateur, concepteur et expert, et contribue ainsi à la mise en œuvre de politiques d’aménagement durables et équitables, ont dit les acteurs. Et de poursuivre : « Grâce à une cartographie rigoureuse et une connaissance fine du territoire, le géomètre participe à la résilience écologique, en facilitant une gestion cohérente des écosystèmes face aux perturbations climatiques et anthropiques »
Qui plus est, en matière de gouvernance foncière, « son intervention garantit la clarté des délimitations, la fiabilité des transactions et la stabilité sociale », fait savoir le président de l’Ordre national des géomètres experts du Sénégal (ONGES), Mamadou Lamine Fall. Pour cela, plusieurs éléments sont nécessaires au nombre desquels une politique foncière claire et adaptée; des procédures simples et transparentes; une planification spatiale cohérente; une connaissance approfondie des territoires.
Toutefois, malgré ce rôle central, « l’exercice de la profession au Sénégal est sérieusement compromis par quatre grandes difficultés majeures à savoir la pratique illégale de la profession; le retard dans la délégation de service public; l’insuffisance du soutien étatique et l’absence de politique de promotion des cabinets nationaux. Face à cette situation, il devient impératif, selon les acteurs, que l’État prenne des mesures structurelles pour : élargir effectivement la délégation de service public; encadrer et réprimer les pratiques illégales; valoriser les compétences nationales à travers une politique d’attribution équitable des marchés; et réviser le cadre législatif afin d’assurer une répartition équilibrée des cabinets sur l’ensemble du territoire. Dans un contexte marqué par une pression croissante sur le foncier, « les 72 heures du géomètre-expert interviennent à un moment stratégique. La question foncière, d’envergure mondiale, est particulièrement sensible dans les pays en développement, confrontés à une urbanisation rapide et à une forte demande agricole », a dit Bassirou Sarr, le directeur de cabinet du ministre des Finances et du budget. Souvent perçu à tort comme un simple technicien, « le géomètre-expert joue en réalité un rôle crucial dans la gouvernance territoriale : il est acteur du développement durable, garant de la sécurité juridique et partenaire privilégié de l’État dans les politiques d’aménagement », soutient M. Sarr.
Le thème retenu, « Le partenariat pour un environnement résilient et un foncier sécurisé », invite à une approche concertée impliquant l’ensemble des acteurs publics, professionnels et citoyens. Dans cette optique, « il est nécessaire de renforcer la délégation de service public confiée à l’Ordre des géomètres-experts, et d’inscrire la profession dans la dynamique de transformation numérique de l’État », dira-t-il. La rencontre, marquée par la participation d’experts internationaux et de jeunes futurs décideurs, traduit une volonté forte de valoriser la profession et de bâtir un écosystème foncier sécurisé, moderne et résilient. L’État réaffirme à cet égard son engagement à accompagner cette dynamique à travers un cadre juridique adapté et incitatif.