MULTIPLE PHOTOSUNE EXPOSITION DEVOILE L’HISTOIRE MECONNUE DE LA PRESQU’ILE DE DAKAR
– ”Taarixu Ndakaaru biir géedj – l’histoire immergée de la presqu’île de Dakar”, l’exposition qui sera ouverte au public, vendredi, fait découvrir à travers des images et des récits les nombreuses découvertes archéologiques sous-marines
– ”Taarixu Ndakaaru biir géedj – l’histoire immergée de la presqu’île de Dakar”, l’exposition qui sera ouverte au public, vendredi, fait découvrir à travers des images et des récits les nombreuses découvertes archéologiques sous-marines qui ont contribué à retracer une partie de l’histoire et la culture de la presqu’île du Cap-Vert.
Initiée par la Direction du Patrimoine culturel du Sénégal (DPC), cette exposition s’inscrit dans le cadre de la restitution du projet Margullar-II, qui avait, entre autres objectifs, la formation en archéologie sousmarine et la valorisation du patrimoine culturel subaquatique par le biais du tourisme de, a indiqué jeudi à l’APS son commissaire, Moussa Wélé.
Le projet ambitionne de relier patrimoine et tourisme en réalisant un travail d’archéologie sous-marine de préservation et de conservation du patrimoine marin, pour sa valorisation et son utilisation ultérieure, dans le but d’améliorer l’attractivité et la promotion du tourisme de plongée dans les régions et pays participants.
Ce riche patrimoine englouti et peu connu jusqu’ici permet aussi de revenir sur l’histoire du port de Dakar, devenu ‘’station-service atlantique‘’ depuis la deuxième moitié du XIXe siècle. Le rôle de Dakar dans le seconde guerre mondiale est racontée à travers l’épave du Tacoma, un cargo danois construit en 1926 et qui a été accidentellement incendié par un obus de la marine britannique le 24 septembre 1940 lors de l’opération ”Menace” du général de Gaulle et ses alliés.
Six marins danois périrent lors de cet incident et le cargo qui était à quai au port de Dakar au moment des faits fut finalement remorqué hors de l’enceinte du port pour le laisser dériver dans la rade de Dakar avant de couler non loin de l’Île de Gorée.
L’emplacement actuel de l’épave gisant sur un fond entre 13 et 15 mètres, est matérialisé par une bouée de balisage rouge qui oblige la chaloupe à faire un détour sur sa trajectoire de la liaison Dakar-GoréeDakar.
LES VESTIGES IMMERGÉ DE LA JETÉE DAKAR GORÉE
Un autre des récits revient sur l’histoire de la jetée Dakar- Gorée (Pont bu bees). L’exposition explique que le port de Dakar, qui était un élément isolé sur la côte, est relié à l`intérieur avec l’achèvement du tronçon ferré Dakar-Saint Louis en juillet 1885. Ainsi, pour se plier aux exigences des navires toujours plus grands et plus pressés, les autorités arrêtèrent en mai 1899 un projet de grand port de Dakar.
La capacité d’accueil limitée amena le gouvernement général à proposer au département, dès 1917, un projet de travaux d’aménagement du port de commerce à l’intérieur des jetées et des extensions éventuelles au nord de la « Grande jetée » Dakar-Gorée, communément appelée aujourd`hui la digue Dakar-Gorée ou ‘’Pont bu bees’’ par la population locale. La construction de cette jetée Dakar-Gorée a commencé en 1938, mais le projet d’extension sera abandonné après la construction d’un tronçon de 600m à partir de Dakar.
La Seconde Guerre mondiale est la principale cause de son abandon, selon Moussa Wélé, puisque, dit-il, elle a entraîné la diminution du personnel qualifié, le manque de moyens financiers et de matériaux, en particulier le ciment.
Selon la croyance populaire, cet abandon serait dû au non-respect des forces surnaturelles de la communauté léboue, en particulier le génie protecteur de l’île de Gorée, Mame Coumba Castel, qui aurait opposé son refus à l’érection de cette jetée qui devait relier Dakar à l’île de Gorée.
Aujourd’hui, les recherches archéologiques sous-marines ont permis de disposer d’informations essentielles quant à la compréhension de la technologie utilisée à l’époque pour l’érection de cette jetée. Le visiteur ne manquera pas également de découvrir à travers l’exposition les origines de l’installation de la communauté léboue et patrimoine culturel intimement lié à ce patrimoine sous-marin.
Moussa Wélé est revenu sur l’importance du les liens entre la communauté léboue et les épaves retrouvées au fond de la mer. ‘’Avant même l’installation du port, les lébous avait signé des pactes et traités avec l’autorité coloniale’’, a-t-il révélé Selon lui, l’autorité coloniale accusait les communautés de pêcheurs de receleurs qui attaquaient des navires en difficulté en mer pour récupérer leur marchandises, car ils excellaient dans la navigation maritime et dans le milieu marin. ‘’Mais pour certains dignitaires lébous, ce sont les colons qui faisaient appel à eux pour les secourir lorsqu’ils avaient des problèmes en mer. En retour, les colons les remercier avec des marchandises”, explique Wélé.
LES CANONS SUBMERGES AU LARGES DU CAP MANUEL
Plusieurs autres récits garnissent l’espace, notamment celui qui concerne les quatre canons submergés découverts au Cap Manuel à 5 mètres de profondeur. Ces canons qui faisaient partie du dispositif de protection de Dakar, datent, selon le commissaire de l’exposition, du XIXe siècle.
En termes de découverte archéologique sous-marine, Moussa Wélé évoque l’importance du site de la pointe des Almadies avec un riche patrimoine archéologique sous-marin. Réputée dangereuse pour la navigation maritime à cause de la faible profondeur de ses fonds rocheux. Plusieurs cas de naufrages ont été enregistrés au XVIIIe siècle dans ce secteur, rapporte-t-il.
C’est le cas du naufrage du navire Montana, échoué sur les récifs des Almadies, en 1964, et qui avait une cargaison de bois. ‘’C’était du bois qui provenait des forêts africaines et qui était destiné à être exporté en Europe’’, a-t-il expliqué, ajoutant que cette cargaison de bois est devenue aujourd’hui un lot de vestiges archéologiques ”importants” pour comprendre le phénomène de la déforestation des forêts africaines.
Grâce au projet Margullar, un circuit touristique sous-marin autour de Dakar va favoriser en outre la sensibilisation de la préservation du patrimoine subaquatique. ‘’Il était important pour nous d’apporter notre contribution à l’histoire du Sénégal et au développement d’une société consciente de son riche patrimoine culturel immergé’’, a soutenu Moussa Wélé, par ailleurs archéologue sous-marin.
Il a en outre rappelé que le projet l’exposition « Taarixu Ndakaaru Biir Géedj » est le fruit du projet Margullar obtenu par l’ancien Directeur du Patrimoine culturel du Sénégal, Abdoul Aziz Guissé, décédé en 2022 et ”sans qui le Sénégal n’aurait jamais adhéré”. Ce projet a été mis en œuvre grâce au programme Interreg-MAC de l’Union Européenne et a permis de renforcer les capacités des six professionnels au Sénégal. Le commissaire a signalé que ce projet a permis au pays de former la première génération de jeunes professionnels en archéologie sous-marine et en gestion du patrimoine culturel subaquatique, tout en facilitant l’inventaire pilote des premiers sites historiques et culturels immergés le long des côtes sénégalaises y compris l’épave du bateau Le Joola au large de la Gambie.
La journée du vernissage de cette exposition va coïncider avec l’inauguration par le ministre en charge de la Culture, Khady Diène Gaye, d’un centre de ressources de la DPC.
Selon le directeur du Patrimoine culturel, Oumar Badiane, ce centre, grâce au traitement de tout le fond documentaire existant, permettra aux chercheurs d’avoir une base de données restituées dans le domaine du patrimoine (anthropologique, archéologique, monuments historiques).