CE QUI S’EST PASSE A L’HEMICYCLE A ETE PREMEDITE
ABDOU MBOW, VICE-PRESIDENT DE L’ASSEMBLEE ET PORTE-PAROLE ADJOINT DE L’APR

Les incidents qui ont écorné l’image de l’Assemblée nationale portent l’empreinte du Pds et de ses alliés. C’est le sentiment d’Abdou Mbow, Vice-président de ladite institution et porte-parole adjoint du parti présidentiel. Il accuse même l’opposition d’avoir tout prémédité.
Quel commentaire faites-vous des incidents qui se sont récemment produits à l’Assemblée nationale ?
Je me désole, d’abord, de l’image qui a été donnée à cette institution qui est l’Assemblée nationale. L’image qu’on retient, aujourd’hui, de cette institution est que c’est une institution qui n’a pas de crédibilité, une institution où les gens ne font pas leur travail. Il faut qu’on relate un peu ce qui s’est passé. Ceux qui ont eu l’habitude de se battre à l’Assemblée nationale sont les gens du Parti démocratique sénégalais. Lors de la dernière législature, nous avons vu un président de groupe frapper un député, nous l’avons vu danser en pleine séance plénière. Nous avons vu qu’ils ont expulsé, au niveau toujours de l’Assemblée nationale, des députés, sans papier. Deuxièmement, ce même ancien président de groupe parlementaire fait une conférence de presse, et tout le monde l’a suivi. Il a dit à ses députés : «Si Moustapha Niasse ne fait pas telle ou telle chose, battez vous». Donc, on peut dire que ce qui s’est passé à l’Hémicycle a été prémédité. Autre chose, il faut que les Sénégalais sachent que ceux qui se sont battus à l’Assemblée nationale, ce ne sont pas les députés de «Benno bokk yakaar». Nous sommes là, à l’Assemblée nationale, et les choses se passent convenablement. On a fini, aujourd’hui (hier), les travaux des commissions techniques de tous les ministères. Ce qui veut dire qu’on est en train de travailler. Mais, ce qu’ils veulent, c’est ternir l’image de l’Assemblée nationale, ternir l’image des députés. Parce que, pour eux, s’ils le font, ils ternissent l’image de marque du président de la République. Eux, c’est comme ça qu’ils fonctionnent, et c’est comme ça qu’ils pensent. Il n’y a pas eu de bagarre. C’est eux qui sont venus avec des sifflets, avec des vuvuzelas, pour perturber le travail, mais les gens les en ont empêché en les faisant sortir.
Donc, il n’y a pas eu aucune forfaiture ?
Au Sénégal, si quelque chose se passe, tout le monde se proclame expert, en disant qu’on doit dissoudre l’Assemblée nationale. Le M23, c’est nous, les partis politiques qui sont dans «Benno bokk yakaar». Nous, les jeunes de l’Apr, et Barthélemy Dias, sommes les premiers qui ont été arrêtés, le 17 juin déjà. Barthélemy été arrêté au niveau du centre-ville. Et moi, j’ai été arrêté au niveau de Liberté VI. On avait commencé bien avant le 23 juin. Le 22 déjà, on était à Daniel Brothier. Et le 23, ce qui s’est passé, s’est passé. Donc, je crois qu’il faut que les gens reviennent à la raison, pour qu’ils sachent que ceux qui étaient là-bas, le 23, sont toujours membres du M23. Tout le monde a vu ce qui s’est passé. Les députés de l’opposition étaient dans la salle, lorsqu’on élisait le bureau. Ils ont voté. L’élection du bureau s’est passée dans les règles de l’art. Par rapport aux Commissions, Aïda Mbodji et Thierno Bocoum qui parlent, ont été élus présidents de Commission dans les mêmes conditions. Il faut que les gens arrêtent de faire de la politique pour des sinécures, de faire de la politique, pour des postes. J’ai entendu mon collègue Thierno Bocoum évoquer l’article 35, en disant que l’on doit le rectifier. Mais, c’est au début de la législature qu’on doit le faire. Il faut que les gens arrêtent d’interpréter ou d’essayer de faire dans la rhétorique, pour traduire, à leur convenance, le Règlement intérieur. Pour moi, le Règlement intérieur a été totalement respecté.
Soyez plus explicite ?
Nous sommes régis par un Règlement intérieur. On parle des groupes parlementaires qui sont organisés au niveau de l’Assemblée nationale. L’article 20 dit que les députés vont s’organiser par affinité politique, et qu’aucun ne peut comprendre moins de 10 députés, non compris les députés apparentés dans la conduite. Les 10 sont devenus maintenant 15. Quand un groupe est constitué, l’article 22 dit : les modifications apportées à la composition d’un groupe seront portés à la connaissance du président de l’Assemblée nationale, portant sous la signature du député intéressé, s’il s’agit d’une démission ; sous la signature du président du groupe, s’il s’agit d’une radiation ; et sous la double signature du député et du président du groupe, s’il s’agit d’une adhésion ou d’un apparentement. Il n’y a que le président de groupe qui peut le faire, ça, c’est très clair. Est-ce qu’Oumar Sarr est président de groupe ? Je pense que c’est bien de donner son point de vue, c’est bien de faire des commentaires, mais c’est bien aussi de dire la vérité. Sur ce, je voudrais dire aux gens qui font des commentaires de bien lire le Règlement intérieur, parce que c’est ce qui régit notre Assemblée nationale. L’article 17 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale est là également. Il dit que le bureau a tout pouvoir pour régler les délibérations de l’Assemblée nationale et pour organiser et diriger tous ces services déterminés par le président de l’Assemblée nationale et par le Règlement. Et quand il y a un problème au niveau des groupes parlementaires, c’est le bureau qui doit trancher. Ce qui se passe au niveau du Pds, c’est leur problème, ils n’ont pas le droit de le transférer au niveau de l’Assemblée nationale. C’est ce que nous refusons. Il faut que ces gens acceptent qu’ils soient maintenant des anciennes gloires. Personne ne pourra perturber les travaux de l’Assemblée nationale.
L’opposition accuse également le régime de vouloir frauder aux prochaines échéances électorales. Vous en dites quoi ?
Mamadou Diop «Decroix» est le spécialiste des déclarations qui ne sont jamais suivies d’effet. Il a déclaré que le ministre de l’Intérieur, Abdoulaye Daouda Diallo, a exclu l’opposition du processus électoral. Je pense que c’est manquer de respect aux Sénégalais, que de parler de fraude électorale au 21e siècle. Nous ne sommes plus dans un pays, où quelqu’un qui crée son parti, avec des hommes et des femmes, se fait subtiliser son parti, comme «Decroix» l’a fait avec Landing Savané. Nous sommes dans un pays, où de manière démocratique, tout se passe normalement. Parler de vol des élections dans ce pays, c’est manquer de respect aux institutions, c’est manquer de respect au Sénégal et aux Sénégalais. Ces gens ne méritent pas le titre de leader politique. Personne ne peut voler des élections dans ce pays. Il faut que ces gens-là arrêtent. Ils sont dans des hallucinations.