SERIGNE MBAYE THIAM DIT NON À LA COUR SUPRÊME
Intégration des élèves-maîtres exclus pour fraude

L’affaire de la fraude lors du concours des élèvesmaîtres en 2014 a occupé une bonne partie des débats à l’Assemblée nationale, lors du passage du ministre de l’Education nationale pour le vote du budget de son département. Serigne Mbaye Thiam, qui a reçu le soutien de la majorité des députés, n’envisage pas de se conformer à la décision de la Cour suprême rendue en faveur des 690 élèves-maîtres.
Le ministre de l’Education nationale n’envisage pas la réintégration des 690 élèves-maîtres qu’il avait exclus pour fraude malgré la décision rendue par la Cour suprême en sa défaveur. Serigne Mbaye Thiam, qui a reçu lors de son passage à l’Assemblée nationale le soutien de la majorité des députés sur cette question, a consacré plusieurs minutes à des explications qui fondent sa décision.
Selon le ministre de l’Education nationale, les preuves de la fraude sont irréfutables. «On me dit M. le ministre vous deviez annuler le concours dans sa totalité. On annule le concours dans sa totalité quand on ne peut pas identifier les auteurs.
Par exemple, s’il y a une fuite et que les épreuves s’éparpillent dans la ville, vous annulez le concours parce que vous ne savez pas qui a bénéficié de la fraude ou pas. Mais là on a pris la copie, le relevé de notes, cela a été fait candidat par candidat et les 690 candidats sont dans un rapport.
On a auditionné celui qui saisissait les notes à l’informatique, on a le procès-verbal d’audition qu’il a signé disant que c’est lui qui a falsifié les notes. Je ne vais pas quand même prendre la décision d’exclure 690 élèves qui n’ont rien fait. La fraude est établie», a-t-il fait savoir.
S’agissant de la décision de la Cour suprême, Serigne Mbaye Thiam explique que les élèves-maîtres fraudeurs n’ont pas nié la fraude, mais ont attaqué le ministère sur la forme. M. Thiam estime que les conséquences de la réintégration de ces élèves-maîtres seraient désastreuses pour le système éducatif. «690 élèves qui n’ont pas le niveau, supposons que chaque élève-maître prenne 60 élèves par classe, c’est 41 mille 400 élèves qu’ils forment dans l’année. Supposons qu’ils aient une carrière de 20 ans, c’est 828 mille élèves sacrifiés», a-t-il martelé.
Analysant la situation, le ministre de l’Education nationale soutient que le gouvernement est tiraillé entre deux étaux : l’éthique de responsabilité et l’éthique de conviction. Selon lui, cette éthique de responsabilité se situe à deux niveaux. «Dans un Etat de droit, la responsabilité voudrait que la décision de justice soit respectée. En tant que ministère de l’Education nationale, garant de la qualité de l’enseignement, la responsabilité voudrait que ces élèves-maîtres ne puissent pas enseigner», a-t-il dit.
Et Serigne Mbaye Thiam de s’interroger : «On a la conviction que ces types ne peuvent pas enseigner dans le système. Comment un enseignant qui a intégré le système de cette façon peut après donner des cours d’éducation civique et de morale à ses élèves ?»
Pour M. Thiam, on arrive à «une situation où on se dit : Est-ce que des mesures ne peuvent pas être indispensables pour garantir la qualité, l’intégrité des concours par la préservation de la qualité de notre système éducatif ?»
Serigne Mbaye Thiam défend «ses protégés»
Lors du passage du ministre de l’Education nationale à l’Assemblée nationale, les députés ont attaqué les enseignants accusés de prendre en otage l’école en privilégiant leurs propres intérêts. Face à la série d’attaques à l’endroit des enseignants, Serigne Mbaye Thiam a pris leur défense.
Selon M. Thiam, il ne faut pas jeter «l’opprobre sur les enseignants». «En tant que leur ministre de tutelle, je leur rends hommage. On a vu des enseignants se dévouer pour dispenser des cours, ils n’avaient même pas de bloc d’hygiène. Ces enseignants, nous devons les rendre hommage. C’est en les rendant hommage qu’on va rappeler à l’ordre ceux qui ne sont pas sur la bonne voie», a-t-il dit.
Selon lui, «il faut reconnaître les efforts de la majorité d’entre eux et le travail qu’ils font dans des conditions difficiles».
Le budget en hausse de 6,166 milliards
Le budget du ministère de l’Education nationale, pour la gestion de 2016, a été voté samedi à l’Assemblée nationale. Il s’élève à 376 milliards 909 millions 114 mille F Cfa contre 370 milliards 742 millions 561 mille 060 F Cfa en 2015. Le budget de 2016 a connu une hausse de 6 milliards 166 millions 552 mille 940 F Cfa.
Il faut noter que lors du vote de ce budget, le ministre de l’Education nationale a été interpellé sur les constructions et les réhabilitations d’infrastructures scolaires.
A ce propos, Serigne Mbaye Thiam a souligné qu’il a été inscrit 272 millions de F Cfa dans le budget, «une enveloppe nettement insuffisante, car la seule réhabilitation du lycée Charles De Gaulle se chiffre à plus de 200 millions de F Cfa». «Les réhabilitations doivent s’effectuer de manière progressive.
Un marché de 61 millions est programmé pour refaire les salles de classe fermées du lycée de Matam. Lac de 200 écoles élémentaires, dont 11 à Kanel, est en cours, les régions bénéficiaires de ces écoles sont Kaffrine (37), Thiès (8), Matam (29) et Diourbel (30)», a-t-on fait savoir.