"UNE ÉLECTION N'EST PAS UN PRÉTEXTE POUR FAIRE N'IMPORTE QUOI"
Macky Sall sur les violences électorales

Le chef de l'Etat s'est rendu, hier, chez Monseigneur Benjamin Ndiaye à la résidence «Les Badamiers» sise à Fann-Résidence. Macky Sall a profité de cette visite de courtoisie qui entre dans le cadre des séances d'explication pour lancer un appel au calme à la classe politique.
«Je profite de sa présence pour lancer encore une fois un appel au calme. Parce que je ne vois pas pourquoi pour le vote du ‘Oui’ ou du ‘Non’, il doit y avoir de la violence. Je pense que la violence est un prétexte pour ceux qui veulent semer le désordre», a déclaré le président de la République, après son tête-à-tête avec le chef de l'Eglise.
Poursuivant, il dira : «J'ai déjà lancé un appel à tous les partisans du ‘Oui’ qui sont peut-être de notre côté à ne pas répondre devant la provocation et à ne surtout pas entreprendre quelque action que ce soit allant dans le sens de la violence. Car, ce serait fausser l'esprit républicain qui fonde le sens et la portée du citoyen devant une situation aussi fondamentale que le vote de cette loi portant modification de la Constitution».
«Je lance aussi un appel aux partisans du ‘Non’ d'observer les mêmes principes de non-violence et l'exercice de leur droit, ils ont le droit et la liberté de dire ‘Non’. Il faut aussi que les autres acceptent cela, nous sommes en démocratie. Et je pense que la confrontation se fera dans les urnes, ce n'est pas dans la rue, par des cailloux ou autres. C’est des prétextes qu'il faut déplorer, qu'il faut la condamner très fermement», a-t-il ajouté.
Sans vouloir intimider ces détracteurs, le chef de l'Apr de soutenir également qu’«il faut rappeler aux uns et autres que la loi est là et peut rappeler à l'ordre ce qui s'écarte de sa voie. Une élection n'est pas un prétexte pour faire n'importe quoi. Donc, j'ai bon espoir qu'on votera comme d'habitude tranquillement le dimanche et que les résultats seront appréciés. Dans tous les cas, il y a ni vainqueur ni vaincu. Ce dont il s'agit, c’est de voter un projet de révision sans déplacer le débat, il n'est pas ailleurs».
Quant à la victoire du ‘Oui’, Macky Sall s’est dit rassuré, car certain de gagner. «Je suis toujours confiant, suis un optimiste et ce que j'ai vu dans le pays, cette sorte de déferlante et d'enthousiasme partout où suis passé, c'est vrai que je n'ai pas vu beaucoup de partisans du ‘Non’, mais y en a qui le disent souvent, ce qui est normal, nous sommes en démocratie. C'est ça que nous recherchons, la liberté pour chacun d’exprimer son opinion. Mais la souveraineté appartient au peuple. Et nous saurons l'orientation décrite par le peuple au soir du 20 mars», a-t-il dit.
Abondant dans le même sens, Monseigneur Benjamin Ndiaye, archevêque de Dakar, de souligner en ce qui concerne la violence, qu’il se doit «aussi de dire combien nous devons faire des efforts pour apprendre à discuter de bords différents, mais dans le respect et l'estime, alliant le souci d'une parole responsable. C'est ce qui peut construire notre pays et non pas pour le mener à la dérive».
S'agissant de la réforme de la Constitution, le chef de l'Eglise est revenu sur la question de la laïcité. «Je dois dire que je ne préoccupe plus de la question d'une bonne compréhension de la laïcité. Parce qu'en visant d'autres pays, on pourrait penser que c'est l'absence de religion. Il ne s'agit pas du tout de cela, mais du fait que notre Etat ne se définit pas comme état confectionné. Mais un Etat qui reconnaît à ses habitants le droit de pouvoir professer librement leur religion. Et qu'en contrepartie, même l'Etat peut collaborer avec les différentes confessions religieuses. C'est pour cela que c'est un point de vue fort important qui s'appuie même sur l'expérience de notre population où chrétiens, musulmans et d'autres sensibilités religieuses ont toujours cohabité dans la paix. Alors, il s'agit de préserver cet héritage que nous avons reçu de nos ancêtres», a-t-il conclu.