LA TOMATE INONDE LE MARCHE
TRES PRESENTE ET PEU CHERE

Tout ou presque est cher en ce moment sur le marché sénégalais. Sauf sans doute la tomate. Elle fait, en effet, exception à la règle. Bien présente sur les étals, comme au marché Gueule-Tapée des Parcelles assainies, elle s’échange surtout à bon prix. Ainsi, le kilogramme est-il vendu entre 250 et 300 francs Cfa, au plus.
Implanté au marché Gueule-Tapée des Parcelles Assainies, ce jeune vendeur de tomate du nom d’Ousmane Diouf alias Las, dit qu'il détient seulement la tomate locale, tout en avouant la baisse du prix du kilogramme de cette denrée très prisée par les dames pour leur cuisine. «J’ai uniquement la tomate locale sur mon étal. J’évite de vendre la tomate importée, car elle est à un coût excessivement vertigineux, comparé à celle qui est cultivée au Sénégal», dit-il.
Poursuivant, il souligne : «La tomate locale, je peux dire qu’elle a connu véritablement une baisse, ces dernières semaines. En effet, le kilo est vendu au maximum à 300 francs Cfa, au lieu de 400 ou 500 francs Cfa auparavant. Pour les tas de 100 francs Cfa, les clients peuvent avoir 6 grosses tomates. Ce qui veut tout simplement dire que ce produit est très disponible, tant en qualité qu’en quantité sur le marché».
«La loi de la disponibilité fait le prix sur le marché»
Pour sa part, ce jeune détaillant qui tient aussi son étal dans ce marché, réputé être un site de dispatching des légumes pour d’autres marchés de Dakar, insiste sur le fait que «l’approvisionnement du marché en tomate est bien assuré. Vous l’avez remarqué vous-même, la tomate inonde parfois le marché avec un prix moins coûteux. Mais, parfois, on est face à une pénurie de tomate, avec un prix onéreux. Cela est dû au fait qu’il y a une période de la saison où sa culture est propice, comme c’est le cas en ce moment. C’est la loi de la disponibilité qui fait le prix sur le marché».
Vendeuse en détail de légumes, dont la tomate, Mariama Badiane confirme cette nouvelle tendance baissière du prix de la tomate. L’air soulagé, elle martèle : «Je ne détiens pas de tomate importée sur mon étal, car son coût est cher. Car en acheter, c’est être sûr de revendre cher. Parce qu’il est impossible d’arriver à récupérer le prix d’achat compte tenu du coût assez bas de la tomate locale. La clientèle préfère, en effet, le produit le plus accessible, compte tenu de la conjoncture économique difficile et surtout parce que la tomate locale est vraiment de très bonne qualité en ce moment».
«Moi, je me facilite la tâche, raison pour laquelle j’ai misé sur la tomate locale dont le prix varie entre 250 et 300 francs Cfa au plus le kilo. Et je peux même dire que les clients me surprennent en ce moment. Car eux qui ont l’habitude de se lamenter quant à la cherté des prix, actuellement, ils ne manquent pas de reconnaître que la tomate est très accessible. Et c’est parce qu’on est en période de fraîcheur sans doute», explique-t-elle.
Un prix qui aurait dû être encore plus bas
Elle ne manque pas aussi d’évoquer la saison sèche pour justifier la présence en quantité de la tomate. Cependant, elle se désole, malgré l'approvisionnement du marché, de ne peut s’en sortir comme elle l’aurait souhaité. «Ça se vend bien la tomate, mais ce n’est pas assez rentable. Vraiment, le bénéficie qu’on engrange est faible pour ne pas dire insignifiant. Je ne comprends pas trop comment ça fonctionne à ce niveau là», souligne-t-elle.
Mais aussi bas soit ce prix de la tomate locale, il aurait pu être encore plus abordable, si l’on se fie à Salim Barry. Ce vendeur en gros affirme en effet que le kilogramme de tomate devait être à 150 francs Cfa. «Le prix de la tomate locale avait été fixé à 150 francs Cfa auparavant. Parce que la quantité est là et c’est ce qui aurait dû être le prix. Mais il trouve que les commerçants grossistes l’ont majoré de 50 francs Cfa, ce que les détaillants ont répercuté sur le prix de vente en le majorant de 50 francs Cfa. D’où le prix de 250 francs du marché que je trouve personnellement onéreux. Parce que ça aurait du être plus bas que ça», révèle Barry.
Concernant la tomate importée, il confie : «En cette période de fraîcheur, la tomate importée devient chère. Moi, j’ai pris la décision d’attendre la fin de cette saison pour m’approvisionner en produit importé. En attendant, je suis devenu grossiste en tomate locale. Parce que c’est plus facile et plus simple à écouler et surtout, quoi qu’il en soit, je m’en sors très bien. Mais il est vrai aussi que parfois, mes clients me demandent de la tomate importée».
Une baisse qui fait le bonheur des clients
Venue faire ses emplettes, Mme Maguette Diagne confie: «Ce n’est pas souvent qu’on voit la tomate baissée aussi bas sur le marché. C’est donc une opportunité pour nous les clients et il faut en profiter. Vous me voyez avec mon sac, je suis venue au marché aujourd’hui uniquement pour acheter de la tomate en gros. Je vais en prendre une importante quantité que je vais conserver dans mon frigo. Sinon, si je serai obligé d’acheter au détail quotidiennement. Et ce n’est pas commode du tout, car ça devient plus cher que l’achat au prix en gros».
«Et puis, faire un stock, c’est se prémunir des fluctuations de ce genre de denrées sur le marché. Parce que c’est un produit de saison qui, du jour au lendemain, peut se renchérir et redevenir cher. Mais là, vraiment on est gâté et on y trouve notre compte», dit-elle, en précisant que le marché Gueule-Tapée est son point de ravitaillement.
Mère de famille, Adji Gaye renseigne qu’elle raffole de la tomate fraîche et qu’elle est plutôt bien servie en ce moment. «Pour préparer un bon ‘Ceebu jën bu weex’ (riz au poisson à la sauce blanche), il me faut de la tomate bien fraîche. Et c’est pourquoi si ce produit devient cher, je suis contrainte de me tourner vers les bouillons. Or, à ce que je sache, ces bouillons ce n’est pas bon pour la santé. Raison de plus pour que j’opte pour les produits frais et naturels», informe la dame.
«D’ailleurs, j’ai acheté à l’instant 5 kilos de tomate pour les mettre en réserve. Mais j’avoue qu’avec cette baisse, nous autres femmes et mères de famille, on ne peut que se réjouir. Surtout moi, parce que j’adore la tomate fraîche. C’est un élément essentiel dans ma cuisine», confesse encore Mme Gaye.