Les chefs d'État de cinq pays du Sahel se réunissent dimanche à Bamako en présence du président français Emmanuel Macron pour concrétiser leur projet de force régionale contre les groupes jihadistes.
Le dirigeant français est arrivé dans la nuit, rejoignant son homologue malien Ibrahim Boubacar Keïta, président en exercice du G5 Sahel, qui avait accueilli samedi ses pairs Idriss Déby Itno (Tchad) Mohamed Ould Abdelaziz (Mauritanie), Roch Marc Christian Kaboré (Burkina Faso) et Mahamadou Issoufou (Niger).
Objectif: lutter ensemble contre les attaques jihadistes qui visent le Mali et gagnent les États voisins, en pouvant poursuivre leurs auteurs au-delà des frontières, avec un démarrage sur le terrain avant la fin de l'année.
Dans un nouveau geste de défi aux dirigeants de la région, la principale alliance jihadiste du Sahel, liée à Al-Qaïda, a diffusé samedi, à la veille du sommet du G5, une vidéo montrant six étrangers enlevés au Mali et au Burkina Faso entre 2011 et 2017: une Française, une Colombienne, un Sud-Africain, un Roumain, une Suissesse et un Australien.
M. Macron a été reçu dans la matinée par M. Keïta, juste avant l'ouverture du sommet, prévue à 09H30 GMT.
Le sommet vise à définir concrètement les modalités de cette force, et le président français devrait annoncer un soutien surtout en équipements, selon l’Élysée.
Déployée dans un premier temps aux confins du Mali, du Burkina Faso et du Niger, la force du G5 s'ajoutera à l'opération française Barkhane qui traque les jihadistes dans le Sahel et à la Mission de l'ONU au Mali (Minusma).
L'idée d'une force régionale, soutenue par Paris, avait été relancée le 6 février lors d'un sommet à Bamako. Elle doit démarrer avec environ 5.000 hommes fournis par les cinq pays, qui ambitionnent de doubler cet effectif à terme.
"Le poste de commandement de cette force sera basé au centre du Mali, à Sévaré", a indiqué le général Didier Dacko, chef d'état-major de l'armée malienne avant d'être nommé en juin à la tête de la force du G5.
Premiers financements européens
L'Union européenne a promis 50 millions d'euros, mais une telle force requiert au moins 400 millions d'euros, selon les experts. Le budget prévu avoisinerait les 500 millions d'euros, a indiqué à l'AFP une source au sein de la délégation mauritanienne.
La France, elle-même en pleine recherche d'économies pour cause de déficit budgétaire aggravé, espère le soutien d'autres pays de l'Union européenne, en faisant valoir que son engagement militaire au Sahel protège l'Europe toute entière.
Elle compte notamment sur l'Allemagne, les Pays-Bas et la Belgique, et espère aussi un "soutien concret" des États-Unis, présents militairement avec notamment des drones basés au Niger, a indiqué l’Élysée.
Le 21 juin, le Conseil de sécurité de l'ONU a adopté une résolution qui "salue" le déploiement de cette force mais sans lui délivrer ni mandat ni fonds.
Avec M. Macron, le G5 Sahel devrait donc lancer un appel aux contributions internationales.
La question financière est d'autant plus sensible que le président tchadien, dont le pays est déjà engagé dans la Minusma et dans la force multinationale contre le groupe islamiste nigérian Boko Haram, a menacé de se retirer de ce projet pour des raisons budgétaires.
Pour compléter le volet militaire, les acteurs de la Justice des 5 se réunissaient cette semaine à Bamako pour concrétiser un accord de coopération conclu en mai entre le Niger, le Tchad et le Mali.
Le Mali est sous état d'urgence quasiment sans interruption depuis l'attentat jihadiste contre l'hôtel Radisson Blu de Bamako le 20 novembre 2015, qui a fait 20 morts, outre ses deux auteurs.
Le 18 juin dernier, un lieu de villégiature proche de Bamako, fondé par un Français, a été attaqué, faisant cinq morts, en plus de quatre assaillants tués.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Ils ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale lancée en 2013 à l'initiative de la France.
Mais des zones entières échappent au contrôle des forces maliennes, françaises et de l'ONU, régulièrement visées par des attaques, malgré la signature en mai-juin 2015 d'un accord de paix censé isoler définitivement les jihadistes. Depuis 2015, ces attaques se sont étendues au centre et au sud et le phénomène gagne les pays voisins.
Diakhao, 2 juil (APS) – De 2013 à maintenant, 9.869 enfants vivant dans le département de Fatick (centre) ont bénéficié des bourses de sécurité familiale octroyées par l’Etat, a-t-on appris de la ministre déléguée générale à la Protection sociale et à la Solidarité nationale, Anta Sarr Diacko.
"Actuellement, nous en sommes à 9.869 bénéficiaires dans le département de Fatick", a-t-elle dit à des journalistes en marge d’un forum économique organisé samedi à Diakhao.
Les financements perçus par les bénéficiaires des bourses de sécurité familiale, de 2013 à maintenant, dans le département de Fatick, s’élèvent à un milliard 609 millions de francs CFA, selon Mme Diacko.
Elle affirme que les critères d’accès à ces bourses sociales reposent essentiellement sur un indice de pauvreté calculé par l’Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD).
"A partir des données fournies par l’ANSD, nous parcourons les zones de pauvreté pour attribuer les bourses. C’est dans les zones les plus pauvres du pays que nous retrouvons les plus grands nombres de bénéficiaires de bourses de sécurité familiale", a poursuivi Mme Diacko.
Selon elle, les régions de Kaolack et de Kolda font partie des mieux servies par la Délégation générale à la Protection sociale et à la solidarité nationale.
«VENDEZ VOS CHÈVRES CAR C'EST HUMILIANT DE PERDRE!»
Comme à la prunelle de ses yeux, le président de la République tient aux Législatives du 30 juillet prochain. Gage supposé d’un espoir de sa réélection dans deux ans, à la Présidentielle de 2019.
C’est pourquoi, recevant vendredi au “Grand-Théâtre” de Dakar, les investis de la Coalition présidentielle pour une photo de famille, en vue de mettre en place des supports de communication autour du Premier ministre, tête de liste nationale de “Benno bokk yakaar” (Bby), il n’a cessé de le faire savoir à qui veut l’entendre.
La preuve, dans les colonnes de Les Echos, Macky a harangué les investis de “BBY”, en ces termes : «vous avez un bilan, un Président et vous avez les Institutions…”, a-t-il fait savoir à tout le monde. Ce qui, dit-il, rapportent nos confrères du Front de Terre, “vous devez gagner et l’objectif fixé au Pm est de 62%».
Et pour cela, Macky Sall n’est pas parti loin. Comme parlant à (ses) enfants, le Président de la République a tenu cet autre discours à quelques jours des Législatives. «Sortez ce que vous avez gardé. Vendez vos chèvres et tout ce que vous avez, parce que c’est humiliant de perdre», a-t-il ordonné.
Et comme si cela ne suffisait pas, le patron de “BBY” en a rajouté cette couche : «d’ici au30 juillet, il n’y a plus à dormir. Il n’y a pas de jour qui tienne».
Avec ce discours ô combien politicien, le Président de la République ne s’imagine pas, alors pas du tout, une éventuelle “défaite” ou un score au-delà de moins de 62%.
La campagne électorale pour les élections législatives du 30 juillet 2017 s'ouvre au Senegal le Dimanche 09 juillet à 0 heure. La nouveauté dans cette campagne constitue sans aucun doute la détention provisoire de Khalifa Sall inculpé dans le cadre de l'affaire de la caisse d'avance de la mairie de Dakar.
Jouissant de ses droits civile politiques ; il est inscrit sur les listes électorales, par conséquent électeur et eligible et de surcroît investi sur la liste de la coalition Manko Taxawu Senegal dont il est la tête de liste. Dans l'histoire politique de notre pays, ce cas ne s'est jamais présenté ; à ce titre il devient un cas d'école dont il serait très intéressant de faire l'étude sous le rapport de : Comment un candidat prévenu et incarcéré peut-il mener une campagne électorale depuis sa cellule ?
Dans le cas qui nous concerne, Khalifa Sall nonobstant son statut de Maire de la ville de Dakar n'en est pas moins du point de vue des dispositions du code pénal un détenu de droit commun et de ce fait est soumis pour toutes les actions qu'il aura à effectuer soumis à l'autorisation préalable du Juge d'instruction en charge de son dossier. Ainsi, afin de lui permettre de signer les documents et actes dans le cadre de sa fonction et pour éviter le blocage de l'institution municipale, il aura fallu de la part de ses avocats demander l'autorisation du juge pour que les parapheurs lui parviennent dans sa cellule pour signature.
De la même manière, en l'absence d'une liberté provisoire que seul le juge est habilité à donner sauf opposition du parquet, Khalifa Sall ne pourra participer à aucun meeting, ni faire de déclaration ou d'enregistrement de temps d'antenne dans le cadre de la campagne électorale. La même situation a été vécu au Niger avec le cas Hama amadou candidat à l'élection présidentielle, inculpé et détenu pour complicité dans le cadre de l'affaire de trafics d'enfants, de faux et usage de faux en écriture publique et association de malfaiteurs.
Sa qualité de candidat à la présidentielle n'a pas permis de modifier ses conditions de détention car étant presque à l'époque dans un cas de semi isolement ne bénéficiant que de l'autorisation de recevoir soixante visiteurs entre le samedi et le dimanche, le reste de la semaine étant réservé à sa seule famille. Dans ses conditions, il n'a pas pu battre campagne et l'accès aux médias ainsi que la tenue de meeting lui ont été refusée.
Comme on le voit donc, il y a une analogie entre les cas Hama Amadou et Khalifa Sall. Si ce dernier en tant que tête de Liste de la coalition Manko Taxawu Sénégal doit faire des déclarations enregistrées à partir de Rebeuss, il faudra nécessairement, de la part de ses avocats, introduire une demande auprès du juge d'instruction qui seul est habilité à apprécier et à donner autorisation.
Par Ababacar Fall, expert électoral
«COMMENT LA FRANCE PILLE LE CAMEROUN ET L'AFRIQUE»
La députée française Eva Joly dénonce et s’indigne
Nous ne résistons pas à l'envie de publier pour nos lecteurs ces extraits du dernier livre de la députée française Eva Joly, détaillant les «crimes» de la France en Afrique en général et au Cameroun en particulier; elle parle notamment du massacre des Bamilékés par son pays.
Je n`avais rien compris à ce que l`écrivain Slimane Zeghidour appelle «le secret de famille de la République».
«Lorsque j’ai pris en charge l’instruction de l'affaire Elf, j’avais en face de moi les puissants du pétrole français, je n'aimais pas leur arrogance, la façon qu’ils avaient de se servir dans les caisses, mais lorsqu’ils invoquaient les intérêts supérieurs du pays, j’étais prête à les croire. Je sortais de plusieurs années en détachement au ministère des Finances, entourée de hauts fonctionnaires intègres, d’une compétence absolue.
J'avais confiance dans les institutions de mon pays d'adoption. Je n'imaginais pas que la finalité des dirigeants des sociétés nationales du pétrole fut autre chose que le bien commun. Je traquais les dérives et non le système lui-même.
Pourtant au fil de mon enquête, j’ai découvert un monde souterrain. Magistrate, limitée par le cadre de ma saisine et des compétences nationales, je devais m’arrêter sur le seuil de certaines portes, qui menaient vers l’étranger.
Je découvrais des chemins qu'il aurait été passionnant de remonter, des connexions qui m'ahurissaient. Avec des chiffres, des comptes, nous avions sous nos yeux le déchiffrage d'un vaste réseau de corruption institutionnalisé, dont les fils étaient reliés en direct à l'Elysée.
Ce n'était pas mon rôle d'en tirer les conclusions politiques, mais j'en ai gardé l'empreinte. Nous avions dessiné alors un vaste schéma, que j'ai toujours avec moi. Il fait huit mètres une fois déplié.
Il serpente depuis le bureau d’un directeur des hydrocarbures d’Elf, jusqu’à des comptes obscurs alimentés par le Gabon, aux mains d'Omar Bongo : quarante ans de pouvoir et une difficulté récurrente à distinguer sa tirelire et sa famille d'une part, le budget de l'Etat et le Gouvernement d’autre part.
J'emporte souvent ce schéma avec moi, au fil des rendez-vous. Je l’étale sur les tables, un peu comme un capitaine au combat sort ses vieilles cartes.
Les positions ont sans doute varié, les techniques de camouflage se sont sophistiquées, mais le système est là : les tyrans sont des amis que la France a placés au pouvoir et dont elle protège la fortune et l’influence par de vastes réseaux de corruption; en échange ils veillent sur les intérêts et les ressources des entreprises françaises venues creuser le sol. Tout ce beau monde a intérêt à ce que rien, jamais, ne stimule ni les institutions ni l’économie des pays.
Et si je m’arrête un instant au Gabon, qu’est-ce que j'y vois? Un pays riche qui exporte plus de treize milliards de dollars de pétrole brut par an et affiche un PIB par habitant largement au-dessus de la moyenne africaine (6 397 $)? Ou un pays pauvre où l'espérance de vie est estimée à 55 ans pour les femmes et 53 pour les hommes, ce qui leur laisse un an de moins que les Malgaches nés sur un sol sans pétrole? Le taux de mortalité infantile est au Gabon particulièrement élevé, le taux de vaccination contre la rougeole est de 40% contre une moyenne de 79% dans les pays en développement.
Voilà où en est le Gabon, chasse gardée de la France, fournisseur des trésors du pétrole et de l'uranium, fief de Total-Elf, la première capitalisation boursière française.
Si les habitants de Libreville n'ont pas bénéficié de la richesse de leur pays, c’est parce que la France s’est accaparée ses ressources minières, avec la complicité d’un Président, enrôlé dès son service militaire par l'armée française et ses services secrets, placé à la tête du pays à 32 ans par Paris, il était alors le plus jeune chef d'Etat du monde. La France contrôle son armée, ses élections et protège sa fortune.
En retour, Omar Bongo fait table ouverte plusieurs fois par an, Avenue Foch ou l'Hôtel Crillon, où il reçoit les hommes politiques, des publicitaires et les journalistes français qui comptent. Chacun se presse à ces audiences.
Dans les années 1990, un homme politique français de premier plan, alors en fonction, bénéficiait en parallèle d'un contrat de «consultant» signé par Omar Bongo et largement rémunéré. De Roland Dumas, le Président gabonais dit qu'il est un «ami intime». Prévoyant, il apprécie aussi Nicolas Sarkozy, venu «prendre conseil» en tant que candidat à l’élection présidentielle.
Lorsqu’au cours de l'instruction, nous avons perquisitionné au siège de la FIBA, la banque franco-gabonaise, nous avons consulté le listing des clients qui paraissait tenu à la plume sergent-major. C’était une sorte de Who’s Who de la France en Afrique, qui en disait long sur l’envers de la République et des médias.
La France fait semblant d'aider des pays qui sont riches en matières premières
A ceux qui croient encore à l'aide désintéressée de la France en Afrique, il suffit de consulter les chiffres du PNUD (Programme des Nations Unies pour le Développement). La corrélation est régulière entre le montant de l'aide française et la richesse en matières premières.
En clair, celui qui n’a rien dans son sous-sol ne doit pas attendre grand-chose de Paris. Il n’est pas étonnant de retrouver le Gabon comme l'un des premiers bénéficiaires de l’aide publique française au développement. Le résultat est affligeant en termes de système de santé et d`éducation. L’argent s’est perdu en route. Il est justement fait pour cela.
Il ne s’agit pas d'une dérive mais d’une organisation cohérente et raisonnée. Dans chaque audition durant notre instruction, nous entendions parler de pressions physiques, d’espionnage permanent et de barbouzes.
Les perquisitions dans la tour Elf à la Défense livraient une moisson de documents révélant la confusion des genres, nous les transmettions au Parquet de Nanterre, qui se gardait bien d'ouvrir des enquêtes. Car Elf hier, Total aujourd’hui, est un Etat dans l'Etat, conçu par Pierre Guillaumat, un ancien Ministre de la Défense, patron des services secrets et responsable du programme nucléaire français afin de servir les intérêts géopolitiques de Paris.
La Norvège a utilisé son pétrole pour construire et assurer le paiement des retraites futures. La France se sert d'Elf Total pour affirmer sa puissance.
La compagnie intervient dans le Golfe de Guinée, au Nigeria, au Congo-Brazzaville, en Angola… Tous ces pays ont connu la guerre civile et la dictature, derrière laquelle la main française s'est fait sentir. Le chaos, lorsqu’il se produit, ne trouble pas le système. Il n’est qu’à voir l’Angola en guerre pendant des dizaines d`années, mais dont aucune goutte de pétrole, jamais, n’a raté sa destination.
Pendant la guerre, les affaires continuaient…les banques françaises, Bnp-Paribas en tête, ont même profité de l’occasion pour élaborer des montages financiers destinés aux pays en guerre, à des taux affolants, tout en sachant qu'elles ne prenaient pas le moindre risque. L'argent, là aussi, n’a pas été perdu pour tout le monde. C'est un miroir dans lequel il ne faut pas trop souvent regarder les élites françaises.
Depuis que j'ai ouvert le dossier Elf dans mon bureau de la galerie financière, j'ai voyagé physiquement et intellectuellement bien loin de la Seine et de ses quais gris et bleus…j'ai appris en marchant. A l'arrivée, le tableau est effrayant.
L'Afrique a refait de moi une Norvégienne, fière de l'être. Mon pays est riche, mais, il se souvient avoir été pauvre, un peuple d'émigrants regardant vers le nouveau monde américain.
Son esprit de conquête, ses allures vikings sont des traces d’un passé très lointain, vinrent ensuite les tutelles danoise puis suédoise, dont il fallut se libérer. Il envoya vers l’Afrique des missionnaires protestants, personnages austères au visage buriné, taillé par la parole chrétienne et l’œuvre humanitaire, plutôt que des nouveaux colons, comme on les croise encore dans les quartiers d`expatriés blancs.
Pendant que la France fondait Elf, la Norvège mettait en place l’exploitation des ressources de la mer du Nord, accumulant un fonds de réserve, aussitôt placé pour les générations futures et soigneusement contrôlé. Ce petit pays des terres gelées est devenu la première nation donatrice en dollars par habitant.
Bien sûr, les pétroliers norvégiens ne sont pas des enfants de chœur. De récentes enquêtes ont montré que certains d’entre eux ont versé des commissions et que la tentation d’abuser de leur pouvoir est permanente. Mais la Norvège n’a pas à rougir de ce qu’elle a fait de son pétrole. Ce que j’ai vu, les rapports internationaux qui l’attestent, est une œuvre d`espoir.
La République française, à la même époque, a mis en place en Afrique un système loin de ses valeurs et de l`image qu'elle aime renvoyer au monde. Comment des institutions solides et démocratiques, des esprits brillants et éclairés, ont-ils pu tisser des réseaux violant systématiquement la loi, la justice et la démocratie? Pourquoi des journalistes réputés, de tout bord, ont-ils toléré ce qu'ils ont vu? Pourquoi des partis politiques et des ONG, par ailleurs prompts à s'enflammer, n'ont-ils rien voulu voir?
Je ne condamne pas. J’ai partagé cet aveuglement. J'étais comme eux, avant de glisser l'œil dans le trou de la serrure et de prendre la mesure de ce secret de famille: la France reste un empire et ne se remet pas de sa puissance perdue. L'indépendance politique a été largement une mascarade en Afrique de l'Ouest.
L’Occident a fermé les yeux, car la France se prévalait d'être le «gendarme» qui défendait la moitié du continent contre le communisme. Les Français ont laissé faire, car astucieusement, De Gaulle et ses successeurs ont présenté leur action comme un rempart contre l’hydre américaine. Elf était l’une des pièces maîtresses de cette partie géopolitique.
Le double jeu a été facilité par la certitude, ancrée dans les mentalités, que «là-bas, c’est différent». Là-bas, c’est normal la corruption, le népotisme, la guerre, la violence. Là-bas, c`est normal la présence de l’armée française, les proconsuls à l`ambassade ou à l’état-major, les camps militaires. Là-bas, c'est normal l'instruction des gardes présidentielles. Là-bas, c'est normal la captation des richesses naturelles.
D'ailleurs, «tout le monde fait pareil». Jeune ou vieux, de gauche ou de droite, nul Français ne songe à s’offusquer de voir nos soldats mener, presque chaque année, une opération militaire en Afrique, au Tchad, en Côte d'Ivoire, au Rwanda, quand tous se gaussent de cette Amérique venue faire la police en Irak, en maquillant d’un fard démocratique les intérêts géopolitiques et pétroliers de Washington. Il y a pourtant bien des symétries.
J’ai vu récemment un documentaire sur la guerre du Biafra, quatre ou cinq demi-heures de témoignage brut des principaux acteurs, sans commentaires. Je suis restée sans voix. A ceux qui sont nés après 1970, le Biafra ne dit rien. Dans cette région du Nigeria, riche en pétrole, une ethnie, chrétienne et animiste armée par la France, réclama l`indépendance. S’ensuivit une guerre meurtrière de trois ans, révolte financée depuis l'Elysée via des sociétés suisses.
La télévision française aimait alors montrer les enfants affamés que les militaires français ramenaient par avion pour les soigner, jamais elle ne laissait voir la cargaison de l’aller, remplie d'armes. A l’image maintenant, les anciens collaborateurs de Jacques Foccart, repus dans leurs fauteuils Louis XV, détaillent sans émotion ces montages illégaux. Les officiers, lieutenants d’alors, généraux d’aujourd'hui, racontent ce bon tour le sourire aux lèvres. Fin du documentaire. Pas un mot, pas une ligne dans les livres d’histoire.
Des drames comme celui-ci, l'Afrique en contient des dizaines, soigneusement passés sous silence. Les massacres des Bamiléké au Cameroun par la France du Général De Gaulle, le génocide des Tutsi commis par un régime soutenu par François Mitterrand, les assassinats d'opposants, les manipulations d'élections. Le passif de la France sur le continent africain n’a rien à envier à l'impérialisme américain en Amérique latine ou au Moyen-Orient.
Il est à la mode parmi les intellectuels français de se plaindre du mouvement de repentance qui s'est répandu depuis quelques années. Les bienfaits de la colonisation, à inscrire dans les manuels scolaires, ont même fait l'objet d`une proposition de loi, largement soutenue par les députés.
Bien sûr, l’histoire de la France en Afrique ou en Asie du sud-est a compté aussi des aventuriers sincères, exportateurs, instituteurs ou pionniers, qui ont fait corps avec les pays qu'ils ont découverts. A Madagascar, les Vazas, ces pieds noirs malgaches, ne cessent de louer devant moi l'état des routes et des infrastructures françaises au moment de l'indépendance.
Mais les peuples sont comme les familles. On ne peut pas faire le tri de la mémoire. Il est des secrets soigneusement cachés dont l’onde portée va bien au-delà d'une ou de deux générations. Les enfants héritent de tout: du malheur comme du bonheur, de la richesse comme des dettes.
La République française paie aujourd'hui la facture de son passé. Il suffit de dérouler la liste des appellations officielles des Maghrébins nés dans un département français avant 1962 ou sur le sol hexagonal depuis les années 1970. Par la loi, ils furent et sont des Français comme les autres.
Les gouvernements successifs n'ont pourtant cessé d’inventer des périphrases : «indigène musulman», «sujet africain non naturalisé», «JFOM» (Jeune français originaire du Maghreb), «jeune issu de l'immigration», «fils de harkis», «jeune des quartiers», «Arabo-musulman», «Français d'origine arabe», «Français musulman»…
La France vit encore comme si en Afrique, elle était chez elle, et comme si, ses enfants d'ascendance africaine n'étaient pas Français. Le développement de la Françafrique, notre tolérance vis-à-vis des réseaux, tout ramène à ce secret colonial, cet empire qui hante les esprits comme un fantôme. Oui, Total, la première entreprise française, est riche et prospère.
Mais la manière dont la firme s’est bâtie fait partie de l'héritage. Qui osera un jour rendre au Nigeria, au Cameroun, au Gabon, au Congo-Brazzaville ce que la France leur doit ? Qui contestera les contrats conclus par Areva pour l'uranium du Niger ou ceux des mines d’or de Sadiola au Mali, deux pays parmi les plus pauvres du globe, qui ne touchent qu’une part dérisoire des richesses prélevées dans leur sol? La République a contracté une dette qu’il lui faudra bien honorer.
Notre prospérité est nourrie de richesses que nous détournons. A certains de ces sans-papiers qui risquent leur vie pour gagner l’Europe, il pourrait-être versé une rente au lieu d’un avis d'expulsion. Je rêve pour ce pays que j`aime, d’un réveil collectif.
Une France digne de son idéal et de son héritage de 1789 est incompatible avec la Françafrique: ce qu’une génération a fait, une autre peut le défaire. C’est possible.
Extrait de :
La force qui nous manque
Eva Joly. Editions des Arènes (Paris) 190 pages.
Les intertitres sont de la rédaction.
COLLUSION AVEC L'ENNEMI
Des responsables de Bennoo à Médina accusent Seydou Guèye
Les responsables de l’APR Médina, notamment Sidy Same, Adama Fall, Oumy Bodian et bien d’autres responsables politiques, ont tous déploré la démarche unilatérale de Seydou Guèye qui «a tenu des réunions de BBY sans y associer ces derniers». Idem pour ce qui concerne bien des partis membres de BBY qui ont toujours déploré la léthargie au niveau de la Médina depuis le référendum de mars 2016. «Il n’existe aucune instance d’animation et de mobilisation de Benno à la Médina», a révélé Sidy Same, responsable APR-Médina.
D’autres responsables interrogés se demandent même si Seydou Guèye ne fait pas le jeu du maire de la Médina. Ce dernier, signale Sidy Same, a publiquement fait l’éloge de Seydou Guèye devant le président Macky en avril 2016 à la Médina. En effet, Sidy Same et Cie lui reprochent d’entretenir une proximité douteuse avec le Maire Bamba Fall tout en déconstruisant la base réelle de l’APR Médina et même de BBY.
Pour illustrer leurs propos, ces responsables et militants à la base trouvent intrigante la distribution par M. Seydou Guèye de 500 bons de 25000 FCFA, soit une valeur de 12 500 000 FCFA à «AUCHAN», que le maire Bamba Fall brandit fièrement comme une de ses réalisations phares.
Les responsables tels que Sidy Same en appellent au retour à la raison de M. Guèye qui «doit faire passer l’intérêt général avant ses calculs politiciens sans issue heureuse». «Il doit apprendre de ses erreurs des locales de 2014 et capitaliser sur la victoire du OUI lors du référendum de mars 2016», conseillent-ils. Avant d’avertir : «L’assemblée générale d’installation du comité électoral, programmée par Seydou Guèye le 1er juillet prochain, risque d’être très houleuse».
LE RECTEUR A-T-IL VOULU ÉLOIGNER SONKO DE L'ESPACE UNIVERSITAIRE ?
Délocalisation du séminaire sur les hydrocarbures du CESTI
Ousmane Sonko, encore Ousmane Sonko, toujours Ousmane Sonko contre le pouvoir en place. Le leader du Pastef est estampillé : «élément dangereux» pour le pouvoir en place. C’est ce que semble démontrer le recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar.
Et pour cause, le séminaire CESTI-OXFAM qui était prévu ce samedi à la Case-Foyer du Centre d’Études des Sciences et Techniques de l’Information, a été délocalisé au Centre de Bopp.
Le professeur Ibrahima Thioub, recteur et président de l’UCAD, dans une lettre confidentielle a adressée vendredi à la nouvelle directrice du CESTI tard dans la soirée, interdit la tenue de la rencontre sur les hydrocarbures et les finances publiques, avec invité du jour, le tonitruant inspecteur des Impôts et Domaines, radié de la fonction publique par le pouvoir en place.
Sur les motifs de l’interdiction, des informations soutiennent que «c’est la présence de Sonko dans l’espace universitaire qui dérange».
Force est de constater que cette interdiction est un précédent très dangereux, parce que ces actes de cette nature, n’honore guerre le temple du savoir qu’est l’Université Cheikh Anta Diop. Un lieu d’échange, ô combien stratégique pour le monde du savoir, doit être épargné de tout combat politique.
Avec Igfm
ATTEINTE À LA DÉMOCRATIE
Le ministère des Postes et Télécommunications légalise la censure d’internet et menaces nos libertés
Le projet de code des communications électroniques révisé de mai 2017 du ministère des Postes et Télécommunications du Sénégal, aux frais du contribuable sénégalais, se servant des citoyens comme alibi dans une pseudo-consultation, en plus de contenir beaucoup d’articles problématiques, imprécis, flous, et des manquements délibérés comporte des dispositions qui portent atteinte directement aux droits fondamentaux des Sénégalais.
En effet, après avoir consacré un accès ouvert à internet en son article 26; l'article 28 du même code insère des exceptions à la neutralité du net sous le couvert de mesures raisonnables de gestion du trafic. Ces dernières peuvent être mises en œuvre par les opérateurs sur la base de considérations techniques et sécuritaires ou l’autorité de régulation (ARTP) peut en donner l’autorisation pour motif économique.
Cela aboutira à des situations où des contenus, des services ou, plus généralement, des communications peuvent être surveillés, filtrés, ralentis, ou bloqués par les opérateurs, c’est la censure d’internet. A l’inverse, ils peuvent aussi les favoriser, mettre en avant, ou imposer, c’est la discrimination, en somme un internet à deux vitesses, un pour les riches et un autre pour les pauvres dans un pays ou la fracture numérique est déjà béante. Autrement dit l’ARTP et les opérateurs décideront désormais de ce que les Sénégalais doivent voir et faire sur internet.
En outre, il y a le risque certain de comportement anticoncurrentiel dans la gestion du trafic de la part d’opérateurs ayant une position dominante sur au moins un des segments de la chaine de valeur du marché de l’accès à internet.
Dorénavant, la liberté d'expression, le libre accès à l'information, la liberté de choix des utilisateurs et le pluralisme des médias ainsi que la compétitivité et l'innovation sont menacés au Sénégal.
ASUTIC estime que dans le contexte du Sénégal, aucun argument technique ou économique fondé ne peut être avancé pour justifier les mesures raisonnables de gestion du trafic, excepté l’application d’une décision de justice.
Certes, la neutralité du net a bien sûr ses limites, elle implique le respect des lois en matière de mœurs, et les mêmes restrictions légales que les autres médias, mais à l’analyse, on constate que le Ministère n’aborde la question de l’accès ouvert à internet que sous l’angle des pertes de chiffre d’affaire sur le trafic voix par les opérateurs.
La préservation d’une situation de rente, du profit à court terme pour les opérateurs a ainsi conduit le Ministère à élaborer un projet de code comportant des dispositions potentiellement attentatoires aux libertés d’information, d’expression des sénégalais et à la concurrence. Ainsi, le ministère des postes et télécommunications du Sénégal se soumet aux intérêts des opérateurs et ignore ceux des citoyens sénégalais qu'il est censé représenter et protéger, servant ainsi de courroie de transmission au lobbying permanent de l’opérateur historique dont il espère qu'il servira le Gouvernement du Sénégal en retour.
Légaliser et entamer un processus de surveillance, de filtrage, de censure c’est mettre le doigt dans un engrenage dangereux. Aujourd’hui, c’est le blocage des OTT (Viber, Whatsup, etc), le filtrage de contenus jugés gênants, demain, ce sera les œuvres protégées par le droit d’auteur. Après demain, ce sera une surveillance des correspondances privées des citoyens, des opposants politiques, des journalistes ou encore des lanceurs d’alertes. Une fois que les outils de surveillance sont installés sur les réseaux, il peut être tentant d’étendre leur usage. Cela peut facilement mener jusqu’aux types de surveillance de masse. Les citoyens perdent ainsi la souveraineté sur leurs vies numériques.
Aussi, au-delà des questions techniques, économiques et juridiques, cette loi soulève un véritable enjeu de société. La vie des sénégalais se passe de jour en jour dans les réseaux téléphoniques et internet, qui donnent des moyens sans précédents de surveillance aux opérateurs, fournisseurs de services et à l’appareil d’Etat. Voulons-nous vivre sous surveillance permanente?
Allons-nous accepter que, petit à petit, l’ARTP et les opérateurs soient les seuls juges des contenus à publier ou à consulter sur internet, le juge judiciaire étant progressivement écarté de ses fonctions ? Ce serait une défaite de la séparation des pouvoirs et des droits des citoyens. Le premier acte légal de cette défaite vient d’être posé par le Ministère des postes et télécommunications du Sénégal.
Le développement du secteur des télécommunications est une nécessité, mais elle ne doit pas être recherchée à n'importe quel prix; elle ne doit porter atteinte ni aux libertés ni à la vie privée des sénégalais. Telle doit être la position du Gouvernement du Sénégal ! Par conséquent, en élaborant un tel article qui donne des pouvoirs de surveillance des sénégalais aux opérateurs et appauvrit leurs droits, le ministère des Postes et Télécommunications ne place pas au cœur de la politique numérique du Sénégal la question du respect des droits et libertés des citoyens sénégalais.
Parce que cette loi :
· Génère des pratiques anticoncurrentielles,
· N’est pas en conformité avec l’article 19 de la Déclaration universelle des droits humains,
· N’est pas en conformité avec l’article 9 de la Charte africaine des Droits de l’Homme et des Peuples,
· N’est pas conforme aux articles 3, 5, 7 de la loi d‘orientation sur la société de l’information,
· N’est pas conforme aux articles 8, 10, 11, 13 de la Constitution du Sénégal
L’Association Sénégalaise des Utilisateurs des TIC «ASUTIC»:
· Rejette l'article 28 dans sa formulation actuelle,
· Invite le Ministère à supprimer toutes les clauses, excepté celle relative à l’application d’une décision de justice afin que cet article consacre un véritable accès ouvert à internet, qui est à la fois :
1. Une garantie d’une économie numérique sénégalaise stimulant équitablement la compétition, l'innovation et la concurrence,
2. Une garantie pour la liberté d'expression et d'information, réduisant les risques de censure et de surveillance des citoyens sénégalais.
· Lance un appel pour un débat national sur les enjeux qui entourent la question de la neutralité du net afin que le citoyen puisse, décider souverainement de la société numérique sénégalaise d’aujourd’hui et de demain.
Fait à Dakar, le 30 Juin 2017
Le Président Ndiaga Guèye
Courriel: infos@asutic.org
Tél: 77 307 18 18 / 76 650 63 63
VIDÉO REPORTAGE DE FODÉ MANGA DE SENEPLUS
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EST-ELLE CRÉDIBLE, LA PRESSE AU SÉNÉGAL?
EXCLUSIF SENEPLUS - Des journalistes sénégalais se jugent
Dakar, 1er juil (APS) – Mamadou Diagna Ndiaye a été réélu président du Comité national olympique et sportif sénégalais (CNOSS) pour un mandat de quatre ans, lors d’une assemblée générale organisée samedi au stade Léopold-Sédar-Senghor de Dakar, a constaté l’APS.
Unique candidat à la présidence du CNOSS qu’il dirige depuis 2006, il a été réélu par acclamation, lors de cette rencontre qui s’est déroulée au salon d’honneur du stade.
Mamadou Diagna Ndiaye est également membre du Comité international olympique.
Le CNOSS regroupe des fédérations et groupements sportifs. Il est l’interface entre l’Etat du Sénégal et ces structures, entre autres missions.