Dakar, 27 mars (APS) – L’envoyée spéciale du chef de l’Etat, Aminata Touré a souligné la nécessité de trouver un consensus sur le statut du chef de l’opposition qui figure parmi les 15 points de la réforme constitutionnelle adoptés lors du référendum du 20 mars.
‘’La réforme est adoptée. Elle est excellente. Elle va approfondir notre démocratie. Il faut que tout le monde rejoigne la table de discussions, parce que ce sont des principes qui sont énoncés dans la Constitution’’, a-t-elle dit.
Selon les résultats publiés mercredi par la Commission nationale de recensement des votes (CNVR), 1.357.412 millions voix (62,70%) ont été comptabilisés pour le "oui" , contre 357.412 (37,29%) voix pour le "non".
Le principal point de cette réforme est la réduction de sept à cinq ans du prochain mandat du président de la République.
L’ancien premier ministre qui était l’invitée de l’émission ’’Grand jury de RFM’’ (privée), a cité d’autres points figurant sur cette réforme dont le Haut conseil des collectivités territoriales et le statut du chef de l’opposition.
‘’Il va falloir que l’opposition s’asseye avec la majorité pour qu’on trouve le consensus. Qui sera-t-il ? Est-ce que ce sera le président du groupe parlementaire ou l’ancien président des élections de 2012’’, a-t-elle dit à propos du statut du chef de l’opposition.
Aminata Touré également responsable de l’Alliance pour la République (APR, pouvoir) a fait part de ‘’la disponibilité et de la volonté’’ du président Macky Sall à discuter avec l’opposition.
Elle estime que ‘’ce serait dommage’’ si l’opposition refuse la main tendue du président Sall, ajoutant qu’’’on ne peut pas la forcer à venir à la table des négociations’’.
Pour autant, l’ancien premier ministre estime que ‘’dans une démocratie comme la nôtre, il faut dépasser les échéances électorales comme celles que nous avons vécues récemment’’.
‘’Le Sénégal est connu pour une démocratie dynamique. Parfois elle s’emballe. Mais, maintenant que tout le monde sait ce qu’il pèse, revenons à la table des négociations et ayons des discussions constructives’’, a encore appelé Aminata Touré.
‘’Vous ne pouvez pas passer votre temps à faire de la politique à l’infini’’, a-t-elle lancé à l’endroit des hommes politiques sénégalais, ajoutant qu’ils ne peuvent pas passer tout leur temps à faire ‘’des campagnes’’.
‘’Maintenant que la page est tournée, discutons maintenant de comment mettre en œuvre ces réformes (constitutionnelles) et avancer ‘’, a ajouté l’envoyée spéciale du chef de l’Etat.
‘’On a le temps de discuter et surtout de travailler parce qu’on ne peut pas passer l’essentiel de l’activité publique dans des discussions politiques voire politiciennes’’, a-t-elle fait valoir.
D’après Aminata Touré, ‘’il faut que les discussions se fassent que les lois soient votées et les décrets signés. Quand on se rapproche des législatives, les campagnes se mèneront’’.
L’ancien premier ministre a émis le souhait qu’il y ait ‘’beaucoup plus de discussions sur les questions économiques et sur les questions de société’’ pouvant intéresser les populations.
‘’Nos compatriotes sont un peu fatigués de ces batailles politiciennes. Ce n’est fondamentalement ce qui va nous faire avancer. Le référendum était un temps fort (…) Mettons en place les lois et les décrets et avançons’’, a-t-elle relevé.
LE MALI ÉVACUE DE LIBYE PRÈS DE 150 DE SES RESSORTISSANTS
Bamako, 27 mars 2016 (AFP) - Le Mali a évacué de Libye 146 de ses ressortissants, dont 17 femmes et 30 enfants, en raison de la détérioration de la sécurité dans ce pays, a constaté un journaliste de l'AFP.
Le vol spécial affrété par le gouvernement malien a atterri samedi soir à Bamako.
"Nous sommes en insécurité en Libye. Dès qu'on sort, on nous arrête, on nous insulte parce que nous sommes des Noirs. C'est trop dur. Vraiment nous sommes heureux de revenir au Mali", a déclaré à l'AFP Oumou, une rapatriée accompagnée de son fils de cinq ans.
Certains rapatriés ont affirmé à l'AFP avoir été emprisonnés en Libye. "Un jour, j'allais à la boutique à Tripoli, quand la police m'a arrêté, et j'ai été jeté en prison. J'ai été battu, maltraité. D'autres Maliens sont encore en prison", a ainsi témoigné Daouda Djénépo.
D'autres rapatriés, originaires du nord du Mali, ont également dit à l'AFP avoir été pris à tort "pour des terroristes". C'est le cas d'Ahmed, touareg de Tombouctou (nord du Mali): "Des miliciens ont demandé mes papiers (que) je n'avais pas. Ils ont dit que j'étais un terroriste de Daech (acronyme arabe du groupe jihadiste Etat islamique, ndlr). J'ai été frappé. D'autres Arabes et Touareg ont été aussi frappés".
Un Malien d'origine arabe a aussi dit à l'AFP avoir "été pris pour un terroriste à cause de (s)a couleur de peau. J'ai été arrêté et jeté en prison.
Quand j'ai appris que le Mali rapatriait ses enfants, j'ai demandé pardon et on m'a laissé partir".
Deux autorités se disputent le pouvoir depuis 2014 en Libye, l'une basée à Tripoli et proche de Fajr Libya, une coalition de milices notamment islamistes, et l'autre, dont le Parlement légitime, réfugiée dans l'est du pays.
La Libye est déchirée par des violences depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. L'Etat islamique a profité de cette instabilité pour s'y implanter puis accroître son influence.
LE NIGERIA VA INTERROGER AU CAMEROUN LA KAMIKAZE QUI DIT AVOIR ÉTÉ ENLEVÉE À CHIBOK
Cette délégation, composée entre autres de parents de filles enlevées à Chibok, doit se rendre dans la capitale camerounaise pour "vérifier si (elle) est une des lycéennes enlevées à Chibok," a déclaré Garba Shehu, le porte-parole du président nigérian Muhammadu Buhari, dans un communiqué diffusé samedi soir.
"Le haut-commissaire du Nigeria au Cameroun (...) a confirmé que les filles arrêtées pourraient être emmenées dans la capitale Yaoundé lundi" et que "la Haute Commission (du Nigeria) demandera la permission de les rencontrer," précisait-il dans ce communiqué.
"Dès que nous obtiendrons la permission (du Cameroun), nous mettrons (la délégation) dans le premier vol disponible," a-t-il redit dimanche à l'AFP.
La jeune femme en question a été arrêtée avec une autre aspirante kamikaze vendredi au Cameroun dans la région de l'Extrême-Nord, frontalière du Nigeria.
Elles portaient chacune une ceinture de 12 kg d'explosifs.
Le 14 avril 2014, 276 jeunes filles avaient été enlevées par Boko Haram alors qu'elles se préparaient à passer des examens scolaires, à Chibok, dans l'Etat de Borno, berceau du groupe islamiste.
Cinquante-sept d'entre elles ont réussi à s'échapper dans les heures et les jours qui ont suivi leur rapt. Ces événements avaient provoqué une vague d'indignation internationale. Mais, près de deux ans après leur enlèvement, on est toujours sans nouvelles des 219 autres captives, et l'enquête ne semble pas progresser.
"Si l'affirmation (de la jeune fille) s'avère vraie, cela ravive notre espoir que les filles sont vivantes," a déclaré à l'AFP Rotimi Olawale, porte-parole du mouvement "Bring back our girls", qui milite pour la libération des lycéennes.
"Mais cela donne également un sentiment d'urgence, car (cela voudrait dire que) Boko Haram pourrait utiliser ces filles comme kamikazes", a-t-il ajouté, s'exprimant depuis Abuja.
M. Shehu souligne cependant que "des doutes pèsent sur cette affirmation suite à de nouvelles informations" selon lesquelles les deux filles"n'auraient même pas 15 ans, peut-être environ dix ans", alors que la plus jeune fille enlevée à Chibok était selon lui âgée de 16 ans.
"Une des deux (filles arrêtées) est également soupçonnée d'avoir été fortement droguée et donc pas en pleine possession de ses moyens," a ajouté le porte-parole.
Boko Haram mène depuis six ans des assauts meurtriers, en vue d'établir un califat islamique dans le nord du Nigeria, majoritairement musulman. Le groupe, qui il y a un an a fait allégeance à l'Etat islamique (EI), recourt régulièrement à des attentats-suicides utilisant des femmes et des jeunes filles.
Environ 20.000 personnes auraient été tuées dans l'insurrection de Boko Haram dans l'État de Borno (nord-est du Nigeria), selon un rapport de la Banque mondiale qui chiffre à 5,9 milliards de dollars le coût des destructions.
Bamako, 27 mars 2016 - Deux Maliens ayant "activement participé" à l'attaque jihadiste qui a fait 19 morts à la station balnéaire ivoirienne de Grand-Bassam, dont le "bras droit" du cerveau de l'opération, ont été arrêtés dans le nord du Mali.
Ces arrestations, annoncées dimanche par des sources de sécurité maliennes, ont été saluées par la Côte d'Ivoire qui s'est félicitée de la "coopération internationale dans la lutte contre le terrorisme".
Le 13 mars, trois assaillants avaient remonté la plage de Grand-Bassam, proche d'Abidjan et très prisée des Ivoiriens et des étrangers, tirant au hasard et attaquant plusieurs restaurants. Ils avaient tué 19 personnes, dont quatre Français, et en avaient blessé une vingtaine d'autres.
L'attaque a revendiquée par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).
Quinze personnes ont déjà été arrêtées en lien avec l'attaque. Les enquêteurs ivoiriens bénéficient du soutien du pôle antiterroriste de Paris et d'une dizaine d'officiers de police judiciaire français. Les Etats-Unis et l'Allemagne participent également aux investigations.
Les deux suspects ont été arrêtés vendredi et samedi dans le nord du Mali et "des indices prouvent qu'(ils) ont activement participé à l'attaque de Grand-Bassam", a déclaré à l'AFP une source de sécurité dans la région. Cette information a été confirmée par plusieurs sources de sécurité.
Le premier suspect, identifié comme Ibrahim Ould Mohamed, a été arrêté dans la nuit de vendredi à samedi à Goundam, localité située à 80 km de Tombouctou (nord-ouest), ont rapporté des sources sécuritaires.
"Il est le chauffeur et bras droit du cerveau de l'attaque de Grand-Bassam, Kounta Dallah. Il a donné des informations intéressantes", a précisé un responsable de la gendarmerie de Tombouctou, sans plus de détails.
Kounta Dallah, toujours recherché, est soupçonné d'avoir organisé et fait exécuter l'attaque contre la station balnéaire, selon le procureur d'Abidjan qui n'a pas révélé sa nationalité.
- Les enquêtes continuent -
"Les enquêtes vont se poursuivre mais Ibrahim Ould Mohamed n'a pas caché qu'il est un proche de Kounta (Dallah). Il connaît beaucoup de choses", a indiqué une source proche du gouvernorat de Tombouctou. Il devait être transféré dimanche à Bamako.
Le deuxième homme, identifié comme Midy Ag Sodack Dicko, a été arrêté samedi vers 19H30 (locales et GMT) à Gossi et "a reconnu certains faits", a affirmé une source à la gendarmerie de Gossi, située à 185 km au sud de Gao, la plus grande ville du nord du pays.
Il a notamment "reconnu que des membres de l'opération contre Grand-Bassam ont séjourné chez lui à Abidjan. Il a dit qu'il ne savait pas qu'ils allaient commettre des crimes mais à notre avis, c'est une stratégie", a précisé cette source.
Midy Ag Sodack Dicko a fourni une aide logistique "et a donc pris part à l'opération pour l'attaque", a expliqué une autre source à la gendarmerie de Gossi. Il aurait quitté la Côte d'Ivoire peu après l'attentat par un vol régulier pour Bamako.
Le porte-parole du gouvernement ivoirien Bruno Koné s'est réjoui de ces arrestations permises par "la coopération internationale qui a été mise en place dans le cadre de la lutte contre le terrorisme". "De notre côté, les enquêtes continuent", a-t-il ajouté.
Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a revendiqué l'attaque de Grand-Bassam perpétrée selon le groupe en réponse à l'opération antijihadiste au Sahel menée par la France et ses alliés. La Côte d'Ivoire, qui participe à la force de l'ONU déployée au Mali (Minusma), a aussi été visée pour avoir livré quatre membres d'Aqmi aux autorités maliennes.
L'organisation jihadiste avait déjà revendiqué deux autres attaques contre des lieux fréquentés par des étrangers, un hôtel de luxe à Bamako (20 morts dont 14 étrangers le 20 novembre) et un hôtel ainsi que des restaurants à Ouagadougou (20 morts le 15 janvier).
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LES LIONS SOUVERAINS
Le Sénégal a dominé (2-0) le Niger en match comptant pour la troisième journée de la poule K des qualifications de la CAN 2017
Dakar, 26 mars(APS) - L’équipe nationale du Sénégal a dominé (2-0) le Niger en match comptant pour la troisième journée de la poule K des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des Nations (CAN) 2017, prévue au Gabon.
- Fiche technique :
- Score : 2-O pour le Sénégal
- Arbitres : Mohamed Ragab Omar, Assisté d’Attia Amsaad et de Basm Saef Elnaser (Libye)
Pour leur troisième sortie en éliminatoires de la CAN 2017 face au Mena du Niger, les Lions se sont signalés dés l’entame de la rencontre.
A trois reprises, Sadio Mané (6e mn), Moussa Konaté (11e mn), Mohamed Diamé sur le poteau (13emn) sont prés d’ouvrir le score. Mais, leurs tirs frôlent de peu le but nigérien.
A la 16e mn, sur une erreur du portier du Mena Alzouma Alhssane, Moussa Konaté et un de ses partenaires, Mohamed Diamé en profite pour ouvrir le score.
Avec l’ouverture du score, les Lions prennent l’ascendance de jeu. Ils multiplient les opportunités en attaque, mais ne double pas la mise.
Les protégés d’Aliou Cissé partent à la mi-temps avec un but d’avance. Au retour, le Niger revient avec de meilleures intentions. Sentant son équipe en baisse de forme, Aliou Cissé apporte des changements en faisant entrée Baye Oumar Niasse et Cheikh Ndoye à la place respectivement de Moussa Konaté et Mohamed Diamé.
Du coup, le jeu des Lions retrouvent de la fraîcheur. Baye Oumar Niasse est prêt de marquer le deuxième mais son tir est mal ajusté à la 65e mn. Il va se racheter à la 68e, sur un caviar de Sadio Mané, il marqué le deuxième but.
Pressé de découvrir le nouveau pensionnaire de la tanière, Diao Baldé Keïta, le public houspille. L’entraîneur des Lions va rester marbre à cette demande jusqu’à la 87e mn. A son entrée, Diao Baldé Keïta est ovationné. Il va se signaler dans les dernières minutes, mais sans marquer.
Avec les trois points de la victoire, les Lions consolident leur fauteuil de leader de la poule K. Le Sénégal a obtenu trois victoires en autant de sorties. Mardi, les Lions se déplacent à Niamey pour affronter le Mena pour la quatrième journée de la poule K.
(SenePlus.Com, Dakar) – Au micro de Dame Babou sur African Time, comme chaque semaine, Pape Ndao fait un tour d'horizon de l'actualité de la semaine dernière en wolof pour vous. Écoutez.
17 MORTS LORS D'UN CONFLIT ENTRE ÉLEVEURS ET AGRICULTEURS EN CÔTE D'IVOIRE
Abidjan, 25 mars 2016 (AFP) - Un conflit entre des éleveurs et des agriculteurs a fait 17 morts à Bouna, ville située dans le nord-est de la Côte d'Ivoire, a annoncé à la télévision publique vendredi le gouvernement, indiquant que le bilan pourrait s'alourdir.
"Dans la nuit du 23 au 24 mars, la situation a connu une aggravation particulière et il y a eu à ce stade 17 personnes décédées", a déclaré Vincent Toh Bi, le directeur de cabinet du ministre de la Défense.
Les affrontements violents entre les deux communautés sont récurrents dans le pays mais des bilans de cette ampleur sont rares.
"C'est un bilan provisoire. C'est une crise, il faudra attendre encore quelques heures ou quelques jours pour avoir le bilan définitif", a-t-il précisé.
Les affrontement ont également fait 39 blessées dont cinq membres des forces de sécurité, selon M. Toh Bi.
Les conflits opposent souvent les éleveurs peulh nomades à la recherche de pâturage pour leurs troupeaux aux agriculteurs qui dénoncent la destruction de leurs champs au passage des troupeaux.
"A Bouna ces deux derniers jours il y a eu des violences particulières dues peut-être à une situation qui couvait déjà", a expliqué M. Toh Bi.
Quelques 900 hommes des forces de défense et de sécurité ont été déployées dans la ville pour maintenir l'ordre.
LA JUSTICE POPULAIRE ET EXPÉDITIVE DES KOGLWÉOGO AU BURKINA
Kokologho (Burkina Faso), 26 mars 2016 - "On attend les voleurs", affirme François Kaboré, secrétaire local des Koglwéogo ("protection de l'environnement", en langue Mooré), des groupes d'autodéfense qui pullulent au Burkina Faso et qui rendent justice sans passer par les procédures légales.
Cette semaine, un groupe de Koglwéogo a bloqué la route nationale à 280 km à l'est de la capitale pour obtenir la libération de miliciens emprisonnés, ravivant le débat national sur ces groupes.
A Kokologho, ville moyenne à 40 kilomètres de Ouagadougou, la foule s'agglutine sur un terrain vague près d'une paillote qui sert de siège à l'association locale des Koglwéogo.
Les "widsés" (Éperviers, miliciens) arrivent enfin à moto. Cinq d'entre eux, la trentaine, habillés de tshirt de sport usés et recouverts de poussière, jettent au sol deux suspects: un mécanicien est accusé de vol, l'autre s'est interposé lors de "l'interpellation". Ils sont traînés jusqu'à la paillote puis attachés à un arbre, dos dénudés, prêts à être fouettés. Un des hommes porte déjà des lacérations sur le dos.
- coups -
Les deux hommes attendent résignés. Deux anciens se munissent de branches d'arbre. Coup de sifflet. Coups sur le dos. "Avoue que tu as aidé ton ami à voler l'essence!". Aucune réponse. Les coups pleuvent.
Cette fois, le détenu répond: "Il était drogué. C'est pour cela qu'il a boxé nos hommes", traduit M. Kaboré. Verdict: 10.000 francs CFA (15 euros)"pour l'essence qui a servi à le ramener ici et pour dédommager les personnes qu'il a blessées en les frappant".
Le suspect se laisse dépouiller de l'argent sous les regards de la foule excitée et dont les rires moqueurs alimentent la frénésie générale.
Au tour du second suspect. Des coups de fouet lui ont déjà été donnés plus tôt dans la journée. Un widsé lui verse de l'eau sur le dos pour raviver les blessures séchées par le soleil. Il écope finalement d'une amende de 30.000 FCFA (45 euros).
"Quand le propriétaire est venu nous voir, on a mené une enquête et on a trouvé le voleur. On a interrogé des gens depuis hier soir", explique M. Kaboré, fier de ce jugement sur la place publique qui "sert d'exemple aux autres habitants".
Les suspects sont libérés. L'un d'entre eux se met à genoux devant une rangée d'anciens qui le réprimandent sur un ton paternaliste: "Dis que tu ne recommenceras plus à voler! Travailler pour manger vaut mieux que d'aller voler". Le jeune homme est obligé de répéter.
L'association des Kolgwéogo de Kokologho compte aujourd'hui 1200 adhérents dont 500 widsés, selon M. Kaboré.
- 'pas légal' -
"Avant sa création il y a trois ans, il y avait environ 20 vols par mois. Aujourd'hui, un ou deux. On a essayé de travailler avec la gendarmerie mais quand on leur apporte les voleurs, ils ne restent pas en prison et les victimes ne sont pas dédommagées", explique M. Kaboré.
Les Koglwéogo se sont donnés pour mission de lutter contre le banditisme et se substituent aux forces de sécurités officielles. Certains y voient un remède à la faiblesse des forces de l'ordre et de la justice. Leurs partisans accusent policiers et gendarmes d'être "inefficaces" et de régulièrement libérer sans sanction les délinquants.
D'autres critiquent cette justice expéditive qui inflige des châtiments corporels et violent les droits de l'Homme. Selon des témoins, les miliciens frappent et dépouillent des personnes accusées d'avoir commis des vols.
En février, des Koglwéogo ont tabassé à mort un présumé voleur à une centaine de kilomètres de Ouagadougou et refusé catégoriquement que la police interpelle les responsables. Après une réunion interne cette semaine, les Koglwéogo auraient renoncé aux coups mais veulent désormais humilier en public les présumés voleurs.
Devant la relative popularité du mouvement, le pouvoir reste évasif, appelant les Koglwéogo à se "soumettre à l'Etat de droit". "On ne peut pas dissoudre ce qui n'est pas légal", a dit fin février le président Roch Marc Christian Kaboré, élu fin novembre après une année de transition démocratique marquée par une tentative de putsch, dans un pays visé pour la première fois par une attaque jihadiste meurtrière en janvier.
UNE JEUNE KAMIKAZE ARRÊTÉE AU CAMEROUN DIT FAIRE PARTIE DES LYCÉENNES ENLEVÉES À CHIBOK
Yaoundé, 26 mars 2016 (AFP) - Une jeune kamikaze arrêtée vendredi dans l'Extrême-Nord du Cameroun avec une ceinture de 12 kg d'explosifs affirme faire partie des 219 lycéennes enlevées en avril 2014 à Chibok, au Nigeria, par les islamistes armés de Boko Haram, a déclaré samedi à l'AFP le gouverneur de la région, Midjiyawa Bakari.
"Deux kamikazes ont été appréhendées (vendredi) par des membres du comité local de vigilance de Limani", localité de la région de l'Extrême-Nord, frontalière du Nigeria, a indiqué le gouverneur, précisant que "chacune d'elle portait 12 kg d'explosifs" et "cherchait où se faire exploser".
"L'une d'elles a dit qu'elle faisait partie des filles enlevées (à Chibok) au Nigeria, mais il faut prendre cette déclaration avec beaucoup de prudence", a souligné le responsable: "Elles sont souvent droguées et peuvent raconter n'importe quoi".
La question de l'appartenance ou non de l'une d'elles au groupe des filles enlevées à Chibok sera "clarifiée", a assuré M. Midjiyawa. Les deux kamikazes ont été remises pour besoin d'enquêtes à la composante camerounaise de la force multinationale mixte mise sur pied pour lutter contre Boko Haram, a-t-il ajouté.
Le gouverneur a également salué l'action des membres du comité de vigilance qui ont permis d'"éviter un carnage", car les deux kamikazes cherchaient des lieux de rassemblements pour se faire exploser pendant le week-end pascal.
Au total, 276 jeunes filles avaient été enlevées le 14 avril 2014 par Boko Haram alors qu'elles se préparaient à passer des examens scolaires, à Chibok, dans l'Etat de Borno, dans le nord-est du Nigeria, berceau du groupe islamiste.
Cinquante-sept d'entre elles ont réussi à s'échapper dans les heures et les jours qui ont suivi leur rapt, qui avait provoqué une vague d'indignation internationale.
Mais on est toujours sans nouvelles des 219 autres captives depuis une vidéo, publiée en mai 2014 par Boko Haram.
Le groupe, qui a subi d'importants revers ces derniers mois face aux offensives menées par les armées de la région, a multiplié les attentats-suicides, utilisant régulièrement des femmes et filles comme kamikazes.
L'insurrection dans le nord-est du Nigeria a fait au moins 17.000 morts depuis 2009. Les violences ont également fait fuir 2,6 millions de Nigérians de leurs foyers.