Elèves, enseignants et parents d’élèves savent maintenant à quoi s’en tenir. En effet, le ministère de l’Education nationale vient de publier les dates des compositions du second semestre et celles des examens scolaires. Cela, de l’élémentaire au secondaire en passant par le moyen et l’enseignement technique.
Le ministère de l’Education a proposé de nouvelles dates pour l’organisation des examens et concours. « Après l’exploitation et partage des rapports élaborés, de manière participative et inclusive, par l’ensemble des 16 académies suite aux perturbations notées durant l’année scolaire, il a été opéré des réaménagements du calendrier scolaire », lit-on dans le communiqué parvenu à notre rédaction.
Ainsi, pour l’élémentaire, il a été retenu la poursuite des enseignements/apprentissages jusqu’au vendredi 26 juin 2015, alors que toutes les compositions sont programmées à partir du lundi 15 juin prochain. S’agissant des épreuves du Certificat de fin d’études élémentaires (Cfee) et le Concours d’entrée en 6e, elles sont prévues les 1er et 2 juillet 2015. Ces dates sont retenues sur la base des rapports rédigés par les différentes inspections.
Dans le moyen et secondaire, les enseignements seront dispensés jusqu’au 14 juillet 2015 pour toutes les classes. Les compositions du second semestre pour les classes de 3è, auront lieu du lundi 22 au mardi 30 juillet.
Alors que concernant les classes sans examen, les compositions se dérouleront du lundi 6 au lundi 13 juillet. Les épreuves physiques du Brevet de fin d’études moyennes (Bfem), elles démarreront à partir du lundi 22 juin alors que les épreuves écrites commenceront à partir du 27 juillet. Pour l’enseignement secondaire, les compositions du second semestre pour les classes de la Terminale auront lieu du 22 au 30 juin et du 6 au 13 juillet pour les classes sans examen.
Si les épreuves physiques du baccalauréat démarreront à partir du 8 juin prochain, les épreuves anticipées de philosophie se dérouleront le vendredi 19 juin, tandis que les épreuves écrites du baccalauréat général débuteront le lundi 20 juillet prochain.
S’agissant de l’enseignement technique, les enseignements/apprentissages se poursuivront jusqu’au 23 juin pour les classes sans examen et celles de la Terminale, au moment où les épreuves écrites du baccalauréat technique commenceront à partir du lundi 29 juin 2015.
Le réaménagement du calendrier des examens scolaires, compositions du deuxième semestre et des temps des enseignements/apprentissages est intervenu suite aux perturbations notées durant l’année scolaire pour faits de grève.
GOUVERNEURS ET PRÉFETS INVITÉS À PLUS DE VIGILANCE
Défis sécuritaires internes et externes, acte III de la décentralisation, rationalisation de l'espace politique, détachement de la gendarmerie des Forces Armées..., le premier policier du pays a abordé ces questions prioritaires de son département hier lors d'une rencontre avec les représentants de l'administration territoriale.
Le ministre de l'Intérieur et de la Sécurité publique, Abdoulaye Daouda Diallo, a présidé hier sa première réunion du commandement territorial avec les gouverneurs et les préfets de régions et départements du Sénégal. Les enjeux de sécurité ont particulièrement été visés dans cette rencontre. Les développements géopolitiques extérieurs et les défis sécuritaires à l'interne sont prioritaires.
"On parle de terrorisme, mais globalement on a une préoccupation pour la sécurité intérieure. Il faudra tout faire pour que cela n'arrive pas chez nous. Mais de manière générale la sécurité doit être un élément central dans toute prise de décision". A ce titre la circulaire n°457/MINTSP/DGAT/DAG du 18 mai 2015 rappelle aux gouverneurs l'importance de la mission de veiller à l'exécution des lois et règlements.
Le ministre a donné des directives pour la tenue régulière des réunions de sécurité avec les autorités que sont la Police, la Gendarmerie et l'Armée afin "d'éviter que nous soyons surpris par ce qui se passe un peu partout".
Quant au détachement de la Gendarmerie des Forces Armées, et son rattachement au ministère de l'Intérieur, Abdoulaye Daouda Diallo affirme que le projet, en gestation, est soumis au président de la République.
"Il y a une loi d'orientation sur la sécurité intérieure qui est sur la table du chef de l'État. C'est à lui d'apprécier la qualité du document et de voir s'il devra trancher pour un vote de projet de loi à l'Assemblée nationale. Mais il y a une obligation d'unité de décision dans la sécurité intérieure c'est l'élément fondamental de cette loi", déclare-t-il, ajoutant que cette réforme du système de sécurité par la loi d'orientation sur la sécurité intérieure va réaffirmer le rôle de pivot que joue l'autorité administrative en la matière.
Au regard d'un contexte mondial marqué par les extrémismes, l'intolérance et la menace terroriste, le ministre a exhorté ces démembrements de l'administration centrale à se mettre au diapason des enjeux sécuritaires. "Toutes les activités se déroulant dans les circonscriptions doivent être suivies avec attention, analysées et disséquées. cela exige de votre part une posture de vigilance permanente", déclare le ministre.
En ce qui concerne l'acte III de la décentralisation, Abdoulaye Daouda Diallo estime que l'administration territoriale va jouer un rôle central dans un contexte de territorialisation des politiques publiques. "Nous allons évoluer avec les pôles-territoires qui vont intégrer un certain nombre de régions entre elles, dont le pole-territoire Casamance (Ziguinchor, Kolda, et Sédhiou) que nous mettons en application. Les gouverneurs doivent travailler en parfaite convergence sur ces questions", suggère le ministre de l'intérieur.
Partis politiques : huit autorisations en 2 ans
Le premier flic du pays a déploré avec regret le foisonnement des formations politiques. Conscient de la nécessité de rationalisation de l'espace politique, le ministre n'en estime pas moins que ce nettoyage se heurte aux exigences démocratiques d'un état de droit. On a beaucoup de partis. Pour les autorisations, j'en ai déjà signé huit en deux ans. Ce qui fait qu'on est passé de 224 à 232 partis, sans compter les partis nés dernièrement. Nous allons vers de grosses difficultés. Pour les élections locales (juin 2014), il y avait plus de 140 millions de bulletins tirés. C'est pas possible on ne peut pas continuer comme ça", lance-t-il, avant de poursuivre : "Aujourd'hui, on n'a pas d'autres choix que de donner une suite favorable à ces demandes à partir du moment où ils sont en conformité avec les lois et règlements car la Constitution du pays leur donne droit de s'associer et d'exercer leur droit à la citoyenneté. L'autorité administrative que nous sommes ne peut pas s'opposer à cela", constate le ministre de l'intérieur. Pour remédier à cette situation, des cas sont à l'étude dans ce département depuis l'année dernière, selon le ministre. "L'implication de toutes les parties prenantes est nécessaire. Nous ne pouvons pas nous y opposer mais nous allons travailler avec l'administration, les citoyens du pays, et les politiques pour avoir un consensus", promet M. Diallo.
LES MAGISTRATS SONT FÂCHÉS
Communiqué du procureur relatif à la relaxe d'Aïda Mbodji
Le communiqué du Procureur de la République qualifiant "d'illégale" et de "troublante" la relaxe d'Aïda Ndiongue n'est pas du goût de certains membres de la famille judiciaire. Certains magistrats, greffiers et avocats interrogés par EnQuête, estiment que le PR Serigne Bassirou Guèye devait se limiter à faire appel et non de jeter le discrédit sur ses collègues magistrats.
"Cette décision de relaxe nous semble manifestement illégale et même troublante", a tonné le procureur de la République (PR), Serigne Bassirou Guèye (photo) dans le communiqué publié suite à la relaxe d'Aïda Ndiongue et cie par le tribunal correctionnel de Dakar. Ce commentaire fait par le ministère public a suscité moult commentaires, hier au Palais de justice Lat Dior.
Les avocats, greffiers et magistrats interrogés désapprouvent les propos du Chef du parquet. Le commentaire du PR était le principal sujet de discussion au restaurant des avocats. "C'est scandaleux ! Inélégant ! L'Ums (Union des magistrats sénégalais) doit réagir", entendait-on dans les discussions. Interpellé sur la question, un des avocats présents sur les lieux hésite avant d'accepter de parler sous le couvert de l'anonymat.
"Le parquet est trop lourdement sorti de sa réserve. Dire que la décision de relaxe est illégale, c'est trop", tonne notre interlocuteur pour qui le parquet ne peut pas faire de commentaire publiquement sur une décision de justice. Cela d'autant plus, argue un autre avocat, qu'il leur est interdit de commenter une décision de justice. La robe noire qui a également préféré garder l'anonymat du fait "de ses relations particulières" avec le PR, trouve l'attitude de celui-ci "anormal".
Mieux, il estime que "l'autorité administrative doit le rappeler à l'ordre". Car, pour lui, le magistrat a jeté l'opprobre et l'anathème sur ses collègues et sur l'institution. "Dire que la décision est troublante, ça peut soustendre qu'il y a un parfum de corruption ou autre. Or, même si les juges étaient corrompus, il n'avait pas à le dire dans un communiqué", enrage l'avocat dont les propos sont partagés par un greffier.
En somme de l'avis de l'avocat, le parquetier "vient d'apporter une dose à l'affaiblissement de la justice qui depuis un certain temps est critiquée". "Il a jeté le discrédit sur ses collègues et c'est très péjoratif comme appréciation car à la limite, c'est une insulte qu'il a faite", renchérit un juge du siège. Et d'ajouter que la réaction "légale" et "légitime" du parquet, c'est de relever appel et non "d'insulter la juridiction de jugement".
Un de ses collègues magistrat a abondé dans le même sens. "Son commentaire a été de trop et c'est discourtois entre collègues. Il devait se limiter à interjeter appel", tranche le juge. Aussi rappelle-t-il que son collègue ne peut se permettre de faire ce qu'on interdit aux justiciables. Et d'ajouter que le quotidien de la justice, c'est de relaxer ou de condamner.
"Nous sommes tous des magistrats avec une formation généraliste. On peut être aujourd'hui au parquet et se retrouver demain au siège, donc on doit faire une appréciation professionnelle", tonne le juge. Moins catégorique que les autres acteurs de la justice interrogés, un autre avocat dit comprendre l'attitude du ministère public. "Il est le bras séculier de l'autorité politique, donc le PR est toujours dans son rôle de soutenir l'accusation", soutient l'auxiliaire de justice.
Sur sa lancée, la robe noire considère que le terme "troublant doit être contextualisé". "Peut-être dans son entendement il ne s'attendait pas à une décision de relaxe d'autant plus que le parquet avait requis 10 ans ferme", explique-t-il. Toutefois, il pense que le PR pouvait se limiter aux voies et moyens que lui offre la loi : l'appel.
Le Secrétariat exécutif national (Sen) de l'Alliance pour la République (Apr) n'apprécie pas totalement le verdict du procès Aïda Ndiongue, Abdoul Aziz Diop et de leurs coïnculpés.
D'après un communiqué qui a sanctionné leur rencontre tenue hier, le Sen n'a pas manqué "d'exprimer ses vives préoccupations relativement à cette décision".
"Le verdict est à tout le moins surprenant et incompréhensible au regard de la solidité des preuves, des sommes d'argent et la valeur des bijoux découverts dans les coffres en banque et révélés par le Procureur de la République au cours d'une conférence tenue le 17 janvier 2014."
Le Secrétariat exécutif national "réaffirme avec fermeté la nécessité de poursuivre la reddition des comptes, une option politique qu'aucun intérêt particulier, qu'aucune négociation ne sauraient entraver".
Sur un autre registre, les apéristes encouragent le président de la République à consolider la gouvernance vertueuse, à travers la transparence et la reddition des comptes, "qui constituent, entre autres, les conditions du véritable développement dans notre pays et des gages de la défense des intérêts des citoyens".
Lors de cette réunion, le Secrétariat exécutif national de l'Apr s'est prononcé sur d'autres questions d'actualité notamment la visite du Roi Mohammed VI au Sénégal, de "l'accueil chaleureux qui lui a été réservé", et la désignation de Macky Sall comme président de la Cedeao.
Cette décision, selon le Sen, "confirme encore une fois son leadership, qu'il a construit sur la base de sa détermination à lutter contre la mal gouvernance, à consolider l'État de droit au Sénégal et à relever les défis de l'intégration africaine et de l'émergence et de notre pays".
En décidant d'aller à une tournée nationale à partir du 6 juin prochain, Abdoulaye Wade et ses camarades du Parti démocratique sénégalais (Pds) risquent de buter sur une impréparation. Selon un haut responsable du parti contacté hier par EnQuête, le délai imparti pour entamer cette tournée ne permet pas de réunir toutes les conditions idoines pour la réussite d'une telle initiative.
C'est le temps des tournées nationales au niveau du landerneau politique sénégalais. Après le président de Rewmi, Idrissa Seck qui sillonne le pays depuis un certain temps et son principal challenge, le président de la République, Macky Sall qui est récemment rentré d'une tournée "économique", le Parti démocratique sénégalais (Pds) s'invite dans la bataille pour le contrôle des territoires du pays. Abdoulaye Wade, Secrétaire général dudit parti et ses camarades ont décidé d'investir l'intérieur du pays pour remobiliser leurs troupes et éventuellement massifier davantage leur parti déstructuré par moments par les multiples débauchages opérés par le régime en place et par la traque des biens mal acquis.
Seulement, estime un haut responsable du parti, les libéraux risquent de buter sur une impréparation de cette initiative. Cela, d'autant que les instances à la base du parti ne sont pas jusqu'ici saisies dans ce sens. "Ce qui risque de poser un problème, c'est que si on va en tournée et qu'on rencontre les responsables au niveau des 45 départements, il y a des risques d'impréparation au niveau des sections qui sont dans les communes. D'ici le 6 juin, le délai me semble très court pour informer tout le monde afin que les gens soient assez préparés", déclare notre interlocuteur. Qui confie que jusque-là, "la direction du parti n'a informé que le Comité directeur".
Selon ce haut responsable libéral qui a requis l'anonymat, il serait beaucoup plus pragmatique de laisser d'abord les fédérations travailler pendant une semaine au niveau local avant que la direction du parti n'aille elle-même rencontrer les sections pour les préparer. Sinon, dit-il, "nous risquons de faire une tournée pour juste aller nous déplacer au niveau des fédérations qui seront privilégiées au détriment des autres instances". "Cela risque de biaiser l'esprit de cette tournée de mobilisation", estime-t-il.
En réunion avant-hier du Comité directeur du Pds, Abdoulaye Wade et ses camarades ont pris la décision de démarrer cette tournée par la partie Sud et centre du pays, avant d'observer une pause en début du mois du ramadan. Après le ramadan, ils envisagent de sillonner la partie nord du pays. A cet effet, il a même été demandé à tous les responsables et militants qui seraient intéressés par cette tournée de se signaler et d'aller s'inscrire au niveau de la Permanence Oumar Lamine Badji. Vaste programme.
DU RÊVE À LA DÉSILLUSION
JEUNES FOOTBALLEURS AFRICAINS SUR LE CHEMIN DE L'EUROPE
Abidjan, 30 mai 2015 (AFP) - Sur les terrains bosselés en terre battue d'Abidjan, des dizaines de jeunes rêvent de troquer leurs ballons dégonflés pour rejoindre un club européen. Abusés par des agents peu scrupuleux et livrés à eux-mêmes, leur eldorado inaccessible se transforme souvent en désillusion.
"Quand j'ai vu notre sélection ramener la Coupe d'Afrique des nations en février, je me suis dit 'pourquoi pas moi' ?". Avec son bermuda fleuri et ses deux téléphones portables, Christian Nougbele a déjà la panoplie du stéréotype du footballeur professionnel.
"Jouer la Ligue des champions en Europe" : cette phrase revient sans cesse dans la bouche de ce meneur de jeu longiligne de 23 ans. Le 6 juin prochain, Christian, qui enchaîne les matches en troisième division ivoirienne, devra pourtant se contenter de regarder la finale de la prestigieuse coupe d'Europe à la télévision.
Derrière lui, Issa Koné, un colosse d'1,90 m soupire. "S'ils n'ont pas percé à 25 ans, ils ne réussiront jamais... Mais il y a trop de marchands de rêves dans le football...", peste cet éducateur qui forme une centaine de jeunes à l'institut Cissé, une école de football nichée au coeur de Yopougon, un quartier pauvre d'Abidjan.
Les marchands de rêve, ce sont ces agents de joueurs, rarement officiels, qui gravitent autour des terrains de football du pays, prêts à abuser de la crédulité des familles.
"Persuadés de pouvoir jouer au Barça"
"Les jeunes sont tous persuadés qu'ils peuvent jouer dès demain au Real Madrid ou au Barça", explique Alfred Obou, un agent agréé par la Fifa qui a envoyé des internationaux comme Cheick Tioté ou Kader Keïta vers l'Europe.
"Alors forcément, il y a des gens qui en profitent et qui les font rêver", regrette-t-il non sans rappeler que des stars comme Didier Drogba ou Yaya Touré ont "commencé dans des clubs de second rang avant d'exploser". Yao Komenan, un entraîneur de 42 ans, connaît bien le problème.
De retour de Tunisie, il a passé sept mois à aider des joueurs africains délaissés par ces intermédiaires peu scrupuleux. "Des agents leur avaient promis de les faire jouer en Europe via la Tunisie, mais une fois arrivés à l'aéroport, ils s'étaient volatilisés.
Les gamins étaient complètement abandonnés, sans ressources", raconte le technicien. "Ils ne se soucient même pas du niveau du joueur. A Tunis, la plupart des joueurs que j'ai vus n'avaient pas du tout les capacités pour jouer en Europe", se souvient-il.
Inspiré par l'académie de Jean-Marc Guillou qui a fait éclore plusieurs stars du football ivoirien, l'institut Cissé, créé en 2007, prend gratuitement en charge des joueurs amateurs ivoiriens et tente de les protéger des chimères européennes.
Financé par Souleymane Cissé, ex-joueur ivoirien aujourd'hui entraîneur adjoint du club de Monaco, l'école a même réussi à bricoler un terrain aux dimensions règlementaires.
Au bout d'un petit chemin de terre, face à la lagune d'Abidjan, ce grand champ plein de trous entouré de palmiers et d'hévéas sert de stade d'entraînement à l'équipe.
"Pas le paradis"
Depuis la crise politico-militaire qui a frappé le pays en 2010-2011, le gazon "venu d'Europe" s'est raréfié. "La Côte d'Ivoire manque d'infrastructures et les conditions de jeu sont mauvaises. Si vous vous blessez ici, vous ne serez pas bien soigné", regrette M. Koné.
Derrière les succès de sa sélection nationale, le football ivoirien, sans moyens et sans ambition, ne suffit plus aux jeunes joueurs. Le salaire moyen d'un joueur de première division ne dépasse pas 150.000 francs CFA mensuels (230 euros) et le niveau du championnat reste faible.
Les clubs ivoiriens n'ont plus remporté de trophée continental depuis 1999. Sidick Camara, a eu sa chance de l'autre côté de la Méditerranée, grâce aux partenariats de l'institut Cissé. Ce milieu de terrain de 20 ans a passé cinq mois en stage dans le club de Coimbra, en première division portugaise.
"Je me suis rendu compte que ce n'était pas facile du tout", se souvient le joueur qui évolue maintenant en championnat amateur ivoirien. "Il faisait froid, la nourriture était différente, la langue aussi était une barrière. Nous étions quatre Africains à l'essai.
Aucun n'a été retenu", regrette-t-il, dépité. Ce premier échec n'a pourtant pas découragé Sidick qui s'accroche encore à l'idée d'une carrière dorée sur le Vieux Continent.
"L'Europe, ce n'est pas forcément le paradis. Mais le paradis, ça se trouve où ?", s'interroge-t-il. A côté de lui, l'entraîneur Yao Komenan hoche la tête, fataliste. "Revenir en Afrique, pour eux, c'est revenir en enfer".
On en sait un peu plus sur les circonstances qui ont conduit à l'arrestation et à l'inculpation du chanteur Thione Seck, empêtré jusqu'au coup dans une histoire de fausses coupures de billets de banque. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que cette affaire paraît plus costaude qu'elle en a l'air, à la lumière des suspects, de la quantité de devises saisies et du caractère transnational des activités délictuelles qui ont emporté Thione Seck.
EnQuête a en effet appris que le tuyau ayant fait tomber Thione et Alaye Djitèye, son compagnon d'infortune malien, vient de plusieurs sources à Dakar, très au fait de leurs activités criminelles depuis belle lurette. Les renseignements transmis aux gendarmes laissaient déjà savoir que plusieurs têtes ayant pignon sur rue à Dakar manipulaient à leur guise des devises étrangères de qualité et d'origine douteuse, depuis longtemps, sans jamais être inquiétés.
Dès son installation à la tête de la Section de recherches de la gendarmerie, le commandant Issa Diack fait sienne cette inquiétude silencieuse et active ses hommes qui surveillent plusieurs personnes suspectes puis multiplient les filatures et les écoutes téléphoniques comme ce fut le cas avec Alaye Djitèye et Thione Seck.
Nos sources renseignent que si le commandant Issa Diack et ses hommes n'ont rien voulu lâcher, c'est parce que les faussaires et toutes les parties prenantes de ce réseau criminel ont atteint un niveau de perfection tel qu'il était même devenu très difficile aux initiés de distinguer les vraies coupures des faux billets de banque qu'ils injectaient dans le circuit monétaire.
Mieux, l'enquête des gendarmes dévoilait chaque jour un peu plus la complexité du réseau des faussaires qui faisaient la navette entre la Gambie, la Côte d'Ivoire, le Mali et le Sénégal, bref dans la sous-région. "Le réseau est plus important qu'on ne le croit et l'ancien régime a beaucoup travaillé avec", renseigne une source proche du dossier.
Alors que nos sources renseignent que Thione Seck ne semble être à première vue qu'un chameau dans cette entreprise transnationale, force est de constater qu'il y a encore beaucoup de raisons de s'inquiéter pour notre système monétaire déjà très sensible aux chocs endogènes et exogènes si bien que les quantités de fausses coupures de devises étrangères en circulation ne peuvent que davantage lui compliquer la situation.
Wally Seck à Banjul depuis hier
En témoigne la prise rare des gendarmes lors de leur descente de jeudi chez Thione Seck. Les enquêteurs de la Section de recherches ont en effet trouvé 43 paquets de coupons verts chez Thione Seck, estimés à 43 millions en faux euros, soit 26 milliards de francs Cfa en faux. Les gendarmes ont aussi découvert 32,9 millions de francs Cfa et 50 euros qui ne sont pas des faux.
Quant au Malien du nom de Alaye Djitèye, le montant de 257 900 euros en faux billets (129 millions Cfa) a été d'abord retrouvé dans un véhicule. Une fois chez lui, les pandores ont mis la main sur trois paquets de coupons verts, estimés à 23 millions d'euros en faux (15 milliards F Cfa), ainsi que 1, 4 million de dollars (700 millions F Cfa), en faux billets. Sans compter le montant de 8 480 000 de francs Cfa et 2 000 Euros (1,3 million F Cfa) en bonnes coupures.
Tout semble donc indiquer que l'on est très loin de la fin de cette affaire qui risque d'envoyer Thione Ballago Seck à la maison d'arrêt de Rebeuss en attendant que son sort soit décidé par la suite de la procédure judiciaire en cours. Son fils Waly Seck s'est finalement rendu hier à Banjul, pour honorer ses engagements contractuels avec la promotrice Fatoumatta Cocker de Elite Model Gambie qui détient l'organisation de la seconde phase des festivités marquant l'anniversaire de Yahya Jammeh.
LA RADDHO MET LA PRESSION SUR LE SÉNÉGAL
PLAINTE POUR LA PROTECTION DES DROITS DES ENFANTS TALIBÉS
Préoccupée par le sort des enfants talibés, la Raddho a porté plainte contre l’Etat du Sénégal pour faire respecter les dispositions relatives à leur protection. Elle a eu gain de cause devant le Comité africain d’experts sur les droits et le bienêtre de l’enfant. Le pays a moins de 180 jours pour corriger ces dysfonctionnements.
Dans moins de six mois, le Sénégal devra manifester sa volonté de faire respecter les droits des enfants talibés sur son territoire. En réponse à une plainte de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’Homme (Rad dho) déposée en 2012, le Comité africain d’experts sur les droits et le bien-être de l’enfant a reconnu que le Sénégal violait la Charte africaine de droits et du bien-être de l’enfant (Cadbe).
L’instance a donc édicté une quinzaine de recommandations allant dans le sens de faire respecter les textes qui garantissent la protection des enfants. Le secrétaire général de la Raddho, en conférence de presse hier, a tenu à informer de cette décision dont elle a reçu la notification le 15 mai dernier.
Même s’il ne s’agit que de recommandations, Aboubakry Mbodj est confiant par rapport à la prise en compte par l’Etat sénégalais de cette décision. D’après lui, il s’agit de défendre l’image du pays respectueux des droits de l’Homme.
De plus, a-t-il précisé, le Sénégal «risque une condamnation du point de vue juridique par rapport à la violation de la Charte africaine des droits et du bien-être des enfants qui fait partie intégrante du système africain au même titre que la Charte africaine des droits de l’Homme et des peuples qui est la constitution de l’Union africaine au même titre que l’acte constitutif de l’Union africaine».
Au cours de ce face à face avec les journalistes, Aboubakry Mbodj est aussi revenu sur les motivations de cette plainte. «Nous avions considéré que le Sénégal dispose d’un arsenal juridique pour la protection des enfants des écoles coraniques, à savoir les enfants talibés.
Le Code pénal et le Code de procédure pénale disposent des articles qui interdisent la mendicité forcée des enfants, et ces articles prévoient des sanctions privatives de liberté allant de 5 à 10 ans, mais également des sanctions pécuniaires, de 10 à 20 millions.
En plus de cela, le Sénégal a ratifié un certain nombre d’instruments juridiques telles que la charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant de 1990, la Convention des Nations unies relative aux droits de l’enfant de 1989 et la Convention sur l’élimination de toutes les discriminations à l’égard des femmes de 1979.»
Dans ses explications, il étaie davantage : «Ce dispositif devrait permettre au Sénégal de veiller au respect scrupuleux des droits des enfants talibés. Malheureusement, nous avons constaté que les droits des talibés sont violés.
Ces enfants vivent dans des conditions de dénuement. Ils mendient et pis ils sont obligés de rapporter de l’argent. L’Etat n’a pas veillé à arrêter ces pratiques qui sont déjà punies par la loi. C’est la raison pour laquelle nous avons esté devant le Comité africain des droits et du bien-être de l’enfant.»
Le défenseur des droits de l’Homme reconnaît que des efforts ont été consentis par le gouvernement sénégalais. «Nous pouvons dire que cette plainte a été un déclic. Aujourd’hui, on commence à mettre en place un projet de loi pour lutter contre la mendicité forcée. Et on commence à mettre en place la modernisation des daaras», a-t-il souligné.
LA PAUVRETE ET LES INEGALITES DEMEURENT GENERALISEES EN AFRIQUE
Selon la Banque africaine de développement (Bad), la pauvreté et les inégalités restent généralisées, bien que la croissance se soit accélérée à des taux historiquement élevés en Afrique.
Pendant plus d’une décennie, la croissance économique en Afrique a été élevée, atteignant plus de 5% en moyenne. Le continent héberge certaines des économies à la croissance la plus rapide au monde. 8 pays enregistrent des taux de croissance de plus de 7% en 2014. De 2000 à 2010, 6 des 10 économies à la croissance la plus rapide au monde se trouvaient en Afrique.
Mais, selon la Banque africaine de développement (Bad), il y a des disparités suivant les régions. Sur la base d’une comparaison régionale en 2014 des différences de performance en matière de croissance subsistent, donc des disparités importantes. En Afrique de l’Est, la croissance moyenne s’est élevée à 6,3%, l’Ethiopie, le Rwanda et la Tanzanie enregistrant les meilleurs résultats avec un taux de croissance de 6,1% et 10,3%. L’Afrique de l’Ouest a connu une croissance de 6,1% en moyenne. Ce qui représente une performance honorable à la lumière des conflits régionaux, de la flambée d’Ebola et de la baisse des cours du pétrole. Le Nigeria, qui a opté pour un nouveau mode de calcul de son Pib plus tôt dans l’année, a affiché un taux de croissance de 6,3%. Les pays de l’Afrique centrale ont enregistré une croissance moyenne de 5,6%, l’Afrique du Nord a connu en moyenne une croissance de 1,7% et l’Afrique australe reste léthargique à 2,6%.
Pauvreté et inégalités de revenus persistent partout
Bien que la croissance se soit accélérée à des taux historiquement élevés, les bénéfices de cette croissance rapide sont demeurés insaisissables. Une grande majorité des populations les plus pauvres du continent africain est restée bloquée dans la partie basse de la pyramide. En d’autres termes, les bénéfices de cette croissance rapide n’ont pas été largement partagés au sein de la population. S’il est vrai que les taux de pauvreté sont en baisse sur le continent, il n’en demeure pas moins que les besoins élémentaires de beaucoup d’Africains ne sont pas encore satisfaits et l’accès aux infrastructures économiques et sociales de base fait défaut.
En effet, la pauvreté et les inégalités de revenus restent généralisées. Les résultats obtenus par l’Afrique, en ce qui concerne le bien-être des individus, mesurés à l’aune des Objectifs du millénaire pour le développement (Omd), restent mitigés et le continent est en retard sur 5 des 8 Omd devant être réalisés à l’horizon 2015. Entre 2010 et 2014, la part de pauvres a diminué de 40,1% à 39,7%. Le nombre de pauvres a cependant augmenté de 384 millions en 2014, témoignant de la faible capacité de la croissance à avoir un impact profond sur la pauvreté.
L’Afrique, 2e continent le plus inégalitaire après l’Amérique latine
L’Afrique est également confrontée à un problème de fragilité. Toutes les grandes régions sont quasiment affectées par les troubles (le sahel, la corne de l’Afrique, les grands lacs et les pays du bassin du fleuve Mano). Près de 280 millions de personnes vivent dans des Etats en situation de fragilité. L’Afrique est en conséquence le 2e continent le plus inégalitaire, après l’Amérique latine. 6 des 10 pays les plus inégaux se trouvent en Afrique. Les données suggérant que les riches qui comptent pour moins de 5% de la population détiennent près de 20% du revenu total. A l’inverse, les pauvres, qui comptent pour 60,8% de la population africaine, détiennent seulement 36,5% du revenu total.
Le chômage, notamment parmi les jeunes et les femmes, demeure élevé. La problématique du chômage en Afrique est exacerbée par la poussée des jeunes. Les jeunes âgés de 15 à 25 ans, qui représentent plus de 60% de la population totale du continent, comptent pour 45% de la main d’œuvre totale. D’ici à 2020, 112 millions de travailleurs supplémentaires devraient rejoindre la main d’œuvre, principalement des jeunes.
LE SENEGAL PERD 3,5 MILLIARDS PAR AN ET S’EXPOSE A LA CONTREBANDE
Une perte sèche de 3,5 milliards par an et une exposition à la contrebande. Voilà résumé le tableau de bord des conséquences de la vente illicite de tabac au Sénégal.
La consommation du tabac fait, chaque année, 600 millions de morts et affaiblit les économies des pays où il est consommé. Pour le cas du Sénégal, il lui fait perdre 3,5 milliards de francs Cfa par an. Pour faire face à cette situation, la Ligue sénégalaise de lutte contre le tabac (Listab), recommande à l’Etat d’augmenter les taxes concernant les paquets de cigarettes. Cela à travers la sensibilisation. C’est dans ce cadre que le professeur Abou Aziz Kassé a tenu à faire le point avec les journalistes afin qu’ils préviennent les populations des dangers qu’engendre cette commercialisation du tabac.
Face à la presse, hier, dans les locaux de la Listab, dans le cadre d’une activité initiée en prélude de la Journée internationale du tabac qui a pour thème : «Eliminer le commerce illicite du tabac», le docteur Kassé a renseigné que «la vente du tabac est plus fréquente dans des zones comme Mbour, la Casamance, Rosso et le marché du port».
La vente du tabac plus fréquente à Mbour, en Casamance, à Rosso et au marché du port
Selon le président de la Listab, «une opération qui va impliquer les forces de défense et de sécurité, nécessite une sensibilisation des populations qui doit durer 3 à 5 ans pour une meilleure appropriation de la loi antitabac. Mais aussi à l’Etat de mettre en œuvre les décrets d’application en vue de contrer cette substance nocive».
Cet engagement découle du fait que «le commerce illicite fait perdre à notre pays 3,5 milliards de francs Cfa dus à la contrebande qui s’effectue plus à Mbour et en Casamance. Ce qui entraîne une baisse des recettes fiscales, car les boîtes ne comportent pas l’insigne ‘Fabriqué au Sénégal’. Sur le plan sanitaire, il a été constaté un problème de contrôle de la qualité. Concernant le plan socio-économique, la Listab bute sur les associations de malfaiteurs et les recettes fiscales».
«Le tabac fait 600 millions de morts chaque année»
D’où l’importance de sensibiliser sur le danger du commerce illicite, la fragilisation de la loi sur le commerce illicite. Ainsi, le Pr Kassé est-il convaincu qu’«il n’y a que l’industrie qui peut vendre aux contrebandiers. L’industrie du tabac est complice par le refus de traçabilité, la vente de produits de contrebande et l’ingérence politique. Le financement vient en grande partie de ces industries, alors que cela a été signé et ratifié dans le protocole sur le tabac».
Concernant les pertes, il renseigne qu’«il y a 1,3 milliards de consommateurs ou fumeurs». Aussi, il rappelle que «le tabac fait 600 millions de morts chaque année soit 100 millions de morts au 20e siècle et 1 milliard au 21esiècle, alors qu’il engendre 640 milliards de dollars, dont les 10% proviennent de la vente illicite». «Rosso et le marché du port sont des zones où se développe beaucoup cette vente illicite», précise-t-il.
«Le Sénégal perd le dixième de ces 35 milliards des droits et taxes divers sur le tabac par an»
Face à cette situation, le cancérologue indique qu’il faut «agir sur le long terme, car ce commerce menace la stabilité du pays. Le Sénégal perd le dixième de ces 35 milliards des droits et taxes divers sur le tabac par an à cause du commerce illicite effectuée par la contrebande financée par le banditisme international y compris».
«Et lorsque les contrebandiers se rendent comptent que le commerce du tabac au Sénégal est beaucoup plus rentable que celui du Mali et de la Mauritanie, ils vont entrer dans le pays pour y établir leur réseau, avec des complicités locales et les banlieues ne sont pas indemnes», prévient le Pr Kassé.