Fumer dans un avion : les moins de 25 ans n'auront jamais connu cela. A l'époque, il y avait même des sièges fumeurs. Et en contrepartie aujourd'hui ? Il n'y a même pas le WiFi dans les aéronefs de nos companies aériennes subsahariennes...
Ce dimanche 27 novembre, je me trouve à l'aéroport international Diori Hamani de Niamey. Bientôt en vol pour rentrer à Dakar. Les compagnies aériennes sont des organisations militaires à tendances autoritaristes, comme toutes les armées. Ce n'est pas un hasard que leur personnel navigant porte des uniformes et que leurs pilotes qu'on appelle commandants se couvrent la tête de képis. Ils ont une chaîne de commandement stricte. Les hôtesses et stewards, malgré leurs sourires automatiques à même d'épuiser les zygomatiques, sont formés à toujours garder l'ascendant sur les passagers, en toute circonstances et à le faire débarquer en cas de récalcitrance persistance à leurs injonctions.
En Afrique subsaharienne francophone jusqu'ici, les décisions (de report d'arrivée et de départ) de la hiérarchie aéroportée tombent du ciel, sans préavis. À cela, on doit obtempérer sans murmures, ni maugréements. Le passager reste alors détenu dans l'aérogare, incapable de tout mouvement à plus de 200 mètres pendant plusieurs heures. À bord, le menu est imposé comme pour la gamelle du militaire. Au mieux, pour la graille, c'est une alternative : poulet ou poisson ? On doit rester à sa place tout comme le pioupiou de base ne doit pas outrepasser les prérogatives de son grade.
En cas de turbulences, vous êtes priés de supporter et de ne pas vomir ailleurs que dans le sac fourni. Pour les cas heureusement rarissimes de catastrophes, c'est "chacun s'assoie, Dieu nous pousse" : prenez votre masque à oxygène, enfilez votre gilet de flotaison, et sauvez-vous tout seul. Les annonces au micro, au début et à la fin de ces voyages couleur kaki, sont la plupart du temps des mises en garde à tonalité de menaces, avec représailles possibles à la clé.
Non, la liberté n'est plus ce qu'elle était, et non, là je ne parle pas de Pape Alé Niang en prison : en effet, je me rappelle avec nostalgie de mon dernier vol fumeur. C'était en juillet 1999, sur Air France. Et au milieu de l'avion, entre deux rideaux, on tirait sur nos cigarettes. Il y avait là le désormais exilé-pour-cause-de-Qarim-économique Vieux Aïdara, le mannequin métisse Yacine Diaw à présent chanteuse de Yé, et bien d'autres. Tout ça est fini.
Et tous les vols du monde qui décollent font annoncer désormais par leur mbindaanou avion (hôtesses de l'air) qu'on vous poursuivra en justice si vous fumez dans les toilettes. C'est dire qu'ils savent que nous en avons la tentation. Un homme prévenu en vaut la moitié, challah. Et à l'aéroport, les agents de contrôle vous chourent déjà tous vos briquets avant l'embarquement. Quelle affaire de miskines..
Tout ça, c'est la faute aux attentats du 11 septembre 2001 qui ont détruit les deux tours du World Trade Center. Mais ce ne sont pas les briquets, les allumettes et les magnifiques volutes couleur immaculée comme les nuages du ciel (Dieu qui fume ?) du tabac qui crashent les avions : ce sont les islamistes-terroristes-fascistes qui le font. Fumer dans un avion : les moins de 25 ans n'auront jamais connu cela. A l'époque, il y avait même des sièges fumeurs, au fond de l'avion. Et en contrepartie aujourd'hui ? Il n'y a même pas le WiFi dans les aéronefs de nos companies aériennes subsahariennes...
Le 20e siècle, lui au moins, était civilisé. Je suis content d'avoir eu 20 ans en ce siècle-là et durant ce deuxième millénaire passé, qui fut très appréciable. Ce siècle actuel de la dictature du Wi-Fi et des données mobiles tout puissants, je préfère qu'il me trouve déjà en âge très mûr.
LE MAROC PUNIT LA BELGIQUE ET PEUT RÊVER DES HUITIÈMES
Loin de sa splendeur passée, la Belgique peut trembler et le Maroc rêver: punis 2 à 0 par les Lions de l'Atlas, qui entrevoient désormais les huitièmes de finale, les Diables Rouges joueront leur qualification jeudi lors d'un choc face à la Croatie
Les Marocains, portés par des buts de Saïss (73e) et Aboukhlal (90+2), ont leur destin en mains: à quatre jours d'affronter le Canada, ils totalisent quatre unités et peuvent logiquement rêver d'intégrer le top-16 du tournoi, comme leurs devanciers du Mondial-1986.
"Bien évidemment, je veux être heureux de cette victoire, mais il nous faut récupérer", a temporisé le sélectionneur marocain Walid Regragui, tenant toute euphorie à distance pour exhorter ses joueurs à "garder cet esprit combattant".
Eden Hazard et ses équipiers, déjà fébriles mercredi malgré un succès flatteur face au Canada (1-0), sont eux dans les cordes, avec trois points seulement.
Un succès face aux Croates, lors d'un duel haletant entre deux équipes du dernier carré de l'édition 2018, leur garantirait une place en huitièmes de finale. Un défaite serait synonyme d'élimination et leur sort serait entre les mains du Maroc en cas de match nul.
"Perdu la joie"
Et s'ils ont récupéré leur buteur vedette Romelu Lukaku, tout juste remis d'une blessure à la cuisse gauche et entré à dix minutes du terme, il leur faudra trouver de multiples clés en défense, négligente sur coups de pieds arrêtés et aisément prise de vitesse, comme en attaque, étonnamment poussive dimanche.
"D'habitude, nous jouons avec une grande animation offensive, mais nous avons peut-être perdu cette joie de jouer, peut-être à cause de la pression qui pesait sur nos épaules", a esquissé leur sélectionneur Roberto Martinez, préférant la piste psychologique à la revue des insuffisances techniques.
Impérial mercredi face aux Canucks, où il avait notamment sauvé un penalty, le gardien Thibaut Courtois s'est cette fois fait surprendre par un coup franc astucieusement botté au premier poteau par Abdelhamid Sabiri à un quart d'heure du terme et effleuré par Romain Saïss (73e).
Et le meilleur portier du monde a de nouveau été battu dans les arrêts de jeu, trompé par une reprise de Zakaria Aboukhlal (90e+2).
La deuxième nation au classement Fifa a essayé de construire le jeu, évitant les longs ballons qui avaient agacé Kevin de Bruyne face au Canada et dominant le début de rencontre en privant leurs adversaires de ballon.
"On a eu l'humilité d'accepter cette domination, de faire le dos rond et de défendre, comme une grande équipe", a raconté Regragui, décrivant une bataille tactique "de très très haut niveau".
Regragui "ravi" du but annulé
Michy Batshuayi sollicitait d'ailleurs Munir El Kajoui dès la 5e minute, le gardien marocain titularisé à la dernière minute en raison du forfait du portier habituel Yassine Bounou, pourtant présent sur le terrain durant les hymnes nationaux mais victime de vertiges.
Eden Hazard, plutôt inspiré, et ses équipiers se sont créées peu de situations franches en première période (une tête d'Onana, 17e, et une frappe de Meunier deux minutes plus tard).
Et ce sont même les Marocains qui ont un moment pensé avoir ouvert le score quand un coup franc botté par Hakim Ziyech a trompé Courtois à la 45e. Sollicité par la VAR, l'arbitre mexicain César Ramos a toutefois logiquement annulé le but pour un hors-jeu de Saïss.
"Vous allez me trouver fou, mais lorsqu'on a annulé le premier but, j'étais ravi. Je savais que (...) nous allions avoir envie de battre la Belgique avec peut-être plus d'agressivité", a poursuivi Regragui.
Et de retour des vestiaires, la formation marocaine a joué plus haut, notamment par une incursion de Sofiane Boufal, qui s'est joué de Thomas Meunier à gauche pour frôler la cage d'un tir enveloppé (57e), éteignant peu à peu les Belges avant de piquer par deux fois.
UN CONTEXTE SÉCURITAIRE COMPLEXE
Les députés ont entamé, dimanche, l’examen du projet de budget du ministère de l’Intérieur pour l’année prochaine, dans ‘’un contexte sécuritaire complexe’’ en raison de ‘’nouveaux enjeux et défis liés à l'exploitation prochaine du gaz au Sénégal’’
Les députés ont entamé, dimanche à 10 heures, l’examen du projet de budget du ministère de l’Intérieur pour l’année prochaine, dans ‘’un contexte sécuritaire complexe’’ en raison de ‘’nouveaux enjeux et défis liés à l'exploitation prochaine du pétrole et du gaz au Sénégal’’, selon le ministre chargé de ce secteur, Antoine Diome.
Les autorisations d’engagement du département ministériel chargé notamment de la sécurité publique s’élèvent à 310 milliards 847 millions 702 mille 659 francs CFA, selon un rapport de l’Assemblée nationale.
Le même document affirme que le montant des crédits de paiement dudit ministère est de 180 milliards 246 millions 552 mille 326 francs CFA.
La plénière consacrée à l’examen de ce projet de budget est dirigée par le président de l’Assemblée nationale, Amadou Mame Diop. Elle se tient en présence du ministre de l’Intérieur et de son collègue chargé de la Sécurité de proximité et de la Protection civile, Birame Faye.
Les ministres des Finances et du Budget, Mamadou Moustapha Ba, et du Travail, du Dialogue social et des Relations avec les institutions, Samba Sy, y prennent part.
Selon un rapport de la commission des lois à l’Assemblée nationale, le budget prévu pour le ministère de l’Intérieur est réparti en sept rubriques : le pilotage, la gestion et la coordination administrative, la sécurité publique, la sécurité civile, l’administration territoriale, la gouvernance électorale, le fonds dédié à lutte contre les incendies et le compte de commerce de police.
Il a été élaboré et examiné ‘’dans un contexte sécuritaire complexe, corrélé aux nouveaux enjeux et défis liés à l’exploitation prochaine du pétrole et du gaz au Sénégal’’, a souligné M. Diome.
L’exploitation du pétrole et du gaz découverts au Sénégal depuis plusieurs années va démarrer l’année prochaine, selon les autorités du pays.
Le ministère de l’Intérieur et les députés planchent sur le budget 2023 de la sécurité publique à un moment où l'Afrique de l'Ouest est confrontée à ‘’un environnement géopolitique sous-régional mouvementé’’, a souligné Antoine Diome.
Il fait allusion à l’instabilité de certains pays de la région, où sont survenus plusieurs coups d’Etat et attaques djihadistes.
‘’Dans le souci de faire face à l'ensemble des défis, le [ministère de l’Intérieur] entend poursuivre ses efforts de recrutement, de dotation en matériel et, surtout, renforcer ses capacités de lutte antiterroriste, de lutte contre la drogue et la criminalité’’, a assuré M. Diome.
La sécurité de proximité, la protection civile, la réforme de l’administration territoriale et la ‘’construction de la citoyenneté’’ font partie de ses priorités, a-t-il dit.
NOUS SOMMES LES CHAMPIONS D'AFRIQUE
Le premier vice-président de la Fédération sénégalaise de football (FSF), Abdoulaye Saydou Sow, a exhorté les Lions du Sénégal, dimanche, à Doha, à battre l’Equateur pour montrer qu’ils méritent bien le titre de champions d’Afrique
‘’Nous sommes les champions d’Afrique. Nous devons mériter ce statut face à l’Equateur. Il n’y a pas autre chose à faire que de gagner ce match’’, a soutenu M. Sow dans un entretien avec des journalistes sénégalais présents à Doha pour la Coupe du monde.
Les Lions du Sénégal vont rencontrer la Tri de l’Equateur, mardi à 15 h 00 TU, dans la capitale du Qatar, pour la dernière journée de la poule A du Mondial de football.
‘’Depuis la défaite contre les Pays-Bas, je vois des joueurs debout, des membres du staff debout (…) Nos joueurs sont prêts, ils savent que le match de mardi ne sera pas facile. Ils savent que nous allons vers une finale’’, a ajouté Abdoulaye Saydou Sow.
De l’avis du premier vice-président de la FSF et ministre de l’Urbanisme, du Logement et de l’Hygiène publique, tous les matchs de la Coupe du monde doivent être considérés comme une finale de ladite compétition en raison de leur importance.
‘’Le Maroc a donné le bon exemple en battant la Belgique de la plus belle des manières (…) Il faut se dire qu’il n’y a pas de petite équipe’’ à la Coupe du monde, a souligné M. Sow.
Il invite les Sénégalais à soutenir les Lions et à montrer, comme ils l’ont fait lors de la dernière édition de la Coupe d’Afrique des nations, que le Sénégal est un pays de football.
Les Lions vont jouer un match décisif contre l’Equateur, puisque seule une victoire sur l’équipe de ce pays d’Amérique du Sud leur permettra de se qualifier pour les huitièmes de finale.
L’Equateur et les Pays-Bas dominent le classement de la poule A. Le Sénégal est troisième, tandis que le Qatar, le pays hôte de la Coupe du monde, est déjà éliminé après ses deux défaites.
par l'éditorialiste de seneplus, alymana Bathily
LA LIBERTÉ D’EXPRESSION AU TEMPS DE MACKY SALL
EXCLUSIF SENEPLUS - Le journaliste emprisonné Papa Alé Niang est victime du système politique en place au Sénégal depuis Léopold Sédar Senghor et qui s’est perpétué
Alymana Bathily de SenePlus |
Publication 27/11/2022
Le journaliste Papa Alé Niang a été arrêté et incarcéré depuis le 6 novembre 2022 pour « divulgation d’informations de nature à nuire à la défense nationale, « recel de documents administratifs et militaires » et « diffusion de fausses nouvelles de nature à jeter le discrédit sur les institutions publiques ».
Pour comprendre cette accusation et l’arrestation du journaliste, il faut les placer dans le contexte actuel et le situer dans le cadre de l’histoire politique du Sénégal.
Ce qu’on reproche au journaliste
Ce sont les interventions du journaliste et directeur du site Dakar-Matin relatives à la procédure judiciaire en cours pour viol contre Ousmane Sonko, le principal opposant du régime du président Macky Sall qui sont la cause de son arrestation. Il lui est reproché en particulier d’avoir porté à la connaissance du public un rapport interne de la gendarmerie faisant état d’irrégularités dans la procédure judiciaire pour incriminer Ousmane Sonko.
Il lui est reproché également d’avoir diffusé des messages confidentiels des forces de défense et de sécurité sur le dispositif sécuritaire mis en place en vue de la comparution de Sonko le 3 novembre dernier.
Le contexte politique …et économique
L’arrestation intervient dans un contexte politique spécifique caractérisé à la fois par l’affaiblissement du régime du président Macky Sall et par la volonté de plus en plus affichée du président de briguer un troisième mandat malgré la limitation constitutionnelle.
Le contexte politique est particulièrement marqué par la montée en puissance des partis d’opposition qui ont fait perdre la majorité à l’Assemblée nationale à Beno Bokk Yakar, la coalition qui soutient le président Macky Sall au sortir des élections législatives de juillet dernier.
Or c’est le parti Pastef (Patriotes Africains du Sénégal pour le Travail, l’Ethique et la Fraternité) dirigé par Ousmane Sonko qui est la charnière de la principale coalition de ces partis d’opposition.
Il y a aussi la situation économique préoccupante pour le gouvernement avec l’augmentation considérable du coût de la vie, la persistance du chômage de masse particulièrement au sein de la jeunesse et la montée des revendications sociales qui gagnent toutes les couches de la société, des étudiants et enseignants aux travailleurs de la santé jusqu’aux paysans.
Il y a également le durcissement autocratique du régime du président Macky Sall qui s’était donné pour mission il y a plusieurs années déjà « de réduire l’opposition à sa plus simple expression » et a procédé depuis lors à réduire l’espace démocratique en mettant en prison sous des motifs divers des opposants politiques les plus en vue à l’époque à savoir M. Barthelemy Diaz alors figure de premier plan du Parti socialiste puis M. Khalifa Sall député et maire de Dakar.
Des lois désuètes pourtant soigneusement conservées dans le Code pénal, « Apologie du terrorisme », « atteinte à la sureté de l’État » et « offense au chef de l’Etat » et la sulfureuse Direction des Investigations Criminelles (DIC) sont régulièrement sollicitées pour jeter en prison tantôt des animateurs de médias sociaux comme « l’insulteur public » Assane Diouf extradé des Etats-Unis, tantôt des personnalités politiques comme l’honorable député de Touba Abdou Mbacké Bara Doly Mbacké, tantôt des lanceurs d’alerte comme le célèbre journaliste Adama Gaye, détenu avant d’être contraint ensuite à l’exil.
Le régime du président Macky Sall est en fait devenu au fil des années de plus en plus autocratique, grâce à une Assemblée nationale à sa totale dévotion jusqu’aux dernières élections législatives, un contrôle étroit sur la justice par le biais du Conseil supérieur de la magistrature qu’il préside avec son ministre de la Justice et qui décide de la carrière des juges et magistrats.
La longue lutte pour la liberté d’expression et le droit d’informer
Il faut se rappeler que de la proclamation de l’indépendance en 1960 à l’établissement de la IIème République sous la présidence de Léopold Sédar Senghor en 1963 et jusqu’en 1976, sous le règne du Parti-Etat UPS, la liberté de la presse et la liberté d’expression n’existaient pas dans les faits.
La liberté de la presse pourtant proclamée par l’article 8 de la constitution de 1963 n’est appliquée qu’à minima, la définition du statut des journalistes leur intimant d’« être dévoués aux idées du parti et de l’État»
Le président Senghor détenait alors tous les leviers du pouvoir et contrôlait tous les médias publics, Dakar-Matin qui deviendra Le Soleil en 1970, l'Agence de Presse Sénégalaise (L'APS), Radio-Sénégal et plus tard de l’Unité africaine, organe de propagande de l’UPS.
La presse indépendante n’existait pas et toute tentative d’expression médiatique ou simplement publique était vigoureusement réprimée. Les partis politiques d’opposition étant interdits, leurs journaux, Momsarew du PAI, puis Xarabi de And Jeff et Taxaw du RND sont d’abord réduits à la clandestinité et pourchassés puis mis sous surveillance policière constante et harcelés judiciairement.
Ce sont les luttes des élèves, des étudiants et des travailleurs enclenchées dès les années 1966/1967, puis la création de nouveaux syndicats d’enseignants et de travailleurs qui amèneront à la révision constitutionnelle de 1976 introduisant le multipartisme limité et de fait la liberté d’expression.
C’est seulement en 1979 que la loi autorise enfin la création de journaux d’information « sans autorisation préalable et sans dépôt de cautionnement » ce qui n’empêchera pas du reste les promoteurs des journaux indépendants comme Mame Less Dia, le Directeur de publication de Le Politicien, Boubacar Diop de Promotion et Abdourahmane Cissé de La lettre Fermée d’être harcelés régulièrement par la police quand ils n’étaient pas jetés en prison sans jugement.
Auparavant Sidi Lamine Niasse, directeur Walfadjri L’aurore avait été interpellé en 1978 d’abord, puis en 1982 pour ses « orientations idéologiques ».
Le président Abdou Diouf on le sait, consacra dès son arrivée au pouvoir en 1980 le multipartisme intégral et autorise la création du journal puis de la radio du groupe Sud Communication.
Mais la liberté de la presse reste sous surveillance et est constamment agressée. Ainsi maitre Abdoulaye Wade en sa qualité de directeur de Le Sopi l’organe du PDS est accusé de publication de fausses nouvelles et « désobéissance civile » et mis en prison pour avoir contesté dans un article les résultats officiels de l’élection présidentielle de février 1988 et publié « les véritables résultats ». Ce qui provoqua de violentes émeutes à Dakar.
On se souvient qu’en octobre 1996, Sud Quotidien est condamné pour diffamation de la Compagnie Sucrière Sénégalaise et condamné à une amende de 500 millions FCFA et à un mois de prison pour cinq de ses journalistes.
Pour la séquence Abdoulaye Wade, rappelons ici l’arrestation en 2004 de M. Madiambal Diagne, directeur de publication du Quotidien pour « publication de documents secrets », « diffusion de fausse nouvelles », « manœuvres compromettant la sécurité publique » en vertu de l’article 80 du Code pénal. Ce sont pratiquement les mêmes accusations, sur les mêmes bases juridiques qui sont portées contre Pape Alé Niang.
Les journalistes et les défenseurs de la liberté d’expression s’attendaient à ce que le président Macky Sall rompit avec les pratiques de ses prédécesseurs, lui qui déclarait en octobre 2015 : « Vous ne verrez jamais, sous ma gouvernance, un journaliste mis en prison pour un délit de presse. Le délit de presse n’est pas dépénalisé, mais les journalistes n’ont aucun risque au Sénégal, je le dis clairement et je ne serai pas démenti. »
Mais la nature oligarchique du régime avec ses accointances mafieuses et les malversations financières de ses responsables au sein de l’appareil d’État nécessitaient d’intimider les journalistes et de les réduire au silence.
De ce fait en 2013 déjà, Sidi Lamine Niasse était placé en garde-à-vue par la Section de recherches de la gendarmerie sous l’accusation d’« offense au chef de l’Etat » et de « troubles à l’ordre public ».
Puis ce fut le tour du journaliste Adama Gaye arrêté suite à des publications à travers les réseaux sociaux et accusé lui aussi « d’offense au chef de l’Etat » en sus « d’écrits contraires aux bonnes mœurs ».
Et maintenant ?
Papa Alé Niang est donc victime du système politique en place au Sénégal par Léopold Senghor et qui s’est perpétué d’Abdoulaye Wade à Abdou Diouf et à Macky Sall.
Aussi en plus de demander la libération immédiate et sans condition de Papa Alé Niang, il faudrait s’attaquer à certains des fondements de ce système pour établir durablement la liberté d’expression
On doit ainsi demander la suppression des lois liberticides, notamment celles relatives à l’offense au chef de l’Etat qui a été expurgée des législations des grandes démocraties depuis longtemps. L’article 80 du Code pénal doit en ce sens être supprimé. Quant aux lois sur le secret défense, elles doivent être formulées de manière à ne pas compromettre la liberté d’expression et les droits des journalistes.
Les journalistes et les défenseurs de la liberté d’expression doivent continuer à exiger l’adoption d’une loi d’accès à l’information qui existe maintenant dans nombre de pays africains.
Ils doivent aussi réexaminer le Code de la presse pour non pas dépénaliser les délits de presse (car les journalistes ne sont bien entendu pas au-dessus des lois) mais pour les décriminaliser. De ce fait, le délit de presse (la diffamation, l’injure publique et l’incitation au trouble de l’ordre public notamment) sera formulé de sorte qu’il ne soit qu’exceptionnellement sanctionné par une peine de prison
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TENTATIVE DE DOMESTICATION DE LA PRESSE
Le journaliste et analyste politique Momar Diongue évoque les menaces qui pèsent sur les acteurs des médias à travers le cas Pape Alé Niang, dans l'émission Objection de Sud FM ce dimanche avec Baye Omar Gueye
Le journaliste et analyste politique Momar Diongue évoque les menaces qui pèsent sur les acteurs des médias à travers le cas Pape Alé Niang, dans l'émission Objection de Sud FM ce dimanche avec Baye Omar Gueye.
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TERRAIN DE FOOTBALL FAIT DE GRAVATS ET D'ORDURES
Dans la banlieue de Dakar, le football est une passion pour les adultes comme pour les enfants. Ici, les jeunes joueurs espèrent un jour imiter leurs idoles, qui participent actuellement à la Coupe du monde de la FIFA 2022 au Qatar
Dans la banlieue de Dakar, le football est une passion pour les adultes comme pour les enfants.
Ici, les jeunes joueurs espèrent un jour imiter leurs idoles, qui participent actuellement à la Coupe du monde de la FIFA 2022 au Qatar.
Chaque après-midi, dans la ville de Diameguene Sicap Mbao, de jeunes fans se rassemblent sur un terrain de football "fait de gravats et d'ordures" pour jouer à leur jeu favori.
Diameguene Sicap Mbao est une zone fortement touchée par les pluies et les inondations qui ont frappé le Sénégal ces dernières années. Et les habitants disent que la situation s'aggrave.
Les eaux de pluie gagnent du terrain et détruisent certains terrains de jeu et de football. Afin de préserver la joie du football, la communauté a rempli les terrains de gravats provenant de maisons détruites, ainsi que de tous les débris et déchets qu'elle a pu trouver.
"Il fut un temps où ce terrain était sous l'eau", raconte Khadim Diouf, membre de l'association sportive du quartier.
"Pour le récupérer, nous avons dû le remplir d'ordures et de sable afin de pouvoir jouer ici à nouveau", raconte ce trentenaire qui, enfant, jouait dans la même zone.
En se promenant dans la zone, Diouf montre comment une partie de la région a encore de l'eau stagnante provenant des inondations qui ont touché le quartier en octobre.
"Regardez ces enfants, là où ils restent, il y a beaucoup de bouteilles cassées. Vous ne pouvez pas rester 30 minutes sans que l'un d'entre eux soit blessé", déclare Baye Modou Diop, un habitant de Diameguene Sicap Mbao. Mais Diop, qui joue normalement au football ici avec ses amis, a également mis la main à la pâte et a aidé à réparer le terrain.
"Personne ne pensait qu'un jour les enfants pourraient jouer ici, d'ailleurs, les écoliers font leurs cours de sport ici", dit-il fièrement.
Rien n'empêche les Sénégalais de profiter de leur football, l'espoir est que rien n'empêchera leur équipe nationale d'avancer dans la Coupe du monde de cet hiver au Qatar.
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COMMENT L'ÉTAT FRANÇAIS A AUTORISÉ DES ADOPTIONS ILLÉGALES D'ENFANTS AFRICAINS
L’association Rayon de soleil de l’enfant étranger est suspectée d’avoir fait adopter durant plusieurs décennies des enfants qui n’auraient pas dû l’être. Et l'Etat français n'a pas joué son rôle
C'est l'une des plus grandes affaires d'adoption litigieuses entre la France et l'Afrique de l'Ouest. L’association Rayon de soleil de l’enfant étranger est suspectée d’avoir fait adopter durant plusieurs décennies des enfants qui n’auraient pas dû l’être. Et l'Etat français n'a pas joué son rôle.
Pendant cinq ans, Le Monde a enquêté sur l’association Rayon de soleil de l’enfant étranger, l’un des plus importants organismes français à l’origine de l’adoption de plus de 7 000 enfants à travers le monde. Au Mali, mais aussi en République centrafricaine, à Madagascar, en Haïti, au Pérou et en Roumanie, RDSEE est suspectée d’avoir fait adopter des enfants qui n’auraient pas dû l’être, pour satisfaire les demandes d’adoption à l’international des couples français.
Morgane Le Cam, journaliste au Monde Afrique raconte les dessous de cette enquête réalisée avec Kaourou Magassa, journaliste pour TV5 Monde.
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LA NOBLESSE DU GRIOT S'EST ÉRODÉE DE NOS JOURS
Autrefois porteur de nombreuses valeurs, la politique et le monde moderne ont vraisemblablement corrompu la noblesse du griot d’antan. Le griot Sirifo Kouyaté, artiste et koriste basé en Espagne, ne reconnaît plus le legs de ses ancêtres aujourd’hui
Dans des sociétés ouest-africaine, la pratique du griotisme est bien répandue. Détenteur de la tradition orale, conservateur des secrets les mieux gardés, conseiller éclairé du roi, généalogiste futé et médiateur impartial, le griot était le maitre de la parole.
La parole sincère, digne, noble, transparente et déclamatoire. Mais de nos jours, cela ne semble plus être le cas. Les temps ont changé. Le griotisme aussi.
Ceux qui se disent griots, ont tourné dos, pour la plupart , à ces valeurs de Dignité, de noblesse, de sincérité et de transparence. La cupidité a pris le dessus sur tout, autre considération, l’appât du gain est passé par là. Des griots d’aujourd’hui ont troqué noblesse contre faste, bombance et exubérance.
Les valeurs de cette nouvelle race de griots c’est du fric et parfois des frasques.
Cependant d’authentiques griots sont en total désaccord sur ce qu’est devenu cette tradition ancestrale et s’en désolent. Parmi eux, un artiste plus connu au pays de Miguel de Cervantes qu’au par de Sédar Senghor.
Artiste et koriste hispano-sénégalais, Sirifo Kouyaté est descendant de griots depuis des générations. De passage à Dakar, il nous livre son analyse sur ce travestissement la mission de griot dans un entretien exclusif avec AfricaGlobe Tv.