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3 mai 2025
AMINATA TOURÉ TABLE SUR UN SCORE DE 90% À KAFFRINE
La tête de liste nationale de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY, mouvance présidentielle) a exhorté vendredi les militants de la majorité dans le département de Kaffrine à l’unité,
La tête de liste nationale de la coalition Benno Bokk Yaakaar (BBY, mouvance présidentielle), Aminata Touré, a exhorté vendredi les militants de la majorité dans le département de Kaffrine à l’unité, en vue d’atteindre un score de "90 pour cent" au soir des élections législatives du 31 juillet prochain.
"J’en appelle à l’unité de tous les électeurs pour avoir un score sans précédent de 90% dans le département", a-t-elle dit, jeudi, lors d’un meeting de BBY à la gare routière de Kaffrine.
L’ancienne Première ministre et ancienne présidente du conseil économique social et environnementale (CESE) a été accueillie sur place par une forte mobilisation des militants de la mouvance présidentielle.
Elle s’est adressée à eux en présence d’Abdoulaye Wilane (président du conseil départemental) et d’Abdoulaye Saydou Sow (maire de Kaffrine), tous les deux candidats de la coalition sur la liste départementale de Kaffrine.
Aminata Touré a d’abord listé toutes les réalisations du président Macky Sall dans la région de Kaffrine dans les domaines de la santé et des routes, ainsi que les financements octroyés aux jeunes et aux femmes.
"Le président a prévu 1.269 nouveaux emplois à Kaffrine et pour cela, il faut que les budgets soient votés à l’Assemblée nationale’’, a-t-elle expliqué. Elle a invité les électeurs à se préparer massivement pour "une victoire éclatante" de BBY, à l’issue du scrutin des législatives.
LES SYNDICALISTES DISENT NIET
Le collectif des syndicats de santé de l’hôpital Aristide Le Dantec de Dakar a tenu une Assemblée générale, ce jeudi, 21 juillet, dans l’enceinte de l’hôpital pour décider du sort du centre hospitalier.
Le collectif des syndicats de santé de l’hôpital Aristide Le Dantec de Dakar a tenu une Assemblée générale, ce jeudi, 21 juillet, dans l’enceinte de l’hôpital. Selon Abdoulaye Dione, le coordinateur pour la défense et la sauvegarde de l’établissement hospitalier, le rassemblement a pour objectif de réunir toutes les composantes du collectif « pour prouver que l’hôpital reste un patrimoine national », « de dire non à la vente partielle du site » et « d’informer la population sénégalaise sur cette vente illégale qui est une violation flagrante de la loi 64-46 du 17 juin 1964 ».
« Nous avons un problème relatif au foncier, c’est à dire le président Macky Sall prétend vendre les trois hectares de la surface foncière de l’hôpital pour assurer le financement de la reconstruction du site et tous les personnels, presque dans sa totalité, s’y opposent », ont-ils défendu, indiquant qu’ils « ne l’accepteront pas, du fait que d’abord il y avait un plan, un projet d’établissement depuis 2012, réalisé par un architecte sénégalais, reconnu mondialement et maintenant l’État prétend confier le marché aux espagnols, l’expertise nationale est donc mise en cause. »
« Sur cette base, ont-ils enchaîné, si on devait reconstruire l’hôpital, ce plan de 2012, il faudrait occuper plus de trois hectares mais le plan que l’État nous a présenté n’est pas conformes, nous sommes allés en séminaire de 48 heures et sommes rendus compte que les trois hectares ne suffissent pas pour la construction de l’ensemble des services de l’hôpital ».
Poursuivant, ils ont ajouté qu’ « il y’a déjà un promoteur sénégalais, qui avait fait des études, en collaboration avec l’ex directeur de l’hôpital en 2020 et que ce projet est encore valable, le financement est déjà disponible et les fonds sont déjà mobilisés. On peut reconstruire sans que l’État ne débourse aucun sous. »
Dione et Cie ont demandé à « être édifiés sur le sort du personnel de l’hôpital », soulignant « qu’il va falloir que l’État nous dise ce qu’il en sera car rien n’a été dit à ce sujet pour le moment. »
Les syndicalistes, qui promettent de poursuivre le combat, prévoient des sit-in et l’organisation d’une « grande marche nationale » au mois d’août prochain.
SENEGAL AU TRÔNE
Le ministre des Sports, Matar Bâ, s’est réjoui du sacre du Sénégal à la 29e édition des CAF Awards, jeudi, à Rabat (Maroc), estimant que l’année en cours a définitivement prouvé le leadership du pays dans le football africain.
Kaffrine, 22 juil (APS) - Le ministre des Sports, Matar Bâ, s’est réjoui du sacre du Sénégal à la 29e édition des CAF Awards, jeudi, à Rabat (Maroc), estimant que l’année en cours a définitivement prouvé le leadership du pays dans le football africain.
"2022 a fini de montrer à l’ensemble de l’Afrique et du monde que le Sénégal a définitivement pris sa place de leader pour le football africain", a-t-il dit, vendredi, lors du lancement des travaux de construction du stade régional de Kaffrine.
Le Sénégal a remporté, jeudi, lors de la cérémonie des CAF Awards, à Rabat, cinq des treize distinctions en jeu, dont celle de meilleur footballeur de l’année, revenue à son attaquant-vedette, Sadio Mané, et celle de meilleur entraineur, décernée à son sélectionneur, Aliou Cissé.
Le ministre des Sport a réitéré ses félicitations à l’endroit des récipiendaires sur son compte twitter.
Les travaux du stades régional de Kaffrine vont coûter 7,5 milliards de francs CFA et durer 24 mois.
"Aujourd’hui, nous lançons un nouveau type de stade, car les stades régionaux qu’on a déjà eu à construire sont différents dans la conception du stade régional de Kaffrine", a expliqué Matar Bâ, en présence des autorités locales et du vice président de la Fédération sénégalaise de football et maire de Kaffrine, Abdoulaye Saydou Sow, à qui il a aussi adressé ses féliciations.
Selon Matar Bâ, "ce stade de Kaffrine, qui portera le nom de feu Momar Talla Cissé (ancien ministre), disposera de toutes les commodités nécessaires pour accompagner le développement du football, de l’athlétisme et des autres disciplines".
Il a en outre répondu favorablement aux maires de Kahi (Aliou Diané) et de Kaffrine (Abdoulaye Saydou Sow), pour que le stade de la commune de Kahi dispose d’une grille de protection et que celui de Diamagadio puisse être doté de tribunes.
PAR MAHMOUDOU IBRA KANE
SAISON DES LISTES ROUGES
Listes rouges. Le tube de l’été. Un nouvel opus comme le Sénégal sait en composer ou se faire imposer à chaque hivernage.
Listes rouges. Le tube de l’été. Un nouvel opus comme le Sénégal sait en composer ou se faire imposer à chaque hivernage.
Liste rouge des inondations. Du moins de la première pluie et les premiers dégâts recensés. L’Etat semble surpris alors qu’il a été prévenu. Alerté qu’il est, par son système d’assainissement défaillant. Alerté par des infrastructures routières et autoroutières certes nécessaires, mais souvent sans mesures d’accompagnement. Alerté par la construction sauvage de cités entières dans des zones non aedificandi ou d’immeubles dans des quartiers dits résidentiels en violation des normes d’urbanisme édictées. Un Etat alerté surtout par ses propres services. Heureusement d’ailleurs qu’il en dispose de très qualifiés dans l’anticipation, l’alerte et les correctifs. Seule manque une réactivité face aux intempéries qui figent la puissance publique dans un consternant immobilisme. La cohérence opérationnelle n’est pas que dans le déploiement des plans Orsec.
Il y a trois mois, l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacim) avait averti. Dans ses prévisions, l’Anacim annonçait en rouge « un risque élevé d’éléments pluviométriques intenses voire même extrêmes ». Certes les conséquences d’une telle situation n’avaient pas été précisées. Mais un gouvernement averti n’en vaut-il pas deux ?! Le sujet des inondations, un tabou pour la majorité à la recherche… d’une nouvelle majorité en cette période de campagne électorale pour les Législatives du 31 juillet prochain. Du pain bénit pour l’opposition qui vise une cohabitation en contrôlant l’Assemblée nationale. La surenchère politique n’est pas loin sur une question sérieuse qui relève de la vision que nous devons avoir de l’aménagement de notre cadre de vie.
Phénomène naturel qui n’épargne a priori aucun pays, phénomène plus citadin que rural, les inondations -appellation parfois abusive- ne doivent cependant occulter la dimension bénéfique de la pluie. Dans un pays agricole et pastoral, il y a une campagne tout aussi importante, sinon plus importante qu’une campagne électorale. Il s’agit de la campagne qui concerne des secteurs vitaux tels que l’agriculture et l’élevage. On y ajouterait volontiers la pêche. De quoi préoccuper dans un contexte où partout dans le monde le sujet de la souveraineté et de la sécuritaire alimentaires domine les débats.
Liste rouge, disions-nous. En campagne électorale pour le scrutin législatif du 31 juillet, l’opposant Ousmane Sonko promet la publication de ce qu’il appelle « la liste rouge des médias corrompus ». L’annonce ne devrait pas tarder à être suivie d’effet, si on se fie au tempérament qu’affiche le leader de Pastef. L’Ofnac n’aura plus alors qu’à s’autosaisir de la déclaration de l’ancien Inspecteur des impôts entré en politique comme on entre en religion. Et d’ailleurs, pourquoi pas toutes les « listes rouges » ? L’opinion jugera et le pays ne s’en portera que mieux.
Ousmane Sonko s’est-il engagé dans un autre combat à mort : celui contre la presse ? L’hypothèse est sérieuse et la menace précise.
En attendant d’être édifié, le Sénégal est déjà rouge du sang versé par les dizaines de victimes du « Mortal Kombat » déclenché depuis mars 2021. Qui aura le courage d’arrêter le massacre ? Par les temps qui courent où la résignation semble être la chose la mieux partagée, la réponse à cette grave question n’est même plus évidente.
PAR Cheikh Faye
QUELQUES PISTES DE RÉFLEXION POUR LA RÉFORME DU CODE DU TRAVAIL
EXCLUSIF SENEPLUS - Il paraît important de faire l’inventaire de tous les types d’emplois qui pourraient résulter de la sous-traitance pétrolière afin de concevoir des compétences nécessaires pour la transition vers une économie pétrolière
Les Inspecteurs du travail ont ouvert le débat, lors de la tenue de l’édition 2022 des « Journées du monde du travail », sur l’opportunité ou non de réformer le Code du travail actuel, lequel date de décembre 1997, soit de 25 ans. Ils sont favorables à une réforme de celui-ci eu égard des nombreuses mutations sociales et économiques enregistrées depuis. De plus, la récente crise pandémique de la Covid-19, avec son cortège d’aménagements apportés dans l’application de certaines dispositions légales notamment celles relatives à la gestion des conditions et des milieux de travail, semble rendre évidente une telle éventualité.
Dans la presse du jour, un acteur important du monde du travail, monsieur Cheikh Diop, Secrétaire Général de la CNTS/FC, verse une importante contribution au débat sans oublier de mettre sur la table des propositions concrètes, advenant la décision de réformer le Code du Travail. Il se montre ouvert à une réforme du Code du Travail, mais à condition que les travailleurs n’en soient pas les agneaux du sacrifice au nom de la flexibilité. Il s’est montré clair en fixant les limites à ne pas dépasser lorsqu’il écrit : « (…) la remise en cause du code du travail actuel pour sa flexibilité ne peut être décrétée et conçue en dehors des paradigmes du travail décent, le cas échéant, elle se heurterait à l’action syndicale. »
Tout semble indiquer que nombreux sont celles et ceux qui croient qu’une réforme du Code du travail s’avère nécessaire, voire incontournable. Cela ne constitue pas une surprise, car le diagnostic de la situation est quasi-unanime : l’évolution technologique, la mondialisation de l’économie, les progrès sociaux, la crise de la Covid-19 et bien d’autres facteurs ont entrainé des transformations, profondes et durables, dans les modes d’organisation des entreprises et ont fini d’installer de nouvelles formes de travail.
Sans être exhaustive, cette présente réflexion vise, advenant la décision de réformer le Code du travail, à alimenter la discussion sur les choix de certains aspects liés à la démarche méthodologique à adopter et au contenu des réformes à apporter.
Nécessité d’une réforme inclusive
Les réformes antérieures du Code du travail ont toujours été une affaire de spécialistes du droit du travail et des partenaires sociaux. À cet égard, il semble utile de rappeler que la réforme du Code du travail d’un pays ne se limite pas seulement à toiletter, à réactualiser, voire à adapter certaines dispositions de cette loi. Elle va au-delà en intégrant des considérations et des préoccupations liées aux impacts que pourraient avoir les changements envisagés ou apportés. En effet, ces changements (voulus et/ou non voulus) pourraient avoir des conséquences (positives ou négatives), par exemple, sur le niveau d’emploi dans le pays, sur la prise en compte des aspirations sociétales (équité salariale hommes – femmes, conciliation travail – famille, etc.) et sur le fonctionnement des entreprises (productivité, compétitivité, etc.).
Selon les chiffres de l'Agence nationale de la statistique et de la démographie (ANSD), l’âge moyen de la population sénégalaise est de 19 ans et plus de 54% des sénégalais ont un âge compris entre 15 et 64 ans. Ce qui met en exergue la jeunesse et la vitalité de notre population ainsi que l’importance de celle considérée comme étant active. Dans ces conditions, toute réforme du Code du travail devrait trouver les combinaisons les plus efficaces et les moins coûteuses (socialement) pour favoriser le maintien à l’emploi des travailleurs. Ce qui requiert, certes, une certaine flexibilité pour les entreprises, mais une flexibilité limitée et balisée. Ainsi, par exemple, les employeurs pourraient disposer plus de facilités pour effectuer une réorganisation intérieure et/ou pour recourir à des contrats à durée déterminée ou à temps partiel afin de s’adapter à leur environnement concurrentiel. Toutefois, ces possibilités devront être encadrées de manière à mettre les travailleurs à l’abri d’éventuels abus susceptibles de les envoyer au chômage ou d’occasionner la perte de certains de leurs acquis. Ces compromis à trouver s’insèrent dans un concept plus global appelé « flexicurité ».
Au sens de l’Organisation internationale du travail (OIT), la notion de flexicurité renvoie, dans le cadre de son Agenda du travail décent, à une combinaison de flexibilité et de protection sociale. Cette dernière ne devrait pas se limiter uniquement à la sécurité de l’emploi et à celle du revenu, mais s’étend aussi à la stabilité de l’emploi, laquelle permet de se protéger contre les congédiements abusifs. Quelle sera le niveau de flexicurité optimal à prendre en compte dans la rédaction d’un nouveau Code du travail ? Seules des études préalables (quantitatives et qualitatives), décrivant la situation actuelle du monde du travail et cernant les aspirations de ses principaux acteurs ainsi qu’une évaluation objective de l’application des dispositions de flexibilité introduites dans le Code du travail de 1997, pourraient permettre aux autorités politiques compétentes de procéder aux arbitrages nécessaires pour fixer ce niveau.
Un second exemple, qui plaide pour une démarche large et inclusive qui va aller au-delà des spécialistes du droit du travail et des partenaires sociaux, pourrait être celui de l’intégration et du renforcement de mesures relatives à l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes. Aujourd’hui, rien ne justifie l’existence, à compétences égales, les écarts de rémunération entre les femmes et les hommes au sein des entreprises ou l’absence des femmes, en nombre suffisant, à la tête des entreprises ou leur présence dans les organes de gouvernance de celles-ci. La répression et la prévention des actes de harcèlements (psychologiques, physiques et sexuels) à l’encontre des femmes au travail devraient être, également, au menu de toute éventuelle réforme du Code du travail. Autant de choses qui militeraient pour l’implication des mouvements de défense des intérêts de la femme et ceux de la société civile dans toute démarche de réforme du Code du travail.
Tenir compte des nouveaux enjeux
Légiférer, c’est régler des problèmes actuels et anticiper sur ceux qui pourraient se poser dans l’avenir. Sous cette perspective, il n’est ni souhaitable ni possible de réformer le Code du travail sans tenir compte des enjeux sociétaux actuels et futurs. Au nombre de ces enjeux, figure celui du passage prochain de notre pays au statut de producteur d’hydrocarbures.
La crise pandémique de la Covid-19 a mis à nu la fragilité de plusieurs segments de l’économie nationale. Certains ont perdu de nombreux emplois et tout semble indiquer que la totalité de ces emplois perdus ne sera pas régénérée. De même, plusieurs nouveaux emplois, inconnus ou peu pourvus par le passé, apparaissent et semblent prendre de l’essor. C’est le cas des emplois qui se dessinent dans la perspective du démarrage de la production de nos hydrocarbures. D’une manière générale, la réforme du Code du travail devrait aider à faciliter la transition des travailleurs des secteurs d’activités identifiés comme étant les moins attractifs, les moins productifs, voire les moins profitables (en termes de niveau de revenus et de garanties) vers celui de l’exploitation, du stockage et de la commercialisation des hydrocarbures.
L’ère d’exploitation de nos ressources d’hydrocarbures sera source de nombreuses mutations notamment aux plans de l’économie et du marché du travail : des emplois vont disparaître et d’autres, plus qualifiés, vont apparaître. S’il est vrai que les compagnies pétrolières créent peu d’emplois directs compte tenu de l’importance des moyens techniques et technologiques qu’elles mobilisent ainsi que le niveau élevé de la qualification de leurs travailleurs, en revanche, elles favorisent énormément la création d’emplois indirects. En effet, pour fonctionner de manière optimale, les compagnies pétrolières ont besoin d’une pléiade de sous-traitants (industriels, services, logistiques, etc.). Il paraît donc important et utile de faire l’inventaire exhaustif de tous les types d’emplois qui pourraient résulter de la sous-traitance pétrolière afin de concevoir et de mettre en place des programmes de développement des compétences adaptés et efficaces pour assurer cette transition vers une économie pétrolière. Cette situation offre l’opportunité de réformer et d’adapter, par exemple, certaines dispositions du Code du travail relatives notamment aux Titres IV (apprentissage et formation professionnelle) et V (Tâcheronnat) en relation avec les autres Départements ministériels qui ont en charge l’emploi, le développement des compétences, le marché du travail, etc.
Il sera aussi impératif de faire de la négociation collective au sein des entreprises la pierre angulaire de la régulation des relations professionnelles et, subséquemment, une source de production du droit social. Ce qui reviendrait à remettre en cause, de façon profonde, le modèle de négociation collective en vigueur au Sénégal, lequel est marqué par une trop grande centralisation des négociations (parfois loin des entreprises et de leurs réalités) avec une implication trop importante des centrales syndicales et des autorités en charge du Travail. En effet, favoriser la négociation collective au sein des entreprises reviendrait notamment à permettre aux principaux acteurs concernés d’initier des démarches de proximité, de se sentir responsables de leur propre sort et de favoriser l’émergence de compromis qui tiennent compte des réalités internes et du contexte concurrentiel dans lesquels ils vivent. Les entreprises et leurs travailleurs savent mieux que quiconque ce qu’ils veulent et ce qui est plus adapté à leurs réalités, lesquelles diffèrent d’une entreprise à une autre. Il suffirait de développer et/ou renforcer leurs capacités et de leur offrir un encadrement minimal pour que la négociation collective au sein des entreprises soit une réalité.
En conclusion, le Sénégal ne pourrait pas se permettre de faire l’économie d’une réforme de son Code du travail. Advenant cette décision, la démarche à adopter et le choix des thèmes sur lesquels portera la réforme mériteraient beaucoup d’attention, une méthodologie rigoureuse et une implication de tous les acteurs concernés ou susceptibles d’être concernés. Ce sera le prix à payer pour éviter une énième réforme de plus.
Cheikh Faye, Ph.D est Professeur agrégé
UQAC – Canada.
par Lamine Niang
BACCALAURÉAT ET INÉGALITÉS
EXCLUSIF SENEPLUS - Le taux de réussite globalement décevant devrait pousser la réflexion sur la pertinence du maintien du baccalauréat tel qu’il s’organise depuis que nous l’avons hérité du système scolaire colonial français
Chaque année, à l’heure de la publication des résultats du baccalauréat, les projecteurs sont principalement braqués sur les élèves de terminale qui réussissent l’épreuve au premier ou au deuxième tour ; ceux qui obtiennent le fameux sésame avec une mention attirent davantage l’attention. À juste titre, ils sont félicités et auréolés d’éloges. L’instantanéité des médias en ligne et l’amplificateur des réseaux sociaux aidant dans la diffusion de ces belles réussites académiques.
Ces élèves méritent effectivement toute la reconnaissance et les vives félicitations qu’on leur adresse. Comme dans tous les autres domaines de la vie, les meilleurs doivent être sans aucun doute promus et érigés en modèles, c’est ainsi que se crée une société performante et méritocratique. De plus, ces élèves devraient pouvoir poursuivre leurs études supérieures dans les meilleures conditions socio-économiques possibles afin de préparer adéquatement la relève dans un monde de plus en plus savant et en perpétuelle compétition dans la recherche et l’innovation. C’est en effet par un niveau élevé d’éducation et de formation des populations actives que les États assoient leur développement social et économique.
Cependant, ces nouveaux diplômés du baccalauréat qui barrent la une des journaux et font la satisfaction des parents, amies et connaissances ne constituent que l’arbre de la réussite qui cache mal la forêt des milliers d’échecs qui se retrouvent sur la touche. À défaut de reprendre une année scolaire complète, beaucoup de ces doubleurs, dont certains sont à leur deuxième ou troisième tentative pour obtenir l’attestation tant convoitée, finissent par décrocher et quitter l’école. On ne s’y attarde pas suffisamment, hélas.
Et pourtant, ce sont ceux-là qui devraient susciter une attention toute particulière des gouvernants et administrateurs scolaires. En effet, l’éducation mobilise des investissements étatiques colossaux (humains, infrastructurels et financiers) et ceux-ci devraient concourir à un seul et même objectif : la réussite éducative des élèves. Par conséquent, lorsqu’un très grand nombre de ces élèves ne passent pas en classe supérieure ou échouent aux épreuves annuelles comme le BFEM ou le Bac, cela devrait alerter le ministère de l’Éducation nationale sur l’efficacité du système scolaire dans sa mission première de faire réussir les apprenants, quel que soient leurs besoins particuliers et leurs caractéristiques singulières. Dans un tel système qui tire les élèves vers le haut, l’échec scolaire devient une exception et mobilise l’énergie et les efforts des gouvernants scolaires pour le réduire le plus possible, à défaut de l’enrayer complètement.
Le taux de réussite globale à l’épreuve du bac constitue ainsi un indicateur suffisamment révélateur de l’échec de notre système scolaire et devrait d’ailleurs pousser la réflexion sur la pertinence du maintien du baccalauréat tel qu’il s’organise depuis que nous l’avons hérité du système scolaire colonial français. Selon les statistiques officielles fournies par la direction de Office du Baccalauréat, en 2021, sur les 147,957 candidats qui ont composé, seuls 66 063 sont déclarés admis, soit un taux de réussite de 44,65%. En 2020, le taux de réussite se situait à 48,4%, le plus élevé dans les deux dernières décennies. Comment se satisfaire de tels résultats si on sait que plus de 52% des élèves connaissent l’échec après une année d’études, d’angoisse et de stress ? En comparaison, en 2021, des pays voisins enregistraient des performances largement supérieures (64,42 au Bénin, 69,59% au Togo, 81,83 au Maroc et 94% en France). Le taux de réussite global de l'année 2022 risque fort probablement de ne point dépasser la barre des 50%.
En plus des nombreuses difficultés (retard dans le début des cours, grèves cycliques, conditions d’études précaires, etc.) dont les élèves demeurent les principales victimes, évaluer les apprentissages d’une année scolaire en quelques jours pour en recaler le plus grand nombre d’élèves n’est pas un gage d’une saine compétition. Au moment où des élèves issus des grandes écoles privées et des lycées d’excellence décrochent sans grande peine leur ticket pour l’université parce qu’étant bien préparés, d’autres provenant de milieux défavorisés ne peuvent souvent compter que sur un coup du destin ou sur leurs prédispositions cognitives supérieures. Une évaluation n’est pertinente que lorsqu’elle permet de porter concrètement un jugement sur des apprentissages réalisés en classe en vue de décisions pédagogiques et administratives. Elle doit nécessairement se fonder sur des valeurs telles que la justice, l’égalité et l’équité. Autrement, elle participe à creuser un fossé entre les élèves et à produire l’inverse de l’une des missions que l’école est censée remplir : lutter contre les inégalités.
Lamine Niang est gestionnaire scolaire.
LES AUTORITÉS MALIENNES DISENT AVOIR REPOUSSÉ UNE ATTAQUE TERRORISTE
Très tôt, plusieurs habitants ont relaté à l'AFP une "attaque" de la base de Kati. "On a été réveillés par des tirs à 5 heures du matin et des bruits d'explosion", a dit un habitant, ainsi qu'un autre demeurant dans cette ville de garnison
Une attaque qualifiée de "terroriste" a été "repoussée" vendredi aux portes de la capitale Bamako, dans la ville-garnison de Kati, coeur de l'appareil militaire et résidence du chef de la junte au pouvoir, a annoncé l'armée malienne sans fournir de bilan.
"La situation est sous contrôle et le ratissage est en cours pour débusquer les auteurs et leurs complices", a affirmé l'armée sur sa page Facebook.
"C’était tôt ce matin aux environs de 05h00 (locales et GMT) avec 2 véhicules piégés bourrés d’explosifs. Le bilan provisoire est de 2 assaillants neutralisés", a-t-elle ajouté.
Le Mali a été le théâtre de deux coups d'Etat militaires en août 2020 et en mai 2021. La crise politique va de pair avec une grave crise sécuritaire depuis 2012 marquée par des attaques jihadistes sanglantes.
Très tôt, plusieurs habitants ont relaté à l'AFP une "attaque" de la base de Kati. "On a été réveillés par des tirs à 5 heures du matin et des bruits d'explosion", a dit un habitant, ainsi qu'un autre demeurant dans cette ville de garnison : "Notre camp est attaqué", a-t-il dit.
Une source militaire a affirmé à l'AFP sous couvert d'anonymat que l'attaque a visé la Direction du matériel, des hydrocarbures et des transports (DMHTA), un lieu de stockage de l'armée, où deux véhicules auraient été emportés par les assaillants.
Qui a attaqué? La question restait sans réponse vendredi dans la matinée, tandis qu'un déploiement de forces spéciales maliennes était visible et deux hélicoptères de l'armée survolaient la zone dans la matinée, a constaté un journaliste de l'AFP.
Jamais la base de Kati n'a été directement ciblée par une attaque jihadiste.
Cette ville-garnison a été associée par le passé à la plupart des coups d'Etat qui ont secoué l'histoire politico-militaire tourmentée de ce pays d'Afrique de l'ouest indépendant depuis 1960.
Les actuelles autorités militaires, auteurs d'un double coup de force en 2020 puis 2021, avaient pris le pouvoir par la force le 18 août 2020 à Kati, avant de "descendre" sur Bamako.
C'est également à Kati -où habitent le colonel Assimi Goïta, président de la transition et son puissant ministre de la Défense, le colonel Sadio Camara- que sont systématiquement retenues les personnalités arrêtées lors des coups de force.
Attaques coordonnées
Cette attaque intervient au lendemain d'une série d'attaques coordonnées quasi-simultanées dans six localités différentes du Mali, dans les régions de Koulikoro (proche de Bamako) ainsi que de Ségou et Mopti (centre).
A l'aube jeudi, à la même heure que les tirs de ce vendredi, des hommes armés identifiés par l'armée comme membres de la katiba Macina -affiliée à Al-Qaïda- ont attaqué des postes de contrôle, gendarmerie, camp militaire, notamment dans la localité de Kolokani, à une centaine de kilomètres au nord de Bamako.
C'était la première fois depuis 2012 qu'une série d'attaques aussi coordonnées se déroulait si près de la capitale en pleine saison des pluies.
Mais la fréquence des attaques visant les régions du sud du Mali, auparavant épargnées, a augmenté depuis plusieurs mois.
Le Mali, pays pauvre et enclavé au coeur du Sahel, est pris un engrenage de violences multiformes depuis 2012.
D'abord en proie à un conflit avec des groupes rebelles indépendantistes, qui ont depuis signé un accord de paix en 2015, le pays fait face à une multitude de groupes armés affiliés aux nébuleuses jihadistes mondiales.
La principale coalition est le Groupe de soutien à l'Islam et aux musulmans (GSIM, JNIM en arabe), affilié à Al-Qaïda et mené par Iyad Ag Ghali. Le GSIM, dont l'influence sur le terrain ne cesse de s'étendre, comprend une myriade de groupes et opère principalement aux Mali et Burkina Faso.
Sont également présents des jihadistes affiliés à l'organisation Etat islamique (EI), installés dans la zone dite des trois frontières entre Mali, Burkina Faso et Niger ainsi que sur le frontière entre Mali et Niger.
S'ajoute aux violences incessantes une situation politique tendue entre la junte et et ses partenaires occidentaux et régionaux, teintée d'accrocs diplomatiques à répétition.
Le médiateur de la Communauté des Etats d'Afrique de l'ouest (Cédéao), l'ancien président nigérian Goodluck Jonathan, est actuellement à Bamako.
«BEAUCOUP DE PERSONNES TRAVAILLENT SANS QUALIFICATION, CE QUI EXPLIQUE LA FAIBLESSE DE LA PRODUCTIVITE»
Sékou Badji, coordonnateur par intérim du Pdcej, parle de l'évolution des travaux de trois centres de formation à l’image de celui de Saint-Louis destiné à former des ressources humaines sur les métiers du pétrole et du gaz
Sékou Badji, coordonnateur par intérim du Projet d’appui au développement des compétences des jeunes dans les secteurs porteurs (Pdcej), mis en place par la Bad et l’Etat pour permettre l’employabilité des jeunes, parle de l’évolution des travaux de trois centres de formation à l’image de celui de Saint-Louis destiné à former des ressources humaines sur les métiers du pétrole et du gaz. Par ailleurs, l’économiste-planificateur et responsable suivi-évaluation au Pdcej revient dans cet entretien, sur les raisons qui ont poussé le Pdcej à sceller de nouveaux partenariats.
Quel est le niveau d’exécution du Projet d’appui au développement des compétences des jeunes dans les secteurs porteurs (Pdcej) ?
Le projet a démarré effectivement en juillet 2019. De juillet 2019 à fin mars 2022, nous avons réalisé un bilan assez satisfaisant. D’abord, par rapport aux formations qualifiantes, nous avons formé 1341 jeunes et femmes des cinq régions que nous couvrons. Il faut rappeler que c’est un projet du gouvernement du Sénégal, appuyé et financé par la Banque africaine de développement (Bad) pour un montant d’un peu plus de dix milliards et une contrepartie de l’Etat d’un milliard deux cents. Ce projet intervient dans cinq régions, Dakar, Kaolack, Thiès, Saint-Louis et Ziguinchor, dans quatre secteurs. Il s’agit notamment de l’agrobusiness, c’est toute la chaîne de valeur agricole, les métiers des cuirs et peaux, les métiers des énergies solaires et des hydrocarbures (le pétrole et le gaz). Le projet a également financé 33 promoteurs dans les trois secteurs à savoir l’agrobusiness, l’énergie solaire et cuirs et peaux à travers ces régions pour un montant de plus de deux cent (200) millions à ce jour.
Où en êtes-vous avec l’état d’avancement des travaux des trois centres de formation dont la construction avait été annoncée par votre prédécesseur ?
Dans le volet infrastructure, nous avons démarré les travaux des centres de formation à Saint-Louis pour les métiers du pétrole et du gaz, à Ngaye Mékhé pour les métiers des peaux et des cuirs et au sein de l’Ita pour le centre de formation et d’incubation dans les métiers de l’agro-alimentaire. Pour les 3 centres, nous avons noté un niveau d’avancement des travaux assez satisfaisant même s’il y a un léger retard notamment à Saint-Louis, où le projet est le plus important avec le centre des métiers du pétrole et du gaz. Globalement c’est assez satisfaisant ! Sur la partie accompagnement des Pme, il y a un volet important. Il s’agit de l’accompagnement non financé destiné aux promoteurs mais aussi aux Pme à travers l’Adpme. Nous avons une convention pour accompagner 250 Pme et à ce jour, plus de 100 Pme ont pu bénéficier de cet accompagnement de l’Adpme. Et plus de cinquante business plans ont été élaborés en 2021 dont 44 retenus par le Comité de sélection, transmis à notre partenaire pour le financement.
Qu’est-ce qui explique le léger retard dans le déroulement des travaux de ces trois centres de formation ?
Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer, parce que l’accord de financement a été signé en 2018 et le projet n’a démarré effectivement qu’en juillet 2019. A ce facteur s’ajoute un deuxième, qui est externe, lié à l’impact du Covid-19 sur la mise en œuvre des activités. Mais aussi, il y a d’autres aléas qui ont un peu retardé l’exécution du projet. Il s’agit des deux conventions qui étaient un peu bloquées, notamment celle relative à la formation des jeunes dans les métiers du pétrole et du gaz et la convention avec un partenaire chargé d’accompagner les jeunes à l’entreprenariat. Ces deux dernières étaient bloquées pendant toute l’année 2021. C’est pourquoi à partir de 2022, d’importantes décisions ont été prises pour accélérer la cadence et améliorer le taux de décaissement du projet, en mettant en place de nouvelles approches. La date prévisionnelle pour le centre de Saint Louis est de 24 mois. En principe, ce centre devait être réceptionné au plus tôt en septembre 2024. Le centre de l’Ita, d’un délai d’exécution de 18 mois, sera réceptionné aux alentours de mars 2024. C’est le cas également pour Ngaye Mékhé dont la date de réception est prévue à la même période.
Avec l’exploitation du pétrole dont le début est prévu en fin 2023, combien de jeunes avez-vous formé dans le domaine du pétrole et du gaz ?
Si vous voyez bien, le projet, dans ses orientations, au-delà du centre qui est en cours de construction à Saint-Louis, a prévu des formations qualifiantes dans les métiers du pétrole et du gaz. Ces formations ont démarré depuis 2020. Et à ce jour, on a formé 491 jeunes dans huit métiers du pétrole et du gaz. On a formé des pompistes, des managers de station, des graisseurs, des laveurs, des chefs de boutique, des rayonnistes, etc., tous des métiers de l’aval pétrolier (segment de la distribution).
Avec la formation en pétrole et en gaz, peut-on s’attendre à voir le Sénégal doté de ressources humaines capables de l’aider à prospecter et exploiter les ressources énergétiques ?
Le Centre de formation des métiers du pétrole et du gaz de Saint-Louis a pour mission d’assurer la formation initiale de techniciens du pétrole et du gaz et la formation continue des professionnels du secteur. Ce centre, qui a une envergure sous-régionale, va permettre au Sénégal de rattraper le gap en matière de main d’œuvre qualifiée et de créer les conditions d’une meilleure employabilité des jeunes dans un contexte marqué par l’exploitation des ressources pétrolières et gazières. Avec ce dispositif, le Sénégal va ainsi se doter de ressources humaines qualifiées pour assurer la compétitivité et la croissance de son économie. En plus de la construction du Centre de formation dans les métiers du pétrole et du gaz, le Pdcej a prévu un programme de formation qualifiante de courte durée dans les métiers du pétrole et du gaz. Cette mission est confiée, à travers une convention de partenariat, à Invest in Africa, structure spécialisée dans le domaine du pétrole et du gaz, pour un montant total de 400 400 000 F Cfa.
Quels sont les critères d’admission à la formation initiale dans le centre ?
Ces critères d’admission reposent sur une sélection en trois parties et dans l’ordre suivant : une première sélection sur dossier et autres critères administratifs : parcours scolaire ou universitaire, détention ou pas d’un certificat d’études secondaires ou équivalent reconnu par les autorités, antécédents judiciaires ou fiscaux, service militaire accompli, attestations de travail, etc. ; une deuxième sélection par examen d’entrée de niveau baccalauréat scientifique ou technique. Reste à définir les épreuves-types en collaboration avec le projet Pdcej et l’Inpg. Et une troisième et dernière sélection basée sur des critères d’ordre psychologique et relative à la personnalité du candidat ainsi que ses qualités personnelles et sa sociabilité.
Qu’en est-il de la formation confiée à Invest in Africa ?
Concernant les formations qualifiantes confiées à Invest in Africa, il est prévu de mener une étude des besoins en ressources humaines auprès des compagnies pétrolières, permettant de définir les profils d’entrée et de sortie des candidats suivant les normes internationales. Parce que dans le segment de l’amont pétrolier, l’accès à une plateforme est conditionné à l’obtention d’un ou des certificats exigés par la norme internationale.
Parlez-nous de vos nouveaux partenaires ? Qu’est-ce qui explique les raisons du link avec ces nouveaux partenaires ?
Comme nouveau partenaire, nous avons l’université Gaston Berger de Saint-Louis, à travers son Centre d’incubation. Nous l’avons choisie pour son expertise mais aussi du fait que l’Ugb, à travers le réseau des universités au niveau national, va permettre de mettre en place un dispositif de formation en entreprenariat au profit des jeunes. Donc, l’Ugb va travailler avec les universités de Thiès, Kaolack, Ziguinchor pour mettre en œuvre ces formations en entreprenariat, accompagner les promoteurs, les initier à entreprendre, à pouvoir mûrir leur idée de projet, à structurer leur projet, à les mettre en œuvre, les incuber et les accompagner pour le financement.
Quelles sont les difficultés auxquelles vous faisiez face avant l’arrivée de vos nouveaux partenaires ?
Depuis 2022, pour donner suite à la revue à mi-parcours réalisée par la Bad et le gouvernement, nous avons relevé un certain nombre d’insuffisances. Parmi lesquelles, le retard dans la mise en œuvre des activités et un taux de décaissement pas satisfaisant. Alors pour cela, nous avons engagé le processus de diversification du partenariat d’abord au niveau des formations qualifiantes. C’est pourquoi nous avons signé une nouvelle convention avec Invest in Africa, qui est une structure internationale, reconnue et qui a une compétence dans le domaine du pétrole et du gaz, et une autre convention avec l’incubateur de l’université Gaston Berger. Ensuite, au niveau du volet financement, nous avons signé des conventions avec deux nouvelles institutions financières, en plus de La Banque agricole. Ces structures spécialisées dans leur domaine respectif vont permettre de réaliser très rapidement des activités de formation et de financement.
Quelle stratégie comptez-vous mettre en place pour accélérer l’achèvement des centres de formation ?
Au niveau du volet construction des centres, nous avons élaboré un dispositif de suivi impliquant toutes les parties prenantes, à travers des comités techniques de suivi qui vont se réunir mensuellement pour analyser, évaluer et apprécier le taux d’avancement des constructions. Cela permet de pouvoir surveiller l’exécution conformément au délai, tout en respectant la qualité requise. Chaque mois, nous allons réunir toutes les parties prenantes impliquées dans le projet, à savoir le ministère de tutelle, le ministère des Finances, le ministère du Plan, les entreprises chargées de mettre en œuvre le projet, les maîtres d’œuvre, ainsi que les bénéficiaires dans le suivi. Au-delà de ces rencontres, il y a aussi les réunions hebdomadaires.
Quel impact la construction de ces centres aura sur l’employabilité des jeunes ?
Ces centres n’ont pas été choisis au hasard. D’abord, les secteurs ont été identifiés au regard du potentiel économique et de la capacité à générer des emplois. Si vous prenez l’agriculture d’une manière générale, c’est un secteur porteur d’insertion au Sénégal. C’est le cas de l’énergie solaire avec les politiques portant sur la protection de l’environnement marquées par la promotion des énergies renouvelables. Il y a également le secteur pétrolier et gazier, qui est aujourd’hui un secteur vraiment porteur au plan économique mais aussi en termes d’insertion au Sénégal. Et pour améliorer l’employabilité des jeunes, ils vont permettre de contribuer véritablement à la qualification de la main d’œuvre. Ce qui va permettre de promouvoir la croissance, la productivité. En effet, au Sénégal, beaucoup de personnes travaillent sans qualification, ce qui explique la faiblesse de la productivité du travail. Parce qu’il y a une corrélation entre la productivité et la qualification.
ABDOU SOULEYE DIOP EVOQUE UN CHANGEMENT DYNAMIQUE À PROPOS DE LA MISE EN EUVRE DE LA ZLECAF
Abdou Souleye Diop est très confiant pour l’avenir du commerce intra-africain
Abdou Souleye Diop, associé du Cabinet Mazars, est optimiste quant à une bonne mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf). Il s’attend aux premières retombées positives de cette initiative majeure du continent noir dans les cinq prochaines années, et encourage les pays africains à s’appuyer sur les Communautés économiques régionales pour bien construire la Zlecaf.
Abdou Souleye Diop est très confiant pour l’avenir du commerce intra-africain. Cet associé du Cabinet Mazars l’a fait savoir en marge de l’Us-Africa busines summit, qui se tient présentement au Maroc. Interrogé par le journal économique marocain Medias24, l’expert sénégalais, établi au Maroc, prédit déjà un changement dynamique pour le nouveau marché africain. «C’est ambitieux mais c’est à la dimension de l’intérêt qu’a le continent africain.» «Les premiers fruits de la Zlecaf, on les verra dans les 5 ans. (Parce que) le fait de constituer la Zlecaf va attirer déjà un certain nombre d’investissements importants de la part des différents acteurs. Parce qu’il faut se positionner dès maintenant. Ce n’est pas demain qu’il faudra se positionner. Donc, les fruits on va commencer à les voir très rapidement. C’est la transformation globale du commerce africain pour lequel je dis 10-15 ans. On verra que dans le mindset, les gens vont changer, commencer à commercer entre pays africains. Donc il y aura des changements dans les prochaines années.» «Je suis convaincu que dans 10 ans, 15 ans, la global picture sera complètement différente parce qu’on aura fait des avancées considérables. La Zlecaf est en train de se mettre en place mais en attendant, ça n’empêche pas, dans l’intervalle, de continuer à travailler sur la coopération avec les acteurs, tous les partenaires du continent africain», suggère l’ancien président de l’Association des Sénégalais du Maroc. Qui rappelle les nombreux bouleversements intervenus naguère sur le continent à cause de la prévalence du Covid-19.
Pour une bonne mise en œuvre de la Zlecaf, M. Diop suggère de «construire (en s’appuyant) sur les communautés économiques régionales. Il y a la Cedeao qui a 16 Etats, la Sadc, la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Est, on a l’Uma, même si ça ne fonctionne pas». «Il faut travailler à partir des cercles concentriques. (Car) c’est à partir de ces ensembles cohérents qu’il faut renforcer, qu’on va élargir et se retrouver avec plus de cohérence de la Zone de libre-échange continentale.»
FLORAISON DES ECOLES PRIVEES, OMBRES AU TABLEAU
Quels sont les impacts de la privatisation sur le droit à l’éducation ? La Cosydep a tenté de répondre à cette question en menant une enquête.
26% des écoles privées étudiées sont reconnus, 69% sont autorisés et 5% non autorisés, avec une ¬utilisation massive des professeurs du public par le privé. C’est ce qui ressort du rapport de l’enquête menée par la Cosydep qui a ¬partagé les résultats hier, lors d’un webinaire.
Quels sont les impacts de la privatisation sur le droit à l’éducation ? La Cosydep a tenté de répondre à cette question en menant une enquête. Le rapport révèle que 26% des écoles étudiées ont une reconnaissance, 69% sont autorisés et 5% sont non autorisés. Parmi les écoles enquêtées, les 16% appartiennent à des personnes morales (associations), les 4% aux communautés religieuses, les 22% aux personnes morales (Gie). Les 2% sont aux acteurs individuels (mécènes), les 56% aux acteurs individuels (autres). L’enquête détermine également que les établissements privés de l’échantillon sont majoritairement à but lucratif (84%) et font des bénéfices (60%), la plupart de ces établissements (50%) ont été créés entre 2010 et 2020 et 19% bénéficient de subventions.
Pour ce qui est de la part des effectifs du privé dans les cycles d’enseignement, le rapport indique qu’au niveau pré-primaire, le privé y est dominant. Ainsi 109 mille 976 enfants préscolarisés sur un effectif de 252 mille 330, soit 43,06%. Dans l’enseignement élémentaire, 365 mille 557 sur 2 millions 171 mille 967, soit 16,8%. Concernant l’enseignement moyen général, il s’agit de 135 557 sur un effectif total de 746 497, soit 18,20%. Pour ce qui est de la part du privé dans le total des écoles à l’élémentaire, elle s’établit comme suit : dans le cycle élémentaire, sur 10 343 écoles élémentaires : 83,4% sont publics, 16,2% privés et 0,4% de statut communautaire/associatif. De 2015 à 2019, le réseau d’écoles élémentaires, public et privé confondus, a connu un taux d’accroissement moyen annuel de 2,0%, soit une augmentation globale de 794 écoles. Dans le même temps, le réseau d’écoles publiques n’a connu qu’un accroissement d’1,5%. «La conclusion est que le développement de l’élémentaire privé est environ 5 fois plus rapide que celui du public. La tendance à une progression constante de l’offre privée est perçue comme une forme de privatisation rampante», dit le rapport.
Par ailleurs, le rapport montre l’évolution des établissements préscolaires privés entre 2015 et 2019. En effet, dans le préscolaire, plus de 236 nouveaux établissements ouverts entre 2015 et 2019, avec une augmentation de 59 entre 2015 et 2016, 40 entre 2016 et 2017, 67 entre 2017 et 2018, 70 entre 2018 et 2019. Ce qui fait dire à la Cosydep que ce rythme de progression donne en moyenne une croissance d’une quarantaine d’établissements nouvellement créés au préscolaire par an.
Par rapport aux établissements privés, à l’élémentaire, à la même période, il est noté que 296 nouveaux établissements ont été ouverts entre 2015 et 2019, avec une augmentation de : 88 entre 2015 et 2016, 65 entre 2016 et 2017, 89 entre 2017 et 2018, 54 entre 2018 et 2019. «Une évolution très inconstante. L’enseignement élémentaire doit faire l’objet d’une vigilance particulière», commentent les rédacteurs du rapport. Ce dernier rapporte aussi que 74% des parents interrogés ont déclaré avoir scolarisé leurs enfants en écoles privées non pas par choix mais par obligation. Ces parents déboursent entre 50 et 400 mille F Cfa par an pour les frais de scolarisation et autres frais opportunistes, détaille l’enquête.
Autre fait marquant du rapport, c’est l’utilisation massive des professeurs du public par le privé, «en contradiction avec les dispositions des textes législatifs et réglementaires». En fait, 54% ont des Cdd et 44% sont des vacataires, 39% des établissements observés ne sont pas à jour des cotisations sociales, moins de 20% des écoles comptent 10 à 15% d’agents qualifiés titulaires de diplômes professionnels.
Entres autres recommandations, la Cosydep demande le renforcement du dispositif de contrôle et le respect des normes du secteur privé de l’éducation. Mais aussi s’assurer que soient respectées les qualifications professionnelles minimales du personnel, les conditions de travail, d’emploi et de rémunération, la liberté d’association et de négociation collective.