Le Coronavirus ne recule pas au Sénégal. Le taux de positivité dépasse toujours la barre de 10%. Elle se place à 12,9%, ce dimanche, 17 janvier 2021. Sur les 2239 prélèvements effectués, 290 sont revenus positifs. Parmi ceux-ci, 118 sont des contacts suivis par les sévices sanitaires, il n’y a pas de cas importé, mais 172 sont des cas issus de la transmission communautaire.
Sur le bulletin épidémiologique, lu par Dr El Hadj Mamadou Ndiaye, 172 patients ont été contrôlés négatifs et déclarés guéris, au moment où, 42 cas graves sont pris en charge dans les différents services de réanimation.
À ce jour, 23 028 cas ont été déclarés positifs dont 19224 guéris et 515 pertes en vies humaines. Actuellement, 3288 patients sont sous traitement.
L'UGB ENTAME UNE OPÉRATION D’EMBELLISSEMENT DU CAMPUS DE SANAR
La commission sociale des étudiants de Saint-Louis a entamé samedi un projet de rafraîchissement des murs des villages du campus en vue d’améliorer le cadre de vie de ses membres et du personnel du centre régional des œuvres universitaires
La commission sociale des étudiants de Saint-Louis a entamé samedi un projet de rafraîchissement des murs des villages du campus en vue d’améliorer le cadre de vie de ses membres et du personnel du centre régional des œuvres universitaires de Saint-Louis (Crous), a constaté l’APS.
A cette occasion, Babacar Diongue, secrétaire générale de cette commission, a invité ses frères étudiants à s’impliquer dans cette oeuvre citoyenne appuyée par la direction du Crous.
‘’Nous avons constaté qu’à Sanar, depuis des années, il n’y a pas eu de rafraîchissement des murs et nous avons décidé de porter ce projet au lieu d’en faire une revendication’’, a dit M. Diongue.
Ce programme soumis aux autorités a été accepté et accompagné, a ajouté l’étudiant, qui s’est transformé, avec ses condisciples, ’’en peintres pour les besoins de cette opération’’.
Pour lui, ‘’cette année, il s’agit juste de lancer cette opération qui devrait être pérennisée par les générations futures’’.
Le directeur du Crous, Pape Ibrahima Faye, a salué cet engagement des étudiants pour l’amélioration de leur cadre de vie, dans le cadre de ce projet communautaire.
Selon lui, il s’agit également d’aider ces étudiants à préparer la phase de leur insertion dans le monde du travail en initiant ces genres d’activités.
M. Faye a aussi exhorté les étudiants à préserver le bien public.
Cette opération va durer une quinzaine de jours et concerne l’ensemble des 15 villages universitaires des Sanar.
L’EXPOSITION DES ŒUVRES DE LÉONARD DE VINCI S’INSCRIT DANS ‘’LA PROMOTION DE LA DIVERSITÉ’’
Le professeur Hamady Bocoum s'exprimait lors de l'exposition des 17 chefs d’œuvres du peintre italien Léonardo De Vinci (1452-1519), dont ‘’La Joconde’’ et la fresque de ‘’la Cène’’, ouverte samedi, au Musée des civilisations noires (MCN) à Dakar
Dakar, 16 janv (APS) – L’exposition des 17 chefs d’œuvres du peintre italien Léonardo De Vinci (1452-1519), dont ‘’La Joconde’’ et la fresque de ‘’la Cène’’, ouverte samedi, au Musée des civilisations noires (MCN) à Dakar, s’inscrit dans ‘’la promotion de la diversité et du dialogue des cultures’’, a souligné son directeur général, le professeur Hamady Bocoum.
Elle offre à voir ainsi en un seul lieu, par le biais d’une reproduction numérique rendue possible par la ‘’RAI Com’’ (la branche commerciale de l’audiovisuel public italien), les plus célèbres tableaux du génie de Florence.
Parmi les tableaux exposés, il y a le portrait de ‘’La Joconde’’ dont l’original se trouve au musée du Louvre à Paris, ‘’l’Annonciation, ‘’La Cène’’ qui reproduit la fresque murale de l’Eglise de Santa Maria delle Grazie à Milan, Les ‘’Vierges de Roger’’ dont l’une est à Paris (France) et l’autre à Londres (Royaume Uni).
Chaque toile est accompagnée d’un panneau expliquant le contenu et les conditions de réalisation de l’œuvre.
‘’Ce qui est intéressant dans ce que nous sommes en train de faire ici, cette exposition de Léonardo de Vinci, c’est la promotion de la diversité et surtout le dialogue des cultures et des approches’’, a déclaré M. Bocoum lors de la conférence de presse virtuelle via zoom.
‘’Le Musée des civilisations noires se veut un espace de rencontre universelle de toute les civilisations. Ce qui était important dans le corpus de Senghor, c’est l’universel. C’est avec beaucoup de plaisir que nous recevons Léonardo De Vinci’’, estime le directeur du MCN, qui a co-animé cette rencontre avec l’ambassadeur d’Italie au Sénégal, son Excellence Giovanni Umberto de Vito.
Selon lui, ‘’l’Afrique est presque sevré des artistes classiques’’.
‘’(…) autant en Europe il y a la possible de voir l’art africain, autant en Afrique il doit y avoir des possibilités de regarder les chefs d’œuvres de l’art européen, asiatique. Je crois que c’est cela la mondialisation culturelle. La mondialisation, il n’y a plus les indigènes et les autochtones, mais la culture monde’’.
Etaient aussi présents la directrice de l’Institut culturel italien à Dakar, Cristina Di Giorgio, le directeur artistique Lucas Gismondi, le commissaire associé Ousseynou Wade.
L’exposition ‘’Opéra Omnia Léonardo’’ qui signifie ‘’Toutes les œuvres complètes de Léonard’’ en latin, dont le coup d’envoi a été donné samedi à 16 heures par le directeur du musée des civilisations noires et l’ambassadeur d’Italie au Sénégal, boucle la tournée mondiale de la célébration des 500 ans de l’artiste, à Dakar
Elle permet aux visiteurs d’être en immersion avec le travail du génie de Florence à travers ces 17 tableaux les plus célèbres de son œuvre.
‘’La Cène’’, une fresque de 9 sur 4,5 mètres placée dans le hall d’entrée du MCN, laisse voir et admirer le ‘’dernier souper’’ de Jésus entouré de ses disciples, où il révèle qu’avant l’aube l’un d’eux va le trahir.
Si on s’approche de près et avec l’aide de la technique du rétroéclairage qui spécifient ses œuvres de Léonardo De Vinci, on peut voir que le peintre a su rendre compte de la réaction et des mouvements des disciples réunis autour de cette table.
Dans la salle où les 16 autres toiles sont accrochées sur les cimaises, une scénographie de Fodé Camara de ‘’Tawfeex design’’, on peut admirer les tableaux de portraits de musiciens, de femme : ‘’Le Cénacle’’, ‘’L’adoration des mages’’, entre autres.
Le rétroéclairage des œuvres donne aux visiteurs une autre ambiance des lieux.
Selon l’ambassadeur d’Italie au Sénégal Giovanni Umberto de Vito ‘’ Léonardo De Vinci a toujours associé son esprit d’innovation, de recherche et l’importance de la science avec la réalité sociale et avec la reconnaissance de la diversité du monde’’.
‘’Léonardo De Vinci a été aussi influencé par des penseurs de religion musulmane. Il y a beaucoup d’histoires sur la biographie du peintre, on dit que sa mère était peut-être d’origine d’Afrique du Nord, il n’y a pas de preuve sûr, et les témoignages disent que c’était un homme très ouvert qui avait une connaissance de la diversité du monde’’.
Cette exposition utilise beaucoup les nouvelles technologies et, selon le directeur artistique Lucas Gismondi, ‘’vise à permettre aux gens du monde d’admirer dans les meilleures conditions de lumière, d’espace de la salle, la vie artistique d’un peintre en l’occurrence ici Léonardo De Vinci au même endroit et en même temps’’.
‘’Vous savez que +La Joconde+ est au musée du Louvre à Paris, Les vierges de Roger une à Londres et l’autre à Paris. Ici on peut admirer toutes les œuvres complètes en même temps et on peut s’approcher’’, poursuit-il.
Il estime qu’un mélange de techniques différentes a été utilisé pour ces œuvres, ‘’la vision la plus naturelle, la plus près de l’originale, a été élaborée pour permettre de régler le niveau de lumière, le point de blanc à choisir selon l’ambiance où l’œuvre va être accrochée’’, explique le directeur artistique.
Le Musée des civilisations offre à voir jusqu’au 28 février prochain cette exposition en virtuel et en présentiel en respectant les mesures barrières et la distanciation sociale en cette période de pandémie liée au Covid-19.
‘’Toutes les mesures barrières sont prises pour faire en sorte que le public qui sera là, mais très limité, soit en toute sécurité. Nous avons travaillé avec le bureau +Véritas+ et l’Agence de promotion touristique’’, a rassuré le Professeur Bocoum.
COMMENT LUMUMBA EST-IL DEVENU UN ENNEMI À ÉLIMINER ?
Il y a 60 ans, le Premier ministre déchu de la RDC était assassiné. Un crime rendu possible grâce aux plans échafaudés, pendant plusieurs mois, par ses ennemis de l'intérieur comme de l'extérieur du pays
Il y a 60 ans, le Premier ministre déchu de la République démocratique du Congo Patrice Lumumba était assassiné. C'était le 17 janvier 1961, lors de son transfert vers le Katanga. Un crime rendu possible grâce aux plans échafaudés, pendant plusieurs mois, par ses ennemis de l'intérieur comme de l'extérieur du pays.
Mais comment Patrice Lumumba, aujourd'hui érigé en premier héros national de la RDC, est-il devenu - aux premières heures de l'indépendance - une figure politique gênante, un ennemi à éliminer ? Quelle menace représentait-il pour ses adversaires ? Quels événements, jeux de décisions et d'alliances ont conduit à cette issue fatale ?
Avec Christophe Boisbouvier, journaliste et directeur Afrique de RFI.
LE TRAFIC DE BOIS AU MENU D'UNE RVUNION DIPLOMATIQUE ENTRE LE SÉNÉGAL ET LA GAMBIE
Les ministres des Affaires étrangères des deux pays se sont retrouvés vendredi à Dakar pour trouver des solutions face au problème du trafic de bois de rose. Mais au-delà de la volonté affichée, aucune avancée concrète dans l’immédiat
Les ministres des Affaires étrangères sénégalais et gambien se sont retrouvés vendredi 15 janvier à Dakar pour trouver des solutions face au problème du trafic de bois de rose. Mais au-delà de la volonté affichée, aucune avancée concrète dans l’immédiat.
C’est un fléau qui perdure entre le Sénégal et la Gambie : le trafic de bois de rose, protégé mais coupé en Casamance, au sud du Sénégal, puis acheminé en Gambie d’où il est illégalement exporté vers la Chine. Selon l’Institut d’études de sécurité de Dakar, environ un million d’arbres ont été abattus illégalement en Casamance, soit un tiers de la forêt de la région.
« Ce n’est pas un problème gambien, ni sénégalais, mais un problème sénégambien » selon le chef de la diplomatie gambienne Mamadou Tangara. « Je voudrais réaffirmer l’engagement du gouvernement gambien du président Adama Barrow de travailler main dans la main avec son grand frère et ami Macky Sall. Ne ratons pas le coche. »
CONDÉ A REÇU UNE DOSE DU VACCIN RUSSE CONTRE LE COVID-19
La Guinée, pays pauvre d'Afrique de l'Ouest, a obtenu 60 doses de Spoutnik V. Elle va vacciner dans un premier temps un petit nombre de volontaires d'un certain âge
Le président guinéen Alpha Condé, 82 ans, a reçu vendredi une première dose du vaccin russe Spoutnik V, dans le cadre d'une phase pilote dont ont jusqu'à présent principalement bénéficié des membres du gouvernement, a-t-on appris samedi de source proche de la présidence.
Le ministre de la Défense, Mohamed Diané, scientifique de formation, avait été le premier à recevoir le 30 décembre le vaccin mis au point par le Centre national russe d'épidémiologie et de microbiologie Gamaleïa. Plusieurs membres du gouvernement -- "ceux n'ayant pas déjà contracté le virus" -- ont été vaccinés au cours des deux dernières semaines, a dit samedi à l'AFP le chargé de communication de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (ANSS), Sory II Kéira. Ils ont été suivis vendredi par le président Condé, selon une source proche de la présidence et des images diffusées par la télévision nationale.
La Guinée, pays pauvre d'Afrique de l'Ouest, a obtenu 60 doses de Spoutnik V. Elle va vacciner dans un premier temps un petit nombre de volontaires d'un certain âge. Après cette phase pilote, les autorités décideront d'étendre ou non la vaccination, avaient elles indiqué fin décembre, sans donner d'échéance."Plus de 2,5 millions de doses de vaccins sont attendues avant la fin du premier trimestre 2021, ce qui permettra à l'ANSS de vacciner un bon nombre de personnes, celles qui le souhaitent bien sûr", a dit samedi M. Kéira, sans préciser s'il s'agissait uniquement de doses du vaccin russe.
La Guinée a déclaré plus de 14.000 cas de contamination et 81 décès à cause du nouveau coronavirus. Plusieurs personnalités politiques ont succombé.La crise sanitaire a coïncidé avec des mois de crise politique causée par la candidature du président Alpha Condé, depuis réélu, à un troisième mandat consécutif. Les défenseurs des droits humains ont accusé le pouvoir de se servir du prétexte pandémique pour réprimer la contestation, ce que les autorités ont réfuté.La Guinée avait été sévèrement éprouvée par la fièvre hémorragique due au virus Ebola, qui y avait tué 2.500 personnes entre fin 2013 et 2016.
par Ibrahima Thioye
VIDEO
AMY COLLÉ DIENG A VENGÉ LES SÉNÉGALAIS
EXCLUSIF SENEPLUS - Combien de fois Youssou Ndour a-t-il mis des Sénégalais en transe ou déclenché des frissons chez nous tous ? Lors du Grand Bal du 31 décembre 2020, c’est Amy Collé, sa « fille », qui nous venge en l’« emmenant chez Ardo »
Ce texte fait suite au visionnage de la vidéo YouTube du duo Youssou Ndour-Amy Collé Dieng extraite du Grand Bal du 31 décembre 2020.
Youssou a laissé une bonne place à Amy Collé (à partir de 5 min 23). Le résultat est un chef-d’œuvre de mbalax. En l’examinant de près, on y découvre des réactions émotionnelles ou instinctives insoupçonnées et croustillantes.
Mbaye Dieye Faye, l’homme jovial, nous montre qu’il est très sensible. Il avait les larmes dans la voix en évoquant les décès récents de Balla Gaye et de Doudou Seck. Youssou Ndour, majestueux dans la première partie, a tremblé de tout son corps au moment où Amy Collé lui faisait des éloges (à partir de 7 min 34, sur 1 seconde). C’est comme s’il avait reçu une décharge électrique. À partir de 8 min 00 et sur une période de 45 secondes pendant laquelle Amy Collé le compare au meilleur des étalons d’une course de chevaux, on dirait un homme en transe qui ne sait plus où il met les pieds.
Combien de fois Youssou a-t-il mis des Sénégalais en transe ou déclenché des frissons chez nous tous ? Cette fois-ci, c’est Amy Collé, sa « fille », qui nous venge en l’« emmenant chez Ardo ». Assane Thiam et Jimmy sont les rares qui sont au courant du « traitement » infligé à leur boss par Amy Collé. Je crois qu’il le leur a avoué par autodérision ; Youssou ne peut pas manquer d’humour avec ses musiciens dont certains sont devenus des « potes » de plus 40 ans de vie commune.
Mbaye Dieye Faye
Mbaye Dieye Faye est un as de l’animation. Il a étalé toute sa classe. Il sait créer la bonne ambiance. Il a accueilli Amy avec des compliments et l’a soutenue durant toute la chanson avec des « ndeysane » et des « lahilaha ihlala ». Il sait recadrer en y mettant la manière. Il demande gentiment à Amy de se dresser face à la caméra, car le monde entier est en train de la regarder.
On note chez Mbaye Dieye une grosse sensibilité ; à un moment, l’émotion lui a étranglé la voix. C’est quand il a évoqué le nom d’Ibou Ndiaye Niokhobaye en rendant hommage aux deux disparus (Balla Gaye et Doudou Seck). Il s’est ressaisi très vite en tendant la perche à Youssou Ndour. Quand il dit « ndeysane » ou « lahilaha ihlala », je crois qu’il exprime sincèrement un sentiment d’admiration.
Youssou Ndour
Youssou Ndour, l’artiste planétaire, mêle art et efficacité. C’est un artiste leader. Il a une très belle voix et il sait puiser dans le répertoire musical traditionnel wolof, qui est très riche. Dans ce titre, on retrouve des classiques : « Socé Demba Majiguène, Thieyacine Demba ak Mar », « Bismilahi ñoo ngi door ree », « Gawlo Jamm nga yendo, jamm nga fanane ».
Très rigoureux, dès l’entame de la prestation d’Amy, il lui indique du doigt de se mettre face à la caméra. On voit également que c’est d’une main de maître qu’il supervise le travail collectif. Il donne des directives précises, suivies par les membres de l’orchestre.
Je crois qu’il a été touché par les éloges d’Amy Collé. Celle-ci a commencé en rappelant son identité et les liens historiques qui les lient. À 7 min 28 précises, elle entonne dans une envolée sublime : « Majiguèèèène Ndouuuur, Ndeye Soxnay sa yaye » ; Youssou met sa main gauche sur son nez, comme par pudeur ou kersa. Lorsqu’elle ajoute « Elimanay sa Baye », il tremble de tout son corps pendant une seconde, entre 7 min 34 et 7 min 35. C’est peut-être cela qu’Elhadji Mansour Mbaye appelle « yaram bouy daw ». Pour masquer cela, il se met à danser. À partir de 8 min 00, Amy Collé est toujours dans sa lancée élogieuse, entrecoupée d’un vrai solo des trois percussionnistes, en comparant Youssou Ndour au meilleur des étalons. Sur une période de 45 secondes à partir de 8 min 00, on dirait un homme en transe qui ne sait plus où il met les pieds. Il ne danse pas, il ne marche pas, il titube.
À 9 min 00, Youssou s’entretient avec Assane Thiam et Jimmy Mbaye. Sans pouvoir l’attester avec certitude, je crois qu’il leur a dit que la petite l’a vraiment touché (qu’elle l’a emmené chez Ardo). Ces derniers commencent à rigoler, mais vers 9 min 07, au moment où Amy entonne « Ndeye Soxna Mboupay sa yaye », Assane et Jimmy se tordent de rire, comme pour dire : « Mais elle va le tuer… ».
Le cas échéant, ce monsieur serait d’une grande maturité, car accepter sa vulnérabilité et en rire avec les autres est simplement un signe de sagesse. À partir de 9 min 23, on note une reprise en main de la situation par Youssou Ndour. Cela également est une marque d’élévation : je tombe, mais je me relève vite. L’homme dont Néneh Cherry disait qu’en l’écoutant, elle avait la chair de poule, est aussi vulnérable que nous tous.
À partir de 10 min 08, Amy étale une autre dimension de son art. Elle y reprend « Ndeye Soxna Mboup moy sa yaye kou la ci way nga contane ». Jimmy Mbaye acquiesce comme pour dire : « Tu ne sais même pas combien tu as raison ». Elle y évoque également son amour du Prophète. Là, Youssou est au comble du bonheur (voir la position à 10 min 39). Et toujours dans la même lancée, et de façon très affectueuse, elle entonne : « Yaye sama Baye, so mané wayal ma waye ».
Mais vers 11 minutes, il s’est passé quelque chose qui mérite l’attention. Amy entonne « Art bi dafa yatou lol… » ; Youssou devait assurer les chœurs, mais rien ne sort du micro. Est-ce une étreinte émotionnelle ? Est-ce un problème du micro ? Est-ce le souhait de la star planétaire de laisser le maximum de place à Amy Collé ? Je penche plus pour un problème technique, car le micro s’active subitement quelques minutes plus tard. Jimmy Mbaye, comprenant la difficulté sur les chœurs, s’adresse aux choristes pour leur demander d’élever la voix.
Amy Collé Dieng
Amy Collé Dieng est une muse poussée par son côté émotionnel visiblement très développé, sa sensibilité et un lyrisme exceptionnel. Sa voix est magnifique, puissante, touchante et on sent qu’elle est complètement connectée à son cœur. Elle est une fan inconditionnelle de Youssou et dans ce duo (ou trio), en s’appuyant sur cette chanson, « Léteuma », elle fait l’éloge de son idole. Le résultat est époustouflant et très émouvant. Elle est incontestablement la star sur ce son et c’est certainement ainsi que Youssou l’a voulu.
Elle est accueillie comme une reine par Youssou et Mbaye Dieye Faye. Elle est authentique, naturelle et son corps est en accord parfait avec la musique du début à la fin. Quand elle lance son « Majiguèèèène… », tout son corps accompagne l’expression vocale. Idem quand elle lui indique son attachement au Prophète. Ne dit-elle pas que le vrai amour est éternel, sinon ce n’est pas de l’amour ? Tout cela dégage une beauté exquise.
Il lui est très difficile de respecter cette consigne de se mettre face à la caméra, car elle se soucie plus du moment agréable qu’elle est en train de passer devant son idole. Mais aussi, on est plus à l’aise en face d’une personne à qui on adresse des éloges. La réplique qu’elle apporte à Mbaye Dieye Faye, qui lui demande de se mettre en face de la caméra, est simplement belle, touchante, et subtile : « Wayé Diakarlo ak mome damay nekh ».
On aurait dû trouver une autre caméra qui serait fixée sur Youssou et dont l’image serait derrière les autres caméras. Amy aurait été beaucoup plus à l’aise. Les téléspectateurs sénégalais seront indulgents, car ils comprendront certainement la position d’Amy. On aurait dû également lui procurer le type de micro que porte Mbaye Dieye. Amy est très expressive et elle a besoin de tout son corps pour chanter. Voyez sa position à 9 min 54, les deux mains sont soulevées ; on dirait qu’elle est au sommet du bonheur.
Très contente à la fin, elle l’a exprimé ainsi : « Kou contanoul contanna nax mangi fi ci Youssou Marie Sene ». Je crois que c’est la note la plus touchante de ce duo. Youssou montre son admiration en soulevant la main gauche. Il l’avait fait quand Amy Collé entonnait son : « Eéééééhhhh, Eééééééh deglou lene ma… ». Il m’est très difficile d’interpréter la réaction de Youssou lorsqu’Amy Collé lançait son « Fassou narou gor ». Il a soulevé les deux mains comme pour s’adresser à l’orchestre, histoire de mettre en valeur la voix d’Amy. Mais est-ce simplement cela ? Mbaye Dieye Faye montre son admiration en disant « ndeysane » ; Youssou l’exprime en soulevant la main.
Commentaires/Enseignements
Nous avons assisté à une séance épique entre deux ndananes qui se vouent une admiration réciproque. Sur YouTube, les auteurs des commentaires apprécient cette prestation et magnifient la voix sublime d’Amy Collé. Youssou est une super star reconnue, un géant de la musique mondiale, l’homme des trois générations. C’est pourquoi les esprits se sont focalisés surtout sur Amy et nombreux sont ceux qui demandent à Youssou d’aider cette fille qui est une valeur sûre de la chanson sénégalaise.
Je crois que ce serait une bonne idée de recruter Amy Collé au sein du Super Étoile, en lui offrant un cadre où elle pourra s’exprimer et étaler tout son art, avec des engagements de production régulière (en duo ou en solo) et la possibilité de monter son orchestre personnel d’ici quelques années. Elle pourra compléter sa formation d’artiste sous l’aile protectrice de son mentor et gagner en maturité et en capacité de leadership. Ce serait un excellent cadeau que Youssou ferait au peuple sénégalais, voire au monde entier.
Pourquoi Youssou est-il l’homme des trois générations ? C’est qu’il fait de belles synthèses de sonorités entre ce qu’il y a de mieux dans notre répertoire musical traditionnel et la musique moderne. Le talent artistique ne suffit pas. Youssou est un leader éclairé. Il a cet art de mettre en place des écosystèmes générateurs de valeur. N’ayant plus rien à prouver, il lui revient maintenant de léguer progressivement son patrimoine musical aux plus jeunes, au grand bonheur des mélomanes du monde entier.
J’ai visionné la vidéo à plusieurs reprises sans avoir la certitude sur tous mes propos. Nous sommes des humains, sujets à l’erreur, mais nous sommes également des humains, sujets à la transe et à l’extase depuis la nuit des temps. Et quand notre sensibilité est touchée, chacun l’exprime à sa façon. Les uns pleurent de joie, d’autres ne tiennent plus sur leurs jambes, il y a également ceux qui se dépouillent de tout ce qu’ils ont (argent, bijoux, etc.).
Youssou avait l’habitude de se placer du côté de « l’arroseur ». Cette fois-ci, c’est lui qui est « arrosé » par une fan inconditionnelle qui, peut-être, n’a même pas conscience de ce qui s’est passé. Elle pense qu’elle est la plus heureuse. C’est certainement le cas au niveau de la durée. Amy était toute rayonnante du début à la fin. Mais Majiguène Ndour a atteint des pics de joie dans cette vidéo. Ayant accumulé près de 45 ans d’expérience, il a plus d’une corde à son arc. Je parie que ce titre l’a énormément marqué ce 31 décembre 2020.
LE ROMAN DE DIARY SOW, ENTRE FICTION ET RÉALITÉ
Paru aux éditions L’Harmattan, ‘’Sous le visage d’un ange’’, traite de l’histoire d’une jeune fille énigmatique, égoïste, insatiable. Le personnage Allyn fait montre d’une ambition débordante, mais surtout d’une soif inextinguible de liberté
Paru aux éditions L’Harmattan, le livre de Diary Sow, ‘’Sous le visage d’un ange’’, traite de l’histoire d’une jeune fille énigmatique, égoïste, manipulatrice, insatiable. Elle s’appelle Allyn, et fait montre d’une ambition débordante, mais surtout d’une soif inextinguible de liberté.
‘’Sous le visage d’un ange’’. Tel est le titre de son ouvrage publié aux éditions L’Harmattan. Présenté en août 2020 au public sénégalais, Diary Sow y dépeint une jeune fille très complexe. Enigmatique, égoïste, manipulatrice, insatiable, mais en même temps aimante, fragile et pleine d’égards pour les autres. Constamment à la quête d’une liberté qui semble la fuir depuis sa tendre enfance, elle ne cessera de fuguer pour trouver le grand bonheur. Du Fouta à la France, en passant par Saint-Louis et Dakar, que d’espoirs brisés, que de succès insuffisants… Mais Allyn (nom du personnage principal) ne démord pas pour autant. Elle tient vaille que vaille à réussir. Toute seule. ‘’Elle serait forte, narre l’auteure. Elle tiendrait bon. Et ce, envers et contre tout. Sa vie n'avait-elle pas changé toutes les fois où elle avait osé agir. Du Fouta à Saint-Louis, en passant par Dakar, Allyn n'avait cessé de se chercher, d'échapper aux fers de l'amour et de son passé indésirable’’.
Toute petite, Allyn avait été ‘’offerte’’ à une tante diabolique qui lui en a fait voir de toutes les couleurs. Un bon matin, par le chemin de fer, elle s’enfuit de son village où tout semblait la tétaniser, l’asphyxier, en lui ôtant toute joie de vivre. Sa fugue n’a pas été sans la réalisation d’un crime qu’elle assumera sans aucun regret. Elle n’avait plus qu’une envie : aller bien loin de ses bourreaux. ‘’Quand la locomotive retentissait, quand les passagers descendaient, je priais enfin pour qu’on redémarre sur-le-champ, pour qu’on m'entraine le plus loin possible de cet endroit. C'était une peur irraisonnée : qu'on découvre ma fugue, qu'on me recherche, qu'on me rattrape, qu'on me force à retrouver le village. Allais-je devoir payer mon crime ?’’, s’interroge le personnage principal. Et de répondre : ‘’En moi, en effet, nulle pitié, nulle satisfaction, nul remords. J’avais fait ce qu’il fallait pour survivre. Chaque être humain a le droit fondamental de préserver sa vie, quoi qu'il lui en coûte.’’
Telle une petite embarcation emportée par le courant, elle se laissa ainsi dériver au gré des vagues qui la secouaient. ‘’Où allais-je finalement accoster ? Quel sombre naufrage m'attendait ?’’, ne cessait-elle de se demander. Mais la réponse semblait importer peu. ‘’Quoi qu'il en soit, enchaine-t-elle, je ne veux pas attendre qu'il me soit rendu. Je veux prendre mon bonheur maintenant, car je ne suis pas assurée de le trouver dans deux, trois ou vingt ans, qu'importe la durée de mon sursis. Ma nature exige tout et me demande les moyens de tout acquérir’’.
A la jeune fille insouciante, mais très ambitieuse, un peu de satisfaction, en attendant mieux, ne saurait, en effet, suffire. Elle assume : ‘’Je veux fouler aux pieds tous les interdits, sortir des sentiers battus, refuser toutes ces règles convenues pour que rien ne bouge jamais. Je veux vivre sans contrainte aucune.’’
Pressée, impatiente, très futée, Allyn ne s’arrêtera plus devant rien, à partir de cet instant. A Saint-Louis, elle atterrit dans une famille très aisée. Le père Alioune Thiandoum, décédé, a laissé derrière lui deux enfants et une veuve cruelle et sans cœur. Un matin de dimanche, elle sonne à la somptueuse demeure et a eu la chance de se faire ouvrir la porte par le cadet de la fratrie qui, dès le premier regard, fut attiré par la beauté naturelle de la jeune adolescente à la recherche de travail. C’est d’ailleurs sous ses caprices que la maman pernicieuse se résolut finalement à recruter l’inconnue. Manipulatrice à souhait, la jeune fille saisit cette chance et éloigna davantage la maman du seul fils qui lui restait (l’autre vivant loin du pays).
Avec le jeune Karim plein de vie, Allyn a presque tout. Elle est traitée comme une reine, se paie même le luxe de poursuivre ses études. Et, cerise sur le gâteau, parvient à décrocher, grâce à son amant, un emploi qu’elle a toujours cherché pour s’émanciper ; tout ce qu'elle avait toujours voulu : une carrière, la fortune. Peut-être même l'amour dont elle doutait encore.
Hélas, il restait encore quelque chose d’incompressible chez la jeune fille : cette soif de liberté et d’indépendance. Un beau jour, alors même que son amant lui annonçait avec enthousiasme qu’il lui avait trouvé un boulot, elle lui sert comme réponse : ‘’Je ne peux plus rester ici. Je ne peux pas te laisser décider de ma vie. Je trouverai un logement, un travail, mais seule. Je sais comment gagner ma vie. Je pars…’’
Allyn avait déjà mûri son plan. Elle avait trouvé la voie pour fuir son pays, aller à l’aventure dans un autre pays qu’était la France. Là-bas, dans le strict anonymat, elle espère enfin trouver ce bonheur qu’elle a toujours vainement pourchassé. ‘’Seule, étrangère, pauvre, vulnérable dans un pays inconnu : telle était Allyn... son existence de nomade s’affirmait avec cette seconde étape. Et elle mènerait cette vie aussi longtemps qu'il le faudrait. On l’avait prévenue contre les risques, mais elle sait se battre. Elle ferait appel à toute sa fermeté’’, décrit l’auteur.
Cette affirmation témoigne amplement de la détermination sans borne de l’héroïne de Diary Sow. Qui fulmine : ‘’Après n'avoir connu que le côté regrettable de la vie, l'heure est venue pour moi de jouir. A mon tour. Quels que soient les sacrifices que cela implique. A quoi bon une vie sans folies, si un coup de vent peu tout venir bouleverser.’’
Questions autour d’un mystère
Passé le grand émoi des premiers jours, les Sénégalais se posent de plus en plus des questions sur les raisons véritables de cette disparition mystérieuse.
Telle Allyn, Diary Sow est-elle à la recherche du bonheur à tout prix ? Est-elle prise en otage par un environnement trop pesant ? Des hommes ou femmes la tiennent-ils sous leur joug implacable ? Souffre-t-elle de la rigueur de son prépa à Louis Le Grand ? Ou tout simplement a-t-elle été victime du pire ? Les questions foisonnent de plus en plus dans l’esprit de nombre de Sénégalais.
Très inquiets et émus aux premières heures de cette disparition pleine de mystère, certains semblent revenir à plus de sérénité. Selon cette autorité sénégalaise basée à Paris, tout porte à croire que la représentation diplomatique cache la vérité au peuple sénégalais. ‘’Pardonnez-moi, mais pour moi, c’est du foutage de gueule. Les gens savent bien où se trouve la fille. Ils n’ont juste pas voulu le dire aux Sénégalais’’.
Pourquoi ? Mystère et boule de gomme. En tout cas, avant-hier encore, le consulat a démenti une information selon laquelle la meilleure élève du Sénégal en 2017 et 2018 aurait été retrouvée. ‘’Nous démentons formellement l’information selon laquelle nous aurions retrouvé Diary Sow’’, a posté le consulat sur son compte Twitter. Sans plus de précision.
Dans ses précédentes sorties, la représentation diplomatique tenait cette affirmation qui en cachait bien des non-dits. ‘’La bonne nouvelle, soulignait le consul, c’est que la piste criminelle n’est pas privilégiée’’.
En quoi cette évidence peut constituer une bonne nouvelle ? En effet, pour une affaire de ce genre, la piste criminelle ne peut prévaloir, de prime abord. Du point de vue même du droit, on ne saurait parler de disparition. Tout au plus, il ne peut s’agir que d’une absence. Et selon les procédures habituelles, la police ne se bouge même pas, car considérant qu’une personne d’âge mûr a bien le droit de mener sa vie comme bon lui semble. Sauf en cas de ‘’disparition inquiétante’’.
Toujours lors de son point de presse, l’ambassadeur reconnaissait : ‘’Nous avons poussé pour que la déposition soit acceptée, parce que la réglementation ne le prévoit pas.’’
Mais si la diplomatie a pu pousser pour faire activer la police française, elle est un peu désarmée, quand il s’agit de dévoiler des informations personnelles pour une personne majeure qui veut cacher de telles informations. Moustapha Syll est un juriste sénégalais basé en France. Il explique : ‘’Vous savez, en France, il y a même des sociétés spécialisées dans la recherche de personnes disparues ou absentes. Mais même dans ce cas, si elle la retrouve, la société n’a pas le droit de dire à la famille qui l’a payée là où se trouve la personne, si cette dernière est majeure et ne veut pas qu’on sache où elle se trouve. La société va se limiter à leur dire qu’elle est vivante et en bonne santé. Donner son adresse ou son numéro de téléphone, c’est violer ses données personnelles.’’
Dans l’enfer des prépas
Dans son livre ‘’Le silence du totem’’, Fatoumata Sissi Ngom parle de ces montagnes de difficultés dans les classes préparatoires des lycées français. Avec Ousmane Bocar Diallo, ancien leader dans le mouvement estudiantin, ils racontent le calvaire des étudiants.
Sitoé, personnage principal du livre ‘’Le silence du totem’’, fut une élève brillante. Elle décrocha son Baccalauréat avec la mention ‘’Très bien’’ et fut la première élève du Sénégal à rafler au Concours général les premiers prix dans toutes les disciplines littéraires, écrivait l’auteure Fatoumata Sissi Ngom. Ce qui lui permit d’être récompensée par le président de la République d’une bourse d’excellence pour aller poursuivre ses études en France, et d’être acceptée en hypokhâgnes au lycée Henri-IV.
Sitoé n’est certes pas Allyn ; encore moins Diary Sow, mais elle ressemble, à bien des égards, à cette dernière, du point de vue de ses dispositions intellectuelles au-dessus de la moyenne. Hélas, durant ces deux années de classes préparatoires, le personnage de Sissi Ngom avait toutes les peines du monde pour s’en sortir. Tellement le rythme était difficile, intense. ‘’Elle avait l’impression d’entrer dans un monde parallèle, déconnectée de la vie réelle. La charge de travail était colossale, le rythme intensif, l’atmosphère du lycée lourde et pesante… La pression de réussir était si forte que certains élèves, croulant sous les devoirs à rendre, les œuvres à lire dans des délais record, les recherches à effectuer, avaient recours à des substances illégales qui leur permettaient de tenir’’. Sitoé n’a pas fait exception et a failli sombrer dans la drogue, pour ne pas connaitre l’échec. Difficilement, elle réussit à ses concours et accède à l’Ecole normale supérieure.
Ainsi, la disparition mystérieuse de Diary Sow remet au goût du jour les enseignements de ce roman publié en fin 2018. Même s’il reste une fiction, le roman n’est pas du tout très loin de la réalité des lycées d’excellence de France. Comme Henri-IV, Louis le Grand où est inscrite Diary Sow est l’autre lycée de Paris où les classes préparatoires sont réputées d’enfer. Joint par téléphone, Fatoumata Sissi Ngom, qui a elle-même fait une prépa, explique : ‘’Comme je le raconte dans mon ouvrage, les prépas sont généralement extrêmement difficiles. Il faut vraiment être prêt et robuste pour y réussir. C’est deux années très intensives, infernales. Et ces deux lycées sont les plus élitistes, les plus durs de Paris. On a vraiment envie d’arrêter, de disparaitre à jamais, par moments.’’
A l’instar de Fatoumata Sissi, l’ancien leader dans le mouvement estudiantin, Ousmane Bocar Diallo, affirme : ‘’Oui, c’est très difficile, certes, mais abordables pour nos brillants étudiants. En parallèle, il faut être simplement dans de bonnes conditions et un bon encadrement, notamment psychologique. C’est ce qui fait peut-être défaut à certains.’’
Ainsi, selon nombre de témoignages, ils sont nombreux à décrocher à cause des difficultés. Interpellé sur le sujet, l’auteur de ‘’Migration estudiantine et professionnelle en France’’ tient toutefois à préconiser la prudence, dans le cas de Diary Sow : ‘’Je suggère vraiment de faire jouer la carte de la neutralité et de mettre en avant l’éventualité du défaut de préparation mentale que rencontrent souvent les étudiants en France, surtout avec la pression des premières années et l’isolement. Il y a eu des abandons et pertes de niveau de certains étudiants qui n’étaient pas bien préparés psychologiquement...’’
A cela s’ajoute, à en croire M. Diallo, la pression énorme qu’exerce la société qui pourrait impacter les jeunes étudiants. Interpellé sur les chiffres de décrochage, il déclare : ‘’C’est compliqué. C’est ce que je disais dans mon livre. Nous n’avons pas ce suivi auprès de nos étudiants. Cette guerre des chiffres n’a toujours pas commencé. Ce n’est pas Campus France qui va nous dire que tant d’étudiants ont échoué ! Ce n’est pas dans leur intérêt, mais on peut extrapoler sur du 30 % qui virent vers d’autres filières la première année, pour défaut d’encadrement ou formation non-adéquate pour eux...’’
par Mouhamadou F. Sy
L’AFRIQUE ET SES HAUTS POTENTIELS
Cette catégorie de personnes, appelées sous divers noms : surdouées, hauts potentiels …, a besoin d’une place dans la société. Elle a aussi besoin du soutien de la société quand elle fait face aux nombreuses difficultés de l’extérieur
La disparition de Diary Sow, brillantissime élève en prépa scientifique en France, tient tout un peuple en haleine depuis quelques jours. Tout comme vous, je ne suis pas en mesure d’y remédier, ni de donner des informations qui puissent au moins fixer les esprits à défaut de les soulager. Et ce n’est pas par manque de volonté ! À vrai dire, je suis tout autant, si ce n’est plus, que vous dans l’ignorance du contexte réel de cette disparition. Je n’ai pas la moindre idée de la nature de cette disparition ; est-elle d’origine criminelle ? Est-ce la volonté de l’étudiante ? Ce que je sais, au-delà de l’inquiétude que cette disparition suscite en nous, c’est qu’il y a un problème qui reste réel quel que soit ce qu’il est en train de se passer dans le cas inquiétant de Diary : c’est la problématique de la gestion africaine de ses hauts potentiels. J’ai décidé d’écrire sur ce sujet trop peu investigué après avoir passé des jours à chercher ce que je peux faire d’utile sur cette affaire. Contacter la famille et leur présenter mon soutien, oui, surement ! Mais quoi d’autre ? Et vu que je ne peux pas pénétrer la police française, ni distribuer des tracts à partir de l’Amérique, je vais tenter d’être utile autrement ; une utilité qui pourrait parler à Diary car elle est certainement concernée par le sujet, mais qui peut aussi améliorer la vie de toute une catégorie de personnes, de leurs familles et, in fine, de la société.
Souvent on décrit le haut potentiel (HP) par quelques signes et traits par lesquels on aime l’identifier, signes et traits, beaucoup de fois, vaporeux pour ne constituer en fin de compte qu’une identité vague à marquer une espèce bizarroïde qui se décale de la norme. On passe ainsi sous silence le monde intérieur qui fait émerger ces caractères qu’on a pu détecter chez le HP, ce monde qui est la base du tout, ce monde rapide et intense qui bouillonne sans arrêt. Un monde tentaculaire qui, sans en avoir la décision, s’intéresse à tout ! À absolument tout ! Au moindre détail de logique, à la structure, à l’agencement, aux perturbations. Pour un HP, il ne s’agit pas que de noter les effets occasionnés par un évènement, il s’agit surtout de s’engager, sans en recevoir l’ordre ni la demande, et de façon systématique, dans la généalogie des causes, jusqu’à en être submergé par les différentes directions qui se sont accumulées par superpositions successives à la façon d’un arbre multi-dimensionnel, et que le phénomène suivant se déclenche. Tout cela se passe, le plus souvent, sans le moindre mot externalisé ; ces petits voyages de curiosité sont consignés dans le registre des souvenirs dont les plus chanceux sortiront lors d’une conversation paisible sous forme de remarques. Ce qui caractérise ce mode d’interaction avec son environnement c’est son aspect permanent et non motivé. Quand un HP n’a pas un phénomène à se mettre sous la dent de la cognition, le temps s’arrête pour lui ; il entre alors en état de besoin extrême. Pour faire simple, un HP est un peu un rongeur cognitif, il lui faut sa noix ! S’il n’y a pas une proposition externe à sa demande interne intense, il lui incombe de l’inventer pour éviter de sombrer par explosion émotionnelle ! Voilà ce qui explique sa tendance à être d’une créativité remarquable et multidisciplinaire. La créativité du HP est moins guidée par une ambition donnée que par la nécessité de combler le vide infernalement ennuyeux que présente un environnement peu satisfaisant.
Ce tableau que j’ai dressé n’est qu’un croquis préliminaire qui contient un petit aperçu interne du HP, bien qu’incomplet. Ce sujet est délicat, le fait même d’en parler soulève des questions diverses en rapport avec les manières en vigueur dans la société à laquelle le texte est destiné. Ce qui explique le semblant de « tabou » intellectuel autour de la question.
Notre société comporte des freins à l’endroit de cette catégorie de personnes. Les moules sociales dans lesquelles la société veut introduire ses individus ne sont pas assez flexibles pour le mode HP. Il faut le plus souvent que ce dernier se résigne à se faire castrer de tout ce qui dépasse pour trouver une place, s’il ne veut pas se faire broyer ou éjecter. Il peut aussi ruser et combiner les trois options pour répartir le choc, mais de façon provisoire ! Je vous passe les détails sur les réflexions et les reproches pointant les différences d’intérêt qui se mettent en place dès l’enfance. Encore une fois, le problème est que le haut potentiel présente une différence intellectuelle importante dont on n'aperçoit que les manifestations, donc là où on le traite, sans en être conscient, sur la base de cette différence, en même temps il est, lui, en train d’appliquer cette même différence pour s’interroger sur les causes de ce traitement, systématiquement. Et cela le marque.
Le haut potentiel africain qui arrive en France dans le cadre des études peut se retrouver face à un problème de nature nouvelle pour lui. Il est pris entre le marteau de la différence d’intérêts prononcée avec sa société d’origine et l’enclume de la non-conformité avec l’image toute faite que l’essentiel de la société d’accueil s’est construit à son égard des suites d’évènements historiques qu’il n’est besoin d’exposer. Il est ainsi mal-pensé d’un côté et mal-imaginé de l’autre. Quelles que soient les appréciations qu’il reçoit dans le cadre de ses études, il n’en est pas autant guéri des attaques sociales reçues qui se mesurent proportionnellement à ses interactions avec ses divers entourages. Il lui est alors urgent de se construire un abri, une carapace, pour se protéger. Cet abri peut requérir divers matériaux ; mais l’isolement semble être un ingrédient naturel qui s’utilise d’une façon ou d’une autre et à un certain degré selon le sujet.
Il n’est pas besoin de s’attarder sur le rapport pour le moins ambigu que le HP africain dans un pays comme la France peut avoir avec une partie de ses camarades de classe et parfois même de l’équipe professorale ; ni sur le comment, d’un autre côté, les nombreuses possibilités présentes dans un tel milieu peuvent le propulser. Mais nous pouvons quand même sensibiliser la société africaine sur ce problème. Cette catégorie de personnes, appelées sous divers noms : surdouées, hauts potentiels …, a besoin d’une place dans la société. Elle a aussi besoin du soutien de la société quand elle fait face aux nombreuses difficultés de l’extérieur. Le moins que la société peut faire c’est de laisser le HP exprimer sa différence cognitive sans le réprimer ou chercher à le décourager. Car de par leur différence, ce sont des gens qui exploitent des possibles non encore envisagés et qui, parfois, permettent à la société d’avancer.
Puisse ceci participer à faire avancer les mentalités en ce qui concerne le rapport entre notre société et ses hauts potentiels de façon générale, à défaut de faire revenir Diary à qui je souhaite d’être retrouvée saine et sauve pour continuer dans sa lancée pleine d’espoir quant à l’avenir de notre société.
Mouhamadou F. Sy est mathématicien à l’Université de Virginie
par Mamadou Yéro Baldé
HABITER SON MONDE AVEC LE MONDE
Nous nous devons de développer une nation vivante dotée de lois inspirées des réalités locales et en veillant à ne pas se bunkériser dans une planète interconnectée
Penser son monde, à l'ère des incertitudes et imbroglios contemporains, c'est faire sens et donner sens à son vécu. C'est diagnostiquer ses maux et trouver des solutions. C'est, in fine, l'habiter. Mais comment ?
En considérant, d'abord, qu'on a une mission à remplir. Et que donc, ne pas s'y atteler serait une trahison. De quelle mission s'agit-il en fait ? Celle qui consiste à faire de son environnement un monde de syncrétisme. Le "moi seul" est une perception maudite de l'universel. Elle est haïssable. Elle alimente quiproquos et malentendus. " Elle brouille les catégories, subvertit les positions politiques ou religieuses, fait périodiquement lever fantasmes et intolérances (Guillebaud 1999: 185). Elle "animalise" en définitive la "société des individus" (l'expression est de Norbert Élias), plongeant notre monde dans le chaos. L'universalisme ne saurait être incompatible avec l'identité. Il est vrai que l'identité est ce qui nous définit, nous particularise. Mais une identité syncrétique nous éloigne du repli, du rejet et de l'aversion envers autrui. Habiter son monde, c'est se "départir des carcans autarciques [outranciers]", du nationalisme non éclairé et du patriotisme chauvin. Car le détour vers l'autre n'est pas forcément métamorphose de soi, mais aussi enrichissement.
En plus d'éviter la "re-tribalisation du monde", habiter son monde, c'est de ne pas être en retard au rendez-vous scientifique avec le monde. Le train de la modernité, de l'innovation et de l'intelligence artificielle roule vite. L'enjeu est de le rattraper soit à la prochaine gare, soit de se surpasser pour le devancer. La science est le présent et l'avenir. Elle gouverne(ra) le monde. C'est un fait. Ceux qui y mettront les moyens, seront ceux qui dirigeront et imposeront leurs modes de pensées et de faire. Si les Etats-Unis habitent aujourd'hui la planète - grâce à l'américanisation de l'espace-monde - c'est parce que c'est une sphère de penseurs, de scientifiques nobélisables et d'universités puissantes et compétitives. Bernard Belloc et Pierre-François Mourier (2010) nous informaient que "le budget de la seule Université de Californie (UC) représente (...) 40% de la dépense totale française, enseignement supérieur et recherche civile réunis, alors que l'UC représente infiniment moins de 40% du potentiel américain d'enseignement supérieur et de recherche". Habiter le monde, c'est donc (re)penser notre enseignement, en lui donnant sens.
Habiter son monde, c'est œuvrer pour pérenniser les acquis culturels et politiques positifs des anciens qui "quand ils réussissent à préserver leur culture sur un territoire occupé de façon immémoriale, interagissent avec le vivant d'une manière qui le préserve, voire le régénère. À travers leur organisation sociale, ils nous démontrent aussi que des valeurs telles que le partage, la solidarité, la bienveillance, la tolérance sont nécessaires aux hommes, non seulement pour prendre soin les uns des autres, mais aussi pour respecter l'ensemble des êtres vivants et vivre en harmonie avec eux. Ils privilégient enfin deux niveaux de gouvernance complémentaires : la gestion communautaire et le respect de règles universelles..." (Séverine Kodio-Grandvaux, 2019). Ceux-là étaient des universalistes, des citoyens du monde, des ouest-africains, et non, par exemple, des Sénégalais ou Maliens tout court.
Pour habiter notre monde avec le monde, nos imaginaires, notre corps, nos pensées et nos mentalités se doivent d'être décomplexés ; nos populations libres de toute circulation ; nos institutions fortes, etc. Nous nous devons de développer une nation vivante dotée de lois inspirées des réalités locales et en veillant à ne pas se bunkériser dans une planète interconnectée.
Mamadou Yéro Baldé est docteur en Histoire moderne et contemporaine.