C’est le cas, en ce début d’année 2021, d’Yves Ogan: le directeur des services législatifs de l’Assemblée nationale béninoise a été limogé ce 5 janvier. Il avait dénoncé, dans un entretien accordé à Morid TV, une chaîne de télévision privée en ligne, le caractère nocif du franc CFA sur les économies des pays dans lesquels cette devise était en vigueur. Pour lui, le Bénin et les autres États de l’UEMOA –l’Union économique et monétaire ouest-africaine– doivent se défaire de cette monnaie qu’il estime être «un instrument de servitude et de domination» de la France depuis 1945. Il considère par ailleurs qu’elle n’est pas favorable à leur développement économique.
Yves Ogan s’exprimait la veille de la plénière du 22 décembre consacrée aux questions au gouvernement sur le franc CFA et l’éco –la nouvelle monnaie en gestation appelée à lui succéder.
La sanction contre l’ex-directeur des services législatifs est venue directement de la présidence du Parlement qui a annoncé son remplacement immédiat par le juge d’instruction Olushegun Serpos. La veille de cette décision, lors d’un point de presse, le directeur de cabinet du président de l’Assemblée nationale Mathieu Ahouansou s’est clairement démarqué de cette prise de position, affirmant que l’institution ne se reconnaissait pas dans les propos tenus par Yves Ogan.
Lâcheté politique du gouvernement pour certains…
À défaut d’une réaction de l’ex-directeur des services législatifs du Parlement béninois, son limogeage est dénoncé par de nombreux militants contre le franc CFA comme une entorse à la libre expression.
L’activiste camerounaise contre le franc CFA Nathalie Yamb, conseillère exécutive de l’opposant ivoirien Mamadou Koulibaly, lui-même anti-franc CFA, apporte son soutien à Yves Ogan.
Réagissant à cette décision, Kémi Séba, le président de l’ONG Urgences panafricanistes, qui mène depuis quelques années une campagne acharnée contre la devise ouest-africaine, a accusé le gouvernement béninois de «lâcheté politique» et d’un alignement avec les intérêts français.