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5 mai 2025
POLÉMIQUE SUR L'APPARITION DE DIONNE À TOUBA
Dans la société civile, certains font part de leur surprise. La visite du secrétaire général de la présidence est contre-productive et « détruit » le message de prévention des autorités, estime Alioune Tine
Mahammed Boun Abdallah Dionne, le plus proche collaborateur du président Macky Sall a pris part à la prière du vendredi, ce 21 mars. Le khalife général de la confrérie mouride, qui régente la ville de Touba, avait pris la décision de maintenir la prière collective. Et ce contre l’avis de l’État, Touba étant le foyer de l’épidémie de coronavirus. La visite de Mohammed Boun Abdallah Dionne a été unanimement condamnée.
Ce vendredi 21 mars, le secrétaire général de la présidence sénégalaise était venu sensibiliser le khalife général de la confrérie des mourides au sujet de l’importance de l’épidémie de coronavirus, motif officiel de cette visite. Devant la presse, Mahammed Boun Abdallah Dionne s'est réjoui de l’attitude du khalife dans cette période et a vanté l’utilisation du gel hydroalcoolique. Alors que le geste de prévention le plus évident est d’éviter les rassemblements et que les manifestations publiques sont interdites dans le pays depuis une semaine.
Une interdiction à laquelle a dérogé Touba, qui n’a pas annulé la prière, au contraire de Dakar. Toutes les mosquées étaient fermées dans la capitale. Un imam a été arrêté pour avoir tenté de maintenir la prière. En prenant part au rassemblement à Touba, Mahammed Boun Abdallah Dionne a créé un « paradoxe au sommet de l’État », relève la presse. L’homme serait « l’irresponsable » de la République, écrit par exemple Le Quotidien.
Dans la société civile, certains font part de leur surprise. La visite du secrétaire général de la présidence est contre-productive et « détruit » le message de prévention des autorités. « C'est totalement incohérent, totalement en contradiction avec les instructions qui ont été données par le président de la République, le gouvernement lui-même, pointe Alioune Tine, coordonnateur d’Afrikajom, une plateforme de la société civile. Ça fait vraiment désordre, surtout au plus haut sommet de l'État. Il s'agit pratiquement de la deuxième personnalité du pays. Nous sommes dans une situation où il y a des enjeux de vie et de mort ! »
Fadel Barro, du mouvement citoyen Y’en A Marre, condamne à son tour l’acte posé par le secrétaire général de la présidence. « Il a le droit d'aller où il veut, parce qu'il a le droit de porter un message. Mais il n'a pas le droit de montrer l'image d'une République qui n'arrive même pas à respecter ses propres consignes. Que ce soit de la diplomatie ou de la faiblesse, dans tous les cas, c'est la République qui en pâtit. »
Pour d’autres dans l’opposition, l’épisode décrit la faiblesse de l’État face aux autorités religieuses. Du côté de la présidence, aucun interlocuteur n’était disponible pour réagir à cette polémique. À Touba, épicentre de l’épidémie, une dizaine de cas de coronavirus ont été confirmés cette semaine. Avec 9 nouveaux cas découverts ce samedi, le Sénégal se trouve actuellement à 51 cas confirmés au total.
PAR Jean-Baptiste Placca
AUDIO
ANGOISSANTES INCERTITUDES
Lorsque, face à l’ampleur de la pandémie, les Chinois en moins d’une semaine, construisent, seuls, un hôpital comme l’Afrique en compte peu, les Africains ne peuvent que conclure à la nécessité, pour leurs nations, de se fédérer, si elles veulent survivre
Les ravages de la pandémie n’ont plus, pour les Africains, ce côté impersonnel que revêtent souvent certaines grandes calamités. En début de semaine, Jean-Michel Denis, grand spécialiste de la musique africaine, était emporté par ce virus. Puis, ce jeudi 19 mars, c’est Aurlus Mabele, le roi du Soukouss, qui s’en est allé. Pour cela, et pour mille et une autres raisons, l’Afrique, explique Jean-Baptiste Placa, doit se réveiller, et oser le sursaut qui lui permettra d’éviter le pire. Il répond aux quesiton de Laurent Correau.
Au-delà, justement, de la litanie plus ou moins effrayante des chiffres sur les ravages de ce virus, ces noms de célébrités viennent donner corps, dans les esprits, au Covid-19. Au rythme auquel se répand le mal, la vulnérabilité de l’Afrique apparaît sous un jour de plus en plus angoissant. Car le continent n’a jamais autant eu besoin de se ressaisir, jamais été, à ce point sommé de se réinventer. Mais pas par de timides réformes sans lendemain. Non ! L’urgence, ici, appelle un panafricanisme réel, robuste. Pour ne pas sombrer dans des circonstances comme celles que nous vivons, les nations se doivent, avant tout, d’accepter qu’elles n’ont aucun avenir durable dans de squelettiques chevauchées solitaires.
Et la plupart des États plus ou moins chétifs qui constituent l’Union africaine sont plus précaires que jamais. Car très peu ont les moyens de faire face, seuls, aux exigences de dangers comme celui-ci. Et lorsque, face à l’ampleur de la pandémie, les Chinois en moins d’une semaine, construisent, seuls, un hôpital comme l’Afrique en compte peu, les Africains ne peuvent que conclure à la nécessité, pour leurs nations, de se fédérer, si elles veulent survivre.
Admettez que les gouvernements font tout de même ce qu’ils peuvent ?
Sauf que les enjeux, ici, se situent dans des sphères bien plus élevées que ce que peuvent plus ou moins les gouvernements. Et d’ailleurs, vous aurez observé que certains régimes n’ont même pas été capables de simplement dire aux populations l’attitude à tenir. Comme par hasard, c’est presque toujours ceux qui déploient tous les moyens pour s’accrocher indéfiniment au pouvoir qui sont les plus lents à assumer les responsabilités allant avec le pouvoir en question. Plus prompts à précipiter l’organisation d’élections bourrées d’arrière-pensées qu’à répondre aux besoins impératifs de leurs peuples, plus habiles à priver leurs adversaires politiques de liberté qu’à assurer la santé à leurs concitoyens.
L’annonce de la fermeture de certaines frontières a même ramené quelques peuples à d’angoissantes perplexités, tant ils sont dépendants de leurs voisins. Aucun pays, sur ce continent, ne se suffit à lui tout seul. Mais, sans revenir aux temps immémoriaux, où les bergers passaient les frontières avec leurs troupeaux, sur la seule base d’une géographie des verts pâturages, les États africains ont l'obligation de s’extirper de la balkanisation léguée par la colonisation, pour se hisser à la périphérie des États-Unis d’Afrique. Pour reprendre le mot d’ordre et titre de l’ouvrage du Dr Kwame Nkrumah, l’Afrique, à la sortie de cette pandémie, doit, pour ne pas mourir, absolument s’unir.
En quoi cela règlerait-il des problèmes comme ceux de la pandémie à laquelle elle est confrontée ?
Il n’est pas pensable que l’Afrique, à chaque crise, doive se tourner vers d’improbables générosités venues d’ailleurs, alors qu’elle a les richesses, toutes les richesses, sur son sol et dans son sous-sol. Il n’est pas concevable que les médecins, les biologistes et autres scientifiques africains concourent au prestige des laboratoires et centres de recherches des pays dits riches, alors qu’en matière de recherches scientifiques, le continent demeure un désert désespérément stérile.
Les besoins de survie de l’Occident et des grandes puissances sont tels, aujourd’hui, que le temps n’est plus loin où, faute de pouvoir aider toutes les nations, les grandes puissances devront décider quels peuples, à leur avis, méritent d’être sauvés, et quels autres il faudra laisser couler, car il en coulera !
FERMETURE DE LA FRONTIÈRE MAURITANO-SÉNÉGALAISE
Cette fermeture motivée par la prévention de la propagation du coronavirus (Covid-19), a été décidée d’un « commun accord » entre le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani et son homologue sénégalais Macky Sall
La frontière entre la Mauritanie et le Sénégal a été fermée pour la circulation des personnes, a annoncé samedi à Nouakchott le ministère mauritanien de l’Intérieur dans un communiqué.
Cette fermeture motivée par la prévention de la propagation du coronavirus (Covid-19), a été décidée d’un « commun accord » entre le président mauritanien Mohamed Ould Cheikh El Ghazouani et son homologue sénégalais Macky Sall, a précisé le ministère dans son communiqué.
Le texte ajoute que la nouvelle mesure qui ne frappe pas les camions de transport des marchandises, entre en vigueur ce samedi.
Les deux pays sont liés par un passage fluvial à travers le fleuve Sénégal où la circulation est opérée au niveau de Rosso par un bac appartenant à la Mauritanie et des pirogues, mais aussi par un passage terrestre au niveau du barrage de Diama.
Du côté de la Mauritanie, l’armée, chargée de mettre en application la décision, s’est déjà déployée le long de la frontière.
La Mauritanie a déjà découvert deux cas de Covid-19 sur deux étrangers (un homme et une femme) fraichement arrivés au pays.
DIONNE PRIE COMME UN CANDIDAT POUR 2024
Le message des mourides est clair et sans ambages : Touba vaincra tous les fléaux, le Coronavirus compris. Ceux qui doutent peuvent quitter le navire. S’il ne doit en rester qu’un, ce serait …Boun Abdallah Dionne ?
Boun Abdallah Dionne, Secrétaire général de la Présidence de la République, ministre d’Etat, homme de confiance de Sa Rondeur, en dépit d’un parcours qui devrait épater la galerie, a toujours inspiré une sorte de compassion dédaigneuse. De lui, Idrissa Seck, l’opposant en chef, a dit : « Si Macky Sall demande à Boun Abdallah Dionne de déclarer à la télé que le soleil se lève à l’ouest, il le fera ».
Vendredi 20 mars 2020, lorsqu’en sa qualité de ministre d’Etat, Secrétaire général de la Présidence de la République, il décide de prier dans la grande mosquée de Touba, aux côtés des dignitaires mourides, au-delà de la dévotion, c’est un acte d’appartenance et de solidarité à la confrérie.
Aussi curieux que cela puisse paraître, Boun Abdallah Dionne a posé un très fort acte politique dans cette manière très mouride de renouveler sa soumission au Guide, surtout dans une période trouble durant laquelle les plus zélés talibés se sont défaussés. Pas l’ombre d’un Idrissa Seck ou d’un Madické Niang, encore moins de l’exilé Karim Wade dans ces moments troubles. Pas même le Père Wade qui se glorifiait de son apport inestimable à la voie mouride.
Le message des mourides est clair et sans ambages : Touba vaincra tous les fléaux, le Coronavirus compris. Ceux qui doutent peuvent quitter le navire. S’il ne doit en rester qu’un, ce serait …Boun Abdallah Dionne ?
Revenons sur terre. Si le fléau est jugulé, et que des élections se tiennent en 2024, la prière de Boun Abdallah Dionne deviendra un prêté pour un rendu. Dans trois ans, au moment de présenter sa candidature (ou celle de son maître !), il pourra rappeler à l’aristocratie mais surtout la communauté mouride : « Quand tout le monde vous a fuis, je suis venu me tenir à vos côtés ».
DEUX AUTRES VILLES TOUCHÉES PAR LE COVID-19
Cela ne fait plus l’ombre d’un doute. La prolifération du coronavirus prend des proportions de plus en plus inquiétantes.
Cela ne fait plus l’ombre d’un doute. La prolifération du coronavirus prend des proportions de plus en plus inquiétantes. La sortie du ministre de la Santé, ce samedi, 21 mars 2020, renseigne à suffisance que la situation est grave. C’est avec un masque qui lui a barré la moitié du visage qu’il a révélé que le Sénégal en était désormais à la transmission communautaire.
Les cas positifs ne sont plus importés ou contacts de ces cas importés, mais la chaine de transmission est devenue intraçable. En d’autres termes, dira-t-il plus tard, « on sait qu’il y a une circulation du virus en dehors des principaux foyers. » Le virus n’est plus confiné entre Dakar, Mbacké et Mbour, jusqu’ici les seuls départements concernés par les cas positifs. Aujourd’hui, avec le dernier bilan, on sait qu’il est partout. Selon des informations obtenues par Emedia, deux autres grandes villes rejoignent désormais la liste. Il s’agit de Saint-Louis et de Thiès. D’ailleurs, signalent nos sources, la situation est telle qu’un centre d’isolement comme il y en a à Dakar et Touba, serait en cours d’installation à Thiès.
COVID-19 : NEUF AUTRES NOUVEAUX CAS DÉTECTÉS CE SAMEDI
Il s’agit de cinq cas importés, un cas contact du patient déclaré positif le 11 mars, les trois cas communautaires. Le Sénégal compte désormais 56 cas confirmés, dont cinq guéris
Le Sénégal a enregistré samedi neuf nouveaux cas de contamination au coronavirus (Covid-19), portant désormais à 56 le nombre total de cas recensés dans le pays depuis le 2 mars, a annoncé le ministre de la Santé et de l’action sociale.
S’exprimant lors d’un point de situation sur le coronavirus, Abdoulaye Diouf Sarr, indique que sur 31 tests d’examen virologiques reçus, neuf sont revenus positifs.
"Il s’agit de cinq cas importés, un cas contact du patient déclaré positif le 11 mars, les trois cas communautaires", a-t-il précisé.
Avec ces neuf nouveaux cas, le Sénégal compte désormais 56 cas confirmés, dont cinq guéris. En tout, 51 patients sont sous traitement à Touba et Dakar.
Abdoulaye Diouf Sarr a assuré que leur état de santé "évolue favorablement" et exhorté les populations au "strict respect des mesures de prévention".
L'ETAT HAUSSE LE TON FACE À LA RAPIDE PROPAGATION DU COVID-19
Le ministre de la Santé et de l’action sociale, Abdoulaye Diouf Sarr a assuré samedi qu’aucune tolérance ne doit être permise dans l’application des mesures prises pour freiner le rythme de progression du coronavirus
Le ministre de la Santé et de l’action sociale Abdoulaye Diouf Sarr a assuré samedi qu’aucune tolérance ne doit être permise dans l’application des mesures prises pour freiner le rythme de progression du coronavirus.
"Au regard de l’augmentation des cas issus de la transmission communautaire, le ministère de la Santé et de l’Action sociale exhorte les populations au respect strict des consignes de prévention et rappelle qu’aucune tolérance ne doit être permise de ces mesures arrêtées", a-t-il dit lors d’un point de presse sur la situation du coronavirus.
Le ministre de de la Santé et de l’action sociale est apparu pour la première en point de presse avec un masque pour protéger sa bouche.
Le Sénégal a enregistré samedi neuf nouveaux cas de contamination au coronavirus (Covid-19), portant désormais à 56 le nombre total de cas recensés dans le pays depuis le 2 mars, a annoncé le ministre de la Santé et de l’action sociale.
Abdoulaye Diouf Sarr, indiqué que sur 31 tests d’examen virologiques reçus, neuf sont revenus positifs.
"Il s’agit de cinq cas importés, un cas contact du patient déclaré positif le 11 mars, les trois cas communautaires", a-t-il précisé.
Avec ces neuf nouveaux cas, le Sénégal compte désormais 56 cas confirmés, dont cinq guéris. En tout, 51 patients sont sous traitement à Touba et Dakar.
par Ibrahima Silla
LE FINEMENT CON CONDUIT AU CONFINEMENT
Se rassembler comme si de rien n’était, c’est organiser un suicide collectif. Ils sont peut-être prêts à mourir pour leurs convictions. Ne les laissons pas nous contaminer par leurs délires
Les bouffées de délires qu’on peut entendre ici où là risquent d’accélérer notre élan vers le pire si nous n’y sommes pas déjà, face à l’entêtement de nombre de nos concitoyens qui persistent dans le cancer de l’indiscipline, la pathologie de l’indécence, la bactérie de l’incivilité, le microbe de l’incivisme, l’épidémie de l’inconscience et le sida de la vanité.
Quel discours faut-il tenir à ceux-là qui persistent dans la connerie à croire que le virus n’est qu’une fiction et que rien de pire ne peut les atteindre ni nous anéantir parce qu’immunisés par je ne sais quel miracle ou mirage ? Vanité ? Obscurantisme ? Folie douce ? A diagnostiquer.
Leurs conneries finement assumées et traduites en actes concrets suicidaires risquent de nous conduire au confinement. Il urge de les pister et de les dépister pour que la connerie finement assumée ne nuise pas à la collectivité.
Quel langage faut-il leur parler pour qu’ils comprennent, retiennent et respectent les décisions prises par les pouvoirs publics, sur avis des autorités sanitaires contraintes de faire face au fléau, quitte à se mettre en danger ?
Quelle thérapie faut-il entreprendre pour ceux qui pensent que nous sommes dans un référendum invitant les uns et les autres à se prononcer sur l’acceptabilité ou non du virus ; le respect ou non des décisions de l’autorité administrative ? Ce virus que je ne veux même pas nommer pour ne pas l’attirer, n’est pas candidat à une quelconque élection. Il n’a pas besoin de déposer sa candidature ou de gagner une élection pour nous anéantir.
Quelle preuve de plus faut-il leur injecter dans les neurones pour qu’ils comprennent une fois pour toutes qu’on ne rigole pas avec ce serial killer de virus d’une perversité déconcertante qui ne joue pas à cache-cache mais frappe cash ?
Se rassembler comme si de rien n’était, c’est organiser un suicide collectif. Ne pas tenir compte des consignes de sécurité sanitaire, c’est courir le risque de laisser la contamination poursuivre sa voie et décimer des populations entières. Il n’est pas nécessaire de lire l’histoire pour apprendre et comprendre que l’infiniment petit n’a pas besoin de bander ses muscles pour nous infliger les fléaux les plus néfastes à notre santé et à notre vie. L’enjeu n’est pas de savoir s’il faut fermer les mosquées avant les marchés ou après les écoles et universités. L’enjeu c’est de faire confiance aux autorités sanitaires ; de les écouter ; de suivre leurs conseils et de s’en remettre à leur expertise. L’enjeu aussi c’est de bien communiquer pour en découdre comme il faut avec non seulement le virus mais aussi et surtout avec les cons.
S’il y avait un vaccin contre la bêtise et la connerie, ce serait une première étape salvatrice à injecter en priorité aux cons, pour espérer gagner la guerre contre le virus. Ils sont peut-être prêts à mourir pour les convictions. Ne les laissons pas nous contaminer par leurs cons délires. Si seulement on pouvait confiner les cons pour qu’ils ne nous propulsent pas finalement vers l’isolement.
Le mot d’ordre : nuire au mal et servir le bien. Telle est la finalité du politique.
DESTRUCTION DU MATÉRIEL ÉLECTORAL EN GUINÉE
Plusieurs bâtiments administratifs ont été attaqués et incendiés ainsi que du matériel électoral détruit, avant le référendum constitutionnel et les législatives prévus dimanche
La Guinée est en proie depuis mi-octobre à des manifestations contre l'intention prêtée au président Alpha Condé, élu en 2010 puis réélu en 2015, de briguer un troisième mandat fin 2020.
Le référendum sur une nouvelle Constitution, et son couplage avec des législatives reportées à plusieurs reprises, font partie du plan de M. Condé pour mener à bien son projet, accuse le FNDC, le collectif de partis et de la société civile opposé à un éventuel 3e mandat de M. Condé. Au moins 31 civils et un gendarme ont été tués depuis.
Des manifestants ont attaqué dans la nuit de vendredi à samedi la gendarmerie et la sous-préfecture de Porédaka, dans la région de Mamou (centre). Ils "ont déchiré des listing et saccagé des dizaines de cartons contenant des cartes électorales", a déclaré un responsable administratif local.
Deux écoles publiques devant servir de bureaux de vote ont également été incendiées dans la ville de Mamou, selon un autre responsable adlministratif.
Dans la zone de Pita (centre-nord), les sous-préfectures de Brouwal Tappé et de Bantignel ont été incendiées vendredi nuit, selon des témoins et un responsable administratif
A Yomou (extrême-sud du pays), le palais de justice a été incendié, assure une source de sécurité locale.
A Labé, principale ville dans le Nord, des partisans du FNDC ont érigé samedi des barricades et brûlé des pneus sur la chaussée, selon des témoins. Des forces de l'ordre étaient postées devant les bâtiments publics dont l'hôpital, le gouvernorat et les résidences du gouverneur et du préfet, selon les mêmes témoins.
"Je confirme qu'à l'intérieur du pays, ça bouillonne un peu partout", a déclaré un responsable du ministère de l'administration du territoire (Intérieur). Le ministre de l'administration le général Bouréma Condé n'a pas répondu.
Les deux consultations sont prévues dimanche bien que la Guinée a déclaré deux cas de contamination au virus. La présence de cette maladie suscite une attention particulière dans un pays où la fièvre Ebola a fait 2.500 morts entre 2013 et 2016.
Ces consultations étaient initialement prévues le 1er mars mais le pouvoir les avaient reportées au dernier moment, dans un contexte de fortes tensions et de critiques émanant de la communauté internationale.
LES MESURES DE LA BCEAO FACE AUX CONSÉQUENCES DU CORONAVIRUS
La Banque centrale annonce une augmentation des ressources mises chaque semaine à la disposition des banques afin de permettre à celles-ci de maintenir et d’accroître le financement de l’économie dans le cadre de la lutte contre la pandémie
La Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO) annonce une augmentation des ressources mises chaque semaine à la disposition des banques afin de permettre à celles-ci de maintenir et d’accroître le financement de l’économie dans le cadre de la lutte contre le coronavirus (Covid-19), a appris l’APS samedi.
"Au regard de l’impact négatif que cette crise pourrait avoir sur le système bancaire et le financement de l’activité économique dans l’Union, la Banque Centrale, qui suit avec la plus grande attention l’évolution de la pandémie, a décidé d’augmenter les ressources mises à la disposition des banques, afin de permettre à celles-ci de maintenir et d’accroître le financement de l’économie", indique un communiqué signé par le gouverneur de la BCEAO, Tiémoko Meyliet Koné.
Selon le texte reçu à l’APS, une première hausse de 340 milliards a été apportée au montant que la Banque Centrale accorde chaque semaine aux banques, pour le porter à 4.750 milliards.
La BCEAO va élargir le champ des mécanismes mis à la disposition des banques pour accéder au refinancement de la Banque Centrale, renseigne la source.
Dans ce cadre, la BCEAO a pris l’initiative de faire la cotation de 1.700 entreprises privées dont les effets n’étaient pas acceptés auparavant dans son portefeuille.
"Cette action permettra aux banques d’accéder à des ressources complémentaires de 1.050 milliards et aux entreprises concernées de négocier et bénéficier de meilleures conditions pour leurs emprunts", mentionne le communiqué.
De même, la banque centrale va affecter 25 milliards au fonds de bonification de la Banque Ouest Africaine de Développement (BOAD) pour permettre à celle-ci d’accorder une bonification de taux d’intérêt et d’augmenter le montant des prêts concessionnels qu’elle accordera aux États pour le financement des dépenses urgentes d’investissement et d’équipement dans le cadre de la lutte contre la pandémie
La BCEAO a décidé "de rappeler et de sensibiliser" les banques à l’utilisation des ressources disponibles sur le guichet spécial de refinancement des crédits accordés aux petites et moyennes entreprises (PME/PMI).
"Ce guichet, sans plafond, a été créé dans le cadre du dispositif mis en place par la BCEAO en accord avec les banques et les États pour promouvoir le financement des PME/PMI dans l’Union’, signale le communiqué.
Il a été décidé "de mettre en place, avec le système bancaire, un cadre adapté pour accompagner les entreprises affectées par les conséquences de la pandémie et qui rencontrent des difficultés pour rembourser les crédits qui leur ont été accordés".
"La BCEAO sollicitera les banques pour qu’elles accordent les reports d’échéances appropriés, en particulier aux PME/PMI", ajoute le communiqué.