DIALECTIQUE DE PROGRÈS

Le dialogue politique national que beaucoup ont tant souhaité entre le pouvoir et l’opposition a démarré avant-hier, par une rencontre à laquelle ont participé la mouvance présidentielle, les forces significatives de l’opposition, la société civile, le patronat et les représentants des grandes familles religieuses et des chefs coutumiers.
Ainsi, une dialectique de progrès est désormais enclenchée pour construire des consensus forts autour des questions de haute priorité nationale, liées à la consolidation de la démocratie sénégalaise, à l’émergence économique, à la résurgence d’un système éducatif performant, à une société plus juste et solidaire, etc.
Après le référendum sur les réformes institutionnelles et la cristallisation des positions des uns et des autres, il n’était pas évident, que deux mois plus tard, le président Macky Sall allait réussir le pari de réunir, au Palais, presque toute la classe politique, notamment ses alliés, lesquels avaient battu campagne pour le « Oui », et la grande majorité des partis politiques, jadis fervents partisans du « Non ».
Cette rencontre magnifie le sens patriotique chez les acteurs de la mouvance présidentielle et de l’opposition qui, le temps d’une rencontre, ont eu l’occasion de renouer ce fil du dialogue si important pour une démocratie.
La mise en œuvre des réformes institutionnelles consacrées par le référendum est à ce prix, puisqu’il s’agit d’œuvrer, ensemble, pour que la démocratie sénégalaise qui s’est, jusqu’ici, bien illustrée en modèle, en Afrique et dans le monde, puisse encore gagner en maturité et se consolider davantage. Le processus du dialogue étant enclenché, il est à espérer que les autres formations politiques qui, pour des raisons qui leur sont propres, ont boudé la rencontre historique de samedi dernier, rejoindront les acteurs réunis autour d’un dialogue à l’issue duquel le Sénégal sera le principal gagnant.
En effet, durant le processus de concertations, désormais ouvert, des questions d’enjeu national majeur seront débattues. Les jalons d’un consensus fort et inclusif autour des problématiques de développement seront posés et des solutions urgentes devraient être proposées.
Notre pays est à la croisée des chemins et aucun bras n’est de trop pour participer à son développement économique. Le sort de millions de braves paysans, pasteurs et pêcheurs, en lutte pour un meilleur quotidien ainsi que l’avenir de millions d’élèves et d’étudiants en quête de savoirs nous interpellent tous.
Ainsi, revient-il aux acteurs politiques, de quelques chapelles qu’ils soient, de savoir taire les divergences idéologiques quand l’appel de la Nation retentit et interpelle ses fils. Les dissemblances politiques sont le terreau fertile de la démocratie car aucun système ne survit à l’unanimité. Un pouvoir qui s’exerce a besoin d’une opposition forte pour apporter une critique objective aux choix de développement.
Les contradictions entre pouvoir et opposition, notamment dans les approches et politiques de développement, résultent d’une dialectique essentielle, refondatrice d’une démocratie vivante et porteuse de progrès. Il est à espérer que ces entités politiques qui sont en marge de ce dialogue politique, rejoindront cette dynamique nationale.
Le président Macky Sall a traduit son souhait qu’un dialogue inclusif s’instaure. Au décompte des participants et à la lecture des interventions qui ont permis à chaque entité de faire ressortir sa vision, ses préoccupations et ses espérances, l’optimisme peut être de rigueur quant à la qualité des conclusions qui seront tirées à l’issue du processus entamé, lequel conduit par le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique.
Déjà, devant le chef de l’Etat, certains leaders politiques de l’opposition et de la mouvance présidentielle n’ont pas usé de la langue de bois pour exprimer leurs états d’âme par rapport au dialogue politique national et par rapport à certains sujets qui devront être débattus dans le seul souci de bâtir ce consensus si important, et parfois si fragile, hélas.
A l’heure où notre pays enregistre des découvertes significatives de pétrole et de gaz, dans un contexte de mise en œuvre du Plan Sénégal émergent (Pse) si porteur d’espoirs, le dialogue politique national trouve toute sa pertinence et son urgence. Des pays africains, bien avant le nôtre, ont exploité des ressources pétrolières immenses sans que cela ne se traduise par une amélioration significative des conditions d’existence de leurs populations.
Pire, pour certains, la guerre et le chaos se sont installés, amenant certains à évoquer méfiance par rapport à cette malédiction du pétrole. Le dialogue politique national qui vient d’être lancé aura le mérite d’encourager le consensus sur la gestion du pays, tout en reconnaissant au président de la République les prérogatives qu’il tire de sa légitimité issue des urnes et de la Constitution.