GBAGBO, LE DRPOLE DE RETOUR AU PAYS NATAL
L’ancien numéro un ivoirien semble faire sien le narratif franco-ouattariste de 2010-2011, selon lequel s’il s’est “entêté” à faire front jusqu’au 11 avril de sinistre mémoire, c’est parce qu’il a été induit en erreur par “Simone et ses évangéliques”

Jeudi prochain, cela fera une semaine que l’ancien président ivoirien aura foulé le sol de son pays pour la première fois après dix années terribles : la prison, la réprobation internationale puis l’exil.
Que peut-on, avec un peu - mais très peu - de recul, tirer comme leçons de ce retour au pays natal ? Premièrement, que la ferveur populaire visible à Abidjan traduit une réalité : l’échec de la stratégie de la « page tournée » et de la construction d’un nouvel ordre politique purgé du « gbagbo-isme » et de tout ce qui y ressemble. La « démocratie des bombes » n’a pas triomphé de la conscience historique de nombre d’Ivoiriens et d’Africains qui, dans le chaos de l’actualité, savent reconnaître la trame d’une revendication têtue : celle de l’affranchissement d’un ordre impérial qui n’en finit pas de se renouveler.
Double discours
Gbagbo est rentré. Il a été acclamé. Mais la scénographie du pouvoir d’Abidjan a témoigné d’un double discours qui n’est franchement pas de bon augure.
D’un côté, Alassane Ouattara dit que Gbagbo est naturellement bienvenu chez lui - ne faisant en réalité que se conformer à la Constitution qui stipule qu’aucun Ivoirien ne peut être contraint à l’exil. De l’autre, non seulement il n’efface pas une condamnation fantaisiste à 20 ans de prison pour le prétendu « casse » de la BCEAO, mais en plus il fait traîner le processus jusqu’à ce que son rival annonce unilatéralement la date du 17 juin.
D’un côté, il affirme les droits de son prédécesseur à une confortable rente viagère. De l’autre, il ne débloque pas son unique compte en banque.
D’un côté, le gouvernement « prend acte » du retour de « l’enfant du pays » et de la manière dont il sera organisé. De l’autre, la police brutalise, arrose de gaz lacrymogène, bastonne, blesse et arrête ses partisans afin de briser l’ampleur - et l’effet médiatique - de leur liesse.