HE HO, LA PRESSE : QUAND VA-T-ON COMMENCER A PARLER DE LA GAMBIE ?
DEGN-KUMPË

On peut comprendre qu’on se soit passionné pour l’élection présidentielle aux Etats-Unis. On peut comprendre aussi que le landerneau médiatico-politique et droit-de-l’hommiste éternue à chaque esclandre des acteurs du paysage politique de la France, concernant sa politique d’immigration ou de son rapport à l’Afrique.
On peut même entendre qu’une radio très «sérieuse» du paysage médiatique sénégalais se passionne pour la déclaration de candidature de Emmanuel Macron à la présidentielle Française de mai 2017, au point de consacrer à l’acte de candidature de l’ancien ministre Français de l’économie, une édition internationale, avec appel au correspondant de la radio à Paris . . .
Mais alors, comment comprendre le black-out total fait sur l’élection présidentielle qui se joue à quelques pas de chez nous, en Gambie. Pays dont la destinée est intrinsèquement liée à celle de notre pays. Faut-il rappeler que le pays de Yaya Jammeh se choisit un «nouveau» Président, le 01er décembre : oui, exactement, dans 8 jours, et toujours rien. Pas un article dans la presse sénégalaise, pas un envoyé spécial d’un quelconque organe de presse à Banjul.
Je n’ose pas croire que cela se résume à un problème de moyens. Envoyer un reporter à Banjul, c’est comme aller en mission à Diourbel, Saint louis, et parfois même c’est moins fastidieux que de joindre Dakar à Ziguinchor. Je ne veux pas que la presse de mon pays attende que le magazine panafricain Jeune Afrique, le si bien nommé L’intelligent, consacre un de ses reportages à ce pays pour que tous, comme une caisse de résonnance, se fassent l’écho du journal de la porte d’Auteuil ; tous se ruent sur les extraits de reportage. Je ne veux pas non plus que ce soit RFI qui donne le la pour les échos de cette élection présidentielle chez nous, pardon que dis-je, tout près de chez nous, en Gambie. Et après, on viendra dire que ce sont les puissances occidentales qui tirent les ficelles dans les joutes électorales en Afrique. Qu’aurions-nous fait réellement pour rendre compte de cette élection présidentielle en Gambie?
Ce scrutin nous concerne tellement qu’il est difficilement compréhensible qu’on n’en dise pas un mot. C’est presque un silence coupable sur le mauvais présage d’un forcing que prépare Yaya Jammeh (22 ans déjà au pouvoir, et le principal opposant, Maître Ousseynou Darboe, en prison à l’heure actuelle et, empêché de prendre part aux joutes électorales).
Le Sénégal institutionnel, médiatique, politique semble anesthésié par l’élan belliqueux de Jammeh. Il nous semble, que le mouvement « y’en à marre » a déjà prêté main-forte à des causes citoyennes à Ouagadougou, au Burkina Faso, dernièrement en République démocratique du Congo. Et à Banjul alors ?
Le Sénégal des médias à encore une bonne semaine pour faire amende honorable et s’intéresser à ce pays qui abrite la plus grande communauté sénégalaise à l’étranger. Rien que pour çà, la Gambie doit nous intéresser. Nous avons encore en mémoire les débats enflammés sur les réseaux sociaux de militants «panafricains» à la limite très «nationalistes» pour dénoncer le trop plein d’images des attentats de Paris, alors que les mêmes médias occidentaux ne s’intéressent pas au drame de Bokko haram au Nigéria, aux tueries des Shebabs au Kenya ou encore à celles des mouvements Ansar Dine au Mali. Quand on ne s’intéresse pas à nos propres affaires comme en Gambie, qu’on ne s’autorise pas le droit de reprocher aux autres d’en faire beaucoup ou même trop sur ce qui les touche le plus dans leur chair.
Dégn-kumpë
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