L’ASSAUT LANCÉ CONTRE MACKY 2029
Pendant que "Diomaye môy Sonko" dégaine ses meilleures cartes anti-corruption, l'ex-présient parcourt le monde en mode VIP. Ironie du sort : celui qui excellait dans l'art d'éliminer ses adversaires politiques pourrait goûter à sa propre médecine

Semaine haute en couleur dont le pic, à n’en pas douter, est la proposition de l’honorable Guy Marius Sagna, de traduire l’ancien chef d’Etat, Macky Sall, devant la Haute cour de justice… Soit dit en passant, trouver quatre-vingt-dix collègues qui signent les yeux fermés ne devrait être qu’une formalité.
A l’origine de son ire, plus de deux mille cinq cents milliards de francs Cfa de dettes que le nouveau régime trouve litigieux, en plus d’un montant presque similaire de dépenses «hors cadre légal».
Ceci ne devrait être que le horsd’œuvre…
A n’en pas douter, la responsabilité des quatre-vingts morts comptabilisés entre 2021 et 2024 devrait, dans pas longtemps, figurer sur la longue liste des crimes abominables reprochés à l’ancien chef d’Etat.
Pourquoi se gêner…
Ce cher Macky Sall, depuis quelque temps, en plus de «restructurer son parti», comprenez sa machine électorale, multiplie les selfies avec les grands du monde : un coup, c’est avec Donald Trump qu’il échange une poignée de mains après la traditionnelle séance de prières à laquelle les présidents américains doivent se plier ; un autre, c’est un souverain saoudien qui le convie à rompre le jeûne en terre sainte… Son entrée fracassante dans le Conseil d’administration de la Fondation Mo Ibrahim semble la goutte d’eau qui fait déborder le vase : alors que les accusations de falsification de chiffres de la comptabilité publique font les choux gras et d’âpres discussions avec le Fmi, il s’invite à la table où l’on distribue les bons points en matière de probité sur le continent.
Réponse du berger à la bergère ? On parlerait de provocation pour bien moins que ça.
Les élèves sont-ils en train de dépasser le maître ? Apparemment, le tandem «Diomaye môy Sonko» s’inspire des méthodes du précédent régime : alors qu’éclate l’affaire Sweet Beauté, dans l’opinion qui formera les 54% d’électeurs du 24 mars 2024, le doute n’est pas permis. C’est encore et toujours un complot de Macky Sall, qui use de drôles de procédés pour éliminer les concurrents sérieux à la présidentielle.
On rembobine ?
Après 2012, Karim Wade, le «fils biologique» et héritier du Père Wade, ouvre le bal : les malversations dont on l’accuse dépassent l’entendement, mais surtout, il est tenu de prouver l’origine de sa fortune qui serait colossale. Puis, Karim Wade en exil au Qatar et hors de course, quelques années après, c’est pareil pour Khalifa Sall, alors maire de Dakar, qui vient de rempiler et se projette déjà dans la présidentielle…
Alors que, début 2021, l’affaire Adji Sarr éclate en pleine pandémie, pendant que les esprits cartésiens cherchent des arguments de Droit, les autres voient la petite bête que Macky Sall cherche sur la tête de Ousmane Sonko, pardon, le Pros, devenu l’incontestable leader de l’opposition après le désistement de Idrissa Seck, parti brouter soudainement les herbes du Cese.
Le hasard du calendrier est bien curieux : ceci tombe juste après le show du Premier ministre devant une Assemblée dépourvue de l’essentiel de l’opposition. Il y distribue des menaces en veux-tu en voilà, proclame la «tolérance zéro» concernant les oiseaux de mauvais augure et les esprits chagrins qui sévissent via les réseaux sociaux. D’ailleurs, sur le web, une campagne de diabolisation d’Afrique Confidentielle, depuis une petite semaine, attribue à Macky Sall, une casquette supplémentaire : il serait le rédacteur en chef occulte de cette newsletter qui n’annonce que des mauvaises nouvelles en ce qui concerne le régime «Diomaye môy Sonko».
Là, on ne reprend certes pas les mêmes, mais ça recommence : il y a un sérieux candidat pour 2029 dont la candidature pour la mère des batailles électorales a bien des chances d’être invalidée sous peu…
Est-il nécessaire de rappeler les insinuations du président Bassirou Diomaye Faye, le soir du 4 avril, face à la presse, concernant les manœuvres mackyavéliques souterraines ? Il en conclut mystérieusement que son prédécesseur devra en assumer les conséquences. Ça n’aura pas tardé.
Si ce n’était que ça…
Certes, le peuple des 54% réclame des têtes sur le billot et, plus c’est célèbre, plus la plèbe est contente… Mais traduire devant la Haute cour de justice deux ministres au moins -pourquoi pensez-vous à Mansour Faye et Diouf Sarr ?- est devenu plus qu’une demande sociale.
Comme pourrait le penser le président Bassirou Diomaye Faye auquel fait écho «le meilleur Premier ministre de tous les temps», est-ce le Peuple qui fait pression sur ces braves gens de la Justice ? Ça ne cache même pas sa joie et annonce des emprisonnements même avant condamnation. En plus de quelques seconds couteaux des ministères, il y a des peoples qui défilent depuis quelques jours devant les enquêteurs de la Dic à propos des fonds Covid.
Pour l’heure, après plusieurs vaines tentatives de changer d’air, Mansour Faye se voit notifier, par la Justice, l’interdiction de sortir du territoire. Il sait enfin pourquoi, après examen de ses paperasses à l’aéroport, le flic de service le prie gentiment, mais fermement, de rester à l’intérieur de nos frontières.
C’est également cette semaine que Abdou Nguer, célébrissime chroniqueur plébiscité par un site comme le meilleur de tous, reçoit une convocation. Il y a peu, c’est sur la plainte d’un dénommé Azoura Fall qui s’énerve dans une vidéo par la suite que le chroniqueur ne soit pas jeté directement sur la paille humide d’un cachot. Cette fois, apparemment, pour Abdou Nguer, c’est plutôt mal goupillé…
La rançon de la gloire ?