LE TOURISME SÉNÉGALAIS FACE AU COVID
Il n’est plus à démontrer que la pandémie a impacté et continue d’impacter, plus que tout autre secteur de l’économie nationale, le secteur du tourisme et des voyages

Il n’est plus à démontrer que la pandémie du Covid-19 a impacté et continue d’impacter, plus que tout autre secteur de l’économie nationale, le secteur du tourisme et des voyages . Pour louables et appréciables que soient les efforts déployés par l’Etat pour venir au secours de cette importante fange de l’économie nationale, ils demeurent bien en deçà des besoins et des attentes !
Le secteur du tourisme ne vit pas une simple crise passagère, il vit une véritable catastrophe qui l’a complétement mis à terre. L’annulation brutale, sans préavis de toutes les opérations qui étaient déjà confirmées sur 2020 et qui avaient nécessité dans certains cas des engagements financiers de la part des opérateurs auprès de tiers, l’absence totale d’horizon de reprise, l’absence totale de perspectives sont des situations inédites qui laissent l’ensemble des professionnels sans aucun moyen de défense ou même de réaction.
Face à cet état de fait, le développement d’un tourisme national qui nous rendrait indépendants des marchés extérieurs, a été présenté comme une panacée, comme la panacée qui sauverait le tourisme sénégalais et le mettrait définitivement sur les rails d’un essor continu et stable. Ainsi nous aurions réussi ce que ni la France , ni les Etats –Unis, ni l’ Espagne , ni l’Italie et consort n’ auront réussi car aucun de ces pays ne se suffit de son tourisme national ni ne le privilégie pour rentabiliser les investissements réalisés dans le secteur. Ne nous trompons pas de bataille et ne nous trompons pas de cible !
Une vision plus objective et moins « politicienne » permettrait de se rendre compte à l’évidence que l’étroitesse du marché touristique national est structurelle. Elle est liée à la faiblesse des revenus. Par ailleurs la demande touristique ne concerne que quelques produits tels que les week-ends, des séminaires (résidentiels ou non résidentiels) tous traités directement entre le client et l’hôtelier donc, avec une chaîne de valeurs extrêmement réduite. Il y a aussi les colonies de vacances parfois sponsorisées par quelques grandes entreprises de la place, quelques séminaires organisés à l’intérieur du pays par des ONG.
En somme, rien de vraiment important à l’échelle de toutes les entreprises touristiques du pays. Les cadres et autres sénégalais de la bourgeoisie nationale, consommateurs de produits touristiques, sont généralement et contrairement à ce que l’on semble penser, demandeurs de produits très sophistiqués : A classe sociale égale, le touriste sénégalais est demandeur de produits plus haut- de- gamme que ceux demandés par le touriste occidental. Les possibilités offertes en matière de shopping constituent aussi, une des motivations essentielles dans le choix de leur destination de vacances . C’est donc dire que l’offre touristique nationale, en très grande partie composée de produits de découverte culturelle ne répond pas à l’attente de la majorité de cette clientèle essentiellement destinée à l’export.
Loin de nous, l’idée d’affirmer que le tourisme national n’est pas important et n’est pas à promouvoir. Le tourisme national est important en tant qu’adjuvant à un tourisme international qui se développe bien sur notre destination avec des marchés émetteurs diversifiés et un produit touristique qui se renouvelle et s’adapte aux nouvelles tendances de la demande. Le développement d’un tourisme national permettrait dès lors, de corriger les disparités de flux liées à la trop grande saisonnalité de notre tourisme en étalant les opérations sur une durée plus longue. Ne fut –ce que pour ces raisons, travailler au développement d’un tourisme national est un devoir qui incombe aux autorités et à tous les professionnels.
Force est cependant, de reconnaître que pour la relance du tourisme Post Covid , les priorités sont ailleurs ! A partir de maintenant, le tourisme ne sera plus jamais comme avant : De nouvelles exigences se font déjà jour, de nouvelles tendances plus attentives à la préservation de la nature et de l’environnement en général apparaissent (nature friendly, environment friendly tourism). Le touriste post –covid se sentira davantage que par le passé concerné par les exigences de solidarité humaine. Il sera plus attentif aux conditions des droits de l’homme prévalant dans les pays de destination, plus attentif aux conditions de vie dans ces pays.
Mettre en place de concert avec les professionnels une stratégie de promotion qui tienne compte de ces nouvelles données et anticiper les réponses à leur apporter, se mettre en relation avec les tour-operators et autres partenaires qui programment le Sénégal et les rassurer sur la disponibilité de l’Etat à les accompagner pour une relance post –covid de la destination, voilà qui devrait entre autre prendre le pas sur la distribution de « Paniers Ndogou » et autres actions qui versent plus dans le folklore que dans une stratégie efficiente et efficace de promotion.
Le moment est propice pour mener une réflexion approfondie sur le devenir de notre tourisme mais hâtons-nous de le faire car les chantiers sont nombreux. Il s’agit par exemple : De lutter pour la préservation de nos sites touristiques agressés par la spéculation foncière et l’insalubrité. De lutter contre la dégradation avancée de nos parcs nationaux (richesse inestimable) qui devraient bénéficier de projets ambitieux de restructuration et de repeuplement avec des structures d’hébergement dignes de ce nom. De bien promouvoir les événements nationaux à fort potentiel touristique (Festival de Jazz de Saint –Louis, Festivals folkloriques et culturels régionaux…etc) dont les dates ne sont jamais clairement établies longtemps à l’avance pour pouvoir figurer dans l’agenda des voyagistes.
Notre tourisme est loin d’être sur la rampe de la relance mais nous nous forçons à l’optimisme, demain il fera certainement jour mais la nuit risque d’être longue.