AUGUSTIN DIAMACOUNE SENGHOR, PRÊTRE INDÉPENDANTISTE CASAMANÇAIS
Au Sénégal, le nom de l’abbé Diamacoune Senghor suscite toujours une forme de malaise, 14 ans après sa mort

La Croix Africa dresse le portrait de prêtres africains dont l’engagement politique a suscité la controverse. Il s’agit des abbés Diamacoune Senghor du Sénégal et Fulbert Youlou de la République du Congo.
L’un a été, de 1982 à sa mort en 2007, l’un des principaux dirigeants du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc), un mouvement indépendantiste du sud du Sénégal. L’autre a été le premier président de la République du Congo.
Au Sénégal, le nom de l’abbé Diamacoune Senghor suscite toujours une forme de malaise, 14 ans après sa mort.
Augustin Diamacoune Senghor est né le 4 avril 1928, à Senghalène, à 40 km à l’ouest de Ziguinchor (dans le sud du Sénégal). Il est ordonné prêtre 28 ans plus tard, le 4 avril 1956.
L’abbé Diamacoune est connu comme ayant été secrétaire général du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (MFDC). À l’origine, le MFDC est un mouvement politique fondé en 1947 par des ressortissants de la région sud du Sénégal : Émile Badiane et Ibou Diallo, Pierre Edouard Diatta, Victor-Sihouméhemeba Diatta. En 1982, après la disparition de ses fondateurs, le mouvement reprend vie avec, cette fois-ci, des revendications indépendantistes. Le 26 décembre 1982, une manifestation indépendantiste est organisée à Ziguinchor. De nombreux tracts nationalistes sont distribués à cette occasion. La marche est sévèrement réprimée.
Augustin Diamacoune Senghor est soupçonné d’être l’instigateur et le maître à penser de ce mouvement. Dans plusieurs écrits, Diamacoune relie les revendications indépendantistes de la Casamance à la période coloniale (1) et rejette toute intégration de cette région au Sénégal. Il décrit la résistance coloniale casamançaise et ce qu’il appelle le « néocolonialisme sénégalais », avec notamment, des expropriations abusives et spoliations dont seraient victimes les populations du sud du Sénégal.
Avec la marche du 26 décembre 1982, les militants du MFDC se radicalisent et le conflit se militarise. L’armée sénégalaise descend en Casamance. Ce conflit a fait, en près de 40 ans, entre 3 000 et 5 000 morts et plusieurs dizaines de milliers de déplacés. Il est considéré comme le « conflit de basse intensité » le plus vieux d’Afrique.